Antonin est une autre de mes lectures coup de coeur de cette année, énième gracieuseté de l'écrivain
Henri Bosco. Je suis en train de devenir un amateur, un supporteur inconditionnel de cet auteur provençal qui, étonnamment, n'est pas autant connu qu'il le mérite. Sa plume, je la trouve aussi belle et poétique (et étrangement ensorceleuse) que celles de
Giono,
Pagnol ou d'autres.
Cette fois-ci, Bosco ne transporte pas ses lecteurs dans un univers onirique, dans les réflexions d'un homme d'âge mur retiré du monde et tiraillé par l'amour, non. Plutôt, il les plonge dans les souvenirs d'un enfant de huit à dix ans :
Antonin. Ce garçon est chétif, nerveux et surtout esseulé. Ses parents sont régulièrement absents et le laissent à la charge de couples plus ou moins bien intentionnés.
Antonin n'est pas maltraité à proprement parler mais certains gardiens sont plus intéressés par le peu d'argent que sa charge peut rapporter. Quoiqu'il en soit, si le début semble assez innocent et ressemble à tant d'autres histoire d'enfants en mal d'être, rapidement, le ton ch
ange. le garçon est laissé chez Aristide Bénichat et son épouse Laïde, un ménage sans enfant. Bien sûr, l'homme a de ses idées sur la virilité et la femme a un léger penchant pour l'alcool, mais personne n'est parfait.
Antonin, est heureux chez eux, dans leur demeure au fond d'une impasse. Il faut dire que, de l'autre côté du mur de cette impasse, il y a la demeure des Maillet ainsi que leur pensionnaire : la jeune et jolie Marie… qui est sensiblement du même âge qu'
Antonin. Leurs jeux (innocents) d'enfants constituent un des souvenirs merveilleux du garçon. Un amour s'installe entre eux, un amour chaste, profond et sincère comme seuls des enfants peuvent le ressentir.
À cette histoire idyllique et prometteuse s'ajoute une description évocatrice des environs d'Avignon. Même si ce roman, contrairement aux autres de l'auteur, se déroule en grande partie dans la ville, faite de pierre, de roc et de gravier, la nature y est omniprésente. En effet, Bosco, en chantre de sa région natale, ne pouvait éviter quelques échappées dans la campagne. Et puis, je trouve qu'il y a une certaine beauté à ces vieilles maisons, ces impasses, ces murets, ces petites places, etc. Sans oublier qu'ils prennent une autre dimension quand la pluie, la neige et le froid s'en mêlent.
Ceci étant dit, qu'on ne se fasse pas d'idée : une menace plane! En effet, il y a Cassius et Barnabé, les deux bossus qui tiennent l'épicerie où Laïde se procure son alcool… trop d'alcool… et cela à crédit. Et cette menace qui plane, on ne sait pas trop quand ni comment elle se manifestera. Les sorties nocturnes, l'amour de jeunesse sera dénoncé et les enfants seront séparés? Les bossus vont dénoncer Laïde et faire éclater le ménage Bénichat? Et puis quoi encore? La tension persiste, entrainant le garçon dans un délire cauchemardesque. Comme on ressent les choses intensément, à cet âge! J'imagine facilement les palpitations de son coeur d'enfant. Néanmoins, le drame doit arriver, bouleversant de plus d'une façon
Antonin.
Une fois le grand dénouement arrivé, l'histoire se prolonge un peu mais ça permet d'étirer le plaisir. Un autre franc succès de
Henri Bosco.