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EAN : 9782355220371
300 pages
Zones (13/02/2014)
4.3/5   10 notes
Résumé :
Jomo Kenyatta, Aimé Césaire, Ruben Um Nyobè, Frantz Fanon, Patrice Lumumba, Kwame Nkrumah, Malcolm X, Mehdi Ben Barka, Amílcar Cabral, Thomas Sankara… Longtemps regardés avec dédain par ceux qui, au cours des trois dernières décennies, décrétèrent la mort du tiers-mondisme et le triomphe du néolibéralisme, ces noms reviennent aujourd’hui à l’ordre du jour. Avec l’atmosphère de révolte que l’on sent monter aux quatre coins du monde, ces figures majeures de la libérat... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (5) Ajouter une critique
Sortir l'Afrique de la nuit coloniale

« Il y eut pourtant une époque, pas si lointaine, où des hommes et des femmes savaient qu'un autre avenir était possible et se battaient pour qu'il se concrétise ». En parlant de la période allant des années 40 aux années 1970, Saïd Bouamama indique aussi : « Pour la génération qui a vécu cette époque charnière, la liberté et la justice n'étaient pas des utopies ».

Mondialisation, contre-révolution libérale, politiques imposées par la Banque mondiale (BM) et le Fonds Monétaire International (FMI), plans d'ajustement structurels (PAS), pensée culturaliste ou anti-tiers-mondiste, mais aussi soulèvements de population, émeutes de la faim, grèves, Forums sociaux mondiaux (FSM)… il est important de réinterroger le passé, les décolonisations et leurs suites, « nous avons bâti cet ouvrage, qui ambitionne de dresser un portrait collectif des penseurs et des acteurs de la libération africaine de la période de décolonisation ».

L'auteur ne prétend pas faire un catalogue exhaustif, il explique pourquoi il a mise de coté certaines figures importantes, l'absence de grandes figures féminines, « au cours de cette longue lutte pour l'émancipation des peuples, les femmes ont massivement été maintenues dans des rôles subalternes, servant trop souvent de faire-valoir ou de simples icônes dans des conflits qui, souvent armés, valorisaient nettement la ‘masculinité' ».

Il souligne aussi l'importance d'historiciser, de ne pas idéaliser les luttes de cette période, d'articuler leurs différentes dimensions.

Les difficultés rencontrées étaient importantes, les leaders africains « devaient en même temps comprendre et agir, contester et inventer, résister et offrir des alternatives » dans un monde en recomposition et dans des sociétés en mutation rapide.

Saïd Bouamama insiste aussi sur la place de la « tradition marxiste », « tradition » au demeurant très marquée par le stalinisme, avec toutes les conséquences en terme d'appréhension des rapports sociaux, des réalités des sociétés…

Prendre en compte les contextes sociaux et culturels spécifiques, les réorganisations du capitalisme et de l'impérialisme au niveau international, la place contradictoire des États du « socialisme réellement existant », n'était pas chose facile. Sans oublier les effacements liés à la colonisation, dont la « négation totale des identités africaines : l'histoire, les croyances, les traditions, les savoirs-faire du continent furent attaqués, infériorisés, moqués, instrumentalisés, effacés ».

Il fallait aussi inscrire les projets révolutionnaires « en dehors des frontières héritées de la colonisation » et « coordonner les luttes en Afrique dans un cadre supranational et international ». de ce point de vue, je ne suis pas sûr que la référence au concept d'État-nation fut adéquat. Je partage le choix de Saïd Bouamama de « ne pas limiter la définition de l'« Afrique » à sa simple dimension géographique ».

L'auteur termine son introduction par : « Cette soif de politique, qui n'est autre qu'un désir de vie, est peut-être la première leçon que nous ont léguée les penseurs-combattants de la révolution africaine – qui furent aussi des acteurs de premier plan d'une libération universelle ». Oui, la révolution, la libération est toujours universelle.

Le livre est découpé en trois parties :

Penser le colonialisme ou l'abattre ? (1945-1954)

Le droit de légitime violence (1954-1962)

De anticolonialisme à l'anti-impérialisme (1962-1975)

A juste titre, Saïd Bouamama commence par rappeler « les résistances africaines à l'esclavage et à la colonisation », les émeutes lors des déportations transatlantiques, les révoltes d'esclaves en captivité, la révolte victorieuse dirigée par Toussaint Louverture à Saint-Domingue, les marronnages et la construction de « vie collective libre dans les bois ou les montagnes », les mouvements insurrectionnels, les résistances armées, comme celle de l'émir Abdelkader…

L'auteur parle aussi de Marcus Garvey, de WEB du Bois et de la National Association for the Advancement of Colored People (NAACP), du panafricanisme, de la « réaffirmation culturelle et identitaire comme moment de l'émancipation nationale », des conditions d'admission à la Troisième Internationale, des rencontres entre migrants africains et mouvements communistes, du congrès anti-impérialiste en 1927, du mouvement de la « négritude », des changements de ligne avec abandon de la lutte anti-colonialiste par le PCF à partir du Front populaire…

Au sortir de la seconde guerre mondiale, la décolonisation, comme horizon palpable, devient pensable, le mythe de l'invincibilité de l'« homme blanc » est érodé, le Droit international prend une plus grande place, le système colonial se fissure par des dynamiques de citoyenneté… Sans oublier le vent de liberté qui souffle sur l'Asie.

Guerre froide, self-government (Royaume-Uni) ou autonomie (France) contre l'indépendance, immobilisme des colonialismes portugais, espagnol ou belge.

Jomo kenyatta, le soulèvement dit « Mau Mau », « Quand elle n'est pas pensée en profondeur, c'est-à-dire comme un processus d'émancipation complet, à la fois culturel et politique mais également social et économique, la contestation de l'ordre coloniale risque toujours de se retourner contre celles et ceux qu'elle est censée libérer ».

Aimé Césaire, la négritude, la rupture avec le complexe d'infériorité, l'approche historique donc politique de la colonisation, la revue Présence Africaine, « communisme » et anticolonialisme, la dé-civilisation des pays colonisateurs…

Ruben Um Nyobé, l'Union des populations du Cameroun (UPC), « En situation coloniale, la question sociale débouche presque naturellement sur la question nationale », les articulations entre le combat politique collectif et général et la défense des intérêts matériels immédiats, les « dangers d'une indépendance simplement formelle, c'est-à-dire se limitant à la sphère politique », l'utilisation du droit international, une « approche politique et non ethnique de la nation », la question de la violence, comment éviter que les indépendances africaines « se réduisent à de simples fictions écrites par les puissances coloniales pour leur profit ? »

Dien Bien Phù, Bandung, Suez, les recompositions durant la « guerre froide », le mouvement noir états-unien, les « maintien de la dépendance économique en dépit d'une indépendance politique formelle », le suprématisme de minorités blanches et leurs indépendances racistes, la Françafrique et les indépendances « avec l'appui, l'accord et l'aide de la France », accords, contrôle des monnaies et maintien de la présence militaire française, les dynamiques panafricaines, la violence légitime, « Dénonciation du néocolonialisme et des indépendances factices, prise de conscience de la nécessité d'une coordination des luttes et d'une solidarité agissante et soutien à la lutte armée font de cette période celle des espoirs révolutionnaires ».

Frantz Fanon. L'intellectuel et le militant, la pensée et l'action, « aliénation liée à la couleur produite par l'esclavage et la colonisation », une approche « anti-culturaliste », la condition noire historiquement située, « L'enfermement dans ce moment, et dans ce moyen, conduit à une quête éperdue d'un passé à jamais révolu », le colonialisme comme rapport social constitutif du colonisé-e mais aussi du colonisateur, penser la destruction du système, racisme comme production sociale, racisme et exploitation, violence de la libération – violence de l'oppression (« caractère consubstantiellement violent du colonialisme ») « La première est une conséquence logique de la seconde. Oublier ce point de départ conduit à inverser l'ordre de causalité entre les deux violences ou à établir une symétrie entre elles », l'auto-libération des colonisé-e-s, la bourgeoisie nationale et son discours d'unanimisme national, la culture nationale comme histoire et mouvement, les interactions entre la question sociale et l'indépendance nationale, l'unité africaine…

Patrice Lumumba. le Congo comme propriété privée du roi des Belges, les rencontres militantes, le Mouvement national congolais (MNC), l'Association des Bakongo pour l'unification, la conservation et l'expansion de la langue kilongo (ABAKO), unité nationale et panafricanisme, remise en cause de la division coloniale du continent, assassinat…

Kwame Nkrumah. Refus du néocolonialisme et panafricanisme, vision continentale du combat « dépassant la coupure entre l'Afrique subsaharienne et le Maghreb », Organisation de l'unité africaine (OUA), « ce n'est pas un « passé » plus ou moins mythifié qui fonde l'unité africaine mais une communauté de destin issue des exigences d'une indépendance réelle et orientée vers l'avenir », échange inégal, chimérique « Afrique sans classe »…

Luttes armées dans les bastions coloniaux, impacts de la division sino-soviétique, mouvement anti-guerre et mobilisation des Noir-e-s aux États-Unis, mutations économiques, limites de l'OUA, Tricontinentale, anti-impérialisme, « la souveraineté juridique ne suffisait pas à se libérer de la dépendance », interventions militaires, recours aux coups d'État et aux assassinats non réductibles à de simples ingérences étrangères, « Alors que l'opposition au système colonial avait tendance à gommer les lignes de clivage internes et à unifier les sociétés africaines, la libération du joug colonial tend à faire émerger de nouvelles lignes de fracture entre classes sociales au sein de chaque nation », notion de « développement », fragilisation des liens sociaux et des écosystèmes…

Malcolm X. L'Afrique comme communauté de destin, trajectoire de jeunes Noirs aux États-Unis, conversion à l'islam, réaffirmation de soi et de fierté d'être noir, Black Muslims, droit à l'autodéfense argumentée politiquement, « L'objectif est désormais l'égalité », assassinat…

Mehdi Ben Barka. Maroc, « L'abandon du mythe de l'unité nationale et la prise en compte des intérêts de classe », le « commis-voyageur » de la révolution, indépendance et élargissement à l'échelon international de la solidarité, Tricontinentale, assassinat…

Amilcar Cabral.Guinée, Parti africain pour l'indépendance de la Guinée et des îles du Cap-Vert (PAIGC), théorie et pratique, Tricontinentale, analyses de la petite bourgeoisie, la culture comme arme, les zones libérées comme « lieux de transformation sociale sans attendre l'indépendance », comme anticipation de la vie future, assassinat.

Thomas Sankara. Section voltaïque du Parti africain de l'indépendance (PAI), oser inventer l'avenir, appel à l'auto-organisation, amélioration immédiate des conditions d'existence, exemplarité des salarié-e-s de l'État, agro-écologie, égalité des sexes, analyse et refus du paiement de la dette, « On peut tuer un homme mais pas des idées », absence d'élections, assassinat…

Un livre, loin des visions unilatérales, prenant en compte les contradictions, les limites des expériences…

Une invitation à reprendre et approfondir les débats sur les possibles, les ruptures avec l'ordre-désordre existant, à réexaminer les apports de ces acteurs/actrices, sans oublier les faiblesses, les renoncements, ici, des mouvements ouvriers incapables de paralyser leurs propres impérialismes dans leurs politiques de domination africaine ou de créer des solidarités actives avec les populations mobilisées, hier comme aujourd'hui.
Lien : http://entreleslignesentrele..
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Des cinq continents, l'Afrique est celui donne L Histoire m'est sans doute la moins familière. de plus, quelques réminiscences universitaires se sont avérées imprécises : qu'il y ait eu peu de résistance africaine à l'esclavage, à la conquête coloniale et jusqu'au moment de la décolonisation ; que celle-ci, liée à des circonstances spécifiques et brèves de la politique internationale – la perte de puissance des pays colonisateurs européens suite à la Seconde Guerre mondiale, la guerre froide, etc. - ait été remplacée aussitôt par le néocolonialisme, c-à-d. par un système de dépendance presque aussi pernicieux, car provoquant un surcroît de corruption des élites locales, des guerres civiles et d'autres atrocités ; que le marxisme ait été insignifiant ou simplement utilitaire pour les leaders africains, surtout dans le contexte de la rivalité sino-soviétique survenue pendant les guerres d'indépendance.
Cet essai magistral, un véritable manuel d'Histoire des luttes anti-coloniales et anti-impérialistes africaines contemporaines, dans sa grande densité d'informations, dans la lucidité de ses analyses, précise et parfois rectifie mes connaissances. Il le fait en considérant la pensée et les luttes de dix révolutionnaires : Jomo Kenyatta (Kenya 1890-1978), Aimé Césaire (Antilles 1913-2008), Ruben Um Nyobé (Cameroun 1913-1958), Frantz Fanon (Antilles-Algérie 1925-1961), Patrice Lumumba (Congo 1925-1961), Kwame Nkrumah (Ghana 1909-1972), Malcolm X (États-Unis 1925-1965), Mehdi Ben Barka (Maroc 1920-1965), Amilcar Cabral (Guinée Bissau 1924-1973), Thomas Sankara (Burkina Faso 1949-1987). Cependant, le livre ne consiste pas dans une simple suite de biographies ; au contraire, il s'articule en trois parties qui mettent en exergue un cheminement temporel de problématiques : « Réformer le colonialisme ou l'abattre ? (1945-1954) », « Le droit de légitime violence (1954-1962) », « De l'anticolonialisme à l'anti-impérialisme (1962-1975) ». Il témoigne d'une attention très opportune pour le cadre historique international, les spécificités du régime colonial local, les débats politiques en présence, et enfin les tentatives d'organisation internationale – panafricanisme, solidarité afro-asiatique, etc., en particulier au sein des conférences internationales depuis Bandung.
Je retiens de cet ouvrage précieux les rectifications suivantes à mes idées de départ :
- les résistances à toutes les formes et étapes de la domination subie par le continent africain ont toujours eu lieu, mais l'historiographie les a minorées et occultées ;
- la composante systémique internationale est fondamentale mais complexe : après-guerre, mais aussi les trois années de tous les espoirs (1954 : victoire vietnamienne de Diên Biên Phù, 1955 : conférence de Bandung, 1956 : crise de Suez), doctrine Nixon, rivalité sino-soviétique mais aussi Che Guevara en Afrique, la « Françafrique » avec sa formule criminelle : « l'indépendance dans l'interdépendance » c-à-d. l'indépendance octroyée après signature des « accords de coopération » qui la vident de toute substance, mais aussi les débats intellectuels anticolonialistes en France (Aimé Césaire, Frantz Fanon, Sartre, etc.) et les répercussions en écho des luttes pour les droits civiques aux États-Unis (Malcolm X, Rosa Parks, etc.), cette composante systémique doit se lire dans une dialectique à trois niveau avec l'évolution des réalités africaines et des pays colonialistes ;
- il est évident que dans la plupart des cas de décolonisation, celle-ci a été tronquée, amputée, aggravée encore par la crise de la dette des années 80, par le néolibéralisme, par une coopération au développement globalement critiquable, par une dépendance encore accrue, mais cela aurait été évitable...
-... en particulier si les révolutionnaires dont il est question dans ces pages – tous plus ou moins influencés par le marxisme, tous ayant fait l'effort (léniniste) d'adapter la théorie marxiste au contexte concret de domination dans lequel ils évoluaient, n'avaient pas été pour la plupart supprimés prématurément dès lors que leur pensée avait eu la possibilité de se développer en action politique menaçant l'ordre colonial ou néocolonial en présence. Dans ces attentats contre des responsables politiques africains, il est très affligeant de constater que la part de fautes de la France est la plus grande, à la fois en nombre de crimes et en durée de sa compromission.
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Ce livre présente un fiche biographique pour chaque homme dont la personnalité ou les actions ont marqué la prise de conscience de la nécessité de se débarrasser de la colonisation, puis la lutte contre l'impérialisme.
On en connait quelques uns comme Senghor ou Césaire par leur carrière littéraire ou philosophique, mais on connaît moins ceux qui ont tenté de s'opposer au système imposé par l'occident en général et la CIA en particulier comme Kenyatta ou Lumumba, éliminés très vite.
Très complet et très documenté, ce livre est une pièce maîtresse pour la connaissance de de la politique africaine de la fin du 20ème siècle.
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C'est un livre que j'attendais, un livre qui fait valoir ces grandes figures de la révolution africaine (un choix restreint mais signifiant) dont j'entends souvent parler sans arriver à les situer dans une histoire du continent. Pourquoi "la révolution africaine" au singulier ? C'est un point majeur de l'ouvrage de montrer que ces grands résistants ont investi un champ de recherche politique pour l'adapter à la spécificité de leur histoire. Et cette histoire africaine est partagée, au-delà du continent, vers les autres mondes noirs*. Ils ont construit, chacun tenant compte des précédents, UNE révolution africaine? un mouvement jusqu'ici maltraité par les puissants, occulté, traité par le mépris et le mensonge, opprimé jusqu'à l'assassinat.
"De Jomo Kennyatta à Thomas Sankara, il faut entendre les voix des grands penseurs africains parce qu'ils sont des hommes de combat. L'indépendance, c'est aussi une guerre dans laquelle certains se sont sacrifiés et d'autres fourvoyés."
J'ajoute que Saïd Bouamana est aussi l'auteur de « Les discriminations racistes : une arme de division massive » à l'Harmattan. Dans l'entretien qu'il donne à La marche du monde, sur RFI, il souligne que Sankara a su donner aux habitants du Burkina fierté et assurance. Et je crois que par cet ouvrage, Saïd Bouamana cherche aussi à donner aux jeunes, descendants du continent africain et de ses diasporas, des clés pour comprendre leur histoire et la regarder avec fierté.
WEB - Entretien avec Saïd Bouamana sur La Marche du monde, RFI.
WEB - FEUILLETER LE LIVRE ET VOIR LE SOMMAIRE : SUR LE SITE DE LA DECOUVERTE.
Lien : http://www.rfi.fr/emission/2..
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Pour une approche panoramique de la thématique !
La force de ce livre est de mixer des figures d'Afrique et d'autres afro-descendantes, grâce au beau travail de Saïd Bouamama. Intéressant car généralement, qui s'intéresse à une partie de ses personnalités ne reniera pas la connaissance de l'autre.
Jomo Kenyatta, cité dans le sous-titre, permet de signifier que le livre n'est pas francophono-centré. Et c'est aussi important qu'agréable. Amzat Boukari-Yabara agit de même dans son ouvrage "Africa Unite!".
Les chapitres clairs et courts permettent un balayage concis mais riche de chacune des figures présentées.
Ce livre est à recommander aux personnes s'intéressant soit aux histoires des luttes, soit à l'histoire des Afriques.
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critiques presse (1)
NonFiction
03 novembre 2014
Ancré dans l'histoire des luttes pour l'indépendance et contre l'impérialisme colonial et post-colonial, ce recueil de portraits écrits d'une plume alerte revêt en effet une dimension très contemporaine.
Lire la critique sur le site : NonFiction
Citations et extraits (10) Voir plus Ajouter une citation
« Avec Lumumba s'achève un âge de la lutte anticoloniale. Désormais, il n'est plus possible de confondre indépendance formelle et indépendance réelle, de dissocier lutte anticoloniale et lutte anti-impérialiste ou de s'illusionner sur une émancipation réelle non violente. Ce que Fanon résume admirablement dans un texte consacré à la mort de Lumumba : "Notre tort à nous, Africains, est d'avoir oublié que l'ennemi ne recule jamais sincèrement. Il ne comprend jamais. Il capitule mais ne se convertit pas." » (p. 181)
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« La notion de "développement" en elle-même témoigne d'un manque de distance critique avec les schémas mentaux hérités de la colonisation. Il n'est certes plus question de "civilisation", mais on parle toujours de"rattrapage" et de "retard", comme si les Africains devaient toujours marcher dans les pas de quelque société "supérieure". » (p. 221)
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« Blâmant les victimes du système économique international plutôt que ses responsables, chassant les logiques de système qui permettent de comprendre les mécanismes de domination, cette pensée anti-tiers-mondiste scella le mariage entre le dogme néolibéral et la pensée culturaliste. Il n'y a rien "chez nous" qui puisse expliquer les désordres du monde, assuraient les idéologues conservateurs, car la source des problèmes est "chez eux" – dans leurs cultures, dans leurs coutumes, dans leurs mœurs, dans leurs vices intimes. » (p. 8)
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« Quand elle n'est pas pensée en profondeur, c'est-à-dire comme un processus d'émancipation complet, à la fois culturel et politique mais également social et économique, la contestation de l'ordre colonial risque toujours de se retourner contre celles et ceux qu'elle est censée libérer. » (p. 79)
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Pour la génération qui a vécu cette époque charnière, la liberté et la justice n’étaient pas des utopies
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Videos de Saïd Bouamama (4) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Saïd Bouamama
Saïd Bouamama – Capitalisme, flux migratoires et révolution africaine.
Saïd Bouamama est sociologue, chargé de recherche à l’IFAR (Intervention, Formation, Action, Recherche) de Lille, et militant pour l’égalité des droits. Il est également auteur de nombreux livres, dont Les Discriminations racistes : une arme de division massive (L’Harmattan, 2010), et dernièrement, Figures de la révolution africaine : De Kenyatta à Sankara (La découverte, 2014) Dans cet entretien accordé à Thinking Africa, Saïd Bouamama expose les relations entre la recherche et le militantisme, apporte un éclairage historique sur les rôles et l’impact du capitalisme et du colonialisme en Afrique, décrypte les masques idéologiques et agendas politiques derrière les flux migratoires (Afrique vers Europe) et explique pourquoi la jeunesse africaine vit actuellement son 3ème âge politique.
+ Lire la suite
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