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EAN : 9782070144655
288 pages
Gallimard (05/11/2015)
3.4/5   10 notes
Résumé :
Ida Zmoïro avait connu la gloire très jeune, dès sa première apparition au cinéma. La Seconde Guerre mondiale sévissait alors et les soldats soviétiques avaient été bouleversés par cette beauté juvénile portée à l'écran. Des sacs entiers de lettres d'amour lui parvenaient depuis le front, elle était la plus grande comédienne que l'Union soviétique connaîtrait. Mais en 1943, alors qu'Ida est en route vers un tournage, un terrible accident de voiture met brusquement f... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (5) Ajouter une critique
Voilà bientôt six ans que je me plonge avec délectation dans la littérature russe et … je ne suis pas déçue en lisant Iouri Bouïda qui est un écrivain dans la droite lignée des plus grands écrivains russes ( enfin c'est du moins mon petit avis)
"La mouette au sang bleu" est une très belle découverte, l'écriture de Iouri Bouïda (belle traduction de Sophie Benech) est lumineuse, même si l'histoire est sombre il pointe toujours un peu d'humour et de légèreté, dans cette ambiance noire. Disons que ce roman est « dramatiquement beau ». Sophie Benech la traductrice dit : « La difficulté, c'était de rentrer dans la musique de son oeuvre » c'est exactement ça la musique de la langue russe et celle de son âme.
Iouri Bouïda s'est inspiré de la vie Valentina Karavaeva actrice soviétique dans les années 40 sous Staline. L'actrice n'a joué qu'une fois la mouette de Tchékhov car sa carrière a été interrompue par un terrible accident qui l'a défigurée. L'actrice se retire dans son village natal, Tchoudov dans le roman, et mène alors une vie solitaire, sa passion pour le théâtre et la littérature la poussent à jouer sans fin pendant 30 ans les rôles de ses héroïnes et en même temps à se filmer. Alliocha le narrateur est témoin de ces extravagances !

Iouri Bouïda explore en profondeur l'âme humaine, cette « mouette au sang bleu » qui est la signature d'une grande actrice sombre-t-elle dans la « folie » ? On ne sait ? Mais, sa passion l'envahit, elle devient sa passion, elle cherche inlassablement à maîtriser son art : « Mais seul un véritable artiste est de taille à créer un vide tel qu'une étoile s'y allume toute seule ». Ida nous émeut.
En parcourant la vie de Ida Zmoïro dans l'URSS de Staline jusqu'à l'arrivée de Khrouchtchev nous rencontrons les personnages qu'elle a aimés, des êtres miséreux, broyés par un destin douloureux qui ont profondément marqués sa vie.
Même si Iouri Bouïda a romancé la vie de l'actrice la véracité de cette puissante histoire donne toute la dimension humaine de l'oeuvre. On ne reste pas indifférent à ce destin.


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Qui est réellement Ida Zmoïro ? Une étoile du cinéma déchue qui étale orgueil et goût pour la mise en scène à la ville pour masquer ses échecs ? Ou une tragédienne talentueuse broyée par le destin, incapable d’interpréter son propre rôle dans la vie ?
Ûrij Bujda aime jouer du mystère et s’amuse à jongler entre ces deux faces en sculptant un personnage avec une force magnétique écrasante. Même pour l’intrigue. Là où une série de disparitions inquiétantes et une mort inexpliquée inviteraient un auteur à diriger tous les éléments de narration vers un dénouement, Ûrij Bujda préfère opérer un décentrement en s’intéressant à la vie de cette femme, reconstituer patiemment tout un puzzle dont les disparitions ne sont qu’un prétexte.

Car Ida Zmoïro a eu un destin hors du commun. Fille d’un révolutionnaire héros de la guerre civile, actrice acclamée par le public pour son rôle dans La mouette avant de devenir l’épouse d’un aristocrate et d’un espion anglais déçue par l’Occident, puis l’épouse bien-aimée d’un général légendaire condamné et exécuté sous la fausse accusation de Staline, Ida n’a jamais su déterminer les contours de sa vie. Elle s’est créée un destin romanesque pour incarner tout ce que contenait son âme depuis qu’on lui a dit enfant qu’être actrice c’est "régner sur les âmes et conquérir les cœurs". Elle a revêtu le masque d’actrice pour incarner toutes les héroïnes de tragédie russes et grecques qui la fascinaient alors que sa vie était vouée à l’oubli. Mais peut-être parviendra-t-elle enfin à jouer son propre rôle la vieillesse approchant son terme, et faire éclater la vérité à propos de ces disparitions mystérieuses …


Ce roman a quelque chose d’insaisissable. Dès les premières pages, on se demande dans quelle aventure l’auteur russe veut nous embarquer car il ne cherche pas à imposer un lien mais à décomposer une vie énigmatique dans un paysage rude et mélancolique. A priori rien n'invite à faire succomber le lecteur à ce récit inattendu mais Ûrij Bujda y parvient laborieusement. Mystérieusement, J'ai aimé cette histoire traversée par des coutumes bancales et des personnages dont l’authenticité emprunte au burlesque. J'ai aussi aimé voir le tragique batailler avec le sentimentalisme que l’on retrouve souvent dans la littérature russe. Enfin, j'ai aimé ce jeu entre la vérité maquillée qui s’impose facilement et la vérité sans éclat qui reste dans l’ombre, même pour Ida qui a revêtu le costume de Nina de La mouette, même au-delà des planches.
Roman étrange pour lequel je suis incapable de donner un avis définitif.
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J'allais écrire que rien ne m'avait touchée dans ce livre.
Ce n'est pas tout à fait vrai.
Dans toute cette fresque, cette histoire d'une petite ville provinciale, d'une ex-future grande actrice, Ida Zmoïro, il y a de beaux moments. La relation du narrateur et d'Ida est assez touchante.
La petite intrigue policière n'a pas vraiment d'intérêt, on dirait qu'elle est là pour attirer le lecteur au départ, puis on passe à autre chose pour y revenir... Ah oui, c'est vrai, il y avait des disparitions de petites filles, on va résoudre ça vite fait...
On pourrait dire que l'auteur ne sombre pas dans une intrigue facile et grand public... oui, on pourrait dire ça.
On pourrait sans doute dire plein de choses, mais là, rien ne me vient, qu'une impression de vide, et paradoxalement, une avalanche de personnages et de petits événements qui n'ont fait que renforcer cette impression.
Ce n'est pas mal écrit, ce n'est pas mal raconté, ce n'est pas...
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Un chef d'oeuvre, une merveille... Une fresque de la Russie à travers la vie d'Ida, une tornade dont on ne sait rien, et, peu à peu, on découvre son histoire qui se fond avec L Histoire, celle des arts (cinéma, théâtre, littérature) et celle de la Russie.
Une écriture juste, belle, on applaudit au passage la traduction de Sophie Benech, qui a su rendre l'écriture simple mais poignante.
Un personnage palpable, presque réel.
Vraiment, un grand coup de maître, je n'ose en dire plus de peur de tout révéler.
Lien : https://barauxlettres.wordpr..
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Lecture abandonnée... "insaisissable", comme le dit justement une critique.
A reprendre peut-être plus tard ?
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Citations et extraits (9) Voir plus Ajouter une citation
Cette femme de petite taille à la voix un peu roque fumait des cigarettes Troïka, portait un tailleur-pantalon, et disait qu'un véritable artiste, qu'il soit écrivain, bourreau ou menuisier, devait obligatoirement avoir dans les veines une goutte de sang bleu et froid : " Le sang rouge et chaud fait tourner la tête, il donne naissance à des images et à des idées, et il mène parfois jusqu'à la folie. Alors que le sang bleu et froid, c'est la maîtrise, c'est la retenue, c'est le calcul, c'est ce qui oblige l'artiste à considérer son ouvrage d'un oeil critique, à supprimer le superflu et à rajouter l'indispensable . Le sang bleu, c'est le jugement dernier de l'artiste sur lui-même. Il ne suffit pas d'apprendre à écrire, il faut apprendre à biffer. L'inspiration sans la maîtrise ne vaut rien. Et enfin, c'est ce qui donne à l'artiste du pouvoir sur les spectateurs ou les lecteurs. Il faut savoir où frapper le spectateur pour le blesser réellement, sans pourtant le tuer. Mais le sang bleu, c'est aussi une malédiction... parce que toute maîtrise jette un froid... Toute maîtrise est glaçante..."
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A Tchoudov, on savait que, pour la punir d'avoir épousé un étranger, Staline l'avait privée de la possibilité de faire du cinéma, de jouer du théâtre, et de façon générale l'avait exilée de Moscou. Elle avait tout perdu. Mais si on tentait de la plaindre, si on la qualifiait de pauvre et malheureuse, Ida répondait avec un petit sourire glacial : " le bonheur, ça fait grossir."
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Un acteur, il parle, et ses paroles, ces mots prononcés à voix haute, c'est cela, sa création, c'est la vie en soi, la vie qui est toujours davantage que le littérature ou la peinture. Une parole qui retentit et une image qui s'envole sont l'équivalent de la vie, et c'est là que réside la justification de l'acteur, qui crée à la frontière entre Maintenant et Toujours.
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On dit qu'elle aimait le capitaine Kholoupiev.
Il voulait l'épouser et l'emmener dans une contrée lointaine où les souffleurs de verre façonnent de leur souffle les plus beaux couchers de soleil du monde, et où les hommes allument leurs cigarettes aux sourires des femmes.
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Le sang rouge et chaud fait tourner la tête, il donne naissance à des imageset à des idées, et il mène parfois jusqu'à la folie. Alors que le sang bleu et froid, c'est la maîtrise, c'est la retenue, c'est le calcul, c'est ce qui oblige l'artiste à considérer son ouvrage d'un oeil critique, à supprimer le superflu et à rajouter l'indispensable. Le sang bleu, c'est le Jugement dernier de l'artiste sur lui-même.


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