Encore un bon vieux titre datant de 1953, donc seulement 70 ans !
Folio SF N°3, titre repris en 2000 à Denoël qui l'avait publié en 1955 dans sa mythique collection "Présence du Futur" (N°8,
Chroniques Martiennes du même Bradbury étant le premier volume de la collection).
Comme tout a aussi été écrit, je vais essayer d'aller droit au but.
Le début peut paraître simpliste et rebutant, voire pénible avec des personnages névrosés et une action bien triste, la suite constitue un formidable retournement.
Le monde est dystopique et totalitaire, les personnes sont abruties par les drogues et une sorte d'écran de télévision omniprésent, "la famille" pouvant prononcer directement le prénom de celui qui le regarde, grâce à un astucieux procédé de remplissage d'un blanc laissé intentionnellement par le speaker.
Les autres inventions sont peu décrites. Un chien limier à 8 pattes doté d'un redoutable flair et d'une aiguille… pénétrante et fatale.
Les voies de chemins de fer sont à l'abandon au profit de l'avion, chose amusante alors que chez nous il y a quelques tentatives de réduire l'avion. Mais l'écologie, il y a 70 ans, on s'en fichait presque autant qu'aujourd'hui ;-(
Ah, j'oubliais. Il y a la guerre. Et on va la gagner. Contre les ennemis. Une guerre éclair. On va la gagner, comme d'habitude. Je ne vous en dis pas plus, mais la propagande fonctionne bien.
A ce stade, il est horrible de constater que nous sommes séparés en deux ou trois camps : les légumes, les manipulateurs des masses et les héros.
Notre héros, parlons-en, est pompier. Comme toutes les maisons ont été ignifugées, il n'y a plus d'incendie à déplorer. Les pompiers servent désormais à allumer les feux, pour brûler les livres bien sûr, mais aussi toute la maison du fautif ayant conservé de telles horreurs chez lui : des livres ! Quelle aberration que le livre. Ils contiennent des pensées et des choses incompréhensibles. La "famille", elle, parle de manière directe selon des programmes très courts pour nos cerveaux abrutis. C'est beaucoup mieux.
Dès le début, notre héros doute et croise une fantasque jeune fille qui achèvera de lui tournebouler l'esprit. Je vous laisse désormais découvrir ce qu'il va se passer.
Tout le roman reste bien sombre mais les réflexions sur l'esprit humain et les livres sont jubilatoires, jusqu'au final très puissant. La différence entre les personnalités futiles et celles qui ont rejeté - ou ont été rejetées - le système est flagrante. Et, bien évidemment, la plume de
Ray Bradbury est moins poétique que dans les
chroniques martiennes ou
l'homme illustré, mais il use régulièrement de belles métaphores.
Un auteur et un livre à lire absolument.
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