e ne suis pas une très grande fan de polars, mais il n'y a pas que Sherlock Holmes ou Adamsberg dans la vie.
Et parfois je tombe sur un polar un peu inhabituel, original et point trop sanglant qui me réconcilie avec le genre. En voici un échantillon.
Le narrateur de ce polar un peu bizarre n'est autre que Bradbury, qui avait entamé une autobiographie imaginaire quelques années auparavant. Scénariste à Hollywood, il en profite pour concocter une satire de ce milieu peu ordinaire, qui se double d'un thriller un peu surnaturel. J'ai bien aimé non seulement pour la restitution d'une époque et d'un milieu qui fascinent toujours, mais aussi pour ce mélange d'humour et d'horreur parfaitement dosé.
1954. le jeune homme est donc scénariste pour les studios Maximus et travaille sur un projet de films dont le thème est lié aux monstres. Il fait équipe avec son meilleur ami, un maquettiste de talent, Roy Holdstrom, dont le rêve ultime est de fabriquer La Bête. Ca tombe bien, c'est aussi le désir du patron du studio, Manny Lieber, irascible et autoritaire, toujours flanqué de l'inquiétant Dr Phillips, dont l'unique fonction consiste à pourvoir en drogue les acteurs et actrices du studio. Ajoutons à cela un réalisateur de génie, gueulard et égocentrique, Fritz Wong et une monteuse de grand talent, Maggie, et les protagonistes sont pratiquement au complet. Mais voilà, un soir notre pauvre scénariste se retrouve nez à nez avec le fantôme du précédent patron des studios, le légendaire Arbuthnot, mort 20 ans plus tôt dans un accident de voiture... Un véritable climat de folie s'installe alors, aux studios, et dans le roman, car des choses et des événements tour à tour incroyables, burlesques ou macabres vont survenir et chambouler la vie du narrateur.
L'occasion pour Bradbury d'évoquer une galerie de personnages pour le moins farfelus ou pittoresques, comme l'ancien maquilleur de
Lénine poursuivi par le KGB, le chasseur d'autographes Clarence, ou encore JC, l'acteur qui se prend pour Jesus. Un vrai polar donc, avec crimes et flic qui mène l'enquête, le tout au milieu de décors fabuleux, dans une atmosphère glauque, clin d'oeil appuyé et hommage non déguisé à deux personnages fabuleux, la Bête de
Cocteau et Quasimodo. J'ai adoré !