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EAN : 9782070143245
256 pages
Gallimard (27/02/2014)
5/5   2 notes
Résumé :
Guide insolite, voyage intime, mode d'emploi, exploration d'une ville singulière, Naples. Véronique Bruez nous entraîne dans la fantaisie, l'imprévu, la tragédie sous le soleil, les lieux célèbres, les lieux secrets, toujours loin des lieux communs. On y croise un lézard nommé Joséphine, le fantôme de Laclos, un prince à mobylette, les âmes du purgatoire, un poil de Maradona, la chatte Cendrillonne, un mort qui parle, le crocodile du château de l'Œuf, le ravi de la ... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (1) Ajouter une critique
Napoli, Naples, ville singulière qui en italien comme en français s'écrit au pluriel....
Voici l'un des premiers paradoxes d'une ville qui n'en manque pas

Voici ce qu'en dit Dominique Fernandez : "La plus belle ville du monde, selon les uns ; un labyrinthe bruyant et puant, selon les autres. S'il est une ville sur laquelle personne ne peut porter le regard neutre du touriste, c'est bien Naples. Ou bien on la chérit d'amour, en passant sur le désordre, la saleté, les risques divers (précarité de l'hygiène, astuce des filous), ou bien on la rejette d'un bloc, sans en comprendre ni les merveilles architecturales ni les leçons de sagesse. Naples ne se livre qu'à ceux qui l'aiment : inutile donc de s'y rendre sans être prêt à s'y perdre. le voyageur qui refuse de tenter l'aventure ne rapportera que de maigres satisfactions."

L'auteure nous prévient : " À Naples j'ai été littéralement foudroyée. Par un dimanche orageux, une masse de feu, comme celles des Sept boules de cristal, a frappé, à travers une lucarne, ma bouilloire. Fait marquant : je crois que je ne m'en suis jamais vraiment remise.
Pendant cinq ans, je me demande chaque jour comment apprivoiser cette réalité si déroutante… comment se faire à ses lois, comment y vivre — et même, parfois, comment survivre ? Je ne comprenais pas tout. Je n'avais pas de mode d'emploi.
Survivre à Naples : c'est un complément de lieu et un complément d'objet indirect. Une expérience aussi magnifique que douloureuse quand on y arrive et quand on en part. Comment continuer ailleurs après qu'on l'a quittée, maudite, adorée, sans se sentir en exil ?
J'ai essayé, jour après jour, de capter ce qui rend cette ville unique, de comprendre sa singularité. Elle résiste à tout. Elle résiste aux mots."

Et pourtant, ses mots Véronique Bruez, sait si bien les choisir pour nous transmettre son Expérience napolitaine.
Avec ce E majuscule qui tantôt nous renvoie à l'émotion, à l'effroi, à l'espresso suspendu, à l'envie, aux éléments, à l'enfer,

Naples est une ville, qui aime le feu autant que l'artifice. Et Véronique Bruez n'utilise aucun artifice dans son écriture tant les mots défilent pour nous donner une vision Vraie de cette ville, que finalement très peu connaissent et saisissent.

Ce livre c'est un concentré d'histoires mais également d'Histoire, qui en fait permettent de mieux saisir l'insaisissable, ou à tout le moins de s'en approcher.

Au rang des histoires : " Igor m'a dit un jour qu'il a cessé de croire en Dieu le jour du tremblement de terre de 1980. Il avait huit ans et a vu des centaines de cadavres allongés dans la rue. Cette fragilité de l'homme, cette idée que tout peut basculer en quelques secondes est vécue par les Napolitains dans leur chair."
Où encore cette rencontre avec Antonio, qui lui donne une leçon de vie : « C'est déjà bien de se lever le matin, la santé, l'affection (pas l'argent ou le travail). Il faut profiter de l'instant, être heureux de vivre car rien ne dure. ». Antonio habite Vicolo del Purgatorio, ruelle du Purgatoire. Il offre à l'auteure un petit livre de proverbes et lui apprend : a vita è n'affaciata' e' fenesta (la vie, c'est se pencher à la fenêtre).

Au rang de l'Histoire il y a bien sûr le Vésuve qui est une composante importante de l'ADN des Napolitains. Il inscrit la précarité dans leurs gènes, rappelle la fugacité de toute chose, comme une perpétuelle invite au plaisir. le volcan est le symbole ambivalent de la mentalité napolitaine, hantée par l'effondrement, mais y puisant une énergie décuplée.
"Les Anciens ne comprenaient pas les phénomènes naturels. C'est d'ailleurs cette curiosité qui fit mourir Pline l'Ancien lors de l'éruption qui ensevelit Pompéi sous les cendres et figea Herculanum dans la lave. On a la chance d'avoir un reportage en direct de cette catastrophe, les deux fameuses lettres de son neveu à Tacite. La Campanie est une terre menaçante depuis l'Antiquité : Héphaïstos habite la Solfatare, Pluton le lac Averne. La guerre des Géants a ravagé la région, si bien qu'Encélade est enfoui sous le Vésuve, Minas sous Procida et Typhon dans les profondeurs de Cumes. Les éruptions étaient expliquées par la colère des Cyclopes."

Et au moment de prendre congé du lecteur l'auteure de "souligner" : Naples n'est pas pour moi un paradis perdu, je n'en ai pas la nostalgie. Je continue de la découvrir, elle recèle encore mille charmes. Je n'en aurai jamais fini avec cette histoire. Non fugit amor… Allégresse et désespoir, fatalisme et énergie, cette ville m'aura offert l'apprentissage de soi, dans l'épreuve et la plénitude, l'amour des contradictions, et la rencontre d'âmes qui vivent…

Comme un récit en suspension, comme un café en suspension, comme une ville en suspension....

Tiens un ultime paradoxe au sujet de cette ville : "La rue du Grand-Paradis se trouve près de Scampia, banlieue oubliée de Dieu, la ville de Gomorra." Une entrée des Enfers
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Citations et extraits (5) Ajouter une citation
C’est une carte postale qu’on trouve à Rome : dans une orangeraie, sur l’Aventin, un trou de serrure. Celle du prieuré des chevaliers de Malte (il y en a une version cinématographique dans Eva, de Losey). C’est par ce petit bout de la lorgnette que commence et prend forme ma vision de l’Italie. Une Italie que je n’ai cessé de vouloir cerner, dans son singulier, et qui ne m’est toujours apparue qu’au pluriel (comme Naples, plurielle en français et en italien). De surcroît, une Italie vue de Napoli, c’est-à-dire, pour une bonne moitié des Italiens, de la non-Italie.

À Naples j’ai été littéralement foudroyée. Par un dimanche orageux, une masse de feu, comme celles des Sept boules de cristal, a frappé, à travers une lucarne, ma bouilloire. Fait marquant : je crois que je ne m’en suis jamais vraiment remise.

Pendant cinq ans, je me demande chaque jour comment apprivoiser cette réalité si déroutante… comment se faire à ses lois, comment y vivre — et même, parfois, comment survivre ? Je ne comprenais pas tout. Je n’avais pas de mode d’emploi.

Survivre à Naples : c’est un complément de lieu et un complément d’objet indirect. Une expérience aussi magnifique que douloureuse quand on y arrive et quand on en part. Comment continuer ailleurs après qu’on l’a quittée, maudite, adorée, sans se sentir en exil ?

J’ai essayé, jour après jour, de capter ce qui rend cette ville unique, de comprendre sa singularité. Elle résiste à tout. Elle résiste aux mots.

(INCIPIT)
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La découverte de l’Italie passe par la maîtrise du vocabulaire du café : café lungo (qui se dit caffè alto à Florence !), café ristretto (qui correspond à notre expresso, mais tellement concentré qu’il n’y en a qu’une gorgée), macchiato (« taché » d’une goutte de lait, comme la « noisette » parisienne), ou corretto, agrémenté d’un peu de grappa, l’eau-de-vie. Si vous refusez l’alcool, le café sera « liscio », et sans sucre il est « amaro ». Le café que nous faisons nous, Français, avec beaucoup d’eau, s’appelle le café americano, vous suivez ? Il est inévitablement qualifié de « ciofeca (jus de chaussette) » ou, comme on dit ici, de « zoza », qui vient de « sauce ».
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Jouez aussi 3, comme les trois Caravage de Naples. Et 7, comme Les Sept Œuvres de miséricorde, dans la chapelle du Pio Monte della Misericordia via dei Tribunali, où les Bourbons disent leur messe. La Flagellation du Christ, un miracle d’équilibre, à tous les sens du terme, est au musée de Capodimonte (précédemment à San Domenico Maggiore), et enfin, sa dernière toile, deux mois avant son assassinat, à la Banca commerciale italiana, Le Martyre de sainte Ursule, sans fond, absolument noir.
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Mon film est une comédie, et pourtant l’idée de la mort y apparaît constamment en filigrane. Le Napolitain ne cesse de penser à la mort. C’est ce qui lui donne sans doute cette philosophie souriante, cette sagesse qu’il faut savoir découvrir. Il n’y a pas d’autre or à Naples que la sagesse napolitaine.

Vittorio De Sica
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C’est en Italie que j’ai commencé à dire : « Belle personne », qui existait en français, puisque Morand regrette sa disparition, et qui revient aujourd’hui. La bienveillance y est perçue comme une qualité et a bon cours. « Essere un bravo ragazzo » est un compliment, tandis que, pour nous, dire de quelqu’un qu’il est un brave garçon a quelque chose de condescendant. Il n’y a qu’en France où le mot gentil est dépréciatif, où il inspire commisération et mépris.
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