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sur 12462 notes

Critiques filtrées sur 4 étoiles  
La peste d'Albert Camus.
C'était évidemment LE livre à lire ou relire en cette période (mai 2020).
Mais au-delà de l'opportunisme de circonstance, ce classique réserve au lecteur deux excellentes surprises.
En premier lieu, la redécouverte d'une écriture résolument moderne qui n'a pas pris une ride depuis 1947.
Le ton neutre et un détachement critique font de ce récit une chronique presque journalistique des événements d'Oran (Camus s'est inspiré de petites épidémies de peste qui ont eu effectivement lieu à Oran et Alger dans les années 40).
Et puis, il y a bien sûr le sujet.
L'auteur lui-même ne s'est pas caché d'une certaine analogie avec la peste brune apportée par les nazis, même s'il entend bien dépasser cette allégorie pour dépeindre la condition humaine face à l'épidémie qui met chaque homme devant responsabilités à l'heure des choix.
Mais aujourd'hui, le récit entre en résonance parfaite avec le confinement que nous vivons.
Et cela d'autant plus si l'on veut bien se rappeler quelques dérives de l'Histoire : les délations pour dénoncer son voisin, les laissez-passer et les couvre-feu, les patrouilles, ...
Même si les causes de la peste brune (d'origine bien humaine celle-là) et celles de la pandémie actuelle sont fondamentalement différentes.
Autant de bonnes raisons de relire ce classique malheureusement pas démodé.
Pour celles et ceux qui aiment les grands classiques.
Lien : https://bmr-mam.blogspot.com..
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J'ai lu qu'en 1947, Camus avait écrit son livre comme une allégorie à l'occupation Nazie. J'avoue qu'en 2023, (comme beaucoup probablement) j'ai eu une lecture plus terre à terre en comparant cette peste et son confinement au récent Covid.

"Du point de vue supérieur de la peste, tout le monde depuis le directeur jusqu'au dernier détenu était condamné et, pour la première fois peut être, il régnait dans la prison une justice absolue". Bon, là ça s'applique plus à la peste qu'aux nazis qui n'étaient pas des modèles de justice!

Revenons au Covid, le contexte ici est plus terrifiant, symptômes terrifiants, peu de moyens, et aucun moyen de communication avec l'extérieur..

Toute l'histoire se noue autours de 6 personnages principaux avec lesquels nous allons explorer différents aspects du confinement, de la maladie et de la mort.
De Rieux, bon médecin, dévoué, altruiste et lucide.
Rambert, la tentative de fuite pour échapper au protocole'
Paneloux, pour les questionnement mystiques et religieux.
etc...
Les tâtonnements et hésitations des autorités avant de poser un nom sur le mal, parce que "les guerres et les pestes trouvent les gens toujours au dépourvu...C'est ainsi qu'il faut comprendre aussi qu'il fut partagé entre l'inquiétude et la confiance." J'y ai trouvé beaucoup de justesse avec ce que nous avons vécu ces dernières années, sur les comportements humains face aux grands fléaux... un roman d'anticipation?

Au final la vision de Camus est très sombre, qu'ont réellement gagné ceux qui restent? "Il avait seulement gagné d'avoir connu la peste et de s'en souvenir, d'avoir connu l'amitié et de s'en souvenir, de connaitre la tendresse et de devoir un jour s'en souvenir...".


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Je viens de terminer ce classique qui se révèle au final incroyablement actuel. Beaucoup de passages m'ont donné à penser qu'ils pourraient avoir été écrits cette année, tant ils reflètent une vérité certainement propre à tout état d'épidémie. J'ai peut-être abusé des citations concernant ce roman, mais je tenais à garder une trace de ces passages qui m'ont marqués, pour pouvoir éventuellement les redécouvrir plus tard, lorsque je cesserai de faire un parallèle entre le Oran d'autrefois et le monde d'aujourd'hui.

En tout cas -et Joseph Grand ne pourrait que m'approuver-, chapeau bas, Camus !
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Fresque tout en subtilité de l'effet du passage de la peste à Oran. Comment elle surprend à son arrivée, figeant chacun dans ses choix et actes à ce moment précis. Comment elle crée une monde. Comment les détails saillants de son évolution entraîne une mécanique psychique et implacable chez chacun. Telle que chacun est tous et tous est chacun, au-delà des parcours singuliers, tout en le démontrant par des singularités.
Pas de sentimentalisme ou de drame dégoulinant.
Une vérité humaine, ey donc singulière, dévoilée dans sa logique et son universalité. Impressionnant!
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La peste, par Albert Camus. Relire un sommet de la littérature à des années, voire des décennies d'écart, à des époques de la vie très différentes, adolescence et maturité, c'est comme si on ne lisait pas le même livre à chaque fois. Aujourd'hui, je cherche derrière chaque fait une portée philosophique ou une analogie.
L'histoire est celle d'une épidémie de peste qui touche et se limite à la ville d'Oran, en Algérie, dans les années 40. En Europe alors, sévit la «peste brune», le nazisme, la France est sous le régime de Vichy et de l'Occupation allemande. Ce n'est pas par hasard que l'on a comparé le thème du roman de Camus avec ce qui s'est abattu sur la France à la même époque.
Le Docteur Rieux est celui qui identifie la peste et la signale aux autorités. Personne ne veut croire à un tel fléau. Il faut vaincre des résistances, pour entrer dans la Résistance (contre la peste). le préfet ordonne la fermeture des portes de la ville. À côté de Rieux, émergent d'autres personnages, figurant des thèmes divers, volontiers contemporains : la religion (le père Paneloux interprète l'épidémie comme une punition divine, les ténèbres prenant la place de la miséricorde), l'engagement (Tarrou, un humaniste mêlant générosité et sentiment de révolte, seconde Rieux et le paiera de sa vie), la volonté d'exil (Rambert cherche à quitter la ville clandestinement, avant de se raviser et de se joindre aux combattants), l'adaptation frauduleuse (Cottard et ses trafics de collabo), l'enfermement, l'exil intérieur (la résignation frappe une population qui s'organise face à la pénurie et essaie de compenser par la recherche de plaisirs au café, au restaurant, au cinéma. On peut aussi évoquer l'impuissance médicale, la manipulation de l'information, la fragilité de la condition humaine et l'asservissement de l'homme, chacun étant condamné à se soumettre à la loi transcendante d'une raison «supérieure», à souffrir, à mourir, sauf à se battre sans cesse, etc. Quant à l'absurde qui caractérise la pensée de Camus, le concept est là en filigrane, masqué, en premier lieu sous la forme d'un mal, concret et abstrait, qui frappe au hasard et sous la forme d'une organisation de la société dont le sens échappe à la majorité. Ce sens que chacun cherche dans le domaine privé (art, dévouement, amour…) pour échapper à cet absurde. Mais il est à craindre qu'une majorité ne le trouve pas et se laisse à aller à une existence déjà tracée ou à « l'habitude du désespoir ».
Mais nous sommes dans un roman, pas dans un manuel de philosophie. le narrateur a un regard distancié par rapport aux évènements, celui d'un chroniqueur relatant les étapes de la guerre contre la peste, les évolutions propres à chaque personnage ou certains moments tragiques comme la mort du fils du juge Othon. Rieux et ses amis luttent contre l'épidémie, par l'isolement des cas, des mesures d'hygiène, puis par des sérums spécifiques. Il est probable que leur action a limité l'extension, voire la durée du mal, dont l'évolution générale a toutefois été celle d'une épidémie normale.
La peste, la proximité de la mort et sa distribution aléatoire (ah ! l'absurde) déstabilisent la société, modifiant les relations entre les gens, introduisant de nouvelles valeurs, relativisant le sens de l'existence de chacun, abolissant les différences sociales. Pourtant, le récit reste dépassionné, un peu encombré par les aspects techniques du combat sanitaire et administratif, la trame romanesque est corsetée, entravée par trop de pensées, de justifications, d'explications. Et puis, on est à Oran, en Algérie, mais la population, homogène, paraît abstraite. Camus évoque «les gens», ils parlent tous la même langue (laquelle ?), il n'y a ni riches ni pauvres, ni colons ni autochtones colonisés, ni Français ni Arabes, tout juste quelques Espagnols. Cette géographie fictive m'a frappé.
Camus est-il trop philosophe pour être un bon romancier et écrire autre chose qu'une fable morale ?
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Malgré mon allergie à L'étranger, j'avais quand même laissé La Peste sur ma PAL, pour ne pas m'arrêter à une seule oeuvre de Camus et parce qu'il s'agit quand même d'un classique que je voulais découvrir. de plus, l'histoire m'inspirait pas mal et en feuilletant le livre, le style m'avait semblé quand même bien différent de celui de L'étranger. Et finalement, je ne regrette absolument pas ma lecture, qui est une très « jolie » surprise. La peste, symbolisant en réalité l'occupation allemande, est décrite d'une manière extraordinaire et on est littéralement pris dans l'épidémie et contaminés par ce roman. Camus ne parle pas seulement de l'aspect médical de la peste, mais surtout des réactions de la population et quels mouvements accompagnent cette épidémie, et c'est cela qui est intéressant. Oran, ville normale dans laquelle on pourrait y reconnaître la sienne, les habitants, normaux eux aussi, dans lesquels on pourrait reconnaître nos voisins. On finit vraiment par faire partie d'Oran, on se promène dans ses rues, on étouffe dans la chaleur de l'été et parce qu'on sent l'odeur de la maladie et des morts.

Contrairement à L'étranger qui m'avait marqué tant je n'avais pas aimé et qui ne m'avait pas du tout emporté, cette oeuvre différente de Camus m'a elle bouleversée et parfois même choquée pendant certains passages et moments de l'histoire. Une lecture que je conseille donc à n'importe quel type de lecteur et lectrice, qui est absolument à découvrir et qui, à mon humble avis, ne peut laisser personne indemne.
Lien : http://papierencre.wordpress..
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J'ai trouvé que c'est une oeuvre de qualité tant dans l'écriture que dans la vision humaniste. Camus illustre avec réalisme la solitude et la peur que vit la population. J'ai beaucoup apprécié suivre le docteur Rieux, personnage central de l'histoire, un homme déterminé dans son travail malgré la fatigue qui apparaît de jour en jour et une impuissance face à la maladie. On ne peut s'empêcher de se rappeler l'épidémie mondiale que nous avons tous connus récemment.
C'est un roman pas inintéressant au niveau de l'histoire mais quelques passages un peu redondants m'ont ennuyés. J'avais lu auparavant L'étranger et j'ai trouvé que La peste est un peu moins abordable.
Lien : https://instagram.com/plante..
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Un grand classique qui illustre bien l'impuissance des humains devant les catastrophes et pose la question fondamentale du sens profond de la vie. On peut interpréter le livre de plusieurs façons, soit comme un pilier de l'existentialisme aussi bien qu'une sorte d'allégorie froide sur la montée du fascisme en Europe. Chacun y trouvera matière à réflexion.
Lien : https://andreracicot.ca/lect..
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J'avais lu La Peste pendant ma période Camus, il y a quarante ans environ. Si Babelio avait existé alors, j'aurais mis cinq étoiles.
J'ai voulu le relire récemment et… ne suis pas allé jusqu'au bout. Ces interrogations sur le sens de la vie, la morale… ne m'ont pas passionné.
ça reste un grand bouquin.
(je suis passé par Oran, en coup de vent, je ne peux donc pas non plus dire que j'en ai retrouvé l'atmosphère :-)
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J'ai lu La Peste de Camus très jeune (15 ans), et j'ai eu envie d'y revenir, n'en ayant conservé qu'un souvenir lointain et embrumé (les années ont passé...).
C'est évidemment un grand roman, très bien écrit, très bien construit, très prenant, et même angoissant par moment. On a dit que c'était une allusion (au) ou une parabole du nazisme (l'action se passe en 1940). C'est fort possible, mais même si le lecteur ne pense pas à cet aspect des choses, ce roman n'en reste pas moins un grand livre.
Cependant, j'avoue que quelque chose a trotté dans ma tête tout au long de la lecture, une gêne insidieuse que je n'avais pas ressentie dans ma jeunesse. Car quoi ! On se trouve à Oran en 1940, et on a beau chercher dans tous les coins et recoins du livre, il n'y a pas un seul algérien, que des européens ! A croire que les algériens ont envahi leur propre pays quand ils ont réclamé l'indépendance de celui-ci. C'est stupéfiant.
Et on se reprend à penser à la position de Camus pendant la guerre d'Algérie ; floue, vague, ambigüe, et on comprend mieux pourquoi : la vision de Camus de l'Algérie, c'est un monde entre soi, entre européen, sans arabe.
Triste, mais quel excellent écrivain...
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