La fin justifie les moyens... Telle pourrait être la maxime qui est au coeur de ce roman de
Orson Scott Card, que j'ai reçu dans le cadre de la dernière Masse Critique de Babelio. C'était mon tout premier voyage en compagnie de cet auteur, et j'ai absolument adoré ! Pas d'entrée en matière à rallonge, on est très rapidement plongé au coeur de l'histoire de cet enfant pas comme les autres qu'est Ender.
Premier point fort, le personnage principal : Andrew Wiggin, dit Ender, 6 ans au début du roman. J'ai été extrêmement touchée par ce petit garçon esseulé et manipulé à l'extrême, dont le cerveau sur-développé le pousse sans cesse à se poser toujours plus de questions sur les raisons qu'ont les autres d'agir de telle ou telle manière avec lui, ou sur ses propres réactions face aux situations difficiles auxquelles il est confronté. J'ai lu pas mal de critiques sur le postulat de départ de cet ouvrage : Ender n'a que six ans et il a les réactions d'un jeune homme beaucoup plus âgé. Personnellement ça ne m'a pas choquée, dans le sens où il est clairement établi que l'école de guerre ne prend que des enfants surdoués, d'une part, et que chez les Wiggin, l'intelligence semble être une affaire de famille !
La science-fiction est omniprésente dans cet ouvrage, que j'ai trouvé extrêmement moderne bien qu'il date des années 80. En effet, notre histoire se déroule alors que l'humanité est en guère contre une race extraterrestre proche des insectes, elle forme ses futurs chefs militaires à grands coups de simulations : reproduction des conditions d'apesanteur de l'espace dans des salles dédiées, étude de stratégies de combat à l'aide de simulations vidéos... La narration choisie par l'auteur colle parfaitement à l'état d'esprit de son héros. On assiste aux séances d'entraînement de Ender, et des chapitres entiers dédiés à des batailles entre armées se succèdent, parfois un peu lassants pour nous, lecteurs. Mais c'est à l'image de la lassitude de notre jeune héros, qui finit par être totalement obsédé par le jeu, jusqu'à ce qu'il s'aperçoive que les dés sont pipés et décide brusquement de cesser de lutter... Mais à chaque fois, ses maîtres trouvent le moyen de réactiver sa détermination, ils trouvent LA cause qui vaut tous les efforts qu'on lui demande, et par là même le rebondissement qui relance notre intérêt.
On ne sort pas indemne d'une telle lecture. Comment ne pas se poser des tas de questions d'ordre moral ou éthique ? La fin justifie-t-elle réellement les moyens ? Jusqu'où un homme, un enfant en l'occurrence, peut-il s'adapter, encaisser tout ce qu'on lui fait subir, avant de craquer complètement et de devenir un légume ? La violence n'appelle-t-elle pas inutilement la violence ? Quant à la fin, je ne l'ai pas vue venir une seule seconde ! J'ai grandement apprécié à la fois la surprise que l'auteur me réservait, et le côté humaniste qu'il développait. Une magnifique découverte...
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