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4,3

sur 2416 notes

Critiques filtrées sur 5 étoiles  
Un chef d'oeuvre de sf militaire.


Comme le titre l'indique, nous sommes en présence d'un chef d’œuvre de la science-fiction en général et de la sf militaire en particulier.
Prix Hugo 1985, prix Nébula et Science Fiction Chronicle en 1986.
A ranger à côté de Etoiles, garde à vous ! (Starship Troopers) de Heinlein et La Guerre éternelle de Haldeman, des livres qu'il faut avoir lu en sf militaire.
Pour la petite histoire, le roman est issu d'une nouvelle écrite par l'auteur en 1978, elle aussi primée.


L'histoire : Ender Wiggin, enfant précoce, dont la naissance a été autorisée grâce à ses capacités supérieures "potentielles" est recruté par l'armée pour devenir, ni plus ni moins que le sauveur de l'humanité, face à des extra-terrestres, battu une première fois, mais susceptible de revenir menacer la terre. Ender part en orbite pour s'entraîner à travers des jeux de rôle, à devenir un maître de la stratégie, pour pouvoir à terme, devenir le commandant en chef d'unités combattantes de vaisseaux spatiaux.
Notre héros, nouera des amitiés et suscitera jalousie et haine.
Ender a 6 ans.
Sur terre, son frère et sa soeur, génies précoces eux-aussi, s'emploieront, par le biais des réseaux sociaux à manipuler l'opinion publique et les gouvernements, en vue de prendre le pouvoir.


L'auteur, manipule nos sentiments, en mettant en scène des enfants, dans des rôles d'adulte, leur faisant subir des situations qui ne peuvent que nous émouvoir.
De l'action, de la stratégie, des manipulations politiques, de la violence, rien ne leur sera épargné et on trépigne, jubile, au gré des situations dans lesquelles ils se mettent ou auxquelles ils sont volontairement exposés.


La stratégie Ender est le premier opus d'un cycle qui se poursuit par La Voix des morts, mais ce roman, même s'il reste un grand livre de sf n'a absolument rien de commun avec le roman ici présenté.
Si vous voulez faire durer le plaisir, précipitez vous plutôt sur La saga des ombres, Tome 1 : La stratégie de l'ombre,
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Excellent et un Nebula et un Hugo tout à fait mérités .
Le bruit court que les Doryphores ont étés vaincus il y a 50 ans , alors que ce texte débute , une nouvelle invasion commencerai !
Ce roman est tout de même assez bluffant car le rythme et les péripéties viennent s'inscrire dans un univers palpable et absolument crédible .
Les personnages sont d'une solidité à toute épreuve et l'éthique est placé au centre du texte .
Enfin , la fin est certainement une des plus surprenante de toute le genre science-fiction .
Former dès l'enfance des enfants soldats à devenir des guerriers , les faire murir précocement ( en batterie ) est une thématique fabuleuse pour loger une réflexion éthique , surtout quand la société est une démocratie de façade .
La guerre , le statut moral de l'ennemi , la compassion , l'endurance , la maturité précoce , la liberté , la solidarité , la ruse , la double contrainte , le conditionnement , sont autant de thèmes correctement et subtilement approchés dans cet excellent roman . Un roman qui propulse le lecteur en apesanteur de façons palpables et qui le plonge également dans des simulations de combats saisissantes ainsi que dans les coursives de vaisseaux de guerre à la tangible réalité .
Certains , un peu partout sur le ouèb parlent de propagande mormon concernant ce roman ?
En toute franchise , je pense qu'ils ont fumé un peu trop de moquette .
En fait il est manifeste que c'est un procès d'intention injustifié qui est fait à l'auteur à qui on reproche tout simplement d'exister .
Ce genre d'affirmations sans arguments est aussi spirituel et injustifié que les buchers de l'inquisition le furent naguère .
Franchement sur : l'éternelle réflexion autour du bien et du mal avec en corollaire la question de la responsabilité et de la compassion , je trouve que l'auteur s'en sort magistralement et qu'il pose de bonnes questions .
Alors si c'est cela le mormonisme , j'en veux bien une louche et même du rab ! merci !
( je blague , parce que je suis sur une autre chaine , en fait )
De l'excellente science-fiction militaire .
Et n'ayez pas peur , car ce roman n'a encore jamais mangé personne et le grand méchant loup n'y est pas !
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Ouvrage à haute portée balistique, permettant de voler en apesanteur mais sans le balai magique d'Harry Potter. Je pense que JK Rowling a lu Orson S. Card.
L'armée a décelé un fort potentiel chez une famille modeste. Elle les autorise à faire un troisième enfant. Les deux premiers, Peter et Valentine, n'ont pas donné entière satisfaction aux différents tests pour rentrer à l'école militaire.
Alors le troisième enfant, un garçon surnommé Ender, est à son tour "acquis" par l'armée depuis sa naissance grâce à un moniteur fixé sur sa nuque.
La réussite de ce roman est de susciter l'empathie pour un écolier pas comme les autres, un petit génie à qui l'on en fait voir de toutes les couleurs. Un enfant maltraité, comme une chose qui se résume à un dossier sur le haut de la pile. Un enfant qui même s'il est très prometteur perd peu à peu ses repères.
En effet, l'armée cherche le futur commandant qui va les mener à la victoire la prochaine guerre contre les...doryphores, des extra-terrestres estampillés méchants.

Cette histoire est classée science fiction militaire mais les thèmes sont bien d'actualité avec la pression scolaire et le harcèlement scolaire.
Suivre les évolutions du petit Ender a quelque chose de terriblement palpitant car son parcours initiatique est constellé d'obstacles dont l'isolement de sa famille.

J'ai un peu retrouvé le gamin que j'étais à 11 ans (lui en a 6 dans le roman) en pension au collège dans un dortoir de 50 lits. Comme pour Ender, faisant partie de la bleusaille, nous avons du subir la violence gratuite exercée par les plus grands quand le surveillant n'était pas là...

Mieux qu'une partie de Spaceship avec une fin bluffante.
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Une armée en guerre interstellaire à la recherche d'un héros qui saura sauver le monde. Et si ce héros était un enfant ?

L'ennemi, ce sont les doryphores qui ont attaqué la Terre il y a quelques décennies. C'est de justesse qu'un grand général avait alors sauvé la planète. Ender, un gamin de six ans, est peut-être celui qui pourra lui succéder s'il réussit toutes les épreuves de la formation.

C'est un être exceptionnel et il sera soumis à un rude entraînement physique, des combats lors desquels il devra développer des stratégies nouvelles et un travail d'équipe. Il devra aussi réussir des simulations de batailles par ordinateur. Même ses réactions au harcèlement dont il est victime sont analysées et servent à évaluer son potentiel.

Il s'agit donc de science-fiction militaire, avec de l'action, mais aussi toute une dimension psychologie : motivation, rivalités et sentiments de culpabilité. Une histoire de qui montre aussi la vulnérabilité des héros qui parfois sont bien fatigués…
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Les parents Wiggin peuvent être fiers de leur progéniture.
Trois enfants, trois petits génies qui, dès la prime enfance, délaissent poupées et petits soldats pour se mettre à penser et agir comme de brillants adultes. Trois enfants prodiges (ou monstres ?) qui vont influencer l'avenir des Terriens.
Rien de moins !
Et ce n'est pas le moindre des paradoxes que de croire dès les premières pages, grâce à l'extraordinaire talent de conteur de Orson Scott Card, à cette histoire de fou.
Dans ce lointain futur, les terriens sont à la croisée des chemins. A peine découvrent-ils qu'ils ne sont pas seuls dans l'univers qu'ils échappent de peu à l'anéantissement par de puissants et surdéveloppés extraterrestres, surnommés doryphores, au mode de pensée radicalement différent du leur. de cette sanglante confrontation, les terriens récupèrent une nouvelle technologie, l'ansible, qui leur permet de communiquer en instantanée à travers l'immensité de l'univers.
Grâce à l'ansible, ils ont les moyens d'attaquer les doryphores dans leur propre monde. Mais pour mener à bien cette nouvelle guerre où il s'agit d'exterminer l'ennemi, l'état-major militaire a besoin d'un grand chef de guerre. Une perle rare qui bousculerait tous les prérequis, qui inventerait de nouvelles stratégies ; un génial stratège adulé de ses hommes et capable de gagner une bataille en combattant à un contre dix… Une sorte de Napoléon qui n'aurait pas fini par être vaincu, en quelque sorte, ou d'Alexandre le Grand qui n'aurait pas brulé sa vie par les deux bouts de la chandelle.
L'état-major jette son dévolu sur le troisième enfant de la famille Wiggin : Andrew surnommé Ender par sa grande soeur Valentine. Depuis sa naissance, ses faits et gestes sont surveillés, disséqués, analysés, grâce à un moniteur placé dans son cerveau. Les militaires devinent en lui toutes les qualités du grand chef : visionnaire, jusqu'au-boutiste, perfectionniste… Ender est enlevé à sa famille dès l'âge de six ans et envoyé à l'académie militaire pour être formé à son futur rôle. Un apprentissage d'une dureté et d'une violence inouïe. Les adultes font tout pour isoler Ender des autres enfants de l'académie. Ils jettent ce gosse plus jeune, plus faible que les autres en pâture à la haine et la méchanceté des petits chefs qui ne supportent pas cette étrange aura qui émane de sa personne. Dans ce monde hostile, Ender n'a pas d'autre choix que d'être broyé ou de devenir le meilleur, le premier. Et c'est ce qu'il deviendra.
On ne peut qu'être troublé par ce gosse. Au fil des pages, on le voit tenir les propos et adopter le comportement d'un adulte brillant, rusé et calculateur, avant de redevenir cet enfant de moins de dix qui souffre atrocement de l'absence de sa mère et d'une solitude abyssale. On se demande à plusieurs reprises s'il parviendra au terme de sa formation avec toute sa raison.
Que dire des adultes qui ne cessent de jouer aux apprentis sorciers en manipulant sans aucun scrupule Ender pour parvenir à leurs fins ? On est totalement écoeuré et en même temps on comprend leur motivation, car de la réussite d'Ender dépend la survie de l'espèce humaine.
Ender ! Un drôle de gamin, quand même ! Si grand, si jeune… Capable d'avoir de l'empathie pour son ennemi avant de le détruire… Maître de ses actes, et totalement manipulé…
Je ne sais pas si j'aurais aimé le rencontrer.
Comme je ne veux pas me faire maudire par celles et ceux qui souhaitent lire le livre, je ne parlerai pas des cinquante dernières pages. Sachez simplement qu'elles sont éblouissantes, inattendues, surprenantes, intenses.
Un grand livre de science-fiction, certains parlent de chefs d'oeuvre, traitant de la manipulation, de la solitude et du cynisme des hommes de pouvoir. Par analogie, et sans vouloir jouer au conspirationniste, ce livre nous fait aussi toucher du doigt la manière dont notre système de pensée peut être conditionné et formaté.
Bref ! Un cycle ou une saga de plus commencé et que je dois absolument finir….
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Petit bijou de Science-Fiction militaire. Approuvé et estampillé par Wiitoo « aventure épique inside » :-) !!

Alors qu'il y a quelques années de cela, les Doryphores ont lancés deux attaques spatiales contre la Terre sans succès, les terriens sont eux bien conscient d'avoir eux, en ce temps, beaucoup de chance d'en sortir victorieux face à un ennemi extra-terrestre largement supérieur en nombre et dont la technologie semble bien plus avancée.

Les forces militaires terriennes mettent dorénavant tout en oeuvre afin de sélectionner et former les meilleures recrues dans le but de se préparer à l'inévitable. le prochain affrontement est proche et le temps est compté !

Le jeune Ender Wiggin, 6 ans, fait partie des candidats les plus prometteurs. Suivi, comme tous les enfants, depuis sa naissance par un moniteur informatique implanté dans sa nuque, il est rapidement considéré comme étant potentiellement le futur Commandant des troupes de la Force Interstellaire qui sera en charge d'affronter les Doryphores.

A partir de là Ender va suivre, durant plusieurs années, un entrainement extrême à travers des simulations de combats spatiaux, qui va le pousser dans ces derniers retranchements faisant de lui le plus grand stratège que la terre n'ait jamais connue.

C'est cette aventure épique qui nous est contée de manière extrêmement prenante, brillante. L'histoire est addictive, le livre très bien écrit, le dénouement héroïque.

J'ai vraiment passé un très bon moment à lire ce livre et suivant les conseils que l'on peu lire de nos plus fervent critiques de SF babéliesque, je me réjouis déjà de poursuivre ce plaisir de lecture avec la Saga des Ombres.

En effet, à la fin de ce livre, l'on comprend parfaitement bien que la suite des aventures d'Ender sera d'une toute autre nature. le Cycle d'Ender : La voix des morts
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Livre audio - Éric Chantelauze : 12h06

Roman, monument, de science-fiction que j'ai déjà lu et relu et que j'ai choisi d'écouter. Ce que je fais pour "relire" des classiques ou des pavés, tant j'ai de livres inconnus qui me font envie !

La narration de Eric Chantelauze a été tout à fait adaptée et agréable mais je pense que découvrir cette oeuvre en audio n'est pas une façon adéquate pour comprendre toutes les subtilités de l'histoire, au risque de passer à côté du coeur du Cycle d'Ender !

Je vais écouter le second mais pas les suivants, je ne les avais vraiment appréciés, ils s'éloignent trop de ce qui m'avais plu au départ !

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Voila un gros coup de coeur .
Cet opus est un régal .
L'intrigue est parfaitement construite , laissant le temps au lecteur de prendre ces marques avant d'embarquer pour un voyage palpitant .
Les personnages on tous une épaisseur conséquente , ce qui permet une identification du lecteur par rapport à eux .
Et les stratégies millitaires sont parfaitement décrites , le lecteur est emporté par un flux d'adrénaline en méme temps que les personnages .
On fait corps avec eux dans cet excellent space opéra millitaire , qui s'affirme comme étant incontournable à tout fans du genre .
Brillant .
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Parmi les grands maîtres de la SFF étasunienne, il en est deux, Orson Scott Card et Brandon Sanderson, de confession mormone dans un milieu majoritairement athée ; on les accuse parfois de prosélytisme en dépit de la qualité de leur travail, mais force est de constater qu'ils ont compris, contrairement aux auteurs français, que l'Imaginaire par-delà le simple fait d'exposer sa foi peut également développer des raisonnements autour de la philosophie dont elle est empreinte et n'est pas forcément le seul thème à aborder. Sanderson étant encore pour moi un illustre inconnu (ce qui ne saurait durer), on pourra néanmoins déjà s'étonner sur le fait que Card dans son oeuvre n'hésite pas ainsi à faire intervenir des scènes extrêmement crues : quand il dénonce quelque chose, il n'y va pas par quatre chemins.
C'est par ce questionnement éthique permanent mis face à la dureté de la réalité qu'est né ce qui est considéré comme son plus grand chef-d'oeuvre, le tome 1 de la saga Ender, autour de laquelle tout un méta-cycle s'est développé. Un classique du new space opera et de la SF militaire, et qui renouvelle le thème de l'invasion extraterrestre…

Contexte

Si auparavant comme moi vous avez lu le trop méconnu Ender : Préludes, recueil de novelettes de l'Enderverse, vous devez savoir que la Terre est en pleine conquête spatiale malgré différentes contraintes liées à l'espace-temps et peine à conserver l'ordre entre les différentes nations. Les enfants sont limités à deux dans chaque famille, les pays comme la Pologne refusant de s'y plier étant mis sur liste rouge ; celle-ci s'est d'ailleurs rangé du côté des éternels ennemis des US, la Russie, avec le monde musulman autour du Second Pacte de Varsovie. Comme si on s'amusait pas déjà assez, une bande de cinglés de l'espace, des insectoïdes surnommés les doryphores, a failli deux fois nous mettre la pâtée pour nous envahir. La deuxième fois, l'Humanité a failli se faire rayer de la carte, sauvée de justesse par un mystérieux officier du nom de Mazer Rackham (dont on a tiré un excellent vin rouge – ben ouais, j'étais obligé de la faire, sinon on va être en-dessous du quota d'humour pour cet article !). Depuis ces évènements, les US traumatisés ont mis la main basse sur tout, le hard-power sur le monde entier, le développement technologique des armes qui a littéralement explosé, afin de parer la troisième invasion, car comme le dit un des Crazy Harry d'Hollywood : « On a toujours su qu'ils reviendraient. »
Dans tout ce bardaf vit un enfant de six ans, Andrew Wiggin dit Ender, troisième enfant malgré les restrictions limitant à deux par couple. Son frère Peter et sa soeur Valentine ont en effet échoué aux examens qui devaient vérifier qu'ils avaient suffisamment de gènes de leur cerveau de père pour devenir les petits génies de la prestigieuse École de Guerre. Sauf que Ender, lui, a toutes les capacités qu'il faut, et Pierre n'apprécie, mais alors vraiment pas cette nouvelle !

Thématiques

Le roman va donc suivre l'ascension de Ender, formé dès son plus jeune âge à devenir une machine à tuer dans l'espace, où ses supérieurs vont tout faire pour exciter son agressivité et son légendaire sens de la stratégie. L'absence de côté humain qu'on pouvait craindre pour de la SF militaire est donc ici absolument nulle : c'est au contraire le coeur du récit, sans pour autant le rendre explicitement antimilitariste.
On est plongés en effet en permanence dans la tête de Ender, autiste génial qui apprend à une vitesse phénoménale et se fait par conséquent harceler par tous les autres gamins (parce que très franchement, quelle idée d'aller devenir plus intelligent !). Je sais que les autistes minéraux ont été un temps un cliché de la SF, mais c'est justement le total opposé que l'on découvre ici, ce qui somme toute est bien plus réaliste : parce que si vous croyez que la tête d'un autiste c'est juste un ordi, alors vous êtes absolument à côté de la plaque. Ayant moi-même eu des symptômes du syndrome d'Asperger durant toute mon enfance, je dois vous dire qu'Orson Scott Card a parfaitement compris cette forme de psychologie. Il analyse en permanence mais n'en reste pas moins humain avec des émotions sans cesse changeantes face à la brutalité et la complexité du monde, et l'on doit moins cette analyse à son intelligence que le fait qu'elle est décuplée par la peur constante du harcèlement. Ender est un être faible, contraint en permanence de blesser et tuer par ceux qui le manipulent, et dont il essaye tant bien que mal de s'extraire ; pourtant, les professeurs, les autres enfants, tout le monde, y compris lui-même, le détruit peu à peu.

« Ce sont des tueurs qu'il leur faut pour lutter contre les doryphores. Des gens capables d'écraser la tête d'un ennemi dans la poussière et de répandre leur sang partout dans l'espace.
Eh bien, je suis votre homme. le putain de salaud que vous espériez quand vous avez autorisé ma conception. Un outil entre vos mains. Qu'est-ce que ça change si je déteste la partie de moi dont vous avez le plus besoin ? Qu'est-ce que ça change si, quand les petits serpents m'ont tué dans le jeu, j'étais d'accord avec eux ? Si ça me faisait plaisir ? »

Une autre psychologie complexe qui se dégage du livre, c'est celle de Pierre, à côté de qui Edmond Pevensie ressemble à Sainte-Anne. Les dialogues entre frères et soeur, en terme de violence et de noirceur… ça se pose là ! On ne sait jamais quand il joue et lorsqu'il parle sérieusement, et à vrai dire lui-même ne doit pas le savoir non plus. le fait qu'on ne soit jamais dans sa tête renforce cette impression d'ennemi imprévisible, tantôt prêt à tuer, tantôt tentant désespérément de conserver son côté humain. Imaginez que vous viviez dans la même chambre qu'une personne qui a juré de vous tuer… Au bout d'un moment, il se passerait quoi ?
Vous l'aurez compris, entre les harceleurs et le frère dysfonctionnel, les doryphores sont moins les méchants que les déclencheurs de l'intrigue, le récit moins un combat spatial qu'un combat intime. Mais à tous ces antagonistes il faut encore ajouter le gouvernement humain lui-même, qui va de plus en plus être remis en question : est-ce que c'est vraiment nous au final, les gentils ? Entre les restrictions des États-Unis, le fait qu'on transforme des enfants en fanatiques, de pucer le cerveau des plus prometteurs, l'absence totale d'humanité qu'on accorde à l'ennemi, il y a franchement de quoi se poser des questions (et la VO est parue du temps des années Reagan, quelle coïncidence…). Card ne tombe pas pour autant dans la caricature facile, étant donné qu'il subsiste notamment encore le multiculturalisme dans cette société, sans doute grâce à Mazer Rackham, ainsi qu'une certaine marge de liberté d'expression, et que les Docteurs Frankenstein ne sont pas sans appréhension face à ce qu'on leur a demandé de créer…
Qu'est-ce qu'on pourrait encore ajouter, traité de manière brillante ? La dénonciation de la fanatisation des enfants avec une importante recherche psychologique même pour les personnages secondaires ? le traitement des combats spatiaux en apesanteur ? Une anticipation brillante des mondes informatique et vidéoludique et de la montée des populismes ? L'espoir d'une rédemption à la toute fin ouvrant les horizons à des tomes plus lumineux ?

Quelques (très) légers défauts

Évidemment, rien n'est parfait, et le roman pourrait être vu comme contenant quelques clichés sur les Européens : les espagnols ont le sang vif, les français s'appellent Bernard, mais rien de plus significatif. Par contre, au niveau de l'ansible (un truc dont l'auteur ne s'est jamais caché qu'il l'a piqué à Ursula le Guin, qu'il adorait), c'est bien pratique d'avoir un appareil de communication instantanée, mais on nous fait le coup du « c'est trop compliqué pour comprendre ». D'autant plus dommage que tout le reste de l'aspect technique du roman se tient et n'empiète pas sur le reste. Enfin, l'ascension de Peter  en parallèle du roman n'ayant pas de lien direct avec celle d'Ender, certains pourront trouver peu probable le fait que deux individus d'une même famille occupent une telle place dans l'Histoire quand il n'y en a pas eu un pour épauler l'autre.

Pour aller plus loin

Parce que j'adore suranalyser

On pourrait croire que le roman pourrait se limiter à trois degrés de lecture déjà assez importants, à savoir une évolution sociologique de l'humanité après un phénomène tel qu'une invasion extraterrestre, une immersion dans l'intime de la psychologie infantile, et enfin un questionnement sur tous les plans (éthique, technologique, stratégique) autour de l'armée du futur ; mais on pourrait encore y voir des trouzaines de parallèles, avec la guerre froide, les guerres mondiales, et même (peut-être surtout) les guerres médiques. Oui, oui, j'y ai réfléchi pendant qu'on les revoyait en cours, et somme toute ça n'est pas si éloigné que ça dans l'idée. Ça pourrait faire un bête copier-coller dans l'espace, ou la goutte d'eau d'originalité en trop pour un vase déjà bien rempli ; Orson Scott Card s'en inspire beaucoup, certes, mais pour donner un cachet de réalisme sachant que des faits semblables se sont déjà produits tout en ne le faisant pas empiéter sur le récit. de sorte que le lecteur lettre s'amusera à y retrouver toutes les similitudes : deux guerres où l'ennemi est une menace gigantesque et pourtant humiliée, après quoi tous les États en place doivent se liguer avec le plus fort qui agite ces étrangers comme épouvantails pour étendre sa politique, espace = mer => bataille de Saturne = bataille de Salamine (même issue déterminante), et, spoil mineur, mais quand les humains partent avec l'idée d'éradiquer définitivement les doryphores, on pourrait pousser le parallèle jusqu'à y voir la revanche d'Alexandre le Grand… Sauf que la guerre du Péloponnèse n'a pas encore eu lieu.

Un mot sur le film

Enfin, je sais que l'adaptation cinéma a quelque peu fait débat ; moi-même j'avais pas trop apprécié la première fois étant trop jeune. Mais force est de constater qu'il reprend le récit fidèlement au livre et ne le modifie que pour lui conférer davantage d'efficacité. Comment en effet retranscrire dans la première scène de bagarre les délibérations mentales d'Ender ? le réalisateur choisit ainsi de mettre plutôt en avant sa vivacité d'action et son agressivité. La médecin est également remplacé par une machine lors de l'opération qu'Ender doit subir au début du récit, ajoutant à la froideur de la scène et ne la rendant que plus brutale. Enfin les arcs n'étant pas directement liés à Ender sont élagués afin de se recentrer sur ce personnage.
Ce souci d'efficacité constitue toutefois par moments un défaut considérable : exemple qui crève les yeux, la scène d'ouverture qui est tellement le degré zéro de l'exposition qu'on dirait limite Le dernier maître de l'air (il va falloir que je lâche la grappe à ce film, mais c'est limite Dragon Ball Evolution moins le côté nanar). Mais à côté de ça ! Asa Butterfield est super-convaincant au niveau dramatique, mais c'est pas une surprise si vous avez vu Nanny McPhee 2, les effets spéciaux d'une beauté et d'une profusion, et la scène finale avec le doryphore muet (lesquels n'avaient jamais été montrés de tout le film) et malgré tout le fait qu'on comprenne tout ce qu'il veut dire, est une des plus marquantes du cinéma de space op ! Comment rendre aussi humain un gros insecte en images de synthèse, fallait le faire…
On y trouve également une explication sur pourquoi ces extraterrestres voulaient envahir la Terre et une superbe direction artistique. Enfin, sachez que la première version du roman est disponible dans Ender : Préludes, mais beaucoup plus pauvre thémtiquement. Si vous voulez la connaître, lisez-la avant le roman, ou ne la lisez pas ; mais sachez cependant que ça vous révélera le twist final.

Conclusion

La stratégie Ender est un bouquin brillant, dérangeant par son réalisme et sa noirceur, écrit avec ses tripes tout en multipliant avec brio les idées remarquables. Mais au-delà de ça, c'est une expérience intime qui nous confronte à notre propre violence interne. Je n'ai jamais ressenti de catharsis, seulement des traumatismes, d'où ma grande perplexité face au genre horrifique ; pourtant, ça fait du bien de voir un livre qui parle de toute la violence refoulée en toi, toute l'agressivité et le sentiment d'incompréhension, de voir un personnage comme toi se débattre souvent en vain autant qu'il peut pour s'améliorer, le voir échouer trop souvent sans jamais le juger, pour au final découvrir l'espoir qui reste, quoi qu'il arrive, au bout du tunnel. Achetez ce bouquin, lisez-le, parce que sinon, elle va passer à côté de quelque chose, votre culture…
Lien : https://cestpourmaculture.wo..
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J'avais acheté ce livre et le tome 2 en poche aux alentours de 1996. Ayant débuté la lecture, j'avais abandonné, comme souvent à l'époque. Je n'étais pas un lecteur assidu, pas fan non plus de SF militaire et cherchant plutôt des livres simples et prenants. Pas vraiment mature pour la SF.

Zap la digression => aller directement après la ligne blanche.
L'été dernier, j'ai retrouvé chez mes parents mon tome 2 et laissé de côté le tome 1 - étant donné que j'avais vu le film. le tome 2 a attendu dans ma PAL plusieurs mois, puis je l'ai redécouvert tout en ayant oublié que j'avais le tome 1 ! Les chroniques et les échanges sur Babelio semblaient indiquer que je pouvais lire le 2, car j'avais vu le film !
J'ai véritablement aimé le tome 2, si différent du 1, une toute autre histoire, un recommencement, ailleurs, dans une autre époque. Tellement aimé que j'ai acheté le 3 et le 4, tout lu.
Cet été, un an plus tard, j'ai "découvert" ce tome 1 que j'avais oublié (ah, le grand âge !) et que j'étais sur le point d'acheter. Quelle joie ! Il ne me restait que lui à lire (avant peut-être de passer à d'autres cycles liés à Ender et dont je ne sais pour le moment strictement rien).

Que dire sur ce roman qui a dû être commenté des dizaines de fois ici-même ? Tout d'abord qu'il n'a rien de rébarbatif pour ceux qui n'aiment pas la SF militaire. Nous sommes plutôt immergés dans une formidable leçon de vie, où stratégie et tactique sont décortiquées sous l'angle de la psychologie. C'est toute la force de l'auteur qui nous délivre les pensées, analyses et raisonnements. Nous comprenons tout des motivations des uns et des autres.
La description des jeux d'entrainement et des combats contre les ennemis est parfaitement compréhensible, on s'y croirait. Il faut certes aimer visualiser les choses, mais il y a tant d'action que l'on ne s'ennuie pas un seul instant. Sur ce domaine de la salle d'entrainement, le film a rendu l'espace et l'apesanteur de manière admirable.
On découvre par ailleurs l'importance des relations d'Ender avec sa famille, son extrême jeunesse (qui paraît peu crédible) ainsi que son parcours mental pour atteindre les sommets de son art, même si l'on sent qu'il a été désigné et, en quelque sorte, prédestiné par le commandement militaire. Pourquoi lui ?
Traité de management ? Réflexion sur la violence et la guerre, l'humanité, la haine, le commandement et l'amitié assurément. Même les vilains doryphores entrent dans la psychologie.
Le final est magistral, extraordinaire surprise guerrière et ouverture optimiste.

Je comprends mieux certaines notions évoquées à partir du tome 2 donc oui, je recommande de commencer par le 1, même si je crois avoir préféré le 2, qui n'a rien à voir en termes d'histoire et nous apporte plus d'émerveillements liés à la créativité de l'auteur.
Je vais désormais courir revoir le film et envisager de lire d'autres livres du même auteur, dont j'aime décidément beaucoup le style et la narration.


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