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EAN : 9782266139366
183 pages
Pocket (16/03/2006)
3.69/5   13 notes
Résumé :
"Des fleurs, des pavés et des tanks" pourrait être le sous-titre de ces deux années d'utopie : deux années bariolées, insolentes, lyriques et sexuellement désordonnées. Deux années inoubliables qui ont fait bouger des sociétés assoupies et nous ont ouvert des portes inconnues.
Par les hasards de mon activité de scénariste j'ai connu de près, dans les années 1968-1969, trois villes chaudes : New-York, Paris, Prague - et de nouveau New York.
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Critiques, Analyses et Avis (3) Ajouter une critique
« Il semble que la jeunesse du monde proteste et s'agite, surtout dans les pays qu'on appelle développés, industrialisés. Pour quelles raisons ? Personne ne le sait vraiment. Cela paraît une insatisfaction générale, un agacement, un vague désir d'autre chose. »

Avec ce livre de Jean-Claude Carrière, on fait un retour en arrière dans deux années insolentes, lyriques, bariolées, et sexuellement désordonnées.
Ces deux années particulières, ce sont 1968 et 1969, qui auront fait bouger des sociétés assoupies et qui nous auront ouvert des portes inconnues.

« Les années d'utopie » est un livre de souvenirs, de rencontres, et de réflexions, qui commence à New York, où Miloš Forman, célèbre réalisateur et scénariste de cinéma, d'origine tchèque, et Jean-Claude Carrière, réalisateur et scénariste français, essaient de travailler ensemble à l'élaboration d'un scénario de film sur les « run away kids ». Mais ce scénario va être mis de nombreuses fois de côté en raison de plusieurs événements bouleversants… Comme si plein de forces néfastes s'étaient liguées pour les empêcher d'écrire l'histoire d'une jeune Américaine qui abandonne, un matin, sa famille…

Le sous-titre de ce livre pourrait aisément être « Des fleurs à NYC, des tanks à Prague, et des pavés à Paris » … Jean-Claude Carrière essaie de retrouver quelques images et quelques bruits de ces années-là. Il les enchaîne avec le fil du temps. Il ne prétend ni dérouler l'Histoire, ni la commenter…
Il griffonne quelques croquis… Il nous livre de nombreuses anecdotes…
Il s'interroge et réfléchit, et nous, avec lui… « Je sais très bien que, si je commence à analyser ou même à décrire mes sentiments, mes émotions d'alors, j'ai toutes les chances de m'abuser et par conséquent de mentir. Car nous ne revenons au passé que chargés de notre présent. »

A propos des années qu'il évoque dans ce livre, J-C Carrière a travaillé aux films « Taking off » de Miloš Forman, « Milou en mai » de Louis Malle et
« L'insoutenable Légèreté de l'être » de Philip Kaufmann, d'après le roman de Milan Kundera.

A New York, en 1968, les hommes d'affaires regardent avec dédain les hordes paisibles couchées dans l'herbe des parcs, dont le crédo est l'oubli de l'argent et qui ne parlent que d'amour.
C'était un temps où à Central Park, tous étaient persuadés que le monde allait changer sans effort : « Ne faites rien et changez tout. » La jeune utopie américaine se réfère alors à un partage originel, avant l'invention de la propriété et du commerce… « Ressources, nourriture, plaisirs, enfants, tout est pour tous. » Avec le « Flower Power », l'utopie s'avançait sans contrainte, aucune charte, aucun règlement. La règle semblait être : « Pas De règle ! Laisse-toi aller et fais ce qu'il te plaît de faire ! »
On sent J-C Carrière nostalgique de cet âge d'or perdu du « Flower Power ».
Avec Miloš Forman, J-C Carrière chantera « We shall overcome » (Nous vaincrons), l'hymne de la révolte de ce temps-là, un chant qui les suivra pendant des années, qu'ils appliqueront à toutes choses et à leurs projets de films.

En France, en mai, tout s'arrêtait, les usines, les études, la Poste, les trains, les avions et même le Festival de Cannes après la démission presque totale du jury.
Pas De chance pour Miloš Forman qui était venu y présenter son film « le bal des pompiers », ce film qui venait de faire scandale en Tchécoslovaquie.
Les autorités de Prague l'avaient interdit de festival et il avait fallu l'intervention personnelle d'Alexander Dubček, chef du gouvernement, pour que le film puisse être montré à Cannes !
Après l'Amérique où ils avaient côtoyé la nonchalance rêveuse et souriante des hippies américains, Miloš et Jean-Claude assistaient à Paris au soulèvement violent de la jeunesse. Après les fleurs, les pavés !

Il fallait « changer la vie », rendre l'apparence aux invisibles et la parole aux silencieux, abattre la société de consommation… en finir avec l'autorité, le pouvoir et les privilèges. Il fallait faire place au désir. On se souvient bien du slogan célèbre d'alors « Il est interdit d'interdire ! ». Mais d'interdire quoi ? Où commence le territoire d'où l'interdiction doit être bannie ?

Miloš Forman, qui accompagnait en France J-C Carrière, ne pouvait rien comprendre à cet imbroglio politico-intellectuel qui agitait Paris. Il se demandait pourquoi les Français se donnaient autant de mal pour hisser le drapeau rouge, alors que les tchécoslovaques, eux, avaient tant de mal à l'abattre !
Afin de trouver un endroit calme, qui leur permettent d'avancer dans leur projet de scénario de film, Miloš proposa à Jean-Claude d'aller travailler à Prague. Mais c'était sans se douter que Prague vivait à son tour son printemps, ce printemps qui porte son nom !
Le « Flower Power » et les barricades parisiennes soulevaient des échos jusqu'en Tchécoslovaquie. Et Alexander Dubček lançait une formule à laquelle personne ne trouvait à redire : « un socialisme à visage humain ». Cela signifiait à mots couverts que la Tchécoslovaquie pourrait se libérer avec assez de facilité du totalitarisme soviétique qui l'accablait sans raison depuis trop d'années… mais la suite de l'Histoire sera tout autre !

Plus tard, l'utopie devenait folle. Dans deux pays anciennement fascistes, en 1969, en Allemagne, la Bande à Baader commençait à frapper, et en Italie, les Brigades Rouges inauguraient une série d'assassinats et d'attentats. Impossibilité de changer le monde en douceur ?

On peut se demander où trouver encore une utopie, une image d'harmonie, une image heureuse dans ce monde de désordre qui est le nôtre, où règnent encore monstruosités, massacres et misères !
Il est devenu urgent de se souvenir de ce slogan « Faites l'amour, pas la guerre » qui est à l'origine un slogan antiguerre issu de la contre-culture des années 1960 aux États-Unis (Make Love, Not War).
Malheureusement, « L'humanité ne sait pas où elle va. Mais elle ne l'a jamais su. »
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Disparu en 2021, Jean-Claude Carrière était un esprit particulièrement brillant et il donnait envie de s'intéresser à tout ce dont il parlait. J'ai eu énormément de plaisir et d'intérêt à la lecture de ce livre qui raconte les années d'utopie (1968-1969) entre New York, Paris et Prague. On croisera ici du beau monde (Luis Bunuel, Milos Forman, mais aussi Delphine Seyrig (lie chanceux) ou Louis Malle.
J'ai trouvé que le livre retraçait très joliment ces années qui furent parfois libertaires (à Paris par exemple), mais aussi, parfois, recouvertes d'une terrible chape de plomb.
Fidèle à lui-même, Jean-Claude Carrière traverse tout cela avec son élégance inimitable et s'il fréquente du beau monde (on était avant les "influenceurs"), il se dégage de tout cela un joli parfum de modestie, de liberté,.... et d'intelligence. Ce brillant scénariste fut également un très estimable écrivain !
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Scénariste de Louis Malle, Milos Forman et Luis Bunuel, Jean-Claude Carrière eut la chance de se trouver aux bons endroits aux bons moments dans les années 68/69 quand le monde connut des évènements qui le bouleversèrent et dont les conséquences se font encore sentir de nos jours. En mars 1968, il était à New-York et y découvrait les hippies, le « Flower Power » et les débuts du psychédélisme (sex, drugs and rock and roll). En mai, d'abord au Festival de Cannes puis à Paris, il était le témoin privilégié de la révolte étudiante avec ses barricades, ses affrontements à coups de pavés entre les étudiants et les CRS, ses drapeaux noirs et rouges déployés, le tout s'achevant avec les accords de Grenelle et la manifestation monstre sur les Champs Elysées. L'année suivante, il se trouvait à Prague, assistant au fameux « Printemps » dans lequel tout un peuple demandait « un socialisme à visage humain », c'est à dire « pas de socialisme du tout » et ne recevait comme réponse que l'écrasement sous les chenilles des chars du Pacte de Varsovie. Et pour finir, il retourna à New-York pour y constater que la Fleur commençait déjà à se faner, les grands espoirs sombraient déjà dans le désenchantement de la drogue et de l'alcool.
Un livre intéressant sur une sorte de bref souffle de folie, une drôle d'utopie qui ne dura que ce que durent les roses « l'espace d'un matin... » en l'occurrence moins de deux années. Toute une jeunesse avait voulu changer le monde presque simultanément, mais de façon différente et même paradoxale. « Cette jeunesse de 1968 ne vieillira pas. Elle est jeune par définition. Pour toujours. » dit l'auteur qui ne se contente pas d'être un témoin privilégié, mais qui tente d'analyser le phénomène de façon objective, sans jugement, ni idées préconçues. Il cite quelques slogans « Prenez vos désirs pour des réalités », « Soyez réalistes, demandez l'impossible », « la Culture est l'inversion de la vie » ou encore « Cache-toi, objet ». Il montre également combien les idées et revendications de l'époque sont toujours d'actualité : refus de la société de consommation, du gaspillage, de la toute puissance de l'argent, désir d'un monde plus fraternel, plus respectueux de l'environnement et de l'humain. S'il n'apprend rien à ceux qui ont vécu cette époque, ce livre très agréable à lire pourra sans doute être fort utile à bien d'autres...
Lien : http://www.etpourquoidonc.fr/
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Citations et extraits (1) Ajouter une citation
L’Europe du milieu, la fameuse Mitteleuropa si riche de philosophes, d’hommes d’Etat, d’artistes, porteuse d’un patrimoine exceptionnel, creuset d’idées comme de sentiments, se trouve avalée depuis plus de vingt ans par un monstre idéologique d’une stupidité et d’une brutalité qui ne sont déjà plus, en 1968, à discuter. Le masque est tombé depuis les années 1930, depuis les purges de Moscou, même si la victoire sur l’Allemagne a relégué au second plan la vraie grimace du communisme. (…) Une timide tentative de prise de liberté, à Budapest, en 1956, a été écrasée par les chars de Moscou et peu de voix ont protesté. Un peu plus tard, Nikita Khrouchtchev a coupé le souffle aux députés de la Douma en révélant tranquillement les crimes de Staline, du génial « petit père des peuples », et en promettant des réformes. Coup de théâtre sur la scène mondiale.
Mais Khrouchtchev venait de la même écurie. Animé par une foi sans partage dans l’avenir du communisme, il avait soumis l’Ukraine au pouvoir central en faisant du massacre un geste politique -au point qu’on le surnomma « le boucher de l’Ukraine ». Colérique, populiste, malin sans doute, mais malin aveuglé par tant de bandeaux, il a poursuivi la même politique, mettant ses pas dans ceux de Staline, risquant de lancer le feu atomique sur la planète à propos des fusées qu’il envoyait à Cuba.
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Videos de Jean-Claude Carrière (56) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Jean-Claude Carrière
Louis Garrel est toujours où on ne l'attend pas ! Avec La croisade qui, avant sa sortie en salles le 22 décembre, fait partie de la section éphémère "Le cinéma pour le climat" du Festival de Cannes, il s'aventure, avec bonheur, dans le conte écologique, insolent et juvénile.
Abel (Garrel lui-même) et Marianne (Laetitia Casta) découvrent que leur fils Joseph (Joseph Engel, déjà à l'affiche de L'homme fidèle) a vendu en douce leurs objets les plus précieux. Comme d'autres enfants à travers le monde qui se sont donnés pour mission de sauver la planète. ils sont des parents modernes, compréhensifs, qui veulent bien faire le tri entre poubelle bleu et verte, certes, mais tout de même : « Quoi ??? Tu as vendu toutes mes montres de collection ! » hurle papa. « Tu n'as tout de même pas vendu ma petite robe Dior ??? » se désespère maman…
Dernier scénario du grand Jean-Claude Carrière (déjà à l'oeuvre sur L'homme fidèle), cette Croisade débute en chronique anticonsumériste hilarante et riche en autodérision pour fuguer vers une vraie carte ( verte) du tendre où une foi, certes candide, mais vitale, dans l'engagement écologique mènera un groupe d'enfants et Laetitia Casta (décidément magnifique quand elle est filmée et joue au naturel, 100% bio) en plein désert … Une petite bouffée d'oxygène avec de vrais particules de cinéma.
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