AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
4,08

sur 9947 notes

Critiques filtrées sur 3 étoiles  
Après "Voyage au bout de l'enfance", j'ai attaqué "Voyage au bout de la nuit" ou plutôt l'inverse mais Louis-Ferdinand Céline étant un peu plus prolixe que Rachid Benzine, dans mes lectures parallèles, l'un a fini par dépasser l'autre.
Céline... Depuis le temps que j'en rêvais... je vais vous confier un secret: une pointe de déception en refermant ce livre en me disant que la bonne littérature ne fait pas tout:
Face à plusieurs livres entamés, mon coeur balance et finit par choisir la lecture du moment et ce voyage est trop souvent sorti en second choix car il m'a paru souvent un peu long et irrégulier.
C'est le style qu'on apprécie, radicalement brut, entier, toute cette fusion de mots qui finissent par masquer l'intrigue ou du moins la mettre au second plan et nous focaliser sur les personnages et leurs travers.
Pour ma part, je sépare l'homme et l'oeuvre alors je crois que je vais encore en découdre avec Bardamu qui n'a pas fini de m'intriguer en me penchant sur son enfance et sa "mort à crédit".
Commenter  J’apprécie          90
Céline nous embarque dans un voyage solitaire, celui de Ferdinand Bardamu, qui s'annonce « sombre » (le lecteur n'est pas déçu) et sous plusieurs formes : voyage physique, voyage intérieur, voyage vers l'autre aussi.

Commençons par le plus simple, le voyage « physique », Ferdinand Bardamu parcours bien des contrées en ce début de 20ème siècle : les tranchées de « 14 », Paris et sa banlieue, l'Afrique de l'Ouest, les Etats-Unis… mais ce voyage n'est pas le plus intéressant ni l'objet premier de l'auteur.

« Voyage au bout de la nuit » nous emmène aussi dans un voyage intérieur, la quête de soi, découvrir qui on est à travers ce qu'on vit, ce qu'on ressent, ce qu'on fait, ce qu'on est… et cette quête n'est pas rose pour Céline, elle passe par des étapes bien sobres. Je retiens surtout un passage sur le sujet : « C'est peut-être ça qu'on cherche à travers la vie, rien que cela, le plus grand chagrin possible pour devenir soi-même avant de mourir. »

C'est aussi un voyage vers l'autre. le protagoniste principal du roman vit en solitaire mais fait beaucoup de rencontres, parfois fortuites, parfois plus décisives ; toutes ces rencontres le façonnent, et le conduisent à l'étape d'après dans ce voyage qu'est la Vie.

L'auteur, à travers son personnage principal, est assez cynique sur la vie. Il apporte une vision de la vie assez sombre, comme la nuit. Ça me rappelle « Berlin Alexanderplatz », de Alfred Döblin, dans la noirceur du roman, la tristesse, la description d'un monde « gris », car ni blanc ni noir, ni complètement gai ni complètement pourri…

« Berlin Alexanderplatz » est un roman sombre qui relate la vie des bas-fonds à Berlin dans la fin des années 1920, en suivant le destin de Franz Biberkopf qui occupera plusieurs emplois, et rencontrera bien des déboires, dus notamment à sa rencontre avec Reinhold, à qui il reste attaché malgré tout.
« Voyage au bout de la nuit » de Céline nous plonge dans la même période de l'entre-deux guerre et traite aussi de la « grisaille » de la vie. Ferdinand Bardamu, l'anti-héros de Céline, a aussi une vie bien remplie, étudiant en médecine à Paris, « poilu », commerçant dans l'Afrique coloniale, ouvrier chez « Ford » à Détroit, médecin à Paris et enfin directeur d'un asile en banlieue parisienne. C'est aussi via Robinson, rencontré durant son périple en Afrique, que bien des déboires arriveront à Ferdinand, mais il lui reste attaché malgré tout, car ils partagent finalement la même vision de la vie, un voyage bien pénible…

L'oeuvre de Döblin, « Berlin Alexanderplatz », est aussi un témoin de l'histoire, intégrant dans son récit la montée du nazisme ou encore le communisme et la lutte des classes. Ce ne sont pas les mêmes thèmes qui sont abordés en filigrane chez Céline mais lui aussi raconte l'Histoire à travers la guerre « 14-18 », le colonialisme en Afrique, le développement des Etats-Unis avec la ville verticale (New-York) et le Fordisme à Détroit…

D'autre part la question de l'autobiographie se pose véritablement quand on sait que Céline vécut à Paris, fût cavalier durant la guerre 14-18, rapidement démobilisé (comme le héros de son livre), qu'il partit en Afrique de l'Ouest dans une compagnie forestière pour faire fortune (sans succès), qu'il reviendra en France passer son bac et obtenir un diplôme de médecine, qu'il séjournera aux Etats-Unis et plus exactement à… New-York et Détroit… qu'il aura une aventure avec une danseuse américaine, qu'il ouvrira un cabinet près de Clichy et qu'il occupera un poste de médecin dans un dispensaire parisien… saisissant !
Commenter  J’apprécie          90
Une oeuvre magistrale, éblouissante. Qui a choqué en son temps par le cru de ses propos. C'est qu'il en faut de l'audace et des mots forts pour dénoncer l'hypocrisie du patriotisme, entre autres.

"- Oh ! Vous êtes tout à fait lâche, Ferdinand ! Vous êtes répugnant comme un rat...
- Oui, tout à fait lâche, Lola, je refuse la guerre et tout ce qu'il y a dedans... Je ne la déplore pas, moi... je ne me résigne pas moi... Je ne pleurniche pas dessus moi... Je la refuse tout net, avec tous les hommes qu'elle contient, je ne veux rien avoir à faire avec eux, avec elle. Seraient-ils neuf cent quatre-vingt-quinze millions et moi tout seul, c'est eux qui ont tort, Lola, et c'set moi qui ai raison, parce que je suis le seul à savoir ce que je veux : je ne veux pas mourir."

"Quand on n'a pas d'imagination, mourir c'est peu de choses. Quand on en a, mourir c'est trop."

Mais...

Une oeuvre d'une lucidité tellement triste. Contrairement à N. Huston qui reste, malgré tout, optimiste, Céline nous enfonce la tête sous une chappe de déprime. C'est superbe mais affreusement déprimant. Mon quotidien me suffit largement pour prendre conscience de la noirceur du monde. Je n'attends pas d'un roman qu'il appuie encopre plus là où ça fait mal mais plutôt qu'il m'aide à avancer.

Mais...

C'est comme un repas gastronomique trop copieux. C'est divin le foie gras mais s'en coltiner 1 kg d'une traite c'est un peu écoeurant. le signe c'est quand je commence à compter les pages. Cela veut dire que je frise l'indigestion et c'est dommage, ça gâche tout.
Commenter  J’apprécie          90
J'ai plongé dans ce roman dès la fameuse première phrase « Ça a commencé comme ça ». Céline a une façon de raconter la guerre que je n'avais pas lu jusqu'à présent. Cette façon désespérée de se démener pour échapper à la mort, cette psyché éclatée par l'atroce peur de mourir. Et malgré cela, il y a une poésie dans le style de Céline qui émeut. Il y a des vérités dites crûment qui donnent envie d'extraire une citation toute les deux pages.
Puis vient l'épisode dans les colonies. On retrouve l'ambiance poisseuse et décadente d'« Au coeur des ténèbres » de Conrad.
Ensuite, l'épisode américain avec une partie semblable au film « Les Temps Modernes » de Charlie Chaplin.
C'est durant l'épisode américain que le narrateur se rend compte qu'il forge son propre malheur, à l'instar de tous les autres, et que, quel que soit l'endroit, il ne saura pas être heureux.
Il y a des passages que j'ai trouvé long. Mon intérêt oscillait entre des passages émouvants et d'autres presque rébarbatifs. Arrivé à la moitié du roman, j'avais envie d'abandonner, ce que plusieurs personnes ont fait autour de moi.
Le plus long, c'est la vie parisienne, à se forger de vraies-fausses entourloupes.
J'ai compris que ce que je trouvais long, c'est l'absence d'horizon, l'absence d'évolution : Bardamu est le même au début, au milieu et à la fin du roman. Un peu mou, pas tout à fait désespéré, à faire juste le minimum pour que la société le laisse tranquille. Sauf qu'à force de rester dans une médiocrité fragile, les situations pourrissent.
Je reconnais que le style de Céline est percutant, mais j'ai vraiment haleter pour terminer ce roman.
Commenter  J’apprécie          81
Deuxième livre d'affilée sur lequel je peine à me forger un avis.
Je l'ai lu sans a priori sur l'auteur, uniquement parce que certains le considèrent comme un monument de la littérature française et que cela m'intriguait.
Objectivement, j'aurais plutôt mis la note minimale. Parce que je me suis fait ch*er pendant la majeure partie du bouquin. Parce que je n'ai même pas été capable de le finir. Au bout d'un moment, ça m'a gonflé : il n'y a pas réellement d'intrigue, Bardamu se laisse porter par des événements sans queue ni tête et porte toujours le même regard sur le monde et les gens : tout est noir et tout est moche. le style d'écriture, très agréable au début, devient lui aussi pesant à la longue. le tout manque donc cruellement de relief : la forme, le fond, le déroulé, ...
Et pourtant...
Et pourtant, même sur les 100 dernières pages que j'ai survolées parce que je me foutais un peu de l'histoire, j'ai trouvé de nombreuses pépites. Des phrases, des paragraphes qui dépeignent l'âme humaine avec une acuité frappante. Des vérités intemporelles magistralement formulées. Et il y en a eu tout le long du bouquin, des étincelles. C'était un peu comme regarder le ciel au milieu d'une froide nuit d'août : on se caille, c'est tout noir, on est mal installé, il ne se passe rien de particulier, mais mince quoi, toutes les minutes, y a une étoile filante qui passe et c'est beau et ça donne envie de rester jusqu'à la suivante, au cas où, en espérant qu'on sera encore assez réceptif quand elle se montrera et oh bah tiens en vlà déjà une encore plus brillante que la précédente !
Bref, j'ai trouvé le roman mauvais, mais j'ai admiré les innombrables traits de génie littéraire et psychologique qu'il contenait.
Commenter  J’apprécie          84
L'histoire d'un peureux, d'un lâche qui démarre en temps de guerre et que l'on suit au gré de voyages et de pays. L'Afrique, les États-Unis puis retour en France.
L'écriture est intéressante, l'histoire également. Mais c'est vraiment poussif et long parfois et la lecture en diagonale s'impose sur les passages plus plats.
Il m'est arrivé parfois d'attendre la fin avec impatience par manque d'intérêt, mais j'ai malgré tout, passé un bon moment dans ces pages.
Commenter  J’apprécie          77
Alors voilà, je suis au bout du voyage. Mais il était temps que ça se termine. Ce cauchemar les yeux ouverts que vit Bardamu laisse un goût pâteux dans la bouche. Je ne prétends pas que ce n'est pas un grand roman dont on n'a pas fini de déchiffrer les sous-textes, les non-dits, d'interpréter les situations, de critiquer en tous sens, d'admirer de façon inconditionnelle. Moi-même je m'égare dans mes pensées quand j'essaie de revenir sur le texte. J'hésite, je tergiverse, je me demande si je lirai "Mort à crédit" ou un autre, je tente ma chance sur la toile pour me venir en aide. Mais pour l'instant, le roman décante lentement et je le laisse faire.
Mon problème à moi en tant que lecteur, c'est que j'ai du mal avec les histoires où il n'est pas possible de s'identifier à un personnage. Or ici pas possible, les personnages sont tous terrifiants, fous à lier ou insondables. Freud est passé par là. Je reconnais la prouesse du langage utilisé, l'innovation de l'époque, la complexité du roman dont la compréhension s'opère lentement. Bref, je vois bien le côté poétique littéraire. Mais voilà, y a quelque chose qui freine mon enthousiasme et me fait rentrer les jambes dans le tronc. La longueur peut-être (genre tout ça pour en arriver où ?) ou le propos (la dénonciation de la guerre, du patriotisme, du colonialisme, du travail aliénant, des hiérarchies, du pouvoir et de ses dérives, de l'argent, genre ça fait beaucoup pour un seul roman mais de quoi je me mêle si l'auteur en avait envie, et puis c'est Céline quand même merde) ou la syntaxe (un peu moins alambiquée que celle de Mandiargues mais quand même beaucoup de compléments à des endroits bizarres agrémentés de subjonctifs alors c'est oral ou écrit ? Certains diront maîtrisé ...)
Bref, je fais ma fine bouche et j'en agace plus d'un qui encense le roman. Je m'excuse (encore et toujours) mais je me rattraperai avec les prochains. Je m'en vais lire Paul Morand et Pierre Drieu la Rochelle.
Commenter  J’apprécie          76
Que dire d'un livre qui a passé deux mois sur ma table de nuit ? Je lisais quelques pages puis je le reposais et ainsi de suite. La première partie de ce livre m'a véritablement ennuyée puis la deuxième partie a considérablement rattrapée le coup, beaucoup plus entraînante dans l'histoire. J'ai découvert ici la première et la plus connue des oeuvres de Céline, ça n'a pas été un coup de coeur mais une bonne lecture sur les 250 dernières pages. Je vais tout de même essayer de me procurer un autre des ouvrages pour esssayer de me réconcilier avec l'auteur. Il faut le dire, Céline a une vision très cynique du monde, il ne mâche pas ses mots, il dit haut et fort ce qu'il pense. Ce qui m'a particulièrment plu dans ce roman, c'est son langage particulier, chaque phrase de l'auteur est unique. Céline nous livre ici des témoignages de l'époque sur la guerre, la colonisation en Afrique et les Etats-Unis, j'ai particulièrement apprécié la vision des français à la vue des builings de New-York. Ferdinand est un homme torturé et lâche par moments qui m'a souvent agacé. Je ressors de ce roman avec un avis assez mitigé avec des points positifs et négatifs. le livre est beaucoup trop long, certains passages sont de trop et auraient pu être raccourcis. C'est néanmois un livre profond qui véhiculait des messages à la population de l'époque.
Commenter  J’apprécie          73
Le titre nous avait prévenu, Céline nous emmène bel et bien au bout de la nuit. Que de sentiments mitigés au fil des pages ! le lecteur se retrouve balloté sans ménagement entre visions déprimantes et les traits du génie stylistique que Céline nous décoche droit dans le coeur. Les descriptions sont d'un noir si absolu que la tentation d'abandonner le livre surgit régulièrement. Mais la persévérance vaut le coup. Les thème abordés dans ce monument de la littérature française sont multiples : critiques et absurdité de la guerre, des horreurs du colonialisme, ou encore du capitalisme à outrance. Mais le voyage est avant tout psychologique, Céline nous entraînant par le biais de son héro Bardamu, au plus profond de la nuit humaine, celle qui se niche au fond de chacun.
Commenter  J’apprécie          70
Dur à lire, il faut s'accrocher. le roman est noir et acerbe, l'écriture incisive et ultra efficace. Dans chaque page de ce livre on pourrait sortir une citation sur la vie ou la guerre ou la misère. Déprimés abstinez-vous pour l'instant mais reservez le pour plus tard, il vaut le coup.
Commenter  J’apprécie          70





Lecteurs (36189) Voir plus



Quiz Voir plus

Quiz Voyage au bout de la nuit

Comment s'appelle le héros qui raconte son expérience de la 1ère guerre mondiale

Bardamu
Bardamur
Barudamurad
Barudabadumarad
Rudaba Abarmadabudabar

9 questions
1305 lecteurs ont répondu
Thème : Voyage au bout de la nuit de Louis-Ferdinand CélineCréer un quiz sur ce livre

{* *}