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Emil Michel Cioran (Auteur de la postface, du colophon, etc.)André Maugé (Traducteur)
EAN : 9782253046608
221 pages
Le Livre de Poche (25/08/2000)
3.75/5   4 notes
Résumé :
Vous m'avez demandé, cher Ami, quel genre d'homme est l'auteur de ce "Silence du corps". Votre curiosité est compréhensible, car on ne peut lire ce livre sans s'interroger tout le temps sur l'admirable monstre qui l'a conçu. [...] Son livre, qui émane sans conteste d'une exigence de pureté, atteste un indéniable goût pour l'horreur: on dirait un ermite séduit par l'enfer. Par l'enfer du corps. Signe certain d'une santé défaillante, voire menacée: sentir ses organes,... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (2) Ajouter une critique
« Il y a une éclaboussure de sang sur l'origine de tout ce qui est humain. »

Ceronetti est à son meilleur lorsqu'il commente ses lectures et divaguent à propos de la maladie, du corps, et de la religion — encore mieux s'il s'agit d'évoquer le corps et la maladie à la lumière des textes religieux ; moins lorsqu'il évoque, sans l'aide de grimoires, le monde moderne dans sa nudité spirituelle : son végétarisme est moralisateur ; sa haine de la médecine occidentale est ennuyeuse ; son antimodernisme est primaire, puéril ; ses aphorismes les plus succincts sont parfois d'un vide complet (« L'homme est un démon déchu »). Mais, et je le répète, rien de plus profitable pour l'esprit que de lire Ceronetti nous entretenir de la relation des Hébreus au pain (au ferment), des romains au veines, du cuninlingus (qu'il appelle bizarrement cunilinctus), de la médecine de Catherine de Sienne, du foie, de la bile, de la vérole, du sang, du pue, et de l'âme (dans son acceptation gnostique). le manichéisme de Ceronetti — moral et spirituel : complet donc — le porte parfois vers des conclusions hardies, mais plus souvent encore, donne à son esprit une vue étroite.

Tout compte fait, si il irrite et fatigue, c'est qu'il est forcément irritable et fatigué. Quoi qu'il en soit, il parle et il est difficile de ne pas l'écouter — quitte à parfois s'assoupir jusqu'à la prochaine pensée fulgurante. À la lecture, on sent la bouche s'agiter presqu'autant que les mots ; on sent que ces pensées fragiles dépendent irrémédiablement d'un organisme vivant, et mourrant. Ceronetti est humain dans sa fêlure et son ridicule noir. Quelques pensées assez banales — on aurait pu trier ; mais qui l'aurait pû sauf lui-même, petit marionnetiste chétif, qui redoute la douleur ? On y trouve tout de même des choses comme celles-ci, pêle-mêle : "L'art est fini depuis que les artistes n'ont plus de maladies vénériennes."
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Un des plus grands écrivains italiens - d'une érudition étourdissante, d'une justesse dans le trait et l'ironie, qui ont fait l'admiration de ce grand lecteur qu'était Cioran. On attend davantage de traduction des ouvrages nombreux de l'auteur.
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Citations et extraits (4) Ajouter une citation
“… car le vrai mal pour l’homme n’est pas celui qu’il souffre, mais celui qu’il fait…” Manzoni

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Foie vient du latin ficatum parce qu’on engraissait les oies, pour le foie gras, en les nourrissant de figues. Ainsi un organe noble (peut-être le plus noble de tous : le cerveau est discutable) a tien son nom d’une antique méchanceté de l’homme. Il y a une éclaboussure de sang sur l’origine de tout ce qui est humain.

*

Une maxime médiévale affirme les droits du pénis : Quod turget urget, les égalant sévèrement à ceux de l’abcès et du furoncle.

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Selon une tradition, l’Antéchrist était né par césarienne. Aujourd’hui, les hommes nés ainsi sont innombrables. L’un d’entre eux est l’Antéchrist, mais le reconnaître apparaît difficile. Et si cela signifiait que l’Antéchrist est tout le monde ?

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Dans le monde des amours les répulsions sont plus nombreuses et plus importantes que les attirances. Deux feuillets tenus ensemble par une colle puissante, mais fluctuant dans un océan d’eau bouillante.

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Tout ce qu’on ne mange pas fait du bien à la santé.

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Pour Littré panser est la même chose que penser, car si l’on veut panser (soigner, traiter) il faut avant tout y penser. Ensuite, comme disait Ambroise Paré, c’est Dieu qui guérit.

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Au comble de ses transports Hitler éjaculait ; c’était le moment où la foule lui était le plus étroitement soumise. Il s’accomplissait une copulation monstrueuse, un inceste non prévu par les codes sacrés. La foule fécondée devient grosse de démons qui mettent peu de temps à sortir de son ventre. C’est la raison qui explique qu’un seul homme puisse être le père de tant de maux.

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“Ceux qui brillent par la vivacité de l’intelligence sont souvent frappés d’épilepsie.” Johannes Schenk de Grafenberg
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C’est une pensée qui apaise et fortifie de savoir que parmi les livres que nous possédons il en est quelques uns capables de nous libérer et de nous sauver. Il s’y en ajoute de nouveaux, presque chaque jour, mais les livres nécessaires sont là depuis longtemps.

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“… dans l’humaine réalité de la vie, même pour les grands mystiques, la lutte contre la douleur est une usure. Consentir à la souffrance est une sorte de suicide lent. Car les grandes douleurs, même quand elles se taisent, ne restent jamais muettes.” (René Leriche, Chirurgie de la douleur)

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L’art est fini depuis que les artistes n’ont plus de maladies vénériennes.

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Si le Mal a crée le monde, le Bien devrait le défaire.

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Esquirol dit une grande vérité : Il y a des individus qui retrouvent la raison en quittant leur domicile et qui la perdent de nouveau en y rentrant. La maison favorise la folie et les maladies nerveuses ; prison et fumier dans la parole bouddhiste. J’aime ma maison, mais je suis heureux lorsque j’en suis loin, je ne vois pas la porte barrée, la raison est calme, la pensée a plus d’espace, les habitudes changent. Qui n’a pas de toit, qui est né nomade, ne connaîtra peut-être jamais la maladie mentale.

*

Si, cherchant dans l’obscurité une main, tu trouves à sa place un cul, pense à la richesse et au mystère de l’obscur.

*

L’homme n’est qu’une goutte de sperme. Oui, mais gutta cavat lapidem (la goutte creuse la pierre).

*

“Ne redoutez pas de le rencontrer : de tous les êtres, les moins insupportables sont ceux qui haïssent les hommes. Il ne fait jamais fuir un misanthrope.” Cioran
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Un long mégot écrasé dans un lavabo de toilette est comme le film du portrait moral d'un homme. Le voici : vulgaire, impérieux, stupide, sans générosité, parfaitement égoïste dans le coït, plein d'argent escroqué ou raflé, indifférent aux malheurs des autres, destructeur d'animaux et de plantes, chasseur, lecteur de journaux sportifs, avide, lourd en toute chose, bruyant, vociférant, ignoblement pratique, mangeur de viandes rouges, grand saleur, buveur de café, habillé de vêtements coûteux, parfumé, respectueux de la puissance, adorateur des voitures. Entré ici pour pisser, il a laissé sa photographie : le nom n'a pas d'importance.
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Différence entre un saint et un philosophe. L'araignée capturant des mouches fascinait saint Augustin. Spinoza en mettait exprès devant elle.
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Marcher dans la campagne, aujourd'hui, c'est comme passer par un vieux quartier en démolition.
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Video de Guido Ceronetti (1) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Guido Ceronetti
« […] Jour après jour, Saba - de son vrai nom Umberto Poli (1883-1957) - compose le “livre d'heures“ d'un poète en situation de frontière, il scrute cette âme et ce coeurs singuliers qui, par leur tendresse autant que leur perversité, par la profondeur de leur angoisse, estiment pouvoir parler une langue exemplaire. […] […] Au secret du coeur, dans une nuit pétrie d'angoisse mais consolée par la valeur que le poète attribue à son tourment, cette poésie est une étreinte : à fleur de peau, de voix, une fois encore sentir la présence de l'autre, porteur d'une joie qu'on n'espérait plus. […] Jamais Saba n'avait été aussi proche de son modèle de toujours, Leopardi (1798-1837) ; jamais poèmes n'avaient avoué semblable dette à l'égard de l'Infini. le Triestin rejoint l'auteur des Canti dans une sorte d'intime immensité. […] […] Comme le souligne Elsa Morante (1912-1985), Saba est plutôt l'un des rares poètes qui, au prix d'une tension infinie, ait élevé la complexité du destin moderne à hauteur d'un chant limpide. Mais limpidité n'est pas édulcoration, et permet au lecteur de percevoir deux immensités : le dédale poétique, l'infinie compassion. » (Bernard Simeone, L'étreinte.)
« […] La première édition du Canzoniere, qui regroupe tous ses poèmes, est fort mal accueillie par la critique en 1921. […] Le Canzoniere est un des premiers livres que publie Einaudi après la guerre […] L'important prix Vareggio de poésie, obtenu en 1946, la haute reconnaissance du prix Etna-Taormina ou du prix de l'Accademia dei Lincei, ne peuvent toutefois tirer le poète d'une profonde solitude, à la fois voulue et subie : il songe au suicide, s'adonne à la drogue. En 1953, il commence la rédaction d'Ernesto, son unique roman, qui ne paraîtra, inachevé, qu'en 1975. […] »
0:00 - Titre 0:06 - Trieste 1:29 - le faubourg 5:27 - Lieu cher 5:57 - Une nuit 6:32 - Variations sur la rose 7:15 - Épigraphe 7:30 - Générique
Contenu suggéré : Giacomo Leopardi : https://youtu.be/osdD2h8C0uw Marco Martella : https://youtu.be/R9PPjIgdF2c Iginio Ugo Tarchetti : https://youtu.be/hnV93QZ6O1s Guido Ceronetti : https://youtu.be/mW1avxXaSKI Alberto Moravia : https://youtu.be/MgIVofYEad4 Pier Paolo Pasolini : https://youtu.be/-sWZYlXVZ-U Cesare Pavese : https://youtu.be/uapKHptadiw Dino Buzzati : https://youtu.be/ApugRpPDpeQ Sibilla Aleramo : https://youtu.be/Y24Vb0zEg7I Julius Evola : https://youtu.be/coQoIwvu7Pw Giovanni Papini : https://youtu.be/tvirKnRd7zU Alessandro Baricco : https://youtu.be/¤££¤74Giuseppe Ungaretti64¤££¤80 Giuseppe Ungaretti : https://youtu.be/_k1bTPRkZrk LES FILS DE LA LOUVE : https://youtu.be/ar3uUF-iuK0 INTRODUCTION À LA POÉSIE : https://www.youtube.com/playlist?list=PLQQhGn9_3w8rtiqkMjM0D1L-33¤££¤76LES FILS DE LA LOUVE77¤££¤ AUTEURS DU MONDE (P-T) : https://www.youtube.com/playlist?list=PLQQhGn9_3w8pPO4gzs6¤££¤39LES FILS DE LA LOUVE75¤££¤8 PÈLERINS DANS LA NUIT SOMBRE : https://youtu.be/yfv8JJcgOVM
Référence bibliographique : Umberto Saba, du Canzoniere, choix traduit par Philippe et Bernard Simeone, Paris, Orphée/La Différence, 1992.
Image d'illustration : https://itinerari.comune.trieste.it/en/the-trieste-of-umberto-saba/
Bande sonore originale : Maarten Schellekens - Hesitation Hesitation by Maarten Schellekens is licensed under a Attribution-NonCommercial-NoDerivatives 4.0 International License.
Site : https://freemusicarchive.org/music/maarten-schellekens/soft-piano-and-guitar/hesitation/
#UmbertoSaba #Canzoniere #PoésieItalienne
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