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EAN : 9782070373451
106 pages
Gallimard (22/01/1982)
3/5   9 notes
Résumé :

La révolte gronde dans la Ville gouvernée par les frères Besme, Isidore le savant et Lambert le politicien. La jeune Lâla, qu'aime Lambert, s'unit au poète Coeuvre, mais le quitte bientôt pour rejoindre les révolutionnaires et leur chef, Avare. Coeuvre disparaît. Plus tard, alors que c'est le fils que lui a donné Lâla, Yors, qui est au pouvoir, Coeuvre revient, porteur d'une vérité : la Fin de la société des hommes, c'est Dieu.

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Critiques, Analyses et Avis (3) Ajouter une critique
Claudel a écrit la première version de cette pièce en 1890-91, elle paraîtra à compte d'auteur en 1893. Très vite, il va vouloir la réécrire, il le fera en 1894-1895, lors de son séjour à Boston. Cette deuxième version sera intégrée à un recueil qui rassemble ses pièces, l'Arbre et qui sort en 1905. La conversion de Claudel intervient pendant la première rédaction de la pièce, ce qui explique la tonalité différente du troisième acte, écrit après cet événement capital dans la vie de Claudel. Elle ne sera jouée sur scène pour la première fois qu'en 1955, l'année de la mort de Claudel, dans une mise en scène de Jean Vilar.

Au premier acte nous sommes dans le jardin de Lambert de Besme, homme politique plutôt conservateur, qui dialogue avec Avare, un révolutionnaire, pendant que les incendies et signes de la révolution se multiplient dans la ville. A cette discussion succède celle d'Isidore de Besme, un savant avec Coeuvre, un poète. Entre les hommes, Lâla, la fille adoptive de Lambert qu'il veut épouser. Après y avoir consenti, Lâla finit par choisir Coeuvre.

Au deuxième acte, la révolution est consommée, Lâla a quitté Coeuvre, même si elle a eu un fils avec lui. Lambert se transforme en fossoyeur, la foule finit par tuer Besme. Avare prend le pouvoir.

Au troisième acte, la ville a été détruite, un nouvel ordre s'est mis en place. Avare quitte le pouvoir, qu'il transmet à Ivors, le fils de Lâla, qui a vécu avec lui et de Coeuvre. Ce dernier surgit, habillé en évêque et convertit Ivors pour l'entraîner dans l'établissement d'un ordre social nouveau.

Il s'agit d'une oeuvre complexe, très métaphorique, le sensible s'efface derrière les concepts, les idées, une vision du monde. La Ville métaphore des métaphores, le monde sensible, l'ordre social, mais aussi l'individu ; sa destruction et éventuelle reconstruction pouvant être envisagée comme la construction de la société, du monde des hommes, du groupe, mais aussi celle de l'individu, les deux étant finalement étroitement enchevêtrées. Chaque personnage est un symbole bien plus qu'une personne de chair et de sang. Lambert et Avare, exprimant des choix politiques opposés, Besme et Coeuvre une façon de comprendre, d'appréhender le monde soit par la science, le savoir, soit par l'art, la sensibilité. Lâla jouent le rôle de lien, de passerelle, entre les différentes facettes du rapport au monde. La synthèse se réalise à travers Ivors son fils, qui lié à tous les personnages, construit pour lui et pour les autres, un monde dans lequel les oppositions se trouvent transcendées par la foi.

Les deux premiers actes sont vraiment étonnants, il y a une analyse d'antagonismes sociaux, qui mènent d'une façon presque mécanique à l'explosion, sans que ni l'intelligence, ni la bonne volonté n'y puissent rien. La somme d'intérêts, d'égoïsmes de chacun, ne peut qu'aboutir au conflit, comme une sorte de réaction chimique. J'ai été moins convaincue par la résolution finale, le mysticisme de la conversion qui résout tout dans un grand geste. Mais l'ensemble est marquant, peut-être plus convaincant à la lecture que lors d'une représentation, qui représente une sorte de gageure, tant le côté métaphorique des personnages, et le verbe claudélien, splendide, mais au combien particulier, ne rendent pas la tâche aisée au metteur en scène et aux acteurs.
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La ville, la vie. Confrontations de réalités, de croyances et de certitudes que des doutes, des interrogations peuvent remettre en question.

Roman d'une vie ou pièce de théâtre sur les choix qu'une existence peut proposer, présenter à tout un chacun qui se cherche ou qui ne sait où se trouver; dans cette ville ….

Simple texte de rapports de pouvoirs et de choix ou interrogations sur d'autres métaphores plus prégnantes ?
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Bonjour Très mauvais souvenir de cette pièce ! Je l'ai vue jouée au Théâtre des Amandiers (en 1986 ?). C'est la seule fois où je suis sortie avant la fin, moi qui adore le théâtre. Morceau abscons et laborieux d'un jeune écrivain (il a 24 ans) à la postpuberté difficile... Claudel a fait bien mieux par la suite (Le soulier de satin).
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Citations et extraits (6) Voir plus Ajouter une citation
Ovation à la resplendissante Lune, oeil de la gloire !
Tu manifestes, sans le détruire, le mystère du Ciel avec son étendue.
Car, comme le maître nouveau d'un palais qui le visite, un flambeau à la main,
Tu marches en l'éclairant à travers la salle de la Nuit vide.
Et bien que tu chérisses d'autres séjours, toute eau
Qui tombe, sauvage,
Ou domestique sous les feuilles, moulin, scierie, qui se tient debout sous la roue mouvante ;
Et tu favorises de nouveaux amants, qui s'embrassant,
Ont perdu toute puissance de se séparer,
Et le fleuve herbeux, cycnéen ;
- Aime
Ce jardin parmi le lieu qui ne montre rien que d'aride, Diane !
Je te salue avec, ne t'offrant rien d'autre,
Cette libation de terre,
Les fleurs nouvelles te rendent, Lampe du Sommeil, l'encens.
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Tout
Importe. Le mouvement de rien dans une aire donnée
N'est livré au hasard, ni le pas humain.
Je le suis d'un oeil aussi attentif que le savant dans un tourbillon étudie la giration des fétus.
Cherchant à se rejoindre, ils n'y peuvent parvenir ;
Plus ils sont proches, plus le mouvement est précipité.
Tel est ce mouvement qu'il y a dans les villes.
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O Besme, je ne parle pas selon ce que je veux, mais je conçois dans le sommeil.
Et je ne saurais expliquer d'où je retire ce souffle, c'est le souffle qui m'est retiré.
Dilatant ce vide que j'ai en moi, j'ouvre la bouche.
Et, ayant aspiré l'air, dans ce legs de lui-même par lequel l'homme à chaque seconde expire l'image de sa mort,
Je restitue une parole intelligible.
Et l'ayant dite, je sais ce que j'ai dit.
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Ces incendies, n'en avez-vous rien entendu ? Le feu partout éclate, et l'on ne sait qui l'a bouté.
Tantôt c'est une fabrique, ou un magasin, ou des théâtres, ou un lycée.
Ou un ministère, avec ses cinq étages bondés de papiers, qui flambe !
Il prend tout à coup de la base au faîte, et le toit saute et vomit des flammes comme un cratère.
Et ici et là, la nuit, on voit le feu qui ronfle dans les caves.
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Deux beaux yeux illuminent ma vie ! Je vois tournés vers moi deux yeux tendres et clairs.
Deux yeux plein de joie et d'amour m'attirent d'une promesse que je ne puis démêler.
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Vidéo de Paul Claudel
https://www.laprocure.com/product/1525906/chevaillier-louis-les-jeux-olympiques-de-litterature-paris-1924
Les Jeux olympiques de littérature Louis Chevaillier Éditions Grasset
« Certains d'entre vous apprendrez que dans les années 1912 à 1948, il y avait aux Jeux olympiques des épreuves d'art et de littérature. C'était Pierre de Coubertin qui tenait beaucoup à ces épreuves et on y avait comme jury, à l'époque, des gens comme Paul Claudel, Jean Giraudoux, Paul Valéry et Edith Wharton. Il y avait aussi des prix Nobel, Selma Lagerlof, Maeterlinck (...). C'était ça à l'époque. C'était ça les années 20. Et c'est raconté dans ce livre qui est vraiment érudit, brillant et un vrai plaisir de lecture que je vous recommande. » Marie-Joseph, libraire à La Procure de Paris
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