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EAN : 9782070784851
264 pages
Gallimard (23/08/2007)
4/5   7 notes
Résumé :

Le 10e arrondissement compte 155 rues, places, quais, squares, cités, avenues, jardins, boulevards, impasses et passages que j'ai décidé d'arpenter méthodiquement. Comme le titre Maris, musée du XXIe siècle l'indique, j'offrirai à terme, en commençant par l'arrondissement où je vis, une description générale de la ville. La muséification de Paris n'est pas étrangère à mon propos, ma... >Voir plus
Que lire après Paris, musée du XXIe siècle : Le 10e arrondissementVoir plus
Critiques, Analyses et Avis (3) Ajouter une critique
Thomas Clerc m' invite à découvrir le 10 e arrondissement, un des plus cosmopolites de Paris , sur la rive droite de la Seine, son lieu de vie. (Rue du Faubourg-Saint-Martin).
Une longue déambulation urbaine littéraire et littérale, factographique, très documentée, une flânerie éclectique, à la fois touristique, poétique, politique ,synesthésique, sociologique, ethnographique, objective, subjective, avec une farouche volonté d'en faire une balade initiatique "une ineffable orgie "(Baudelaire) , un vagabondage "composé de hauteur et de bassesse, de raison et de déraison » (Rousseau).
Collée à ses basques, Il me fait arpenter, longuement, méthodiquement, jusqu'à l'épuisement, le harassement, le pitié de grâce , le nez en l'air, les yeux à droite, à gauche, en haut, en bas, et par ordre alphabétique, les boulevards, avenues, impasses, passages, places, jardins, cours, arrière-cours, gares,… et toutes les rues, animées ou endormies en long, en large, côtés pairs et impairs, je découvre admirative, intriguée, curieuse, quelque fois écoeurée, tout ce qu'il pointe : les bâtiments, tantôt délabrés, tantôt rénovés , les petits commerces de détails, les grossistes qui écoulent la marchandise produite dans des ateliers clandestins (une entrée sur un côté de rue, la sortie dissimulée, ça je connais, on ne me l'a fait pas !) , les vitrines luxuriantes ou miséreuses, les hôtels étoilés, les bouges crasseux, les plaques commémoratives rappelant que telle célébrité ou tel inconnu passé à la postérité et oublié résida, mourut, ici ou là. Rien ne m' est épargné, pas le moindre petit détail. Nous croisons des « clodos », des "bobos" , une foule hétérogène, bigarrée, mais toujours animée.
Ouf ! beaucoup de kilomètres virtuels et 249 pages plus loin, fin du parcours avec la visite de la cité du Wauxhall et la rue Yves -Toudic (430mx15 m) . Je traîne maintenant les pieds. Une pause s'impose.
Il me reste des souvenirs plein les mirettes, des odeurs, à foison , des sons multipliés, des couleurs à satiété … et une lecture très particulière qui sera difficile à oublier !
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Un écrivain, Thomas Clerc, arpente les rues de son arrondissement, le 10 ème, de février 2004 à juin 2007. Il note, à la volée, tout ce qu'il voit. But: inclure dans l'oeuvre même les caractères de la vie réelle. Il s'efforce d'être exhaustif, de passer par toutes les rues, boulevards, passages, travées, cours intérieures, ruelles, places, parkings, cités, gares (du Nord, de l'Est), canal...

Sa règle: l'alphabet, explorer un quartier, une zone, de A à Z...

Il fait des rencontres, il croise des sosies (Milosevic, Georges Perec) des connaissances, amis, famille (sa tante Thérèse au bras d'une prostituée): 



Regard subjectif de rigueur. Quand ça ne lui plaît pas, il dit AFS (à faire sauter); quand ça ne lui plaît vraiment pas: AFSU (à faire sauter d'urgence). 
Toujours inspiré par le n'importe quoi, le minuscule et l'anodin, il réussit à avoir son idée sur tout, des détails sans importance, lettres de métal, centre de santé, le sigle SDF opposé au vieux terme de clochard, les noms de magasins (Créa-Tif, Moustache bar homo, Sexy Shop, Franprix, Monoprix, Yatoo Partoo, G 20, Key West...). 
A chaque pas, il peut être ramené à des souvenirs personnels, une rupture, une agression, des connaissances, le souvenir d'un spectacle, la visite d'un appartement, une nuit sexuelle dans un hôtel louche, une réflexion numérologique (39 ans: l'âge qu'il a, l'âge de Guillaume Dustan et de Maurice Sachs à leur mort)...

Le livre se présente comme une suite continue de fragments désordonnés, un melting-pot d'observations collées les unes après les autres qui déroule la vie des rues, un flux continu figé dans l'écriture. Autant dire qu'il faut un certain effort pour entrer dans le livre et y rester . Mais on est têtu, on tiens le coup, d'abord pour le plaisir un peu snob de finir un bouquin expérimental que peu de gens ont lu/vont lire, et on est conquis par son ironie légère déjà testée dans Intérieur au début de l'année. 

L'auteur devient notre guide, on est heureux de flâner, errer, observer, se moquer, s'introduire dans des endroits le suivre : 

 On chemine avec un vrai Parisien fier de l'être (parce que, en d'autres contrées, dans d'autres milieux « parisien », ce serait une insulte, un peu comme fonctionnaire). Il nous parle, il nous montre des choses qu'on aurait pas vu sans lui. Tiens, par exemple, page 171, un cunnilingus à ciel ouvert...(voir les citations).


L'auteur inspire le lecteur: quand on erre en ville soi-même, on se surprend à faire comme lui, à penser à sa manière, comme un critique d'art réel, le spectacle de la ville est changeant, tout paraît beau. C'est neuf en terme de littérature et ça fait toujours du bien. On éprouve le sentiment d'utilité des mots et de la littérature quand elle capte et capture un gros morceau de Réel pour le mâcher comme une bonne viande, cette fameuse substantifique moelle.

Lien : http://killing-ego.blogspot...
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Je m'y perds dans ce 10e que j'ai parcouru en tant que touriste, mais déambulation somme toute agréable que j'ai poursuivi sur le net pour mieux appréhender les lieux....
musée personnel pour les lieux et les proches... ouverture sur tout un monde pour un exilé, de belles rencontres pour les curieux , Nathalie Quintane, Jeff Wall, Francis Alys, Thomas Lelu et Thomas Clerc bien sûr...
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Citations et extraits (8) Voir plus Ajouter une citation
Place Robert-Desnos
(…) une vile escroquerie. 2 fois trahi par la société, Desnos fut dénoncé comme juif en 1943, puis déporté comme écrivain dans des coins déshérités de la capitale, que son nom est chargé de poétiser. L’imposition de noms lyriques sur des lieux horribles est un truc éculé.
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Rue Albert Camus
Je rends hommage d’un geste votif aux 3 écrivains portant le nom de Camus. Zone négative : il y a de quoi être abasourdi devant la grande sculpture en fer-blanc « L’homme révolté » qui achève cette voie piétonnière. Les statues d’écrivains pétrifient, soit on verse dans le réalisme insignifiant, soit on cherche à illustrer l’œuvre par d’atroces métaphores. Le crime est signé Michel Poix.
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Intrusion: à peine la porte franchie, je comprends que dans ce décor de tentures pourpres et d’objets de culte prospère une officine de désenvoûtement. Une grosse femme noire - Théodora ?- m’accueille fraîchement: « C’est pour quoi ? ». Ne sachant que répondre, je joue de politesse pour essayer de gagner du temps et m’imprègne de tout comme une éponge, passant mes yeux sur les murs couverts de statuettes, médailles, objets votifs et autres bougies multicolores allumées. (...) Tel Artemus Gordon dans un épisode des Mystères de l’Ouest (plus que James West, qui aurait déjà réussi à monter en force), je suis le parfait intrus qui ne comprend rien aux standards locaux.
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Je ne trouve pas grand-chose à voler visuellement pendant ces 6 minutes d’interlude, puis un nouveau visiteur traverse la cité, auquel j’emboîte le pas, et je me retrouve en zone libre. Ainsi la réduction de l’espace public s’est-elle doublée d’une perte objective de temps, qu’il n’a tenu qu’à moi de convertir. Une scène me dédommage largement: à l’angle du passage désert, une femme allongée sur le dos se fait faire un cunnilingus par un homme ! Cet imprévisible peep-show à ciel ouvert est acté par un couple de clochards qui, à mon approche, se redresse aussitôt.
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Contact : je croise un clochard aimable, "bonne santé à toi!" puis des touristes inquiets sur l'air du "c'est ça, Paris?". Le fait est qu'à voir du maïs sur un Caddie de supermarché Carrefour poussé par des gitans, on cherche en vain Toulouse-Lautrec.
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Videos de Thomas Clerc (16) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Thomas Clerc
Performance de Thomas Clerc Dessins en direct de Jochen Gerner
L'écrivain Thomas Clerc et l'artiste et illustrateur Jochen Gerner se sont rencontrés dans le cadre de l'exposition « Hôtel Primavera » à la Maison des Arts de Bages (dans l'Aude) pendant l'été 2023. Leur admiration réciproque pour Marcel Duchamp scelle leur complicité artistique qui s'illustre dans un ouvrage publié pour l'occasion. C'est de ce travail commun que naît cette performance, pensée comme une nouvelle variation de leur rencontre.
À lire – Jochen Gerner, Hôtel Primavera, texte de Thomas Clerc, éd. Bertrand Chauveau, 2023.
Son : Adrien Vicherat Lumière : Patrice Lecadre assisté de Hannah Droulin Direction technique : Guillaume Parra Vidéo : Claire Jarlan
+ Lire la suite
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