AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
EAN : 9782253139782
126 pages
Le Livre de Poche (01/06/1996)
4.11/5   42 notes
Résumé :
« J'ai rassemblé des bêtes dans ce livre, comme dans un enclos où je veux qu'il n'y ait pas guerre... »
Avec ces saynètes publiées en 1916, au plus fort du massacre, la romancière de Sido et de La Vagabonde trouve une fois de plus un recours, comme elle le fait face aux désarrois du sentiment, dans la proximité de nature et de la vie animale.

Par la grâce de l'écrivain, les chiens et les chats qui vivent dans ces pages sont merveilleusement eux... >Voir plus
Que lire après La paix chez les bêtesVoir plus
Critiques, Analyses et Avis (8) Voir plus Ajouter une critique
"La bête innocente, a le droit, elle seule, d'ignorer la guerre!"
Livre paru en 1916, pendant la Grande guerre... Ce tendre et joyeux bestiaire qu'est la Paix chez les bêtes, est une parenthèse enchantée dans un monde livré à la déraison et à la destruction!

« J'ai paru au jour, sous les dehors bénins d'un chaton de deux mois. Bonnes gens ! Vous m'avez recueilli, sans savoir que vous hébergiez le dernier démon de cette Bretagne ensorcelée. "Gnome", "poulpiquet", "kornigaret", "korrigan", c'est ainsi qu'il fallait me nommer, et non "Poum".

Poum le chat diabolique, les couleuvres captives et les papillons jaunes citron sont les héros de ces saynètes.
Ces mêmes papillons qui folâtraient au-dessus des fleurs au bout du fusil ? Colette les a rencontrés au domaine des Monts-Boucons, la maison sur les hauteurs de Besançon que lui a offert son mari, l'auteur boulevardier Henry Gauthier-Villard.

Colette dit : "J'ai rassemblé des bêtes dans ce livre comme dans un enclos où je veux qu'il n'y ait pas la guerre. (…) "
Mais, il y a un pauvre militaire, tremblant de peur, dans ces textes.

Dans "Conte pour les petits enfants des poilus, des animaux viennent visiter, un soldat transi de froid dans sa tranchée . Ours blanc, chèvre, poulain, ou encore loutre… Tour à tour, ils lui proposent leur fourrure. L'homme choisit la parure d'une chatte blanche, pour découvrir à son réveil que c'est la neige immaculée qui l'a enseveli...

" Je dédie ce livre, écrit- Colette, à n'importe quel soldat inconnu que le printemps pourra revoir, sanguinaire, doux et rêveur comme le Premier Homme de la planète (…)"
Commenter  J’apprécie          11011
Cet ouvrage rassemble trente-trois textes courts de l'écrivaine et fut publié pendant la Première Guerre mondiale. Dans un avertissement, Colette éclaire son intention : « À l'heure où l'homme déchire l'homme, il semble qu'une pitié singulière l'incline vers les bêtes, pour leur rouvrir un paradis terrestre que la civilisation avait fermé. La bête innocente a le droit, – elle seule, – d'ignorer la guerre. » Avant de conclure qu' « au front des armées, les bêtes sauvages partagent le sort de l'homme », c'est-à-dire la destruction.
En lisant ces mots, il m'est revenu une image, celle des premiers bombardements sur l'Ukraine et ces familles qui fuyaient en emportant avec elles leur chat ou leur chien. Indéniablement les animaux vivent la guerre par et aux côtés des hommes.
Ici, Colette ouvre un album de souvenirs où se décline le destin singulier de ses bêtes, chiens, chats pour la plupart, mais aussi celui peu enviable des animaux de cirque, de laboratoire, de zoo. le plus frappant dans ces brèves histoires est que la force et l'inventivité du récit passent par le regard, l'observation et s'éloigne de l'anthropomorphisme des Dialogues de bêtes où Toby-chien et Kiki-la-Doucette s'adonnaient à la conversation.
Aujourd'hui, ce recueil peut sembler anecdotique dans l'oeuvre considérable de l'écrivaine, un peu mièvre, un peu joli. Mais il témoigne non seulement des multiples manières d'échanger entre les humains et les bêtes, mais aussi du bonheur tranquille que celles-ci nous apportent.
Commenter  J’apprécie          102
Paru en 1916, alors que les hommes, retournés à l'état sauvage, dans des conditions terribles de froid, d'humidité et de promiscuité, s'entretuaient, Colette revendiquait son droit d'ignorer la guerre et au lecteur la licence de plonger dans un univers pacifié et amical le temps d'une lecture.
Ce tendre et joyeux bestiaire qu'est la Paix chez les bêtes, semble être une parenthèse enchantée où les animaux s'humanisent un peu de la personnalité de leur auteure. On y trouve une sidonie-Gabrielle excellente conteuse et chroniqueuse dans ce recueuil de contes, de dialogues et d'articles parus dans la presse. Tout le meilleur de Colette y est.
Commenter  J’apprécie          70
Je suis émerveillée par ces nouvelles. J'avais déjà lu dialogues de bêtes, où Colette sait parfaitement se glisser dans peau d'un chat et d'un chien et à travers des dialogues imaginaires confronter leurs psychologies différentes.
Ici les descriptions des animaux sont particulièrement fines, subtiles. Elles évoquent de multiples situations. On a de la peine pour ces bêtes de cirque affamées. On s'émeut de la tendresse de la chatte qui sans cesse compte ses six petits et tâche de les rassembler auprès d'elle. La plus émouvante pour moi est Nonoche, chatte dont les sens sont mis alerte et qui, ne pouvant résister à l'appel du desir, quitte son nid douillet et son fils si joueur pour aller rencontrer le matou efflanqué qui miaule d'une voix rauque pour l'attirer. Et cette belle écureuille Ricotte qui retrouvant un peu de liberté, cache tous ses trésors aux quatre coins de la chambre. Colette s'émeut aussi de la situation des grands fauves encagés. Ce sont des textes écrits avec force précision, un vocabulaire choisi. Les descriptions des pelages, des attitudes font honneur aux animaux qu'elle dépeint. Sans compter quelle sait saisir les traits de caractère saillants qui donnent toute la force et la majesté aux bêtes dont on aimerait tant qu'elles vivent en paix.
"La paix chez les bêtes" est le titre de ce recueil de nouvelles, qu'elle a conçu " comme un enclos" protecteur " où je ne veux pas qu'il y ait la guerre". Colette publie en 1916 ce livre qui offre une parenthèse à l'horreur de la guerre : les descriptions des paysages et des bêtes sont magnifiques et hors du temps. Et elles n'ont pas pris une ride, si ce n'est qu'elle évoque parfois des insectes qu'on ne voit plus beaucoup aujourd'hui : les papillons paon-du-jour et le grand mars ont bel et bien disparu me semble-t-il !
Colette nous invite à savourer avec elle les précieux moments en compagnie des bêtes ou au coeur de la nature. Son talent d' écrivaine raffinée plonge le lecteur dans un tableau vivifiant.

Commenter  J’apprécie          00
On connaît l'intérêt de Colette pour les animaux. Ici, elle les fait réagir, penser, parler. Pages très fines où l'on lit les réflexions que se fait un chiot alors qu'un marchand en fait l'article à une cliente, ou bien le malheur ressenti par les animaux des zoos - qui, selon Colette, espèrent encore.... - , ou bien ce que vivent et ressentent les animaux des forêts durant les bombardements de la grande guerre (ce livre a été publié en 1916). Uniquement des scènes courtes, mais d'une subtilité inouïe. On reste étourdi par cette auteure à deux faces tellement opposées: la jeune campagnarde, admirative de la nature et des gens simples, bons et justes. Et l'actrice bi-sexuelle, volontairement provocante et scandaleuse, son autre personnage. Ici, évidemment, c'est la jeune et pudique provinciale qui écrit. Bijou de fausse naïveté et de poésie.
Commenter  J’apprécie          10

Citations et extraits (7) Voir plus Ajouter une citation
"Je suis le diable. Le diable. Personne n'en doit douter. Il n'y a qu'à me voir, d'ailleurs. Regardez-moi, si vous l'osez! Noir, - d'un noir roussi par les feux de la géhenne. Les yeux vert poison, veinés de brun, comme la fleur de la jusquiame. J'ai des cornes de poils blancs, raides, qui fusent hors de mes oreilles, et des griffes, des griffes, des griffes. Combien de griffes? Je ne sais pas. Cent mille, peut-être. J'ai une queue plantée de travers, maigre, mobile, impérieuse, expressive, - pour tout dire, diabolique. (...)"
Commenter  J’apprécie          20
Au bout de l'allée, vert tunnel, brille l'issue étincelante, la fin de la haute futaie. Ce n'est qu'une étoile bleue, puis, à mesure que nous avançons, une ogive couleur de mer, puis un portique ensoleillé, ouvert sur un bois-taillis, rasé l'an dernier, ou des surgeons buissonnent, ombragés de rares chênes. Ici le soleil s'étale, l'air bourdonne de taons et de guêpes, la libellule grésille, déchirant le réseau de rayons que tisse le vol des moustiques et des minces mouches forestières.
Commenter  J’apprécie          10
La condition des bêtes sauvages encagées, si l’on s’y arrête, est un tourment pour l’esprit.

Jardin zoologique
Commenter  J’apprécie          70
Je voudrais être de deux mois plus vieille ou de trois semaines plus jeune.

Il y a vingt jours, je les avais tous les six dans la corbeille, aveugles et pelucheux; ils ne savaient que rampaient et, suspendus à mes mamelles, onduler d'aise comme des sangsues.

Comme c'était facile ! Maintenant, ils sont terribles, et quand il faudrait sévir, ma sévérité, désarme rien qu'à les voir.
Commenter  J’apprécie          10
125. En cherchant des violettes sous les feuilles sèches et sous l'herbe morte de l'an dernier, nous trouvons seulement des glands germées, rouge comme des cerises et qui lance, hors de leur coque crevée, un délié, un tenace et vivant fil qui plonge, aveugle, intelligent dans la terre humide.
Commenter  J’apprécie          10

Videos de Sidonie-Gabrielle Colette (43) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Sidonie-Gabrielle Colette
« Chéri » de Colette lu par Julie Pouillon l Livre audio
autres livres classés : romanVoir plus
Les plus populaires : Littérature française Voir plus


Lecteurs (106) Voir plus



Quiz Voir plus

Sidonie gabrielle Colette

Le père de Colette est

Facteur
Ecrivain
Capitaine
Journaliste

13 questions
193 lecteurs ont répondu
Thème : Sidonie-Gabrielle ColetteCréer un quiz sur ce livre

{* *} .._..