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EAN : 9782213014548
236 pages
Fayard (01/06/1984)
4/5   8 notes
Résumé :

Un des rares ouvrages de Colette publiés pendant la Première Guerre mondiale et directement inspiré par le conflit. L’auteur y rassemble sous le beau titre des « Heures longues » des articles parus pour l’essentiel dans Le Matin, mais aussi dans La Vie Parisienne, Excelsior et Le Flambeau.

Contrevenant à l’image d’une écrivaine indifférente à l’Histoire, le recueil témoigne de l’attention extrême de l’écrivaine aux différents aspects du conf... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (2) Ajouter une critique
La guerre n'étant pas à proprement parlé une période idoine pour la production romanesque pure, Colette collaborait beaucoup dans divers journaux, par des articles référant à l'actualité.
L'ouvrage Les Heures Longues (1914 - 1917) porte la marque de cette période agitée; Colette y offre un point de vue tout à fait subjectif et décalé, celui que portent les civils sur le conflit dans leur vie quotidienne de l'arrière. La chroniqueuse met ainsi en scène pèle-mèle : la vie des hôpitaux militaires, l'émotion patriotique facile des caf'conc, les lettres d'épouses à leur soldat, l'existence clandestine de certaines qui ont suivit leur époux au plus proche du théâtre des hostilités, les dame nobles appauvries s'adonnant à la couture, la mode parisienne des femmes déguisées en soldat, le chenil où les animaux domestiques attendent le retour de leur maître, l'entraînement des chiens sanitaires dans la forêt de Meudon, l'emploi des vieux chenus et des jeunes enfants au travaux des champs, les aléas du marché noir, enfin tous les planqués de l'arrière ayant toujours une bonne raison de manquer à l'appel... A côté de cette chronique cocasse de la Grande Guerre, Colette a inséré des textes plus intimes concernant sa fille Belle-Gazou ou rendant hommage à son père zouave blessé et amputé durant la bataille de Melegnano en 1859. Y trouvent aussi leur place des impressions d'Italie sur Rome, Venise et le Lac de Côme.
Un recueil de textes assez hétéroclite, de qualité inégale en fin de compte, mais où le sourire et la verdeur de Colette triomphent toujours, dispensateurs d'oubli et de consolation en cette époque qui fut, ô combien, troublée.
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paru en 1917


Ne cherchons pas chez Colette les images d'un écrivain "engagé" mais acceptons-la en replaçant ses écrits dans leur époque. Je cite les propos écrits dans Julie de Carneilhan : "Je ne raisonne pas sur la guerre. Ce n'est pas le rôle d'une femme de raisonner sur la guerre." Ce livre constitué entre autres d'articles de reportage conte cette période depuis l'annonce de la mobilisation et comporte un grand nombre de textes qui, malgré la tristesse ambiante et le malheur mondial, reste du domaine de l'esthétisme. Des faits de vie quotidienne sont évoqués, mettant l'accent sur les "Femmes seules", les "Modes", les "Chiens sanitaires", "Bel-Gazou et la guerre"..., évoquant "Verdun", "Un camp anglais",... En ces temps de dureté, il est bon de lire l'avis d'une femme qui attendait le retour de son amour, qui élevait un enfant, qui tentait de donner à chaque jour noir un peu de clarté, qui, en somme, réagissait en femme comme toutes les autres dans le chaos de ces "heures longues".

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Citations et extraits (1) Ajouter une citation
RENOUVEAU
Je n'ai pas encore rencontré d'infirmières neurasthéniques. Le secret de leur sérénité ne
tient peut-être pas tout entier dans le don total qu'elles font de leur activité physique et morale. Peut-être leur optimisme s'alimente-t-il à celui des blessés — car je n'ai pas non plus rencontré de blessés neurasthéniques. Je n'ai vu de tristes, dans une salle où l’on compte, pour douze hommes, vingt et un bras et vingt jambes, que les gens bien portants, les passants, les visiteurs.
La plupart de ces jeunes Français, échappés à la mort au prix d'un membre, guérissent, verdoient comme un arbre ébranché. A voir le teint vivace, l'œil humide et gai d'un enfant de vingt ans, le bras droit scié à l'épaule, et qui rit de sa maladresse à manger de la main gauche, on se dit follement : « Son bras va repousser, mais oui, c'est tout naturel... » Son voisin, pendant qu'on lui panse un moignon de pied informe, se penche, froidement curieux : « Si on ne jurerait pas un morceau de viande que les chats se sont battus dessus ! » Et il rit, lui aussi. Cela est admirable, cela est simple. Nous n'aurons pas à consoler, autrement que par notre amour, notre gratitude, la foule glorieuse de nos jeunes amputés. Déjà ils nous réconfortent, déjà leur bravoure a la suprême coquetterie du sourire, et leur malice redressée joue avec toutes les difficultés. L'un saura dans quelques jours écrire de la main gauche; celui-là pince, entre ses genoux durs de cavalier, un petit miroir, et d'un seul bras se rase et se peigne.
Un amputé du pied se congratule : « J'ai de la chance, on m'a conservé le genou, et on fait à présent des appareils tellement légers ! Ma mère qui se désole là-bas, je n'irai la voir qu'avec mon faux pied ; elle qui s'attend à voir arriver un pilon, ça lui fera une bien bonne blague ! »
Leur hâte de guérir est révélée par leur sagesse même, l'immobilité appliquée, le soin de ne pas déplacer un pansement, l'intensité du regard qu'ils tournent vers la fenêtre et la porte. Mais que l'un des douze vienne à de- mander : — Quelle heure est-il? Onze voix lui répondent, se récrient, discutent une avance ou un retard d'un quart d'heure. Car ils l'avouent tous, amputés crâneurs ou blessés mélancoliques, ce lieu-ci est un lieu entre tous où I’on sent le prix des minutes et des heures, et l'austère, l'inexorable lenteur du sablier.
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