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EAN : 9782213631042
502 pages
Fayard (04/04/2007)
4.23/5   11 notes
Résumé :

Le 30 octobre 1979, le corps de Robert Boulin est retrouvé dans un étang, près de la forêt de Rambouillet. On conclut immédiatement à un suicide. Le ministre n'aurait pas supporté d'être mis en cause dans une sombre affaire immobilière. Mais, dès ce moment, beaucoup s'interrogent et évoquent l'hypothèse d'un assassinat. Près de trente ans plus tard, l'affaire Boulin demeure une énigme i... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (4) Ajouter une critique
En dépit des hématomes prononcés sur le visage de la victime - notamment au niveau du nez - et d'une très grosse marque à la nuque, résultat vraisemblable d'un coup donné pour assommer, il n'y a pas eu d'examen de la tête lors de la première autopsie : le procureur de la République de Versailles avait bien insisté sur le fait que cela n'était pas nécessaire ...

Toujours lors de la première autopsie, aucune analyse anatomo-pathologique n'a été pratiquée. Elle seule pourtant aurait pu établir, par la découverte de micro-particules issues de l'étang Rompu dans les poumons, la certitude des causes de la mort du ministre ...

Aucune radiographie non plus pour rechercher les éventuelles fractures ...

Les traces de Valium retrouvées l'ont été dans le sang et les viscères mais pas dans l'estomac. Cela suggère clairement une injection des produits et non une ingestion, contrairement à la version retenue qui veut que le disparu ait absorbé des cachets avant de se rendre en forêt de Rambouillet pour se noyer dans soixante centimètres d'eau ...

Un habitué des salles d'autopsie, après consultation des pièces du dossier, estime que l'hématome enregistré au niveau du maxillaire supérieur gauche du ministre "résulte d'un coup, type crochet du droit" ...

Le poignet droit du corps porte une estafilade qui ne sera mentionnée dans aucun des rapports d'autopsies, qu'il s'agisse de la première ou de la deuxième ...

La position des lividités cadavériques prouve que la dépouille a été transportée aussitôt après la mort ...

Un embaumement clandestin a été pratiqué à l'Insititut médico-légal, à l'issue de la première autopsie. Cet embaumement n'avait évidemment pas été demandé par la famille. On ne sait qui l'a pratiqué mais il l'a été. Cette pratique permet en général d'atténuer les traces de coups ...

Toutes les lettres par lesquelles le ministre annonce son suicide sont des photocopies : il n'y a pas un seul original ...

Le premier expert en écriture ayant authentifié les écrits du ministre en 1979 admet aujourd'hui qu'il "aurait très bien pu conclure autrement." Signalons que, entretemps, est survenue l'affaire Grégory et que cet "expert" est l'un de ceux qui ont également "authentifié" l'écriture de Christine Villemin comme celle du "Corbeau" ... Errare humanum est, certes mais perseverare diabolicum ...

Le papier à en-tête des lettres posthumes, pas plus que les enveloppes, ne correspond à celui utilisé au moment des faits par le ministre ...

Quelques heures avant sa mort, la victime a été vue postant des enveloppes demi-format et particulièrement épaisses. Rien à voir avec les seules lettres reçues, d'une épaisseur et d'un format normaux ...

Voici quelques éléments tirés de la passionnante - et inquiétante - contre-enquête de Benoît Collombat sur la mort de Robert Boulin, dont le corps fut retrouvé le 30 octobre 1979, dans la position dite "du mahométan en prière", dans l'étang Rompu, en forêt de Rambouillet.

Si, après l'avoir lue - car je sais que vous la lirez - vous estimez encore que Robert Boulin s'est suicidé, contactez un chirurgien du cerveau. Sinon, déchirez votre carte d'électeur : la sinistre déliquescence dans laquelle n'arrête pas d'agoniser notre Vème République s'enracine pour beaucoup dans cette triste affaire, précédée trois ans plus tôt par l'Affaire de Broglie et à laquelle l'Affaire Bérégovoy fera écho près de quatorze ans plus tard. Au pays des politicards, l'intégrité est bien LA valeur à abattre. ;o)
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Le livre remarquable de Benoît Collombat est sorti en 2007, soit 28 ans après la mort très suspecte du ministre Robert Boulin.
Depuis lors , quelques éléments se sont ajoutés au dossier, la justice a réouvert le dossier à la suite de l'insistance de la fille de Robert Boulin mais cette justice, sans doute débordée, traîne à avancer sur un dossier qui reste explosif pour la république française.
Le livre est précis, méthodique.
On en conclut au moins 2 éléments sans hésitation :
1) Robert Boulin ne s'est pas suicidé. 2) La justice n'a pas fonctionné correctement .
Le plus probable et de très loin, à la lecture du livre, est que le minsitre a été assassiné, et ce contrairement aux conclusions de la justice...
Le doute est désormais très faible sur ce point.
Ensuite restent ouvertes plusieurs questions dans l'hypothèse de l'assassinat : Qui sont les auteurs? Qui sont les commanditaires? Comment ont-ils réussi à orienter et fausser l'enquête?
Les pistes ouvertes à la fin du livre sur la responsabilité de certains responsables politiques de l'époque, et en particulier au sein du RPR, ne peuvent être balayées d'un revers de main; les indices sont réels mais les preuves formelles plutôt faibles en 2007.
On est dans ce livre passionnant à la frontière de plusieurs domaines : la justice, la police, la politique, les institutions, la morale, l'histoire.
A lire et relire.
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Commentaire rédigé pour le blog de la librairie Caractères en 2007:

Il est de ces lectures qui m'estomaquent, même lorsque je crois être un citoyen bien informé.

Cette contre-enquête menée durant 5 ans par Benoît Collombat explore avec méthode tous les éléments qui accréditaient la thèse du suicide de Robert Boulin le 30 Octobre 1979.

Robert Boulin était alors ministre du travail du gouvernement de Raymond Barre et la lutte faisait rage entre les futurs présidentiables de 1981.
Résistant miraculé, Gaulliste de la première heure, cet homme était respecté par ses pairs et son courage et son honnêteté n'ont jamais été démentis.
Ce livre nous plonge dans les arcanes du pouvoir et met en lumière les basses manoeuvres de personnalités encore très contemporaines. Je ne peux m'empêcher d'en extraire deux phrases de Fabienne Boulin expliquant les pressions subies par sa famille suite au décès de son père « Un peu comme si on vivait sous un régime communiste ! » ; « pendant dix ans, on a vécu la trouille au ventre » (pages 340 et 341). Tout ça pour un dossier cartonné rouge que les protagonistes d'alors recherchent toujours ?

Et que dire du dossier que le journaliste Philippe Alexandre a déposé aux archives nationales pour une ouverture en 2020… S'il y est encore ?
Cette affaire rejoint l'actualité judiciaire et vous en entendrez parler encore longtemps au fil des soulagements de conscience et des rebondissements.
Quelques recherches par mots clefs sur la toile vous en convaincront.

J'ai trouvé cet ouvrage rigoureux, surprenant, courageux et très fouillé. Je l'ai lu comme certains romans policiers de « James Ellroy », mais c'est de la mémoire d'un Homme, du respect de sa famille et de notre République dont il s'agit.
Lien : http://librairie.caracteres...
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Benoit Collombat connait son métier, et il a réalisé une enquête très complète et soigneuse.

Cela dit, je n'arrive pas à reprendre sa conclusion. Il me semble qu'il confond indice et preuve, supposition et fait. Cela n'empêche pas son livre d'être très agréable à lire
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Citations et extraits (2) Ajouter une citation
[...] ... Un pharmacien, ancien stagiaire de l'Ecole d'application des services de santé pour l'Armée de terre, au Val-de-Grâce, à Paris, m'explique que, quelques semaines après l'autopsie de Robert Boulin, "le professeur titulaire de la chaire de Chimie, Toxicologie & Expertises dans les armées, le professeur Jean Meunier [aujourd'hui décédé], toxicologue réputé", lors d'"un cours aux jeunes médecins et pharmaciens militaires sur la conduite à tenir en cas de tentative de suicide au casernement" a tenu à préciser que "les benzodiazépines, employées seules, ne pouvaient amener à une issue fatale." "Il a même ajouté, avec un peu d'emphase," me précise l'ancien stagiaire aux armées, "que s'il était commis comme expert toxicologique dans une affaire où un décès semblait imputable au diazépam seul, il se faisait fort de démontrer le contraire. Je crois que la totalité de l'assemblée a compris qu'il faisait allusion à l'affaire Boulin."

Dans son arrêt de non-lieu, la chambre d'accusation de la Cour d'Appel de Paris considère pourtant qu'"il ne saurait être sérieusement contesté qu'une telle quantité" de diazépam "a entraîné de façon très importante les effets du produit, à savoir une sédation intense, un relâchement musculaire et également une dépression respiratoire qui expliquent la noyade dans une eau peu profonde."

Le dictionnaire médical Vidal indique effectivement que la "dépression respiratoire" fait partie des conséquences possibles d'un surdosage en diazépam. Mais le Vidal précise bien qu'un surdosage ne peut qu'"exceptionnellement" provoquer "un décès." Pour "espérer" se noyer dans si peu d'eau, il aurait fallu choisir un médicament aux effets nettement plus radicaux, comme les barbituriques.

Ce n'est sans doute pas un hasard si, comme on l'a vu, immédiatement après la mort de Robert Boulin, les premières "fuites" dans la presse parlent - faussement - de l'absorption de barbituriques par le ministre. Même les policiers du SRPJ de Versailles qui concluent sans barguigner à "un suicide par noyade, précédé d'une forte absorption de Valium", se sentent obligés d'écrire que, "lors des constatations effectuées, il paraissait peu vraisemblable que le ministre ait pu se noyer dans soixante centimètres d'eau, sans adjonction extérieure." (Rapport de synthèse du SRPJ de Versailles - 29 novembre 1979). C'est donc sur cette "adjonction extérieure", c'est-à-dire le Valium, que repose la thèse du suicide par noyade.

Même en imaginant que Boulin ait réellement absorbé de son plein gré 80 milligrammes de Valium avant de se laisser choir dans l'étang Rompu, le simple contact avec une eau à température de 10 degrés [= température constatée par les enquêteurs sur procès-verbal, le 29 octobre 1979, sur indication des plongeurs] aurait instantanément annulé l'effet décontractant et soporifique du médicament. Le réflexe de survie aurait mécaniquement fonctionné. D'autant que Robert Boulin était excellent nageur ...

On s'explique mal pourquoi le ministre aurait choisi une substance relaxante aux effets mortels quasi nuls comme le diazépam pour tenter de se noyer dans 60 centimètres d'eau. Malgré ces invraisemblances, le SRPJ de Versailles conclut sans rire qu'"une prise massive de Valium, accidentelle ou volontaire, provoque des signes de somnolence ou de vertige tels qu'ils peuvent expliquer le fait qu'une fois dans l'eau M. Boulin n'ait pu se défendre de la noyade, alors même qu'il avait pied." ... [...]
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[...] ... Dès son retour au gouvernement, fin 1976, Robert Boulin est l'un des ministres RPR les plus actifs pour réagir aux attaques de Jacques Chirac contre l'Elysée et Matignon*. Il n'a aucun estime politique pour celui qu'il considère comme "un homme de droite du genre : "Pas de réformes. Pas de vagues." Un homme qui a des vérités, des sincérités successives."

Le 25 mars 1977, Chirac est élu maire de Paris après avoir ridiculisé le candidat de Giscard, Michel d'Ornano. Avec les réseaux africains de Foccart [= M. Afrique depuis De Gaulle], Paris constitue pour lui une citadelle pour partir à l'assaut de l'Elysée.

Les hommes du SAC, le service d'ordre gaulliste, également sous l'autorité de Foccart, se mettent également en ordre de bataille. Le "Monsieur Afrique" du gaullisme "met en place des hommes et des organismes à la mairie de Paris qui est, dès 1977, le fer de lance de la politique africaine des chiraquiens," explique l'un de ses fils spirituels, Jean-François Probst. "Foccart a poussé Chirac à créer, en 1979, l'AIMF (Association Internationale des Maires Francophones) dont celui-ci est le président et Pierre Figeac, le secrétaire général. A l'occasion de voyages organisés par cette association, l'ex-éminence du Général a fait rencontrer tous les présidents africains et les maires des grandes capitales africaines au maire de Paris. Le système Foccart, quoique allégé, reste en place, pour le plus grand bénéfice de Jacques Chirac."

A plusieurs reprises - en septembre 1976, novembre 1977, puis septembre 1978 - Robert Boulin dit clairement à Jean Mauriac ce qu'il pense de Chirac : "Un poujadiste au petit pied. Un super-Nicoud** qui attaque la diligence tous les matins. Il tire des coups de feu de tous les côtés en ne pensant qu'à une seule chose : être candidat à la présidentielle de 81. Chirac ne pense qu'à son avenir personnel. C'est à la fois un bulldozer et un voltigeur de pointe. Le démagogue des démagogues."

* : "Le Chef de l'Etat [= Giscard] a clairement choisi de jouer les "barons" contre son ancien Premier ministre", écrit Serge Bernstein dans son "Histoire du Gaullisme" (...) "et, par conséquent, de "déchiraquiser" l'UDR. Les personnalités les plus représentatives du mouvement gaulliste au sein de la nouvelle équipe ont été choisis parmi d'ardents partisans de Jacques Chaban-Delmas, Olivier Guichard et Robert Boulin."

** : Héritier du Poujadisme, Gérard Nicoud dirige, dans les années soixante-dix, le CID-UNATI, un mouvement de défense des artisans et petits commerçants, qui appelle à la grève de l'impôt. ... [...]
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Vidéo de Benoît Collombat
Pour les fêtes, nous vous réservons d’immenses surprises : le nouveau livre de Baru, Grand prix d’Angoulême, qui aborde la Seconde Guerre mondiale dans Rodina, la nouvelle enquête de Benoit Collombat (Cher Pays de notre enfance, Le Choix du chômage) , avec Grégory Mardon, sur les dessous de l’assassinat à Paris de Dulcie September, deux beaux textes illustrés avec Edgar Poe revisité par Paul & Gaëtan Brizzi (grand format) et le célèbre Chant de Noël de Dickens illustré par Manuele Fior.
Accrochez-vous aussi car nous aurons de très beaux livres en complément : l’édition anniversaire du Voyage de Marcel Grob avec un épilogue de 6 pages inédites, l’édition format comics de Shaolin Cowboy et des intégrales d’Urban et de Kililana Song.
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