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sur 709 notes
Ambitieux roman-fleuve sur la guerre en Afghanistan, Pukhtu, dont le premier [gros] volume a paru cette année en attendant une suite en 2016 s'annonce d'ores et déjà comme un grand roman noir géopolitique du genre à venir taquiner sur leur terrain les Don Winslow de la griffe du chien et autres Robert Littell.
Prolongement du déjà touffu Citoyens clandestins, Pukhtu est un roman qui combine polar, espionnage, géopolitique, drame, aventure, guerre et même romance. DOA, comme tout bon romancier, a bien compris que ce sont les hommes qui font l'Histoire au même titre que celle-ci vient les façonner, qu'ils soient au sommet de l'État ou le nez dans, au choix, la poussière, le sang, les dossiers ou une petite montagne d'héroïne. Et si cet Afghanistan de 2008, bourbier dans lequel s'empêtrent les Occidentaux tandis que les talibans gagnent du terrain, est au centre du roman, des fils se tirent, mondialisation oblige, vers le Kosovo, la France, les États-Unis, l'Iran, la Côte d'Ivoire, la Chine ou Dubaï.
Entrainés dans ce tourbillon d'un monde qui semble exploser, les personnages de DOA, Fox le mercenaire sans patrie désormais, ses camarades de Longhouse, compagnie privée au service de la CIA, Amel la journaliste française, Sher Ali Khan le contrebandier qui rejoint les rangs des insurgés talibans, Peter Dang le reporter canadien, Thierry Genêt l'homme d'affaires expatrié en Afrique, Storay la prostituée défigurée ou le mystérieux et dangereux enfant à la fleur, incarnent tous un point de vue. Des points de vue qui convergent, qui se heurtent, qui s'opposent et qui font apparaître toute la complexité d'un monde interconnecté dans lequel on tue autant avec des machines qu'avec des poignards ancestraux et des hommes et des femmes qui, quel que soit leur camp ne sont ni noirs ni blancs. Un monde gris avec lequel il faut bien vivre et dans lequel, pour nombre de ces personnages, il s'agit avant tout de survivre.
La grande réussite de Pukhtu est là. DOA nous y plonge dans le réel, ponctué par les dépêches de presses, les bilans mensuels des morts et blessés, sans jamais perdre de vue le roman et l'action. Vertigineux et extrêmement documenté, Pukhtu fait ainsi découvrir certaines routes de la drogue, l'opacité des compagnies militaires privées, la guerre technologique désincarnée et celle des corps à corps, des bombes humaines, les raisons d'État, bonnes ou mauvaises, et les états d'âmes de ceux qui se trouvent pris dans l'engrenage immuable de cette guerre afghane.
Il y a des histoires vengeance, d'honneur, de dissimulation, d'amour, de trahison… tout ce qui fait l'Homme et le roman noir. Les données sont aussi là, brutes, et l'auteur leur donne la chair de ses personnages pour en faire un grand roman sur le monde d'aujourd'hui – et peut-être même déjà d'hier – dans toute sa complexité sans jamais chercher à énoncer une quelconque thèse. À chacun d'en tirer ce qu'il veut, en attendant la suite.

Lien : http://www.encoredunoir.com/..
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Avant d'acquérir le dernier livre de DOA intitulé "retiaire(s)", je me suis dit qu'il fallait au moins que je lise un de ses best-sellers précédents. Bien m'en a pris car l'auteur m'a impressionné par son rythme, son adaptation au milieu étudié mais surtout par la somme d'infos, d'archives et de recherches qu'il a dû rassembler avant de projeter l'ensemble dans ce polar.
On est immergé avec lui dans une sorte de schizophrénie nationale se manifestant aussi bien chez les autochtones d'Asie Centrale que les américains en place depuis le 11 septembre 2001 voire même jusqu'à l'intérieur des services secrets.
Le décor est planté dès la première page : attentat à Kaboul lors d'une réunion avec le ministre norvégien et une accompagnatrice.
Puis, très vite les personnages locaux afghans qui génèrent la trame de fond sont introduits. Agal le père mélancolique, chef afghan, à qui il ne reste qu'un fils Sher Ali. On suit tous ces vies aussi bien dans leurs luttes que dans leurs cohabitations avec l'ennemi, c'est selon ; selon les circonstances, l'instant présent ou l'opportunité à saisir.
S'imbrique là-dedans la vie des militaires sur le terrain, Ghost, Rider, Fox et quelques autres personnages que DOA dépeint parfaitement.
Pour faire court, les 670 pages visitent une multitude de thèmes et de lieux : OTAN, CIA, talibans, drogues, djihad, Al-Qaïda, chimie, Politique, Argent le tout en surfant entre Russie, Iran, Asie Centrale, le Pentagone et j'en passe.
Argent et honneur, Politique et drogue, Enfants et poussière, Chimie pharmaceutique et planète.
Mais il faut prévenir que cette lecture se mérite. le rythme est rapide et le récit nous plonge dans ce monde que nous ne devinons qu'à peine. Une vie parallèle qui continue même si nous n'avons, hélas, n'avons actuellement d'yeux que pour la guerre en Ukraine.
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Titre : Pukhtu
Auteur : DOA
Année : 2015
Editeur : Gallimard
Résumé : 2008 la guerre contre les talibans bat son plein dans les zones tribales afghanes. Une poignée de paramilitaires occidentaux tentent de gagner leur vie et de survivre dans ce marasme sans fin. de son côté Sher Ali se lance dans le jihad suite à la mort de sa fille préférée victime d'un drone américain. Ivre de vengeance, le chef Pachtoune, surnommé le roi lion, n' a de cesse de harceler les envahisseurs occidentaux.
Mon humble avis : Il s'agit de ma première lecture d'un roman de DOA et j'étais particulièrement motivé à l'idée de lire ce pavé sur la guerre en Afghanistan. En effet d'autres blogueurs et les critiques en général en ont dis le plus grand bien, je me plongeais donc dans cette lecture avec avidité. Je dois avouer que les premières pages m'ont surprises et pas nécessairement dans le bon sens: beaucoup de termes techniques, d'innombrables personnages, une écriture sèche presque impersonnelle et un rythme que j'ai trouvé, peut-être à tort, plutôt poussif. Si j'ai commencé à prendre un peu plus de plaisir dans les deux cent dernières pages de ce bouquin, je me dois de reconnaitre une certaine déception et un vrai soulagement au sortir de cette lecture. N'est pas Don Wislow qui veut et même si le travail de documentation de DOA est impressionnant, il manque à ce Pukhtu la maestria dans le rythme et la construction pour faire de ce roman un texte d'exception. La mécanique de cette oeuvre est précise mais manque cruellement de liant à mon humble avis et c'est en roue libre que je finissais cette lecture, impatient de me consacrer à ma prochaine découverte littéraire. Pukhtu est un livre exigeant soit, ambitieux également mais je l'ai trouvé terriblement ennuyeux et sans émotion, seule la présence de Sher Ali, personnage charismatique et fascinant, m'a permis de ne pas sombrer définitivement. Dommage, j'aurais beaucoup aimé en dire du bien mais l'entreprise m'a vraiment paru trop laborieuse et impersonnelle.
J'achète ? : Désolé mais non. Trop long, trop touffu, trop froid pour votre humble serviteur.

Lien : http://francksbooks.wordpres..
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Cet ouvrage s'inscrit parfaitement dans la définition du roman noir. Il y a de la violence, beaucoup, un regard sans indulgence sur les sociétés et les individus qui se côtoient, un fort ancrage dans les guerres et les réseaux de trafic de drogue, des femmes peu respectées, et en toile de fond l'histoire de l'Afghanistan depuis l'invasion par les anglais jusqu'à la politique interventionniste menée par les Etats-Unis et ses alliés. Et puis de l'humour, ironique.

Le roman s'ouvre sur une scène d'attentat dans un grand hôtel à Kaboul en janvier 2008. Et tout s'enchaine, la violence appelle la violence, pour venger son honneur, pour se débarrasser de tous ceux qui empêchent les uns ou les autres de se livrer à leurs trafics respectifs ou d'exercer leurs pouvoirs de chefs en tous genres.

Le récit des ‘sorties' des uns et des embuscades des autres se succèdent à une cadence effrénée, entrecoupé d'articles de presse et de rapports statistiques succincts, à la fois repère chronologique et regard ironique sur le décalage entre la réalité sur le terrain et les faits tels que relatés par la presse et les communiqués officiels.

Lire certaines scènes d'action et descriptions de personnages est comme se plonger dans un jeu vidéo, tellement ça bouge et ça explose de tous les côtés, tellement on y côtoie des héros surhommes et des créatures féminines pur produit du fantasme masculin.

Là où ce roman se distingue des autres romans noirs – et peut-être que je me trompe car je n'en ai pas lu beaucoup – est dans la part donnée aux pensées intimes des personnages comme Fox le paramilitaire ou Sher Ali le combattant pachtoune, moments de doute et de réflexion, lorsque Sher Ali se remémore ce matal populaire souvent prononcé par son père le passé ne revient pas, lorsqu'il a le coeur tourmenté par ses assassinats des femmes et des enfants de la famille de Haji Moussa Khan, ou lorsqu'il doute des bienfaits de leurs actions et des martyrs au nom d'Allah.

L'histoire en Afghanistan se répète, la relève est là : Sher Ali s'est illustré très jeune en tuant un officier russe qui « fut incapable de tuer ce gamin surgi de nulle part et brandissant une kalachnikov trop grande pour lui.» et lors de la dernière embuscade du livre, « Sher Ali se tient près de l'Américain aux long cheveux. Il l'a vu s'immobiliser et refuser de s'en prendre à son jeune guerrier. », ce gamin à la fleur dont le lecteur fait la connaissance lorsqu'il fait un croche-patte à une fillette pour lui sectionner - encore maladroit - la tête, qu'il jettera au loin d'un geste désinvolte.

De part et d'autre il y a des gens pris au piège des traditions, de l'argent, des meurtres perpétrés qui s'invitent dans leurs cauchemars, qui doutent et souffrent ; sauf peut-être ceux qui ont pris goût au pouvoir, qu'ils soient Talibans CIA, ou margoulins c'est à dire Border Police, entrepreneur, hommes d'affaire ou fondateur de PEMEO - ou tout à la fois, ou kosovars.

Le roman se termine sur une embuscade et une coupure de presse datée du 11 septembre 2008, relatant la visite des candidats aux élections présidentielles américaines à Ground Zero, sur les lieux de l'attentat du World Trade Center.

Un roman bien documenté, très crédible, même s'il est assez curieux qu'un guerrier aussi aguerri que Sher Ali emmène ses enfants à un rendez-vous avec un responsable d'Al-Qaïda; mais c'est peut-être aussi la faute, sa faute, qui le pousse dans cette vengeance destructrice sans retour pour ne pas l'admettre.
Mon bémol serait pour l'arrivée sans transition d'histoires qui semblent ne pas avoir de lien évident, comme celle de Kayla et Roni au Mozambique, même si le lecteur se doute qu'ils joueront un rôle dans le prochain volume.

DOA, auteur anonyme, on se demande en effet pourquoi, c'est un roman noir pas un essai, mais pourquoi pas, nous utilisons bien des pseudonymes pour nos petites critiques sur Babelio.
DOA, auteur au style succinct, minutieux, efficace, on en redemande.
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Je ne ferai pas de résumé de ce roman car tout simplement je n'ai lu que les deux cent premières pages et ce fût laborieux. Je serai donc incapable de synthétiser quoique ce soit.

J'ai essayé de m'accrocher, il faut dire que ce pavé a tellement été encensé, je me suis dit que je passais à côté d'un chef-d'oeuvre. Et pourtant j'ai lâché ma lecture n'y prenant aucun plaisir : trop de descriptions, de termes techniques, de personnages (avec une liste incomplète en fin d'ouvrage).

Pour moi ces chapitres lus sont indigestes.
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Un livre difficile, complexe ,aux multiples intrigues.Difficile de faire une critique objective car je connais assez bien l'Afghanistan et le Pakistan. Première évidence à mettre au crédit du livre: il n'y a pas d'un côté un pays homogène, l'Afghanistan , représentant le mal absolu en tant que berceau du terrorisme, et de l'autre l'Occident , au sens large , qui représente le Bien.
L'Afghanistan est un pays très beau et très complexe.Au niveau de la religion puisqu'il y a une majorité de sunnites mais aussi une forte minorité de Chiites , notamment au centre du pays.Les occupants étrangers ont toujours su jouer de cette rivalité fondamentale.
Les régions sont très disparates avec des fiefs tenus par des chefs puissants.Les rivalités entre afghans ont toujours existé , hors et sous occupation et sont très violentes et meurtrières.Cela est très clair dans le livre
La seule chose qui réunit les Afghans , c'est l'Islam, qui est présent à tout instant dans la vie quotidienne
Le livre donne aussi un point de vue réaliste du côté du camp occidental avec son lot de trahison, de magouilles diverses , armes et drogues.Le lot de tous les conflits particulièrement bien détaillé
L'aspect purement militaire , notamment l'apport des drones, qui change complètement le vécu du côté afghan, est étonnamment précis
Un livre qui a demandé beaucoup de travail.Ambitieux, documenté, quelquefois un peu technique mais jamais ennuyeux
À lire en prenant son temps .Ayez une carte de la région sous les yeux si vous n'avez pas une connaissance précise de la géographie de cette partie du monde
Bon courage pour cette plongée au coeur du conflit afghan. Vous ne serez pas déçu et vous attendrez le tome 2 comme moi.
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Quel puzzle nous offre DOA avec Pu-Khtu !

Le cadre se révèle progressivement avec le complexe militaro-industriel états-uniens, ses satellites, ses drones, sa technologie, l'Asie avec la Corée du Nord, l'Inde, le Pakistan, l'Iran, puis l'Afrique, les Emirats, et l'Europe avec l'Albanie, le Kosovo, la France et au centre du tableau l'Afghanistan et dans l'ombre ... les paradis fiscaux.

Dans cette jungle mondiale, en 2008 avant l'élection d'OBAMA, évolue un vaste bestiaire avec notamment le Roi Lion, attachant combattant patchoune et le Renard, un membre de la 6N, commando mercenaire, ex militaire français … et nombre de seconds rôles.

Au coeur de l'intrigue, un journaliste indépendant Peter DANG (réincarnation de Daniel PEARL, le héros de Bernard-Henri LEVY) a le courage, ou l'inconscience, de vouloir lever le voile sur le business développé lors du conflit Afghan (drogues, traite des blanches, blanchiment d'argent, trafic d'armes) et s'intéresse aux vols affrétés par la CIA et ses contractors entre l'Asie, le Moyen Orient et l'Europe.

Dans un style dynamique, haché, haletant, à couper le souffle, DOA, secondé par une équipe d'initiés et d'enquêteurs qu'il remercie au terme de son roman, nous dévoile les ressorts des affaires suscitées par la lutte contre le terrorisme.

C'est passionnant, les 600 pages se lisent d'une traite, c'est un vrai chef d'oeuvre, mais, soyons clairs, voici un livre à ne pas mettre entre toutes les mains car la crudité de nombre de scènes (meurtres, viols, manipulations) et la violence physique et psychique de nombre de personnages ne peuvent laisser le lecteur ou la lectrice indemne et révèlent les penchants sadiques de l'auteur.

C'est donc un livre que je n'aurais pas lu s'il n'avait pas été offert par GALLIMARD à l'occasion d'une opération BABELIO.
Lien : https://www.babelio.com/livr..
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Un pavé, quasi 800 pages dans le format poche. Quelques histoires qui ne se rejoignent pas. L'essentielle se passe en Afghanistan et au Pakistan. Des morts. Beaucoup. Des militaires, des paramilitaires ou des mercenaires. Des taliban, des embuscades, des exécutions, des vengeances. J'ai comme l'impression qu'il y a des trafics.

Certaines critiques sont dithyrambiques, je n'en suis pas là. D'où mes "seulement" 3 étoiles. Je ne sais pas si je lirai la suite. A ce jour, j'hésite. J'avoue que j'aimerais bien savoir ce qui arrive aux personnages principaux, mais pour tout dire, j'appréhende un peu. Je doute que cela finisse très bien pour tous.

J'ai acheté ce livre au salon polar du sud, à Toulouse, en octobre 2017. J'ai eu la chance que DOA, l'auteur, soit assez secret, et en particulier, qu'il ne se fasse a priori jamais prendre en photo. Donc il a pris le temps de me rédiger ma dédicace pendant que tous les auteurs allaient se faire prendre en photo ensemble. D'où une petite conversation sympathique, car nous étions un peu seuls, sous le chapiteau.

On ne peut pas dire non plus que ce livre donne envie de visiter la région.
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Après une cinquantaine de pages sur presque 700, je me rends compte que je ne vais pas prendre de plaisir à lire ce roman qui n'est pas pour moi. Parce qu'il parle de sujets contraire à mes aspirations de lecteur : politique, magouille, trafic de drogue, dollar, violence. Je cite une phrase de la critique de umezzu : Les pages de ce roman fleuve sont remplies d'explosions de mines, touchant guerriers et civils, d'escarmouches à coup de kalachnikov et de lance roquette, de scènes de guerre atroces, de brutalité et de bestialité.
Admiration quand même pour ce pavé et les recherches entreprises par l'auteur pour la construction de cette oeuvre.


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Pukhtu primo est le dernier roman de D.O.A. aux éditions La Serie Noire de Gallimard.

J'avais pas mal d'appréhension avant de commencer ce pavé de 675 pages TTC (avant propos, roman, annexes). Pourquoi?
Déjà parce que le sujet est très actuel et donc forcément sensible: parler de la guerre en Afghanistan, de al Qaida etc... c'est extrêmement compliqué et douloureux. Surtout traité dans le cadre d'un roman noir... on s'attend forcément à de l'horreur inouï et absolu.
Ensuite à cause de l'épaisseur du pavé: 23 chapitres d'écritures denses à très denses avec très peu de dialogues. Cela risque donc être long à ingurgiter, surtout vu la présence d'un index des personnages et des expressions utilisés en annexe.
Enfin de part les choix de l'auteur de mélanger des articles de journaux (faits réels) avec son intrigue. Vais-je apprécier ce mélange? Ne vais je pas me perdre?

Je ne laisse pas de suspens: j'ai énormément aimé ce bouquin! Je le note 5 étoiles (il en vaut un petit peu moins selon moi ce n'est pas un coup de coeur absolu mais on n'a pas à disposition de demi-note).
D.O.A., pseudonyme d'un auteur extrêmement mystérieux et souhaitant le rester, manie magnifiquement la plume. Je salue le côté très réaliste de Pukhtu primo et la prose de l'auteur qui a du mener énormément de recherche en documentation pour arriver à un tel chef d'oeuvre (il remercie certains acteurs dans les dernières pages du récit).

Revenons en au roman en lui même. Sans rentrer trop dans les détails (je n'aime pas cela dans mes critiques), de manière très simplifié et très synthétique vous allez lire les aventures du renard, "Fox le combattant du bien, soldat privé jouant sur plusieurs tableaux" et du lion, "Shere Khan ou Sher Ali le combattant du mal, chef patchtoune". Suite à la mort de son fils et sa fille chérie, Shere Khan jure vengeance. La vengeance est au coeur du roman.

Démarrant par la description somptueuse d'un attentat dans l'hôtel le plus sécurisé de Kaboul le 14/04/2008 et se terminant par la visite des candidats Obama et Mc Cain à Ground Zero le 11/11/2008, Pukhtu retrace un peu plus de 6 mois de guerre durant l'année 2008 et offre une exploration géostratégique au Moyen Orient.
Petit bémol: le premier chapitre, la mise en place, est long (trop long...)

Souvent crus et très difficiles, les scènes de guerre ne sont pas maquillées par D.O.A. Nous sommes dans un roman noir, toutes les situations sont poussées à l'extrême. Je dirai même qu'il prend un malin plaisir à tout expliciter en maniant les mots et les expressions les plus illustratrices possibles. On est embarqué au coeur des événements. L'utilisation du présent, temps de l'actuel, corrobore cette impression.
On trouve énormément de descriptions et de détails des différents événements. Tout est expliqué, détaillé, de la scène environnante à l'assassinat ou le viol le plus sordide, des états d'esprits des acteurs aux multiples calculs des chefs. C'est dur à lire mais personnellement je n'ai jamais été choqué ou dégouté. Je n'ai eu aucune envie d'abandonner la lecture, bien au contraire. A de nombreuses reprises, l'auteur utilise le mot suivi de 2 ou 3 ou 4 synonymes ou compléments afin de permettre au lecteur de bien imaginer et comprendre la scène.

Cette immersion quasi totale (on visualise sans souci croyez-moi) est contre-balancé par la froideur des articles de journaux. Reprenant pour la plupart les événements narrés précédemment par l'auteur, ils offrent une respiration salutaire au récit. C'est finalement une très belle trouvaille de l'auteur qui permet de remettre en perspective les choses (j'ai bien apprécié aussi les aventures du journaliste Peter).

Ce roman ultra-moderne illustre formidablement la guerre du XXIème siècle, totalement différente de celles du XXème siècle. On le vit très fort.
La présence de drones, les meurtres gratuits (on tue sans réfléchir!), l'utilisation sans complexes de la drogue, les viols (de femmes ou d'enfants...), les soldats privés mercenaires, les volontés politiques (l'argent de la drogue en Afgha à mettre en parallèle avec le pétrole en Irak)... Rien n'est laissé au hasard, tout est calculé, marchandisé (on comprend que l'auteur le dénonce) cela préfigure les conflits à venir...

De même, D.O.A. dénonce le traitement réservé aux femmes dans ces pays: des moins que rien. Dans Pukhtu, D.O.A. parle essentiellement de 3 femmes à problèmes:
- la prostituée Storay, superbe, dont Fox tombe sous le charme
- Amel, la journaliste aux narines poudrées, aux pensées tourmentées et au coeur plein de rage
- Chloé, la victime paumée...utilisée...
Je ne me souviens plus de la phrase exacte que fait dire D.O.A. à un de ces personnages mais en gros, la femme en Afghanistan, c'est comme une vache dans une étable.

Et cela n'est que le tome 1! Les derniers chapitres ouvrent d'autres perspectives, introduisent d'autres personnages (histoires parallèles qu'ils vont, on le devine, interagir avec le conflit). Et le dernier chapitre laisse le lecteur sur sa faim avec de nombreuses situations en suspens.
Un vrai scénario de série à la 24h chrono par exemple!

Pukhtu primo est une très belle découverte!

Je conclurai avec la dédicace offerte par D.O.A. que j'ai rencontré dernièrement: "Benoît, guerre sans paix au coeur des ténèbres... Amitiés afghanes D.O.A."
Voila qui résume parfaitement.
Je ne sais pas si je vous aurai donné envie de lire le livre... mais personnellement je vous le recommande très fortement et lirai le tome 2 sans aucun doute (comme je lirai Citoyens Clandestins du même auteur dans lequel on retrouve Fox et Amel).

5/5
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