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3,89

sur 480 notes
Lu pendant un long séjour à Berlin: un livre sombre sur la fatalité. La vie de Berlin avant-guerre y est particulièrement bien décrite.
Pour les amoureux de cette ville incroyable.
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Évitez cette traduction, elle est bien en dessous de la richesse de la langue de Döblin. Lisez la version d'Olivier Lelay, non expurgée, bien plus brutale, plus proche du texte de Döblin.

La raison est dans cet extrait d'interview d'Olivier Lelay:

Dans la traduction de 1933, il manque des chapitres entiers – les plus difficiles à traduire -, les contresens abondent et surtout deux éléments disparaissent : l'écriture simultanée et polyphonique de Döblin et la langue drue, heurtée des personnages. Zoya Motchane, sans doute par souci de confort pour le lecteur, renonçait à ce brouillage permanent des fréquences qu'opère Döblin. Les changements de niveau de langue ne sont pas rendus, la langue bâtarde de Döblin est unifiée et épurée. Surtout, le langage de ces gens de la rue, Franz, Reinhold, Mieze, ce parler rugueux, rocailleux, se change en une langue de petit-bourgeois qui s'encanaille. On est transporté d'un coup chez Dabit et Carco, dans un fantasme de langue populaire. Les écorchures et la violence du texte de Döblin s'estompent. C'est ce que j'entends par les exigences modernes d'une traduction : ne pas s'aligner sur une quelconque homogénéité collective, ne pas anéantir au nom d'une quelconque lisibilité tout ce qui fait l'originalité d'un texte.

Source dans le lien ci-dessous
Lien : https://aberlin.fr/berlin-al..
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Ce roman est comparé à Céline, Joyce, Brecht ou Dos Passos en 4 ème de couve'rture, ce qui met la barre un peu haut peut-être.
Je m'attendais à plus de violence (mais c'est peut-être un tort : quand je vois le mot "violence", je m'attends à un cran au-dessus de ce que j'ai déjà lu) mais j'ai été séduite par contre par l'humour et la distance de l'auteur par rapport à son personnage, un criminel qui erre dans les bas-fonds du Berlin des années 20.
Un des meilleurs passages se situe vers le milieu du livre avec la description d'un abattoir.
Il me semble que ce roman a inspiré d'autres auteurs (Alasdair Gray dans "Lanark", c'est évident avec cet homme qui a tué sa compagne et qui a peur d'être condamné à commettre indéfiniment le même crime) et des artistes d'autres disciplines (les deux anges à la fin qui veillent sur Franz ont forcément inspiré Wim Wenders dans "Les ailes du désir").
Le style peut en effet faire penser à Céline, il faut dire que ça a été écrit à peu près à la même époque, mais en moins fort il me semble même s'il y a une forme de gouaille. L'originalité tient beaucoup au mélange entre narration classique, interpellation du lecteur, fragments de publicités, d'affiches, de tracts politiques, de coupures de journaux, d'extraits de la Bible.
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Prenzlauerstrasse, le tramway 41, les bals de la République de Weimar, Berlin Alexanderplatz...tout un monde de bas fonds berlinois qui remonte à la surface avec son lot de proxénètes, de voleurs, d'alcooliques etc...
C'est l'histoire de Franz Biberkopf ou celle de Berlin ? Ou la vie de la grande ville qui s'insinue en Franz Biberkopf, ex-taulard qui a décidé de tourner honnête mais qui n'y arrivera pas...?
Dans le livre de Döblin, il y a les mêmes ressorts narratifs que dans "Ulysse" de Joyce : cette façon d'être dans la tête de Franz Biberkopf et de celle des principaux protagonistes, notamment ce monstrueux Reinhold...Mais aussi cette façon de style indirect libre qui permet le glissement des sensations des personnages à des descriptions plus factuelles...
Mais il y a aussi une parenté forte avec le "Voyage au bout de la nuit" de Louis-Ferdinand Céline, dans la forme d'expression où les phrases et la syntaxe sont parfois très lacunaires...Un monde sombre comme celui de Bardamu...
M'ont impressionné aussi ces passages où le personnage déambule dans Berlin et où Döblin transcrit sa vision de l'environnement et notamment les publicités mises bout à bout, comme un long travelling...
C'est aussi le roman d'une certaine forme d'expressionnisme avec ces ritournelles symboliques qui reviennent tout au long du récit. et surtout le magnifique chapitre de l'arrivée de la mort !
Döblin livre le récit d'un monde riche en sensations et émotions, d'un monde très noir où les moments d'espoir conditionnent aussi la chute des protagonistes.
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La lecture de ce classique de la littérature allemande du XXème siècle n'est pas toujours aisée. Souvent comparé au "Manhattan Transfer" de Dos Passos, ce roman m'a plutôt fait penser à "Ulysse" de Joyce par sa construction assez heurtée, faite de ruptures de ton et de répétitions, de collages (références bibliques assez développées, publicités). Suivre Frantz Biberkopf dans sa chute, le personnage principal de ce roman déconcertant, n'est donc pas une partie de plaisir mais j'ai quand même trouvé de quoi avancer dans cette lecture et y trouver de l'intérêt.
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Un classique inclassable... Cette nouvelle traduction est très différente.
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Une horreur ! Un style illisible frisant le vulgaire. J'ai arrêté à la soixante dizième page environ en me demandant pourquoi ce livre à eu un tel accueil chaleureux et est considéré comme un classique de la littérature allemande. Je concède l'histoire intéressante, mais c'est loin d'être suffisant.
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Combien de fois dans une vie de libraire devrais-je recommander ce chef-d'oeuvre du patrimoine littéraire mondial ? Un livre incroyable de par ses qualité d'écriture, son harmonie disharmonieuse, son spectacle et ses tableaux. Epoustouflant, et si systématiquement oublié de beaucoup (professionnels compris), alors qu'il s'agit là d'un des plus grands livres du Vingtième siècle.
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Un roman sombre qui relate la vie des bas-fonds à Berlin dans la fin des années 1920, en suivant le destin de Franz Biberkopf qui fût ouvrier, souteneur, meurtrier de sa compagne et après son passage à « Tegel » (en prison) tenta de se racheter une vie honnête en tant que vendeur de journaux. Mais avec la rencontre de Reinhold (on peut y trouver l'incarnation de Satan !) Franz retombe dans le milieu de la pègre berlinoise.

La trame de « Berlin Alexanderplatz » se déploie donc dans Berlin et l'Alexanderplatz revient souvent dans le récit, c'est en quelque sorte le point de repère principal de Franz Biberkopf dans ses pérégrinations. Située au coeur de Berlin, cet axe central, jonction entre trains, tramways et métro, est le symbole de l'activité frénétique de la ville, qui a certainement inspiré à Alfred Döblin son roman.

L'oeuvre de Döblin est aussi un témoin de l'histoire ; intégrant dans son récit la montée du nazisme ou encore le communisme et la lutte des classes.

Autre point particulier du roman, c'est son style. On sent (grâce à une traduction de le Lay très fidèle au texte original, de ce que j'ai pu en lire par ailleurs) que Döblin a cherché à se rapprocher au plus près du dialecte berlinois, parlé par le milieu populaire dans lequel baigne le personnage principal. L'auteur mêle dans le récit des extraits d'oeuvres de la littérature allemande, des publicités, des chansons de cabarets, des extraits de la Bible. On est aussi parfois perdu quand le récit quitte l'histoire principal pour relater des événements de la vie berlinoise, comme la description des abattoirs à plusieurs reprises ou l'actualité (comme si on lisait un journal de l'époque). Et malgré ce chaos ambiant cela donne un tout cohérent qui fait de ce livre une oeuvre à part.
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Les livres audio ne font pas partie de ma pratique de lectrice. Pourtant, en achevant le roman d'Alfred Döblin (quelques 600 pages, paru en 1929 et qui a bénéficié d'une magnifique seconde traduction en français par Olivier le Lay en 2009), j'ai pensé immédiatement que j'aimerais écouter ce livre lu par des comédiens. Lire "Berlin Alexanderplatz", c'est en effet participer à un chaos sonore, un choeur de voix de registres très différents : l'argot berlinois, mêlé de yiddish, des conversations de bistrot ou de rue avec en fond sonore le bruit répétitif de la rame du tramway, des refrains ("clap clap clap font les mimines, tap tap tap font les bottines, des slogans publicaitaires, des nouvelles extraites des journaux, juxtaposées avec un récit mythologique (Oreste et Agamemnon) ou un autre biblique (les malheurs de Job, le sacrifice d'Isaac), Döblin allant jusqu'à reproduire des bulletins métérologiques, des extraits de jugements administratifs, ou même faire appel aux lois et formules de Newton pour décrire la dispute violente de Franz et Ida avec un fouet à pâtisserie et ses conséquences meurtrières !
"Berlin Alexanderplatz", j'en avais entendu parler il y a longtemps, lorsque je découvrais les films de Fassbinder. le cinéaste allemand a en effet tourné une adaptation du roman de Döblin pour la télévision allemande, diffusée en 1980 sous la forme de quatorze épisodes d'une durée totale de 15h30. Sans avoir vu cette série (disponible maintenant sur youtube), le titre m'évoquais donc une oeuvre monumentale ( de fait, le roman de Döblin est considéré comme une oeuvre majeure de la littérature allemande) à laquelle j'hésitais à me confronter. L'histoire est en elle-même banale. C'est celle de Franz Biberkopf, un ancien débardeur, qui sort tout juste de la prison de Tegel à Berlin, après y avoir purgé une peine de quatre ans pour avoir tué sa maîtresse Ida et qui se fait la promesse d'être honnête. Mais Biberkopf va vite retomber dans les combines, rencontrer un double maléfique en la personne de Reinhold, perdre un bras, se comporter en proxénète avec Mieze qu'il aime pourtant, atterrir à l'asile. Franz est-il un naïf ? A-t-il une "araignée au plafond" ? Ses monologues s'apparentent souvent à une sorte de bégaiement mental (même si c'est à Reinhold qu'il arrive de bégayer). C'est souvent la phrase même de Döblin qui se répète, saccadée comme le rythme du tramway. Franz Biberkopf semble emporté par le flux de la grande ville, sa volonté dissoute dans le kaléidoscope urbain. "Il en va de l'homme comme du bétail. Comme celui-ci meurt, il meurt aussi" (titre du châpitre sur les abattoirs de Berlin).
"Marche, marche, nous partons à la guerre, cent musiciens partent avec nous, fifres et tambours, roum badaboum boum, pour les uns ce sera droit, pour les autres de guingois, les uns restent debout, les autres se rompent le cou, les uns courent encore, les autres tombent raides morts, roum badaboum boum".
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