Je ne suis pas franchement un adorateur de
Régis Debray, je ne souscris pas à toutes ses idées, mais j'ai apprécié l'échange et le débat qu'il a eu sur le thème de l'Europe avec l'écrivain
Laurent Gaudé dans l'émission Livres & Vous diffusée ces derniers jours sur Public Sénat. C'est à cette occasion que j'ai découvert la parution récente de L'Europe fantôme, un court texte de
Régis Debray publié dans la collection Tracts chez Gallimard.
« Pour mieux comprendre ce qui lui reste d'emprise sur les esprits, il faut rendre à l'idée sublime d'Union européenne son aura d'origine. Et rappeler à ceux de ses vingt-sept membres qui l'auraient oublié d'où vient la bannière bleue aux seulement douze étoiles d'or : du Nouveau Testament, Apocalypse de saint Jean, 12. L'emblème qui flotte au-dessus de nos têtes qui ne croient plus au Ciel remonte à l'an 95 de notre ère et célèbre l'imminent avènement du Royaume. Vision mystique engrisaillée, projet politique encalminé : les deux ne sont pas sans rapport. » –
Régis Debray
Ce petit livre de 48 pages est à la fois un essai, un pamphlet et un tract.
Régis Debray nous y livre sa vision de l'Europe, nous explique en quoi le projet européen était voué à échouer dès sa fondation, mais aussi comment cet idéal européen reste si présent dans l'esprit des citoyens des nations européennes, malgré l'absence d'une véritable « identité européenne ».
Je ne suis pas en accord avec la totalité du contenu de ce tract, pour reprendre la terminologie retenue par l'éditeur, mais j'y ai trouvé de nombreux éléments intéressants, dont quelques extraits que je vais tenter d'ajouter ici.
Globalement, j'ai apprécié cette lecture. C'est un livre court, rapide à lire malgré une tendance de
Régis Debray à complexifier son propos par des références obscures ou peu accessibles aux non-initiés. Comme tout pamphlet, rien n'oblige à adhérer sans restriction à toutes les thèses de l'auteur, mais c'est en tout cas un point de vue intéressant et éclairé. Peut-être pas totalement inutile à quelques semaines d'élections européennes qui ne semblent guère passionner les électeurs.