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EAN : 9782228930307
304 pages
Payot et Rivages (02/03/2022)
3.5/5   6 notes
Résumé :
Les mannequins d'un défilé, les danseuses d’un ballet, la chaîne de montage des Barbie : autant d’images interchangeables, dépersonnalisées. Elles ne se distinguent que par le détail d’un vêtement, d’une courbe, d’une teinte de cheveux. Toutes identiques, l’illusion de la perfection. Ces serial girls ne sont pas la mise en forme des filles telles qu’elles sont, mais bien telles que l’on souhaite qu’elles soient. Ce sont des femmes-objets, des femmes-ornements, des f... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (1) Ajouter une critique
J'avoue avec une humilité sincère ne pas avoir compris ce livre : n'avoir reconnu ni une définition exacte de la sérialité des figures féminines fabriquées, ni surtout ses implications – en termes de domination ? de subordination au virilisme ? à la société du spectacle ? au capitalisme ? En termes de capacité de résistance reconnue aux femmes ? d'une résistance qui ferait appel à autre chose qu'à une réappropriation de la subjectivité ? Ou bien, au contraire, serait-ce la sérialité même des femmes qui, à l'instar d'une armée composée de soldats revêtant un uniforme, contiendrait son propre antidote ?
Je m'attendais à une réflexion dans le sillon de l'excellent essai de Mona Chollet, Beauté Fatale – et celui-ci n'apparaît même pas dans la bibliographie. J'ai l'habitude des démonstrations d'une thèse, et je n'ai trouvé là qu'une succession de tableaux, parfois plusieurs dans le même chapitre, qui, s'ils forment les motifs d'une mosaïque, ils ne me permettent pas d'élargir ma focale jusqu'à en apercevoir l'ensemble de la scène. Par moments, j'ai trouvé même des contradictions dans le fil conducteur, et ce non seulement sur Beyoncé, les Femen et les « lucioles » de Pasolini. de plus, si la plupart des références littéraires et philosophiques convoquées ne me sont pas totalement inconnues, par contre les (beaucoup plus nombreuses) références cinématographiques et surtout aux séries télé américaines, demeurent pour moi complètement obscures malgré les longs chapitres qui en font l'objet quasi unique.
Inversement, lorsque les Cariatides soutenant le toit de l'Erechtéion ont été citées comme premier exemple de filles en série, j'aurais aimé voir le raisonnement développé davantage, de même que le parallèle entre Marilyn Monroe et Nelly Arcan, autrice que j'adore ; comment parler (dans un certain détail) de Virginia Woolf en omettant entièrement son Orlando, qui me paraît fondamental du point du genre ?
Enfin, les courts-circuits entre la domination des femmes, la maltraitance animale dans les élevages industriels et les camps d'extermination nazis m'ont choqué me paraissant absolument abusifs et offensants pour les victimes – Marine Delvaux, qui file la métaphore des lapins et des lapines, aurait-elle oublié que Hitler était végétarien et assurément pas un playboy ? de même, je suis perplexe devant la juxtaposition de l'agression sexuelle et de la nécessité de la sororité, même en convoquant Agamben – là aussi, je vois une certaine légèreté vis-à-vis des victimes de violences hélas bien avérées (cf. cit. 3).
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Citations et extraits (4) Ajouter une citation
4. « Ainsi, quand Nelly Arcan s'enlève la vie, est-ce qu'elle ne met pas à mort l'image ? On accuse souvent Nelly Arcan d'avoir tissé son propre linceul, de s'être fait prendre au piège de l'apparence (en acceptant de transformer son corps à coups de chirurgies et d'entrer dans l'arène du cirque médiatique) et d'y avoir laissé sa peau. On l'accuse, comme si les femmes avaient le choix de s'en sortir ou non, comme si elles pouvaient faire la grève de l'image. On l'accuse en faisant abstraction du commentaire implicite qui accompagnait son autoreprésentation, sa façon singulière de se mettre en scène en tant qu'image pour nous jeter à la figure ce qu'on fait des femmes socialement. En oubliant aussi la part qui lui revenait et son désir de jouer avec l'image (comme en témoignent les photographies dont elle a elle-même décidé et qu'elle a mises en scène).
Nelly Arcan demande si les femmes peuvent arriver à se libérer de l'image, et si elles le pouvaient, qu'est-ce qu'il resterait d'elles. Est-ce qu'il y aurait quelque chose sous l'image ? Peut-on vivre "en tant que femme" hors image ? » (pp. 168-169)
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3. « Ce qui est au cœur de la question de l'agression sexuelle, à part le pouvoir, c'est la question du consentement. Et en contrepartie de ce consentement ignoré, aboli par les agresseurs (et les institutions qui les soutiennent), il faut penser le consentement des filles entre elles, l'amitié comme "co-sentir", pour le dire avec Agamben. Ce qui fait la communauté, et donc aussi l'amitié, ce n'est pas une valeur extérieure à laquelle on adhérerait tous ; ce qui fait l'amitié, c'est un "sentir avec", un "co-sentement" qui a pour effet de nous lier. […]
Ce co-sentement est le sens même du politique, le choix qu'on peut (qu'on doit) faire de l'autre femme, de l'autre fille. C'est une autre manière de se conduire, de traverser le territoire de la domination masculine en suivant des chemins de traverse, des lignes de fuite, autant de directions qui nous mèneront à l'autre femme, à celle qui nous hante. Celle à qui je ne dois pas cesser de penser. Cette autre qui alors cesse d'être ma rivale, que je cesse d'envie, dont je cesse d'avoir peur parce que je cesse de penser qu'elle est plus grande, plus belle ou meilleure que moi, la seule qui mérite d'être élue, la seule et unique princesse. » (p. 145)
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2. « Le drame que raconte Girl Model et la position politique que le film défend concerne l'embauche de filles trop jeunes par l'industrie de la mode, des filles à qui on demande de poser nues ou à demi vêtues, dans des postures lascives, arborant des vêtements trop grands pour elles... Cette sexualisation de l'enfance – d'une part la valorisation de corps féminins très jeunes, d'autre part l'impasse faite sur l'âge réel du mannequin et l'illusion que crée l'image qu'il s'agit d'une femme alors qu'il s'agit en réalité d'une jeune, voire d'une petite fille – participe d'une culture de l'inceste où les rapports parental et sexuel sont confondus, voire rendus indémaillables, rejoignant ce que Nelly Arcan décrit dans Putain comme cette scène toujours attendue où, un jour, le client qui passerait la porte de sa chambre serait son père... » (p. 124)
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1. « Devant ce paradoxe d'une figure féminine à la fois frigide et sexuellement débridée, mon hypothèse est la suivante : la figure des filles en série est une actualisation de ce qu'on souhaite véritablement des femmes (tout en faisant mine de le leur reprocher) : de la rigidité et de la frigidité, un désir inexprimé voire inexistant, une inaccessibilité, une résistance ou un refus devant les avances des hommes. Au fond, les filles en série – poupées de plastique fabriquées en usine, jouets et ornements – que disent-elles du désir et de la liberté dont on s'acharne à priver les 'vraies' femmes ? » (p. 49)
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Vidéo de Martine Delvaux
Publiés pour la première fois en France, le Monde est à toi et Pompières et pyromanes, livres-collage entre essai poétique et récit autobiographique, forment un ensemble. le premier est un saisissant récit d'amour filial ; le deuxième, l'amorce d'un combat engagé contre la crise climatique. Féminisme et écologie, deux luttes qui se répondent, se complètent et se nourrissent, et passent dans le fin tamis de Martine Delvaux. Émerge alors une pensée essentielle, fédératrice, intergénérationnelle qui remet au centre la justice, l'égalité, le vivre-ensemble. Et nous oblige à regarder courageusement les lendemains qui nous attendent, et à aider la génération combative qui arrive.
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