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EAN : 9782729122720
287 pages
Editions de La Différence (25/08/2016)
4/5   5 notes
Résumé :
« Dans ce livre que tu vas lire, à la gloire des petites bordelles effrontées et des hoquets de l’Histoire, Esther, une ancienne vierge de Johannesburg, blanche et belle à couper les poumons, fille de personne ou si peu, et devenue putain par nécessité, peut-être aussi par fainéantise, ou par indolence, se fait aimer à la folie d’un potentat africain vieillissant qui en fait son deuxième-bureau pour commencer, et ensuite sa légitime, en se débarrassant de sa vieille... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (4) Ajouter une critique
Louis-Ferdinand Despreez est le pseudonyme d'un romancier sud-africain, engagé auprès de Nelson Mandela, qui a été aussi conseiller auprès de chefs d'état africains. c'est dire s'il connaît et maîtrise son sujet. Il écrit en français qui n'est pas sa langue natale, et c'est un vrai bonheur que de lire sa prose absolument truculente, haute en couleur, remuante et métissée. Difficile de ne pas voir dans le choix de son pseudonyme un hommage à l'autre Louis-Ferdinand de la littérature française, Céline.

Bien sûr, le parcours d'Esther est intéressant. Bien sûr les allusions à peine voilées à la Françafrique, et aux arrangements de tous les Occidentaux avec les potentats africains qui font souffrir leurs peuples mais qui laissent aux blancs, les toubabs, la jouissance de pas mal de matières premières et qui s'enrichissent en détournant l'argent censé servir aux habitants, aux magouilles qui n'ont rien à envier à celles des politiques de chez nous, tout cela est présent dans ce livre, puisque l'auteur le connaît bien qui l'a vécu de près ; il le dit d'ailleurs : "Pourtant, j'ai longtemps marché dans les clous, dit ce qu'il fallait comme il fallait quand il fallait, appelé un sourd un malentendant, dit un Black plutôt qu'un Noir, fait le tolérant compréhensif éclairé et aimable en tous lieux en respectant les innombrables encycliques de la pensée correcte. J'ai même feint d'accepter le Ramadan arriéré des uns, les mezouza superstitieuses des autres et les prétendues bénédictions Urbi et Orbi du grand chef de ceux qui ont tenté de m'élever !" (p.11) Oui, tout cela est présent, mais le plus grand bonheur de ce roman en est sa langue, un argot mâtiné d'expressions africaines, de vocabulaire vernaculaire que les sept pages finales recensent : "Blanc-raté : métis ;m> Bilongoter : jeter un sort ; Banyamulengué : étranger africain qui s'immisce dans la vie publique ; Tais-toi : billet de 10 000 CFA..."

LF Despreez est impertinent, insolent et ne respecte plus rien, il se lâche totalement. Il dit tout avec une fraîcheur de ton... j'allais dire rafraîchissante, mais j'ai craint le pléonasme. Et tout passe, l'histoire de Bokassa, des Chinois qui financent l'Afrique "à taux zéro en échange d'une indulgence au rayon des droits de l'homme des Nations Unies" (p.28).

Ce roman est pour moi un hommage à toutes ces femmes qui tentent de faire des choses pour le bien de leurs concitoyens, qui ne cherchent pas à s'enrichir et n'ont rien à faire des signes extérieurs de bien portance et de richesse. Esther est maladroite, veut aller trop vite, mais elle ne voit pas son intérêt seul. Pour finir, je citerai la fin de la quatrième de couverture qui devrait faire fléchir les derniers indécis (ne retenez que les adjectifs, vous verrez, vous ne pourrez que céder) :

"Dans une langue "de malpoli", sorte de pidgin franco-africain exubérant et imagé, Louis-Ferdinand Despreez brosse le tableau très incorrect d'une Afrique excessive en tout, indocile et braillarde. Un roman cruel, grinçant et terriblement réjouissant."
Lien : http://www.lyvres.fr
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Avec une écriture “africaine”, très imagée et riche en couleurs, J. Despréez nous offre un conte moderne dans un pays semi-imaginaire où une prostituée pleine de bons sentiments va, après avoir conquis le coeur du despote local, mettre le pays sans dessus dessous.
Révélateur de toutes les affres entachant la pouvoir en Afrique, le roman n'épargne personne : les anciens colons, les aventuriers-néo-investisseurs sans scrupules, les ministres corrompus qui dilapident les richesses nationales sans vergogne, les petites frappes prêtes à profiter de la moindre occasion pour spolier leur prochain.
Tout y passe illustré avec une écriture truculente pleine d'africanismes.

On croit y reconnaître Houphouet Boigny et Bokassa, présents aussi dans un conte formidable de 1994 (Prix du livre inter), “En attendant le vote des bêtes sauvages” d'Ahmadou Kourouma qui illustrait avec une langue formidable les dérives de plusieurs dictateurs africains dont Houphouet Boigny, l'Homme au totem caïman, dans sa république des ébènes et Bokassa, l'homme au totem hyène dans sa république des deux fleuves.
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Esther, une jeune femme blanche prostituée va être mis en contact avec un homme particulier, le Président du pays. Ce dernier va l'installer dans les appartements du palais. Son épouse humiliée le quitte. Aveuglé par son désir pour Esther, il ne se doute pas qu'elle complote avec des opposants du régime pour le renverser.
L'auteur utilise un langage vulgaire et brut sans détour et nomme les choses telles qu'elles sont. Les personnages et l'histoire sont tellement grotesques que l'écriture l'est aussi. le titre donne le ton de ce qui suit. Plus on avance dans le récit plus le ridicule est mis en évidence, amplifié par les mots utilisés par le narrateur. Je trouve que c'est finement bien joué de la part de l'auteur.
Ce qui est triste dans tout cela c'est que l'histoire est empruntée à la réalité et fait des allusions à des personnes bien réelles. Les personnages sont tous aussi bêtes les uns que les autres. Présida est une caricature d'un chef d'état pas très intelligent qui travaille avec des collaborateurs qui le sont encore moins qui plus est n'hésite pas à soudoyer pour se maintenir au pouvoir et avoir la paix. Esther quant à elle est utilise les budgets de l'état pour financer des cantines scolaires gratuites pour les enfants avec des yaourts à la fraise obligatoires ou des allocations pour les femmes enceintes. Au premier abord Esther donne l'impression d'être une samaritaine, mais sa manière de dilapider bêtement l'argent, même si c'est pour les pauvres, va plonger le pays dans la révolte et faire émerger la rébellion.
Avec ce roman c'est tout un système qui est mis en dérision, l'accaparement des richesses, le goût pour le luxe, les préjugés, les détournements de fonds et la fuite des capitaux mais aussi les groupes armées rebelles qui courbent l'échine au plus offrant, l'humanitaire et les Nations Unis en prennent aussi pour leur grade. Il n'y a ni bon ni méchant seulement un grand perdant, le peuple.
Une fois la lecture terminée on se demande jusqu'où ira-t-on dans le ridicule. Bien qu'étant une fiction, cette histoire empruntée de réalisme est un énième rappel, une sonnette d'alarme qui marque l'urgence de revoir la gouvernance de certains pays et globalement les relations Nord-Sud.
Lien : https://lacalebassealivres.c..
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Voici un roman très drôle qui raconte le parcours d'une toubabesse (mot dérivé du toubab qui en wolof signifie blanc) venue épouser un dirigeant africain dans un pays au nord du fleuve Limpopo. Comme on parle aussi de ndombolo, j'en conclus que le pays (jamais cité) est la RDC.
Ayant vécu 4 ans en Angola, je retrouve dans ce récit les situations absurdes et drôles que l'on peut vivre au quotidien. Mais j'ai apprécié aussi le fait que ce roman ne soit ni une éloge nostalgique et exagérée d'un pays, ni sa critique misérabiliste comme c'est souvent le cas lorsque l'on parle d'Afrique. le ton de l'auteur reste mordant tout en étant tendre.
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critiques presse (1)
Actualitte
23 février 2017
Un récit amer, désespéré (mais pas complètement), cru, passionné, bercé par une langue “malpolie”.
Lire la critique sur le site : Actualitte
Citations et extraits (8) Voir plus Ajouter une citation
C'était un peu paradoxal, et c'est justement pour cette raison qu'elle Béatrice qui ne causait pas un mot de langue, s'était retrouvée grand chambellan des boyesses pygmées dont la plupart n'avaient jamais vu une prise de courant ou un grille-pain, ni même une automobile, même pas le 4x4 Toyota flambant neuf d'un missionnaire des Nations Unies ou d'une ONG sans frontières quelconque qui aide les pauvres Nègres des hauts plateaux à mourir moins vite et en bonne santé et dans le respect des droits de l'homme et de l'égalité raciale et des quotas.
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Pendant cinquante ans il avait louvoyé serré entre tous les emmerdements inimaginables, les épidémies de cholera, le virus Sidonie, les sécheresses, les missionnaires catholiques, les inondations, les criquets qui bouffent tout, les imams venus du Nord, la Banque Mondiale, les Noirs qui se bouffent le nez entre eux et les blancs qui fourrent le leurs partout, sans parler d’Amnesty et du FMI qui passent leurs temps à faire suer le burnous à tous les sous-développés avec des rapports illisibles, ou des multinationales qui veulent constamment lui piquer son minerai! Depuis qu’il avait décidé de se sacrifier pour son pays en faisant don de sa personne – il avait entendu parler d’un petit moustachu qui avait déjà dit ça chez les Blancs mais il ne savait pas que ça l’avait conduit en prison sur une île pour éviter la guillotine – il avait tout vu, tout entendu et tout subi, et même son contraire…
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Le Président, qui pensait pouvoir contenter sa femme à la façon bantoue en la cadeautant avec une liste civile confortable et des ouvertures de comptes place Vendôme et avenue François-Ier à Paris, découvrit vite que sa nouvelle épouse avait d’autres ambitions que de manger immodérément à la cassette pour ses frais de babioles. A la frivolité, elle préférait fourrer son ravissant petit nez en trompette dans les affaires de l’Etat. Elle n’hésitait pas à s’incruster pendant les audiences, mêmes les plus secrètes, et à donner à son mari un avis autorisé et hautement iconoclaste après le départ des visiteurs. Elle restait aussi scotchée dans son dos pendant le Conseil des ministres et elle épluchait avec aplomb le parapheur que le Patron emportait le soir dans ses appartements.
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C'était d'ailleurs curieux que tous ces gens passant leur vie dans les salons VIP ou les lounges Gold et Platinum d'aéroport finissent par être sincèrement convaincus d'être l'aristocratie du monde international Ou les drogman de la bonne parole de nouvel ordre mondial sans jamais soupçonné qu'il y avait une espèce de complot mercantile qui les embrouillé dans les saupoudrant de privilèges à la gnognotte juste parce qu'il se pavaner entre les fauchés de la classe éco et les vrais riches de la première qui eux payaient leurs billets avec leur vrais sous personnel volés au peuple.
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Sa bête noire (à Esther) chez les Blancs était cet ancien ministre, un ex-humanitaire du monde international défrontiérisé, un mielleux court sur patte et embrouilleur de médias sentencieux, qui prodiguait de coûteux conseils à son mari en lui vendant des rapports abscons sur les grandes questions de sociétés, comme il disait, tout ça pour réformer l’injustice en profondeur mais qui, en surface, ne dédaignait jamais les liasses de billets verts dont il bourrait sa valise en rentrant au pays des blancs.
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