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EAN : 9782020628778
288 pages
Seuil (02/01/2004)
3.74/5   67 notes
Résumé :

Ni roman au sens habituel, ni chronique, ni journal de voyage (et tout cela un peu à la fois), ce livre atypique tourne (d’assez loin, de façon assez excentrique) autour de la vie et de la mort d’un aventurier américain du XIXe siècle, William Walker, forban byronien qui brûla sa courte vie à essayer de se tailler un empire centre-américain, fut un éphémère président du Nicaragua, et finit fus... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (7) Voir plus Ajouter une critique
Foisonnant, touffu, comme la jungle équatoriale d'où il tire son inspiration, ce récit de voyage confirme la maîtrise de la phraséologie qui caractérise Patrick Deville.
Février 1997 : l'auteur parcourt en saut de puce les pays composant l'Amérique centrale, passant d'une capitale à l'autre, logeant à l'hôtel du coin, feuilletant les quotidiens locaux et ceux du passé, à la recherche de son sujet, William Walker, un aventurier américain qui, dès 1855, s'était mis dans la tête de conquérir le Nicaragua pour en devenir le roi. Rien de moins. Avec l'aide des Chevaliers du Cercle d'or, une secte réunissant les États du Sud des Etats-Unis, Walker affrétait des navires remplis de mercenaires de tout poil, prêts à en découdre avec l'ennemi.
Deville raconte aussi sa démarche d'écrivain, l'intensité de ses recherches à travers les archives et ses rencontres avec les survivants des guérillas qui ont sévi dans cette poudrière qu'est l'Amérique centrale. Quelques figures importantes et imposantes sont aussi évoquées : celles de Simon Bolivar, le Libertador et son rêve d'une République centraméricaine, de Fidel Castro, du Che Guevarra, d'Antonio de la Guardia, fusillé au nom des idéaux de la révolution cubaine, d'Augusto César Sandino, des Somoza père et fils, dont le vieux avait été qualifié ainsi par Franklin Roosevelt « C'est un fils de pute, mais c'est notre fils de pute. », sans oublier les conquistadors espagnols du XVIe siècle.
Un ouvrage étonnant, autant par son propos que par son style, qu'on souhaite posséder dans sa bibliothèque personnelle et qu'on peut espérer relire sans se lasser, tellement il contient des pépites de beauté et d'histoire.
Vivement la suite avec Equatoria et Kampuchéa qui concluent ce cycle épique débuté par Pura Vida.
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Voilà un roman sans fiction. Patrick Deville est un voyageur dans l'espace et dans le temps : l'un et l'autre dans ses livres sont intimement liés. le fil rouge du livre est la vie de William Walker, un aventurier dont l'ambition fut au XIXe siècle de conquérir – pour lui-même – plusieurs pays d'Amérique centrale. Ce fil rouge est prétexte ici à des digressions, des dérivations de tous ordres, des flâneries, des réflexions méditatives, des rencontres de toutes sortes. On visitera avec l'auteur le Nicaragua, le Honduras, le Salvador, d'autres pays encore, le tout à des périodes différentes. C'est touffu, très érudit, et souvent profondément sensible. Un plaisir de lecture et d'intelligence.
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Ce livre aurait tout aussi bien pu s'intituler « Ceci n'est pas un livre sur William Walker », ou en tout cas pas que. Car contrairement à ce que laisse présager la quatrième de couverture de l'édition poche, l'aventurier, fugace président du Nicaragua, n'est qu'un personnage parmi d'autre de cet objet littéraire, pas vraiment roman, pas vraiment récit.
De héros, ce livre n'en a pas véritablement, ou plutôt deux héroïnes, intemporelles, que sont les Amériques, Centrale et Latine. Elles sont l'ancrage géographique de cette navigation hasardeuse à travers le temps. Celui-ci n'est pas ici emprunté comme un fleuve duquel on suit le cours, mais plutôt une horloge, qui cycliquement nous ramène aux événements que l'Histoire semble vouloir rejouer à plusieurs dizaines d'années d'intervalles.

C'est en effet une navigation par écho, et non chronologique, dans laquelle l'auteur nous emmène. Une sorte d'enquête, dans laquelle ce dernier se doit de démêler les faits de la fiction – qui avec le temps prend le nom de légende – qu'on leur ajoute ; lui-même usant de ces ficelles pour nouer son récit, entremêlant anecdotes et événements dont la précision et le romanesque ne semblent pouvoir avoir existes que dans l'imaginaire de l'écrivain. Une manière, sans doute, de nous rappeler que l'Histoire dépend tout autant de ceux qui la fond que de ceux qui l'écrivent et qu'il est parfois plus utile pour ceux-ci de faire naître le Che un mois plus tard ou de décider si, oui ou non, la statue de Francisco Morazán est bien la sienne et non celle du maréchal Ney.

Au final, ce livre m'a laissé un sentiment mitigé, ou plutôt une série de sentiments. de la déception, bien entendu, de ne pas y trouver le récit aventureux sur William Walker auquel je m'attendais ; de la surprise et de la fascination, également, en découvrant l'Histoire ou plutôt les histoires, de ces Amériques ; de l'admiration, bien entendu, pour la plume de l'auteur, dont le talent n'est plus à démontrer, et enfin, malheureusement, parfois un certain ennui, en découvrant que ces mots, tout aussi charmeurs et hypnotiques pouvaient-ils être, ne nous emmenaient, à plusieurs endroits du récit, finalement nul part.

Si vous aimez vous abandonner aveuglément à la plume d'un auteur, et que le chant seul de ces mots suffit à vous bercer, ce livre vous plaira grandement ; si en revanche, la seule poésie de langue ne vous suffit pas et que le cadre d'une histoire vous est indispensable, évitez sans doute cet ouvrage.
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"Pura Vida est un idiotisme costaricien, un ticismo intraduisible. En deux mots, c'est le plus beau compliment qui se puisse adresser à la vie. Lorsque de temps à autre elle le mérite."

En 1997, en Amérique centrale, voyageant du Guatemala au Panama en passant par le Honduras ou le Nicaragua grâce à son pass des compagnies aériennes du Grupo Taca, Patrick Deville lit chaque jour à son hôtel la presse nationale (" ¡Novia del Club Leo Managua Tiscapa, Candidata a Novia Nacional!") et rencontre, à leur domicile ou dans des cantinas, d'anciens révolutionnaires sandinistes. Comme fil rouge il suit les traces de William Walker, aventurier américain du 19° siècle qui partit à la conquête du Nicaragua dont il se proclama président et mourut fusillé sur une plage du Honduras en 1860. Il était question à l'époque que le Nicaragua devienne le centre du monde car on espérait pouvoir y trouver le passage interocéanique. C'était avant que le canal de Panama ne fut percé. Patrick Deville s'intéresse en fait à tous les aventuriers et révolutionnaires qui ont arpenté cette région et ils furent nombreux. Au gré de ses pérégrinations, l'auteur entremêle les épisodes de leurs vies.

Je lis cet ouvrage avec mon atlas Bordas ouvert à la page de l'Amérique centrale sur les genoux, pour mieux suivre les divagations géographiques de Patrick Deville. Quant au cadre historique je ne maîtrise pas tout et je me perds un peu dans les aller-retour de l'auteur, d'autant plus que je ne suis pas capable d'une lecture très suivie ces temps-ci. Pour cause de fatigue il m'est arrivé de poser mon livre pendant deux jours avant d'y revenir. Mais non pas par manque d'intérêt car j'y prends un vrai plaisir.

Patrick Deville sait choisir des personnages aux vies pleines de rebondissements et surtout semble capable de transformer en épopée même le plus anodin de leurs actes. C'est aussi que je suis conquise par son style auquel je trouve parfois des accents poétiques :



"La Rana est de ces établissements neufs construits au carré n'importe où dans le monde, posé sur des parpaings, au milieu d'une zone commerciale, entre un bricomarché et un parking, où des hommes sirotent avec lenteur des alcools anonymes, hurlent parfois à la trahison de la Fortune et vont s'asseoir seuls à l'écart, avec une feuille de papier, écrivent ou croient écrire une lettre qui jamais ne partira. Ils en ont déjà plein les poches. Près du bar, deux ou trois filles, peut-être vénales, s'étaient mises à danser."

Lien : http://monbiblioblog.revolub..
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Déception!
Ce livre ne m'a guère passionnée et pourtant j'aime les livres de cet écrivain.
Trop de lieux, trop de personnages.
Le passé se mêle au présent et je dois dire que je connais mal l'histoire de ces pays d'Amérique, histoire qui doit être passionnante au vu du nombre de coups d'état et de révolutions. La vie de Walker, aventurier américain du Dix-neuvième siècle est noyée dans ces informations périphériques.
Trop touffu pour me séduire.
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Citations et extraits (27) Voir plus Ajouter une citation
L'italianisant distingué découvre la guerre et les pillages, les esclaves marqués au fer rouge et les caciques indiens qu'on fait dévorer par les chiens. Mais, à la différence de Bartolomé de Las casas, c'est au nom des valeurs de la chevalerie qu'Oviedo dénonce ces pratiques barbares. En 1516, il est de retour en Europe et demande audience au très jeune Charles Quint, se rend à Bruxelles, où il plaide pour une conquête respectueuse du code de l'honneur. C'est une erreur politique. Les rois d'Europe préfèrent confier leurs Indes respectives à des brutes sans foi ni loi mais capables d'arracher l'or au plus vite, plutôt qu'à des esprits éclairés qui bientôt s'émanciperaient de la tutelle du Vieux Monde. Pour le reste, et vos états d'âme, voyez la sainte mère l’Église. Elle saura absoudre vous péchés.
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En 1513, un an avant le premier voyage d'Oviedo, Vasco Núñez de Balboa avait découvert la mer du Sud, après avoir traversé l'isthme panaméen, et avait été le premier Européen à imposer l'empreinte de ses bottes sur une plage du Pacifique encore innommé. Cet exploit lui rapportera moins de gloire que le premier pas de Neil Armstrong sur la Lune.
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Pendant tous ces mois passés en compagnie de William Walker, à parcourir l'Amérique centrale sur les traces de son armée fantôme, j'avais peu à peu découvert que certaines de ces vies, emplies d'actes de bravoure admirables, de traîtrises immenses et de félonies assassines, ne le cédaient en rien à celles des hommes illustres qu'avait rassemblées Plutarque. Et il m'était apparu que cette région du monde, pendant les deux derniers siècles, n'avait pas été plus avare de héros, de traîtres et de lâches que ne l'avaient été les provinces grecques et latines de l'Antiquité : là aussi, des hommes avaient rêvé d'être plus grands qu'eux-mêmes et avaient échoué. Et l'idée m'est venue de rassembler certaines de ces vies.
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(...) deux grands clochers en façade, murs blanchis dont les aspérités offrent l'économie d'une horloge, tant le glissement du soleil teinte avec précision, d'heure en heure, le passage lent du jour, pour ceux qui restent adossés au muret de l'aube jusqu'au crépuscule, ne voient pas bien ce qu'ils pourraient faire d'autre dans la vie que suivre le glissement des couleurs en éventail sur la façade de la cathédrale, des roses bleutés de l'aurore au vermeil aveuglant du plein midi, sable chaud et chamois des dunes vespérales, or presque vermillonné de la fin d'après-midi, mauve verdissant du soir (...)
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Posté au coin d'une rue, et en contrebas de la chaussée, l'établissement sans étage est une longue bâtisse de brique et de bois au plafond en lattes, d'où pendent des ventilateurs en métal, long comptoir où des types jouent aux cartes avec la solennité d'une réunion d'état-major, câbles électriques en lianes indécises, le long de quoi les caravanes laborieuses des cafards n'attendent pas la nuit pour rejoindre les différents lieux nécessaires à leurs enjeux stratégiques.
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Videos de Patrick Deville (34) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Patrick Deville
Rentrée littéraire - "Samsara" de Patrick Deville - éditions du Seuil
Les deux héros de ce « roman sans fiction » semblent avoir vécu plusieurs existences. le jeune avocat londonien Mohandas Gandhi en redingote noire et chapeau haut-de-forme devint l'infatigable marcheur vêtu de drap blanc, tandis que Pandurang Khankhoje, lui aussi militant indépendantiste indien, bourlingua un peu partout dans le monde, du Japon à la Californie, combattant révolutionnaire au Moyen-Orient pendant la Première Guerre mondiale, par la suite exilé au Mexique et proche de la petite bande de Diego Rivera et de Frida Kahlo. Il deviendra alors un scientifique célèbre, mènera des recherches en agronomie comme Alexandre Yersin, le personnage principal de Peste & Choléra venu en Inde lors de la grande épidémie de peste.
Le « samsara » définit la grande roue des vies successives à travers la réincarnation. Et c'est bien dans une grande roue que nous entraîne Patrick Deville dans ce nouveau roman, vaste fresque peinte tambour battant, sur un rythme haletant, de l'Inde coloniale puis indépendante, à travers les deux figures fil rouge de Gandhi le pacifiste, et plus encore de Khankhoje le révolutionnaire cosmopolite.
C'est pendant une autre épidémie, récente, que le narrateur parcourt un pays devenu le plus peuplé du monde, depuis les contreforts de l'Himalaya jusqu'à la pointe extrême du sous-continent, à Kanyakumari au sud du Tamil Nadu. Il rencontre des historiens et des géographes, des écrivains et des étudiants, et grâce à eux essaie de comprendre un peu l'histoire des bouleversements souvent terribles qui se sont enchaînés, depuis l'installation du Raj britannique à Calcutta dans les années 1860 jusqu'à nos jours.
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