Je découvre P Djian, et c'est avec plaisir.
Tout ce que j'en connaissais était le film 37°2.
Au milieu des années 80, lors de sa sortie, j'avais à peu près 20 ans, je ne l'avais pas aimé du tout, et je ne l'ai jamais revu.
Le vague souvenir que j'en garde est que les amours glauques de deux trentenaires marginaux ne m'avaient pas inspiré du tout, et il m'en restait un a priori : Djian auteur intello très années 80 réservé à des intellectuels branchés qui adorent donner dans le pathos.
Pas du tout.
Frictions est un roman singulier, les tranches de vie de l'enfance à l'âge adulte du narrateur, de ses relations complexes avec sa mère à son rôle de père. Ce n'est pourtant pas une étude de caractère « psycho-socio » je ne sais quoi, seulement des moments de la vie de cet homme, parfois séparées par de nombreuses années, des séquences assez courtes d'une vie tumultueuse.
Les moments laissés dans l'ombre par l'auteur, laissent à chacun la liberté d'essayer, où pas, d'interpréter ce qui est à peine évoqué, sans jamais nuire à la cohérence du récit.
C'est un roman parfois violent, ponctués de coups de théâtre.
L'histoire d'un homme qui essaie tant bien que mal de rester à flot dans un environnement pour le moins agité, il y faut beaucoup de ressources, de capacités d'adaptation, de volonté, et bien sûr d'humour et d'amour.
« Lors de la campagne de présentation de l'ouvrage, Djian a expliqué : "J'ai choisi ce titre parce que la vie nous montre que, sans jamais en arriver au déchirement, les choses et les gens ont du mal à s'ajuster. Ça grince, ça gratte, mais on reste ensemble, on continue à se parler, à échanger. C'est ça le plus important." »
C'est bien ce que l'on trouve dans cet ouvrage, qui, pour moi, est une belle découverte.