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Karen Martinet (Traducteur)André Martinet (Traducteur) Dominique A. (Préfacier, etc.)
EAN : 9782742782307
376 pages
Actes Sud (30/03/2009)
3.77/5   30 notes
Résumé :
Un grand roman de passion et de transgression, un personnage de femme exaltée, une Carmen des pays nordiques.
Du jour où Monsieur Paul, le nouveau pasteur, débarque dans le petit port de Thornshaw, au cœur des Féroé, toute la ville retient son souffle. Parce qu’à celui-là aussi – on l’imagine, on le pressent – la belle Barbara va tourner la tête. Or elle ne sait aimer longtemps sans trahir…
Barbara est un livre envoûtant, audacieux, magnifiquement prov... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (6) Voir plus Ajouter une critique
le nouveau pasteur, Paul, doit arriver dans ce port des Îles Féroé et tous les habitants l'attendent, Barbara également, veuve des deux prédécesseurs du nouvel arrivant, . Les commérages et ragots tablent déjà sur le sort que Barbara lui réserve, va-t-elle en faire une nouvelle proie ?

Nous voilà plongés dans une histoire ayant pour cadre ces Îles Féroé, bien décrites : une population peu nombreuse, bien hiérarchisée où le clergé côtoie les élites, l'auteur nous parle de ses coutumes, de ses habitants, mais surtout de leur météo rude, de leur mer passant brusquement du calme à la grosse tempête dangereuse.
le climat de ces îles est un personnage important de ce roman, il a le pouvoir de modifier le destin des hommes.

Barbara a également ce pouvoir, elle est innocente et naïve mais ne peut résister à ses désirs, elle fait tourner la tête à tous les hommes, et n'a pas de sens moral. Les hommes la désirent tout en la dénigrant.

La trame est dès lors prévisible et le Pasteur, pourtant dûment prévenu, sera lui aussi subjugué par Barbara , et lui aussi ne cessera d'appréhender son pouvoir de séduction sur les hommes.

C'est un roman sur la passion, sur le destin, sur ces Îles Féroé si rudes.
Globalement, il m'a plu ; toutefois certains passages m'ont fortement ennuyé , notamment ceux relatifs aux réunions de pasteurs.
La fin heureusement, permet d'atténuer ce sentiment, on y verra ce qu'il advient à Barbara, et cet épisode est palpitant.
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Les îles Féroé au XVIIIe siècle sous la couronne danoise. Une jeune femme, Barbara, défraie la chronique. Veuve de deux pasteurs, elle semble jeter son dévolu sur un troisième, frais émoulu de théologie et qui arrive dans les îles. Charmante, charmeuse, impulsive, d'une sensualité à fleur de peau, elle fascine les hommes, et n'écoute que ses désirs.

Un bien beau voyage dans ces îles septentrionales, que je ne connaissais que de nom (il existe une saga islandaise qui s'y passe). Les descriptions de la nature, des paysages, des coutumes, avec en arrière fond les institutions, l'organisation sociale, sont fascinants. J'ai eu l'impression de vivre dans ce petit morceau du monde, de côtoyer ses habitants, de m'éclairer à la chandelle et de traverses des terrains marécageux.

La construction du roman est terriblement efficace et prenante, la découverte des personnages, du contexte, puis une action qui surprend, qui est même haletante par moments (le voyage de Monsieur Paul par exemple). L'humour et un petit côté second degré toujours présent, allègent le récit, lui donnent une légèreté et un grand charme. le livre dégage une vraie sensualité, aussi bien dans l'écriture, que dans les descriptions des personnages, des scènes.

Enfin, les personnages sont dans l'ensemble finement caractérisés. Barbara servant en quelque sorte de révélateur à ce petit monde, les obligeant à se positionner, remettant en cause les conventions et hypocrisies de chacun. Elle-même est plus d'une certaine façon une force vitale plus qu'une personne. Femme fatale et petite fille, irrésistible, manipulatrice et en même temps innocente, elle est une sorte d'archétype.


Il s'agit vraiment d'une très belle lecture.
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Barbara est ce que l'on peut appeler une Carmen des temps modernes. Séductrice et envoutante, elle fascine de par son audace, sa grâce, sa sensualité. A 28 ans, elle a déjà été mariée à deux pasteurs, le troisième à pris la poudre d'escampette avant que l'infortune se répète à nouveau : celle du mari délaissé qui sombre peu à peu dans la folie.
Un nouveau pasteur arrive à Tórshavn, il vient de Copenhague et s'occupera de Vagø, loin de l'effervescence du Port de Tórshavn. Libre d'esprit, intellectuel et indépendant, c'est donc un conquérant gagne les ïles. Dans la population locale tous entrevoient ce qu'il va se passer une nouvelle fois. Barbara, au charme ravageur va jeter son dévolu sur lui.
Tous complotent et craignent la suite des événements à commencer par Gabriel, le cousin de Barbara, qui préférerait qu'elle prenne mari dans le cercle familial (eh oui, cette brute pourrait bel et bien avoir le béguin pour sa cousine). Il y a aussi les parents de Barbara qui assistent impuissants à toute cette débauche de sentiments. Car la jeune femme enchaine les relations sans jamais se fixer. Dépendante de ses instincts amoureux, elle papillonne de l'un à l'autre, flirte légèrement puis revient vers une semi raison avant de retomber totalement dans une passion destructrice.
Ce nouveau pasteur, Monsieur Paul, est donc la cible idéal puisque c'est un parfait étranger et qu'il diffère de Barbara en cela qu'il se met en devoir d'exercer sa fonction consciencieusement, laissant une place plus réduite à l'amour. Enfin, dans les faits c'est effectivement le cas. le nouveau pasteur parcourt les ïles pour prodiguer voeux et cérémonies, quant à Barbara, elle attend de son côté son heure avec une docilité inhabituelle. le temps passe, le couple est maintenant loin du Port, des festivités et de la vie culturelle et villageoise qui plait tant à Barbara.
Inutile de vous dire que Barbara est une inconstante. Parfois portée par de violents élans amoureux, elle peut virer d'une minute à l'autre à l'indifférence. Et le pasteur dans tout ça a bien du mal à comprendre ce qui les anime tous deux.

La grande interrogation c'est que Barbara n'y connait rien à la religion et a même l'air de s'en moquer éperdument. Pourquoi met-elle alors un point d'honneur à n'envoûter que les pasteurs?

Rien ne sert de dévoiler la suite, même si pour moi Barbara a été un personnage particulièrement horripilant. Tour à tour enjôleuse puis sérieuse, elle frise l'indécence avec ses manières de petite fille aussi intouchable qu'offerte à tous. Elle pourrait volontiers être une rivale si elle sortait du roman car son unique raison de vivre est d'aguicher les hommes les moins enclins à succomber à ses avances.
Mais c'est justement dans ce jeu dangereux qu'on se dit que Jacobsen a été très fort. Il réussit à nous faire détester son héroïne et, en quelques pages, à la fin du roman, à exulter de bonheur sur son sort (et il n'est pas ce que vous croyez). Quoi, j'en ai trop dit? Non point assez car ce roman suit les évolutions tumultueuses de sentiments contradictoires jamais tout à fait domptés. On est à flot et la brise est pour l'instant légère !
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Dès le début, je m'énerve, j'ai besoin de me situer ....
Midvaggur, sur l'île de Vagar, madame Google a des faiblesses et refuse de m'aider.
Heureusement, madame WikiPedia peut prendre la relève.
Miðvágur est une ville des Îles Féroé, située sur la côte sud de l'île de Vágar.
Pour l'anecdote, cette ville est connue pour être le meilleur endroit de l'archipel pour chasser la baleine, (exemple, en 1989, les chasseurs ont tué 1 300 !).
On découvre Kálvalíđ, la plus vieille maison du village et peut-être de toutes les Îles Féroe. Elle est devenue un musée. C'était surtout la maison de Beinta ou de Barbara ?
Merci Dominique A, je me sens un peu moins seule. Avec sa préface, il me montre le chemin de cette découverte littéraire.
Jørgen Frantz Jacobsen, l'Écrivain des Îles Féroé !
Dépaysement....
On va commencer par les noms, Catherine-dans-la-cave, Samuel Tape-cul, Pou-de-varech !
Pour donner une idée de l'ambiance : qu'une femme entre dans un commerce, ose venir essayer de récupérer un peu de mélasse, en dérangeant une conversation d'homme ... Elle voit son entrée juste signalée par le tir de crachats des hommes un peu allongé !
Très compliqué, nous ne sommes pas en Islande et pourtant la description des lieux y fait très souvent penser.
Nous sommes au Danemark, seule référence à la civilisation, mais nous sommes bien loin de Copenhague. Une grande ville, si éloignée, de l'autre côté de l'océan.
La vie sur ces iles, dans un passé intemporel, c'était juste hier ou avant hier, une vie âpre, rugueuse, liée aux éléments incontrôlés et incontrôlables alors on vit avec sans se plaindre.
Le rêve de l'amour, le grand amour, un portrait de femme séductrice,
Des portraits d'hommes vivant hors du temps, petite société centrée sur elle qui se protège comme elle peut,
Une communauté d'hommes d'église, fragile, enfermée sur elle même, peut être juste pour survivre, les histoires de bon dieu servent seulement de prétextes.
On doit baptiser, marier, bénir les cercueils. Il faut respecter les traditions.
Mais les gens se moquent de ce bon dieu et même les hommes d'église se contentent de remplir leur rôle avec modération.
L'écriture, souple, fluide, jamais désuète, nous trace le portrait d'une légende, de son amoureuse, de ses rêves.
En conclusion, ce n'était pas la peine de s'énerver, la carte situant le lieu de l'intrigue, avec tous les détails, se trouve à la fin du bouquin !
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Barbara, déjà veuve de deux pasteurs, s'éprend de Paul, le jeune pasteur fraichement arrivé de Copenhague. Femme fatale, femme enfant, belle, sensuelle, entière, Barbara écoute la voix de son coeur avant celle de la raison et des conventions, sociales et religieuses. Désirée par les hommes, enviée par les autres femmes, Barbara ne laisse personne indifférent dans le microcosme de la société féroïenne du XVIIIè siècle. Publié en 1934, après la mort de son auteur, le roman continue à nous interroger sur notre perception du sentiment amoureux et de l'exclusivité qui s'y attache. Barbara est une femme amoureuse, elle s'attache facilement mais se délie tout aussi facilement des liens que lui impose le mariage dès que son coeur la porte vers un autre homme. Et Paul, le mari bafoué, en prend son parti. Mais à la fin, elle se fait duper par la petite bourgeoisie, trop heureuse de voir les choses rentrer dans l'ordre moral et de tenir une petite vengeance sur la femme insaisissable. Un roman moderne, qui continue de nous interpeler tant on n'a de cesse de comprendre l'amour, que l'on soit au Féroé au XVIIIè ou en France au XXIè siècle
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Citations et extraits (10) Voir plus Ajouter une citation
Les hommes, qui interrogeaient le ciel plein d'étoiles, estimaient que le beau temps allait certainement tenir toute la journée, et tiraient les rames avec vigueur. Des deux côtés ils voyaient défiler sous leur yeux la côte découpée, dont les sombres rochers étaient couverts de givre. Quand ils atteignirent l'embouchure du fjord, ils distinguèrent à la faible lueur des étoiles la lointaine silhouette de Myggenaes dont le cimes neigeuses surgissaient solitaires dans l'immensité de l'Océan. Sur les côtes noires et abruptes, la neige n'avait pas de prise.
Peu après, les étoiles commencèrent à pâlir et quand la barque eut atteint la pleine mer, le jour se leva. Vers l'avant, en un spectacle grandiose et terrifiant, la silhouette de Myggenaes grossissait à chaque instant, découpant ses rochers sauvages sur les lueurs rouges de ce matin d'hiver.
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Mais ce soir-là, les yeux ne restèrent pas longtemps fixés sur le ciel. Les Français criaient déjà dans les brisants. Ils jetèrent les amarres d’un vigoureux tour de rein et sautèrent à terre, découvrant en riant leurs dents blanches. Les femmes de la ville perdaient la tête. De leurs yeux gris et mornes, elles buvaient le soleil farouche qui luisait dans le regard des étrangers, et éclatait sur leurs visages basanés. Elle sentaient le sang bouillir dans leurs veines. Leurs tympans vibraient des bruits de bottes et des cliquetis d’épée. Le rythme mâle de cette invasion les avait arrachées à elles-mêmes.
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- Je ne sais que vous dire. Notre pauvre raison est bien notre unique recours, et c'est justement pour cela qu'on lit Holberg, Bayle et Locke. Mais si, dans mon ignorance, je me permet de critiquer un peu ces auteurs, c'est uniquement en ce qu'ils oublient avec tous leurs raisonnements que l'homme est foncièrement déraisonnable et ne peut pas vivre hors de l'égarement. Je ne suis pas très loin de croire, comme mon frère, au pêché originel !
- Au pêché originel ?
- Oui, ou si vous voulez à la déraison originelle. Pêché et folie ne sont au fond que deux noms pour désigner la même chose. Cette folie irrite cruellement mon frère Wenzel. Il l'appelle pêché. Il se livre sur ce chapitre à de longues jérémiades et prend le ciel à témoin de la profonde misère de son cœur. Je ne me sens pas, croyez-moi, meilleur que lui d'un cheveu, et me considère comme un malheureux égaré. Tout bien considéré, mon cher Monsieur Aggerso, que sommes-nous d'autre que des bêtes perpétuellement possédées par la rancœur, la cupidité, le désir et la vanité – oui, surtout par la vanité? Il secouait la tête en riant. Hélas ! Telle est notre nature, que ce soit du diable ou de quiconque que nous tenions cette âme de singe stupide.
Vous avez raison, dit Monsieur Paul, que ne serions-nous pas si Dieu, dans son amour, ne nous avait donné la grâce qui nous lave de tous nos pêchés ?
La grâce, dit le juge, peuh ! La grâce. Pardon. Qu'est-ce donc que la grâce, sinon une cassolette qu'on respire quand la puanteur du pêché devient trop âcre ?
[...]
- Voyez-vous, dit Johan-Hendrik, le démon, nous ne le chassons jamais de notre cœur, que nous soyons chrétien ou athée. Avez-vous lu Pascal ? Non. Mon frère Wenzel non plus ne l'a pas lu. Mais il a lu Kingo, et dit volontiers avec lui : « O monde d’ici-bas, je t'ai longtemps servi, mais je suis triste et las. » Il n'est bien entendu ni triste ni las, il n'est qu'un pauvre diable comme nous tous. Moi, je ne sais vraiment pas comment le Seigneur arrive à faire entre nous la différence. Ma pauvre petite raison m'a bien conduit jusqu'à connaître ma folie, mais jamais jusqu'à vouloir améliorer mon cœur indocile. Cette raison ne m'a pas aidé plus que la grâce. Je ne crois pas pouvoir honorer Dieu autrement qu'en utilisant la lumière qu'il m'a donnée, en dépistant le mal en moi, en tachant de me rendre utile dans la sphère où j'ai été placé. Dans ma condition, il y a peu à apprendre et moins encore à faire. Mais vous, mon ami, vous devez savoir que les hommes qui rencontrent la véritable grâce sont justement ceux-là dont se joue le Destin, à condition, bien entendu, qu'ils daignent en tirer une leçon.
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“ce n’est pas mon habitude de faire la grasse matinée, mais les livres me passionnent parfois à tel point qu’il m’arrive d’en oublier de me lever”
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Quelque chose l’empêchait de jouir pleinement de sa félicité. Il savait maintenant combien le bonheur est fragile et l’inquiétude le tenait en éveil. Il apprenait que la flamme de l’amour ne brûle claire et pure que si le souffle de l’incertitude vient le vivifier. Ce dernier, qui autrefois n’était qu’intermittent et inégal, soufflait maintenant comme un vent calme et constant.
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