Ainsi va le jeune loup au sang est un roman déroutant, signé par
Christophe Donner dont j'avais adoré le livre
Un roi sans lendemain.
L'histoire commence à Montparnasse dans les années 60. le père de Samuel est mort. La mère l'élève comme elle peut, accrochée à sa maison du passage d'Odessa, que la mairie menace d'expropriation. Les gens du quartier tentent de résister mais c'est peine perdue. La mère entre à Sainte-Anne et Samuel rêve de dynamiter la tour dont on achève la construction. En prison, il fait l'apprentissage brutal du
sexe et il rencontre des hommes. Des livres, aussi. Sorti de là, il est adopté par un couple étrange dont il devient tout à la fois le fils prodigue et l'ange exterminateur. C'est jusqu'au sang que le rebelle ira chercher la rédemption.
Christophe Donner réussit à sublimer un récit qui sombre peu à peu dans le sordide. Peut-être trop. Plusieurs fois pendant la lecture, je me suis arrêté en me disant que là, c'était trop, que la surenchère dans le glauque devenait presque malsaine. Mais j'ai continué, parce que l'écriture de
Christophe Donner est magnifique, qu'elle dépasse les excès de l'histoire. le début et la fin du roman sont splendides, le milieu est plus difficile à lire, sans doute parce que cette partie du roman est consacrée à la descente aux enfers du narrateur ; on y perd en structure et en cohérence ce qu'on gagne en profondeur et en plongée dans les entrailles et dans l'âme de Samuel.
Je dois l'avouer, j'ai été mal à l'aise pendant une partie du roman, j'ai lu très vite certains passages pour me retrouver en terrain connu, loin du sordide des scènes en prison, par exemple. Je garde tout de même un bon souvenir de ce livre, parce le style – simple mais haletant – de
Christophe Donner illustre parfaitement le basculement de la vie d'un individu comme les autres, confronté à des événements extérieurs difficiles.