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sur 638 notes
Nouvelle traduction d'un classique de la littérature américaine, Manhattan Transfer c'est le bruit et la fureur de New York au début du siècle dernier, au travers de la vie de plusieurs personnes en point de repère de l'oeuvre : un orphelin d'une famille fortunée, un avocat enrichi grâce à une bonne affaire, une jeune actrice montante, des ouvriers désoeuvrés et prêts à tout pour se créer une place au soleil… Manhattan Transfer est un roman compliqué. À décrire comme à lire. Dos Passos multiplie les passages d'un protagoniste à l'autre, les laissant parfois à l'abandon pour les retrouver plusieurs pages plus loin, un peu comme ces fourmis que l'on suit au hasard, et le lecteur qui cherche la facilité pourra facilement se lasser. Cette exagération, cette rapidité, et en même temps cette superficialité, semble voulue, pour mieux correspondre à la réalité de la ville. Il faut prendre le mot transfert dans ce roman pour ce qu'il est, un passage, un débarcadère pour des gens venus tenter leur chance. Chaque page est un nouveau prétexte à une description de la cité, de ses rues, de ses habitants, au travers d'un kaléidoscope en accéléré. Dos Passos nous donne le tournis. Pour un peu, on entendrait les sons des cloches des steamers, celui des carrioles dans les rues pavées, les voix des crieurs, le tumulte des tavernes ou des restaurants chics, tandis que monterait à nos narines l'odeur mêlée des poussières de charbon, la sueur et la graisse, ne parvenant pas tout à fait à couvrir celle de la poudre et des parfums des cocottes apprêtées.
Faisant partie des romans marqués par ce qu'on appelle le flux de conscience, c'est une forme narrative que l'on pourrait interpréter comme un monologue intérieur, le bousculement des pensées d'un individu. Pour ceux qui le connaissent, l'auteur de Trainspotting, Irvine Welsh, a eu recours à cette forme d'écriture très particulière. Un petit tour sur la page anglaise de Wikipédia permet d'en apprendre davantage.
Je remercie les éditions Folio pour leur confiance.
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Manhattan Transfer est publié en 1925, pratiquement au même moment que le grand Gatsby de Scott Fitzgerald, et l'Ulysse de Joyce.
Le grand Gatsby présente la bourgeoisie et ses « affaires »de la « génération perdue » expression rapportée par Hemingway dans Paris est une fête. (Gertrude Stein se plaignant auprès d'un garagiste à Paris, le mécanicien lui répond : « vous êtes tous une génération perdue ». Parmi eux, Faulkner, Dos Passos, Hemingway, Joyce, Scott Fitgerald,
La manière stylistique totalement nouvelle de « Gens de Dublin » nous permet de comprendre l'écriture , nouvelle elle aussi, de Manhattan transfert.
Plus encore, et bien qu'aucun film n'ait intéressé Hollywood, le voyage que Dos Passos fait en Russie et sa rencontre avec Eisenstein, lui inspire un roman coloré et surtout construit en petits plans très différents les uns des autres. Comme un film.
Pour l'européenne que je suis, Manhattan transfert est le roman du foisonnement des habitants, parfaitement raconté par le nombre de personnages qui s'égrènent les uns après les autres, et celle de la solitude complète de chacun d'eux. Les récits s'enchainent sans qu'aucun chapitre ou marque nous indique que le héros, ou plutôt l'anti-héros, a changé.
le personnage principal du livre est la ville, ou plutôt le port de cette île, à travers trois décennies. Manhattan est une île, pas moyen ni d'y entrer ni d'en sortir, sauf par le port (et aussi le pont construit en 1909, unissant Brooklyn à Manhattan)
Les couleurs des habits de chacun sont toujours décrites, comme un rappel (ceci est ma vision et simplement elle) de la grisaille des rails, du port, de l'acier. Il y a du vert, du bleu, du jaune dans les habits, mais une sorte de complaisante immobilité les figent tels qu'ils sont, cherchant leur chemin, trompant le mari qui travaille, attrapés par le tramway.
Les hommes forment une tapisserie multicolore, ils ne semblent pas dans la première partie avoir un quelconque rapport les uns avec les autres, les saynètes se suivent et ne se ressemblent pas. Ils caractérisent aussi des types d'hommes différents : le politique, l'ambitieux, le mendiant, celui qui échoue coûte que coûte, le criminel qui se suicidera, l'actrice femme fatale, dont nous assistons à la naissance et au rejet de sa mère, le marchand, les juifs, constamment présents.
Ceci sur un laps d'une trentaine d'années.
Comment tout ce petit monde se rencontre-t-il ? autour d'un verre. Après la ville, le deuxième personnage qui lie les individus, c'est la boisson.
Pour entrer dans le roman, j'ai studieusement noté tous les personnages les uns après les autres.
Puis j'ai eu vraiment l'impression de « lire » un tableau d'Edward Hopper.
Et là, « Manhattan transfert » a comme sauté sur mes genoux, j'avais besoin de cette grille de lecture. Ce n'est qu'en regardant Hopper, ses verts, ses bleus, ses jaunes, et la solitude de chacun de ses modèles, la manière plaquée et immobile de chacun, que l'on apprécie Manhattan transfert de Dos Passos.





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Un roman très américain, que j'ai aimé, bien qu'il m'ait un peu irrité, voire saoulé, car que je ne suis pas trop habituée à lire des livres qui sont presque totalement descriptifs ! Trop de narration et pas assez d'action ou de dialogues. Don - Passos décrit des actions bien trop longues ! Des demi-pages souvent ! Ensuite, il met en scène des dialogues, ce qui fait trop théâtre, je trouve. de ce fait, je n'entre que rarement dans les pensées des personnages, ce qui m'agace. C'est pour cela que je n'ai pas réussi à m'attacher aux protagonistes même si beaucoup d'entre eux sont vraiment bien décris. Ce roman navigue avec une galerie de personnages très typés, parfois pittoresques, dont la majorité sont immigrés. Ce qui donne de la couleur à l'ensemble,il est juste dommage qu'on ne ressente rien. Certaines de leurs routes se croisent de temps en temps, Dos Passos dresse ainsi le portrait d'un New-York, meltingpot comme on l'imagine. Cela pourrait faire un film intéressant. Ce qui me plairait sans doute mieux que la forme romanesque qui est bien trop sec à lire.
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Solitudes new-yorkaises qui s'entrechoquent, se croisent et se déchirent, se reflètent dans les mirages du succès, l'âpre survie au jour le jour. Roman lyrique de la modernité, de son désenchantement, Pour restituer ses errances, cette policée indifférence à autrui, cette mécanique tant intime que collective, John Dos Passos suit une multitude de silhouettes, de destins douloureux aux traitements souvent abrupt, vertigineux dans la nouveauté d'un traitement expérimental. Manhattan Transfer admirablement, un rien froidement parfois, restitue la saveur d'une époque dans sa course à l'effondrement, dans son arrière-texte biblique, mais aussi dans son espoir communiste.
Lien : https://viduite.wordpress.co..
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le roman date de 1925 et on ne peut pas dire que cela se lit "facilement".
Il peut rebuter rapidement. Mais si on parvient à entrer dedans, que c'est bon.
Une cacophonie de personnages qui se côtoient sans se voir, ni s'entraider.
Ils se fracassent devant leurs illusions.
5 à 6 personnages retiennent particulièrement l'attention mais derrière la narration "en miettes, se dévoile peu à peu le héros du livre, Manhattan, pricipale protagoniste du récit.
Un montage méticuleux avec pour matériau principal , les lieux, l'atmosphère et les habitants.
Pas facile vous dis-je mais un grand livre à lire patiemment !!!
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Lire Manhattan Transfer, c'est s'immerger dans un New York disparu, celui des quais d'où débarquaient tous les immigrants., celui de la fin du 19 ème siècle. C'est se confronter à une multitude de personnages qui vont et viennent, se croisent et se recroisent, se parlent ou s'ignorent. Mais c'est surtout se confronter à un style révolutionnaire à l'époque de sa sortie, un kaléidoscope d'informations sous forme de publicités, d'extraits de journaux qui font irruption dans la trame du roman.
C'est le prélude à sa trilogie qui verra l'apothéose de cette forme littéraire. L'histoire peut sembler décousue mais on suit assez bien les différents héros.
A noter que c'est la traduction de COINDREAU que j'ai lu, Jaworski en a fait une autre plus récente.
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J'ai ai aimé ce roman impressionniste sur New-York et j'adhère complétement aux nombreuses critiques élogieuses ( voir celle de Nastasia B ) J'ajouterai simplement que les destins des personnages de ce livre ,qu'ils soient riches ,pauvres escrocs ,artistes ,financiers etc... en ce début de 20 ème siècle m'ont rappelé que notre passage sur terre n'est que fugace ,que la ville de New-York ,elle, est toujours là ! grouillante ,pleine de vie ,d' énergie et reste le symbole du grand capital ,de l'argent .Elle attire donc toujours l 'humanité entière ,certains réussiront ,d'autres non ,mais chacun ne fera que passer.
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Roman choral et kaléidoscopique, à tel point qu'on s'y perd quelque peu, et, donc, parfois déroutant… Peu importe, tant le style est époustouflant et la construction originale. Les descriptions d'un New-York en construction permanente, phare de la modernité, réceptacle de tous les espoirs et de toutes les désillusions, alternent avec les bribes de destin de divers personnages pris au hasard dans la mégapole, comme des papillons tournant autour d'une lampe. Une réputation de chef d'oeuvre de la littérature américaine, non usurpée.
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Contemporain de Faulkner et célèbre bien avant lui, Dos Passos a publié ce roman trois ans après l'Ulysse de Joyce. La critique lui attribue comme à Faulkner et Joyce l'usage du courant de conscience, ce que ne confirme pas la lecture. Rarement intériorisé, dominé par les dialogues, le récit est fragmenté dans le temps (ses trois parties correspondent à l'été 14, au retour de la guerre et à la fin des années 20). Il se distribue entre de multiples acteurs des deux sexes et de tous milieux, saisis de l'extérieur dans les rues, les taxis, les dancings, les appartements miteux ou bourgeois. La fragmentation du récit jointe à la multiplicité des acteurs rend la lecture difficile. Trois traits sont particulièrement frappants.

Le premier est l'enfermement dans New York — la plus grande ville du monde à l'époque —, bruyante, puante, dangereuse, en perpétuel mouvement, dont on ne s'échappe qu'aux toutes dernières lignes du roman : « Un énorme camion de meubles vient d'arriver, jaune, étincelant. — Dites, vous pouvez me prendre à bord pour un bout de chemin ? demande-t-il au rouquin assis à son volant. Vous allez loin ? Sais pas… assez loin, oui ».

Puis la confiance aveugle en l'avenir, au succès d'un capitalisme débridé qui fait renoncer à toute prudence et impose un égoïsme total : les personnages acceptent le court terme qu'on leur impose, ses tuyaux, ses combines, ses trahisons, au bénéfice d'un avenir dangereux, d'un quitte ou double qui aboutira quelques années plus tard à la crise de 29. Dans une ambiance hystérique-alcoolique, les puissances en action sont « le sorcier de Wall Street », Moloch souvent nommé, les syndicats insistants et la grève, les détectives des firmes et le lockout, la spéculation immobilière.

Un troisième trait est le caractère sensoriel et sauvage de ce roman urbain, son écriture immédiate, impressionniste, à la limite du figuratif : bruits, sons, odeurs ; pluie, froid, canicule ; le désir, l'épuisement et la faim. On pense aux Illuminations d'un piéton considérable.
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Je ne m'attendais pas à un livre si beau et si prenant. Dos Passos brosse une fresque sur le New York des années 1890 à 1920, mais il ne s'agit pas d'un roman traditionnel, centré sur un personnage ou éventuellement une famille: à travers des scènes de la vie d'une dizaine de femmes et hommes issus de différentes classes sociales durant cette trentaine d'années, on circule dans bien des milieux et bien des endroits de la métropole. Certains des personnages se connaissent ou seront amenés à se connaître au fil du roman, d'autres pas; Dos Passos évite soigneusement toute intrigue, tout romanesque pour simplement juxtaposer ces moments d'existence. Nul autre intérêt ici que la vie des êtres humains et la vie de la ville.
La ville, justement, compte beaucoup ici, comme si elle était en réalité le protagoniste: Dos Passos décrit par petites touches les rues, les intérieurs, les bars, les hôtels, les restaurants, les ports... Tous les sens sont convoqués: on voit, on entend, on sent New York. le décor de cette métropole, sa dureté aussi, sont magnifiquement rendus par un style sobre, sans clinquant ni effets, souvent poétique, quoique discrètement.
Même sobriété dans la peinture des personnages et de leurs émotions: bien des moments sont tragiques ou au contraire comiques, mais l'auteur sait faire ressortir cela sans appuyer, sans pathos ni burlesque intempestif. La joie comme la peine, constamment présentes, n'en ressortent sans doute que plus fortement.
Un magnifique pendant "nordique" aux romans "sudistes" de Faulkner, de la même époque, dans une même veine moderniste.
(Et pour moi, une cure de belle et bonne littérature après l'assommante "Tragédie américaine" de Theodore Dreiser - cf. ma critique de cet ouvrage sur ce site.)
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