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EAN : 9782200344214
240 pages
Armand Colin (30/06/2005)
3.75/5   2 notes
Résumé :

Le roman policier est à peu près le seul genre qu'ait inventé la littérature moderne. Mais il y a plus étonnant : ce même roman, réputé ludique, réputé trivial, est l'expression de la modernité même, dont il accompagne la naissance et le développement. Elle fait de lui, aujourd'hui, une forme universelle, trans-médiatique, interchangeable. Le policier comme grande forme moderne est ici ... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (2) Ajouter une critique
Un genre qui fait le bouffon. Prétention à se faire reconnaître comme littérature, aspiration à la noblesse ; mais, s'assumant encore assez mal, revendique sur un mode ironique ses lettres de noblesses (exemple de L'année du polar / Michel Lebrun. Ramsay donné p. 76).


Le carré herméneutique (ou carré des rôles):

Histoire \ Régime | rég. de vérité | rég. du mensonge

Hist. du crime |Victime (ou son mandataire) | Coupable (complice)

Hist. de l'enquête | Enquêteur (lieutenant) | Suspect (témoin)


Considérations sur la figure du suspect dans le personnel de romans policier. Moins visible parce que actant plutôt que personnage ; figure fluide du récit, multiple et changeante ; les soupçons du détective et du lecteur sont amenés à se déplacer sur différents personnages. le suspect est aussi un adjuvant de l'enquête ; il est une pièce essentielle de la résolution de l'énigme lorsqu'il doit assumer sa défense et démontrer son innocence.(pp. 90-94)

L'utopie de Rouletabille : obtenir aux reporters un prestige social au même niveau que celui des scientifiques ; anoblir la profession de journaliste. Pp 167-170.
L'utopie de Maigret : l'évacuation des antagonismes sociaux tout en maintenant les barrières sociales.
L'utopie de Japrisot (in Piège pour Cendrillon et L'été meurtrier) : Oedipe féminisé. Roman (inconsciemment) féministe.
Jacques Dubois dégage de ses considérations sur des oeuvres particulière une problématique oedipienne. Il se garde de faire de pièce de Sophocle le premier roman policier. Il remarque cependant que Oedipe roi contient tout les ingrédient du récit policier et que ce genre romanesque moderne semble travaillé par ce complexe que la psychanalyse aurait découverte dans l'inconscient de tout être humain et auquel elle a donné le nom du héros tragique.
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Je ne suis pas loin de pensée comme l'auteur que le roman policier prend ses sources dès l'apparition du genre fictionnelle qu'est le roman au 19e. Pour moi les grands romans naturalistes sont des polars en puissance, des romans noirs et sociétaux. Même certaines oeuvres romantiques jouent elle aussi sur la thématique du crime impuni, de l'erreur judiciaire et de la vengeance.
Ici le roman policier est ici décrit et interrogé en référence à la tradition française, à travers son histoire, ses structures et trois expériences de création : Simenon, Leroux, Japrisot.
Le livre se présente en trois grands actes, un peu comme une tragédie grecque.
Livre I : unité d'une histoire. Naissance d'un genre. Roman judiciaire contre roman artiste. L'émergence du moderne. La loi du genre. Livre II : duplicité d'une forme. le système des personnages. le jeu avec le code. L'écriture du soupçon. de l'énigme au secret. Livre III : trois utopies et un complexe. L'utopie de Rouletabille. L'utopie de Maigret. L'utopie chez Japrisot. le genre où Oedipe est roi.
Mais, bon la théorie c'est bien beau, le mieux c'est sans doute le plaisir que nous apporte cette littérature en nous faisant explorer le monde, en nous en montrant ses failles, ses injustices et ses contradictions. D'ailleurs en parlant de contradiction, j'ai plutôt l'habitude de dire…les littératures policières tellement le genre est divers et varié. Alors vive le polar et que vivent les littératures policières qui sont aujourd'hui les littératures les plus inventives, imaginative et vivantes qu'il soit et surtout le plus représentatives de notre monde. Un regard à la fois sociologique et intimes sur ce qui nous entoure.

Lien : https://collectifpolar.com/
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Citations et extraits (5) Ajouter une citation
On a généralement réduit la question des débuts du roman policier à un problème de paternité. Quel est le véritable inventeur du genre ? E. Poe aux États-Unis vers 1840 ? É. Gaboriau en France ou W. Collins en Grande-Bretagne vers 1860 ? Conan Doyle, en Angleterre encore, vers 1880 ? Ou même Gaston Leroux et Maurice Leblanc au début du XXe siècle ? Ces diverses hypothèses présupposent une génération spontanée de la forme nouvelle, une invention aussi soudaine qu’éblouissante. On dira plus justement que la naissance du roman policier se présente comme une formation par paliers, s’étageant sur trois quarts de siècle en plusieurs temps forts et progressant vers une définition et une autonomie de plus en plus accusées. Deux aspects du phénomène donnent un relief singulier à cette élaboration progressive : la scansion des temps forts en intervalles de 20 ans et l’oscillation de la courbe entre un pôle anglo-saxon et un pôle français. Au total, nous sommes devant un procès complexe, étalé dans le temps et l’espace et faisant interférer plusieurs littératures nationales selon un principe d’alternance. À tous égards, l’idée d’une origine unique et circonscrite ne résiste pas à l’examen.
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…il existe, comme y a insisté Uri Einsenzweig, une certaine incompatibilité entre structuration d’ordre logique (l’énigme en elle-même) et structuration d’ordre chronologique (le récit de l’enquête et du crime). La première se fonde sur un raisonnement déductif pour lequel le déroulement temporel n’est que très secondaire et ne fait pas sens. Au contraire, la seconde joue d’une durée causale et en retire sa signification. Pour l’auteur policier, se pose donc la question de lier étroitement la résolution de l’énigme à un développement narratif que cette énigme de présuppose nullement, d’intégrer la forme d’un « problème » à celle d’une histoire.
(…) De toute façon, le lecteur est en présence d’un récit boiteux, claudiquant entre deux postulations contradictoires. Le comportement hystérique des héros-détectives est en général l’expression de cette contradiction mal vécue. Frénésie interprétative de Holmes, agitation de Rouletabille, identification insistante de Maigret ; à chaque fois se déploie un gestuel démonstratif et hyperbolique dont la visée est de masquer l’impossible conciliation romanesque entre le régime herméneutique et le régime proprement narratif.
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Apparue au milieu du XIXe siècle en tris littératures et en trois pays différents, le roman dit policier ou encore judiciaire a d’emblée été perçu comme formant un genre à part. À la faveur d’un succès de plus en plus grand et d’un renouvellement continu, il n’allait plus cesser de s’affirmer comme indépendant. Étroitement liée à celle de l’époque moderne, son histoire reste à écrire, son histoire sociale spécialement.
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La littérature n’est plus exactement avec lui le mode de communication qu’elle était. Pour une part au moins, le texte policier et son support induisent des relations inédites au plan des pratiques et des représentations. Et c’est ici que l’explication « institutionnelle » ne suffit plus à rendre raison de la naissance du genre. C’est pourquoi il convient d’interroger à présent les conditions de cette naissance en regard d’une mutation culturelle plus globale et de montrer comment elles correspondent aux attentes d’une société dans son ensemble
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Pour accréditer l’idée de la noblesse du reportage et, par-delà, d’un groupe social entier, il a recours à cette ruse charmante que nous avons reconnue : rassembler en une communauté dont il espère l’unisson grands savants et publicistes intrépides au nom du passage d’un forme vieillissante de l’aventure (ou de l’investigation) à une forme nouvelle, plus sophistiquée, plus distinguée, digne de rivaliser avec les procédures de la Science.
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