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Critiques filtrées sur 5 étoiles  
Lorsque Tristan Egolf débarque à Paris depuis les USA, c'est un jeune fou promenant une guitare, un manuscrit et une sébile pour mendier dans les couloirs du métro. Sa rencontre avec Marie Modiano sera l'événement déclencheur de l'édition du Seigneur des porcheries, Patrick Modiano ayant déchiffré un chef d'oeuvre entre les pages envahies d'une écriture compulsive.
Jamais plus bel hommage ne fût fait aux culs de basse fosse, aux bannis, aux miséreux d'une Amérique boursouflée et pseudo civilisée.
John Kaltenbrunner voit le jour à Baker, comté de Green, dans le Midwest profond.
Gamin détonnant, asocial, hameçonné dès sa naissance par une étoile pernicieuse, sa courte vie sera un chemin de croix pavé des pires avanies que peut concevoir une humanité pourtant peu encline à la mansuétude. Figure christique d'un univers dantesque, John incarne malgré lui le rôle d'anti héros d'un film apocalyptique.
Dans cette bourgade imbibée d'alcool, de cupidité, de bassesses, où des siècles de consanguinité ont engendré des générations abâtardies grimées de bondieuseries illuminées, la trajectoire de John sera celle d'un ouragan.
Gamin fiévreux nourri de milles expériences traumatiques, il rejoint l'équipe des torches-collines, les éboueurs, que l'échelle de l'humanité relègue juste en dessous des rats d'égouts.
Et la communauté va basculer...
A mesure que la grève initiée par John fait grandir les tas d'ordures, les citoyens se dépouillent de leur vernis civilisé...
Un livre féroce, jubilatoire, écrit au vitriol pour mettre à nu la réalité d'une Amérique biberonnée aux alcools forts, vouant culte aus principes d'autodéfense armés, détestant son prochain avec une ferveur rachetée pour quelques dollars à des prédicateurs en veine de foi mais non de cupidité.
Il y a tant de critiques dithyrambiques à propos de ce livre que mon apport personnel ne rajoutera rien. C'est une claque littéraire qui réussit l'incroyable pari de faire naître des fleurs sur un océan d'immondices.
Quelle énergie désespérée a t'il fallu à Tristan Egolf pour extraire de ses tripes juvéniles ce premier roman époustouflant ?
Les génies ont la peau plus dure que le coeur. Apprendre qu'une balle "autoportée " l'a rayer du monde à 33 ans ne m'a pas surprise. Quelque part, à l'image de John, son probable alter ego, peut-être lui a t'il fallu aller jusqu'au bout de son propre évangile.
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Attention! Elle est là... la giffle littéraire.

Infiniment reconnaissant à la commu' de m'avoir poussé a me procurer ces 420 pages de talent brut, injecté aux anabolisants, après quelques mois le temps de digérer un peu le choc, c'est avec un rictus que je laisse trainer mes doigts sur la cote, suintante d'humour,de ce bouquin - joyeux bordel rudement bien ficelé. Et voila je m'en suis encore foutu plein les doigts..

Je vais etre si peu crédible par la suite car il y a tellement d'affect que ce sera difficile d'etre objectif, je vais commencer par les deux seuls reproches que j'ai à faire :

- Armez vous d'une boite de Lexomil / boite à chaussure de cocaïne / ou vidéo de bébés chats, quelque soit votre truc pour passer ce cap fatidique de l'intro qui va vous donner un mal de crâne carabiné et risquerait de vous dévier du droit chemin, de cette ode à l'apocalypse. Vous verrez, vous y reviendrez après avoir fini, la patte tremblante, ce livre ensorcelé, car vous saurez de qui qu'on cause.

-Si vous cherchez des dialogues sous la forme 'standard', renvoyez vous donc quelques Lexo dans l'gosier car sauf erreur de ma part je n'en n'ai pas trouvé. Et je n'irai pas vérifier, cet ouvrage est si précieux que sa place est au coffre.

Une fois de plus, le résumé n'est vraiment pas ma tasse de thé et de toute manière il règne une telle pagaille dans le comté de Greene que c'est encore une partie de ping-pong qui s'en passe dans ma tête.. à tel point que j'ai envie de hurler TAISEZ VOUS façon Finkielkraut ( pour ceux qui auraient loupé cette pépite de freak-out le lien est juste en bas). Allez donc zieuter les critiques un peu plus haut.

Si votre petit péché mignon c'est se délecter d'un bourbon en regardant le monde cramer, alors laissez John, ce bon vieux furieux, Héraut de l'apocalypse, annonciateur de désastre, ou prophète de la zizanie vous choper par le col-back et vous montrer de quel bois on se chauffe.

J'en ai surement déja trop dit alors je me fait la belle en douce, en évitant soigneusement de chambouler cette sculpture de sacs poubelles..
-C'est du Néo-post moderne non ?
..car je viens de voir un porcelet qui se fait la malle.

OUAIIIS ok, je vous l'accorde, je suis en mode private joke, mais rien ne vous empêche d'en faire autant, quand vous aurez devoré ce brillant ouvrage tellement bien ficelé.

Qu'est ce que vous attendez ? Z'etes encore la ? A Vos marques (pages) Prets ?... Feu, harpies, dindes et jus de poubelle !




Lien : https://www.youtube.com/watc..
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Il a traîné sur une étagère, Il a pris ce fin duvet de poussière sur le dessus avant que je l ouvre de nouveau, après une tentative avortée..dire que j allais passer à côté d un P......de bon roman, une perle comme on en trouve rarement dans une vie de virux lecteur. le style est superbement adapté au sujet (biographie d un "pas grand chose" dans le fin fond des états unis, qui va renverser la vie des bouseux de son bled, Baker, le bien nommé )
C est puissant, bourré d humour malgré le sujet pourtant violent (et pas forcément physiquement).
Un livre coup de poing qui tient à la peau et je dirais même un livre qui fait du bien..
L auteur, qui a mis fin à ses jours, s intéressait à l oeuvre de Céline.
On retrouve certaines scènes exubérantes dans ce texte qui lui rendent hommage..
Un grand moment de lecture.
J aurai aimé le savoir parmi les vivants, Tristan egolf. J aurai guetté les sorties de des ouvrages..
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Dans le Midwest, à Baker les langues se délient et affirment que John Kaltenbrunner serait né dans une cuvette de wc, à bord d'un train filant au sud ouest de la ville.
En vérité John naît à l'hôpital de Baker, et sort deux jours plus tard avec sa mère rejoindre la ferme vide à l'extrémité nord de la ville.
Son père Ford Kaltenbrunner meurt quelques temps avant sa naissance. Son décès est officiellement attribué à l'explosion d'une poche de méthane, mais la rumeur court qu'il aurait été victime d'une manoeuvre criminelle.
Veuve, sa mère devient « une recluse notoire », et les 1ères années de son existence, John n'a donc pas de contacts avec le monde extérieur. Bien qu'il soit le meilleur dans les travaux de la ferme -il fait de la ferme la réplique authentique du lopin familial d'autrefois- à l'école il est très mauvais élève. On aurait dû déceler chez lui une forme obscure d'autisme mais les gens de Baker le considère comme un débile léger et lui font subir les pires affronts, de l'humiliation à la violence physique.
Vers l'âge de 15 ans, John perd la ferme familiale dans des conditions illégales. Enragé, il s'en prend à la police de l'Etat. Il est condamné et écope de 3 ans de travail d'intérêt général en tant que matelot.
Sa mère morte, rien ne le rattache à Baker, et pourtant après ces 3 ans d'absence, John Kaltenbrunner, l'enfant du pays revient tourmenté par la rancoeur. Il va alors se dresser rageusement contre tout ce qui incarne Baker.
Dans cette petite ville du Midwest, tout le monde a oublié ce drôle de gosse, mais lui n'a rien oublié !

Un roman noir époustouflant, nous sommes happés par le personnage de John, sa vie n'est qu'un incroyable enchaînement de coup de poisse. Et quel talent, quelle majestueuse écriture ! Tristan Egolf, grand écrivain à l'âme militante, dénonce à travers son oeuvre la misère humaine, la pauvreté, l'alcoolisme, le dur milieu rural, les conditions précaires du conditionnement industriel, l'extrémisme religieux, et tous les travers d'une Amérique puritaine.
Un grand coup de coeur pour « le seigneur des porcheries », il aurait été fort dommage que je passe à côté de ce chef-d'oeuvre.
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"Le seigneur des porcheries" est un roman de l'américain Tristan Egolf qui, comme John Kennedy Toole, auteur de "La conjuration des imbéciles" se suicida jeune : le premier à 33 ans en 2005, le second à 31 ans en 1969.

Leur livre connut les mêmes difficultés d'édition et leur thème est assez voisin, même si l'approche n'est pas semblable : un individu différent des autres se démarque de la société américaine faussement tolérante, n'acceptant que les individus qui se coulent dans le conformisme de masse et dont la tête ne dépasse pas, alors qu'elle recèle dans son manteau pouilleux les vices les plus sordides : lubricité, alcoolisme, violence, bêtise, et un appétit extraordinaire pour le lynchage.

John Kaltenbrunner, né dans les Midslands (l'Amérique profonde dite "la ceinture de maïs"), n'est pas un garçon comme les autres, et ça se voit. Orphelin de père, sans doute légèrement autiste (pas tourné en tous cas vers les relations sociales), très doué et actif (il relève la ferme maternelle dès l'âge de huit ans par ses seuls talents mulitiformes), il est couronné de nombreux succès dans son entreprise ( mais persécuté et affligé de désastreux bulletins de notes à l'école). Trois mois avant la fin de sa scolarité obligatoire (seize ans) se déchaîne la tempête et tout s'effondre sur sa tête à cause d'un monstrueux enchaînement de circonstances...

Que va denenir John Kaltenbrunner ? Va-t-il surnager ?

Ce qui fait le charme envoûtant du livre est la même chose que ce qui peut en détourner certains : le style. Il est énorme : tonitruant, excessif, plein d'images hilarantes ou sombres, plein d'une infernale ingéniosité, comme le monde qu'il dépeint, et qui n'est pas rose. On croit entendre l'empoignade d'un Dieu fou et d'un Satan ricanant.

"Le seigneur des porcheries" et "La conjuration des imbéciles" sont des oeuvres bien à part. Deux réquisitoires contre l'hypocrisie, l'instinct grégaire et la connerie.

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Le Seigneur des porcheries est un gros coup de coeur, une lecture vraiment épatante qui m'a saisie et refusé de me lâcher jusqu'à la fin de cet épais roman; dont on sort épuisé, regrettant malgré tout qu'il ne soit pas plus long, tout en se demandant si et nous et les protagonistes auraient pu en supporter plus.
Il faut dire que c'est riche, dense, avec une écriture parfois frénétique, pas parfait, non, mais tellement enthousiasmant que je n'ai pu m'empêcher de lui mettre 5 étoiles malgré un ou deux travers.
L'auteur est en rogne et ça se voit et il critique à tout va la bigoterie, la mauvaise foi, le racisme , l'alcoolisme et la bêtise profonde d'une petite ville, caricature de l'Amérique rurale sudiste, mais à portée plus universelle. Autant dire que notre espèce n'en sort pas grandie.
Alors oui, le trait est parfois un peu outré, les coïncidences trop élevées, mais c'est le propre de la satire: de grossir le trait jusqu'à ce que nous n'ayons plus d'autre choix que de voir, que ça nous plaise ou non.
C'est parfois délirant, déchaîné, il y a dans cette oeuvre quelque chose de violent et de passionné qui emporte le lecteur et le met lui aussi en rogne contre le reste du monde.
Alors oui, de temps à autre, c'est un peu trop, après un énième coup bas du destin à l'encontre de notre protagoniste; on finit par se demander: n'y a t il vraiment personne doté d'un minimum de compassion, ou au moins d'humanité, à Baker ? , Tous les méthodistes ne sont certainement pas ainsi? ou Est-ce que vivre dans une banlieue résidentielle a vraiment cet effet délétère sur la cervelle? mais que cela n'arrête pas les lecteurs potentiels : ne craignez ni cette écriture dense, ni l'épaisseur de l'ouvrage, donnez lui sa chance et tentez d'entrer vous aussi dans Baker pour y suivre John: vous ne serez pas déçu du voyage !

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Faire une critique de ce roman, surtout lorsqu'on est pas un professionnel, c'est comme demander à un muet de raconter le plus fidèlement du monde le passage d'un orage fabuleux, furieusement beau , responsable justement de son mutisme.
Egolf a environ vingt ans quand il écrit son roman, et à 20 ans, il a déjà réussi à distinguer toutes les nuances d'une populasse aussi complexe que peut l'être celle d'un patelin du Midewest américain-la ville de Baker- qui semble être le berceau originel, ou du moins le lieu de convergence de tout ce qui peut exister en matière de bêtise humaine: racisme, ignorance, alcoolisme, inceste et son lot d'aberrations consanguines, fanatisme religieux et j'en passe. John est un jeune homme surdoué qui donne l'impression qu'il n'a jamais eu le temps d'"exister en tant que John", que toute sa vie n'a été qu'un interminable supplice , et une longue série de tentatives de résistance à l'afflux incessant de malchance (dans la première est de naître à Baker) , mais surtout d'un déferlement sans bornes de haine et de violence verbale, morale et physique de la part de cette population ignare, contre laquelle il a lutté tout au long de sa courte vie
Les mots défilent, furieusement , naturellement, avec une drôle de sensation: ce ne sont pas eux qui servent le décor ou les personnages, ce sont ces derniers qui servent d'appui à la virtuosité verbale, ils ne sont qu'un prétexte, un starting-block qui donne le signal de départ à ce déferlement littéraire, dans lequel on se trouve entièrement pris....et avec plaisir, et surtout addiction (je me suis faite engueulée lorsqu'au restaurant , en attendant les plats du traditionnel repas familial mensuel, j'ai "osé" sortir un livre.....comment expliquer à quel point c'était inévitable!!)
un mot revient en tête tout au long de la lecture: richesse...des descriptions, des niveaux de narration, des détails, des personnages, mais surtout du vocabulaire.Précision aussi, et ce rythme qui entraîne , page après page, avec une nervosité sous jacente, et qui fait craindre l'imminence d'une sensation tant redoutée: la fin du livre, et la difficulté de passer à un autre (qui aura l'air bien pâle).
Et puis ce tour de force de faire rire, jusqu'à l'hilarité, alors même que ce qui est raconté est abject, absurde, et effrayant , je vous renvoie à la partie relatant la descente aux enfers de la ville de Baker, envahie -suite à une gréve des éboueurs-par toute sorte de charognard bouffeurs d'ordures en tout genre, et une horde de dindes (oui oui dindes): on croirait un épisode de South Park à rallonge écrit par Shakespeare en plein bad trip.....Mais rapidement, ce n'est plus drôle du tout, et la longue litanie du déchaînement de violence collective, et en particulier contre John, fait froid dans le dos.
La fin est tragique, forcément; nous laissant sonné par l'imagination sans limite de l'auteur, merveilleusement servie par un vocabulaire d'une profusion absolue...et du coup, les réflexions qui surviennent dépassent le simple cadre du roman : on pense au jour où on a entendu parler pour la première fois de ce livre,on se félicite (chaudement) d'avoir décidé de s'y aventurer....et on se rappelle que Tristan Egolf est mort......et le pus égoïstement du monde on se dit: quel gâchis!!!!
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En votant pour ce titre dans une liste présélectionnée pour mon club de lecture, je ne savais pas trop à quoi m'attendre. Quelque chose d'intrigant, sans aucun doute, de fort, peut-être bien, mais certainement pas cette grande mandale en pleine tronche, de celles qui vous laissent à moitié assommé et irrémédiablement conquis.
(Mes instincts masochistes se portent à merveille, vous remercient de vous soucier de leur sort et vous saluent bien bas. Mais revenons-en à nos moutons. Qui arrivent avant les cochons, ne vous inquiétez pas, vous aurez droit aux deux.)

Le Seigneur des porcheries est - outre une histoire de cochons et de moutons - une histoire de vengeance. Une des plus folles, une des plus apocalyptiques et improbables vengeances qu'ait inventé la littérature contre ce que la société peut avoir de plus vil et de plus laid. Pas de longue et subtile machination à la Edmond Dantès ici, mais un principe aussi simple qu'efficace : ceux qui vous ont traité comme de la merde, noyez-les donc dans leur propre merde.
Plus qu'efficace, même : ravageur.

John Kaltenbrunner - dont la vie nous est contée dix ans après la fin de l'affaire par un ancien "compagnon d'armes" soucieux de rétablir la vérité à son sujet - pourrait facilement concourir au rôle du gamin le plus malchanceux de l'histoire. Un gamin de ferme crasseux, surdoué et dérangeant, quelque part entre le génie et l'autiste, poursuivi par une Poisse phénoménale, élevé sans amour et enseveli sous une avalanche de mauvais traitements, de cruautés et d'injustices. de quoi rendre n'importe qui à moitié fou et ttransformer l'asocial lambda en quasi sociopathe, le talent créatif en instinctde pure destruction.

Mais... ça ne fait pas un peu trop, tout ça, vous demandez-vous probablement à ce stade ? Oh si. Sans aucun doute. Cette accumulation sans espoir de beauferie teigneuse, de méchanceté mesquine, entre les parois d'une même vallée, comme la crasse d'une armée de clochards dans la bonde saturée d'un bidet, est assurément plus proche de la caricature que de l'étude sociale un tant soit peu nuancée. Mais on s'en fout. Et même : c'est justement ça qui est si bon, c'est cet ancrage assumé dans l'excès qui donne au récit tout son impact, toute sa puissance symbolique. Kaltenbrunner n'est pas qu'un individu qui se venge d'autres individus - il devient l'esprit même de revanche pour tous ceux qui furent un jour persécutés, pour tous ceux qui un jour se retrouvèrent seuls et démunis face à l'hostilité opaque du groupe. Ce qui ne l'empêche nullement d'être un personnage à part entière, le seul pleinement individualisé, de loin le plus subtil et travaillé de tout le roman.
Et quel personnage ! Tissé du juste mélange de force et de mystère pour entrer dans la légende. Explosif, cinglé, pathétique, agaçant, admirable, désolant - remarquablement charismatique et, par dessus tout, terriblement attachant.
Un coup de poing droit au coeur, dont j'ai à peine envie de me remettre.
Lien : http://ys-melmoth.livejourna..
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Faut d'abord dire que Tristan Egolf répond à l'image légendaire du « hobo ». Né en Espagne, vivant en Europe, aux États Unis. Parent divorcé alors qu'il était enfant .Il n'a que 15 ans quand son père se suicide. Sa mère, un peu dépassée par son fils.
Guenilles, jolie gueule un peu cabossée, il chante des tubes de Bob Dylan, accumulant les métiers, plongeur, projectionniste, promeneur de chiens, employé d'une usine de couches. C'était quelqu'un qui ‘'provoquait les atmosphères." A 23 ans, il est découvert par une bonne fée, Patrick Modiano et rédige un chef-d'oeuvre. Dix ans après, il se tire une balle dans la tête, laissant une fiancée et une fille.
Entre temps, activiste politique, il milite contre la Guerre d'Irak. Lors d'une visite du président G. W. Bush, Il est arrêté par la police car il forme, avec d'autres hommes quasi nus, une pyramide humaine pour dénoncer les tortures dans la prison d'Abou Ghraïb en Irak.
Mais il ne faut pas se laisser impressionner par ces drames, cette fulgurance.
Son Seigneur des Porcheries est un roman visionnaire et apocalyptique
Sur fond d'Amérique profonde, où l'hystérie des méthodistes se répand sur une faune de petits Blancs alcooliques, violents, ignares, plus ou moins dégénérés, John Kaltenbrunner, un autiste génial, éreinté dès son plus jeune âge par une pléthore de catastrophes, va fomenter une révolte avec la portion la plus méprisée de sa ville, à savoir ses collègues éboueurs. La petite ville sombrera, ensevelie sous ses propres ordures. John mourra finalement tel un christ, dans un gigantesque chaos.
Il restera aux éboueurs, ses apôtres, à raconter son "évangile» : la rédemption des humiliés. Tout cela à coups de personnages épiques et de scènes d'anthologie : d'un banal match de basket à l'enfer apocalyptique d'une usine de poulets.
Et le langage est à la mesure. Échevelé imagé, puissant.Des descriptions qui saturent, ne laissant au lecteur aucune place à la rêverie. Qui l'oblige à voir. L'histoire est épique mais le langage l'est aussi,
tel «un mandrill herpétique plongé dans les affres d'une fièvre masturbatoire»
Egolf sait monter la sauce. Et l'on craint la venue de «cent cinquante yuppies végétariens bisexuels montés sur des scooters rose vif», et l'on assiste à des spectacles ébouriffants.
Épique et pyromane.

A sa sortie ,quelques :
--« Cette dure dénonciation de l'Amérique profonde n'est pas nouvelle. Mais la forme de ce réquisitoire est remarquable »
--« si tout le monde dit que c'est un chef d'oeuvre, c'est que ça l'est »
--« Je n'ai pas pris du plaisir à lire ce livre »
Mais surtout : « Chef d'oeuvre ». « Chef d'oeuvre » ont accueilli ce livre.
Je l'ai seulement lu maintenant (caché sur un rayonnage surchargé), le thème est encore plus d'actualité : la révolte des « indispensables », l'écologie. Un « trumpisme » latent.
Le découpage et la langue restent.
Plus que jamais un livre de charivari et un chef d'oeuvre.
Avons-nous tellement besoin de câlins? Ou de tel livre, pour voir le Monde?
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Bienvenue à Baker, innommable petite ville des Appalaches où vous pouvez trouver se côtoyant joyeusement ou furieusement selon leur... sensibilité, des ivrognes noyés dans des tonneaux journaliers de bibine bon marché, des élus municipaux corrompus et ventripotents, des policiers racistes- furieux et à la botte exclusive des richards du patelin, des ouvriers abrutis, des étrangers surexploités et abrutis et des Torche-collines éboueurs exploités, soûlards, misérables et méprisés comme aucun autre.
Dans cette jolie petite ville posée avec élégance et un brin de délicatesse sur son tas de saloperies morales vit le jeune homme en colère qui va littéralement et physiquement faire exploser toute la communauté bien pensante de la ville.
Et cette explosion pleine de fureur, surgit du tas de déchets bien réel lui, qui va déferler comme un tsunami dans les ruelles, les avenues les cours et les usines de Baker par l'entremise de la grève des moins que rien, des délaissés, des presque sous-hommes qui chaque jours nettoient les rues d'une bien jolie petite ville du fin fond du trou du cul de l'Amérique.
Pensez aux étrennes pour le nouvel an.
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