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EAN : 9782710378013
624 pages
La Table ronde (13/04/2017)
4.37/5   42 notes
Résumé :
Ces lettres sont le sarcophage de la famille Brontë. Elles dévoilent ce qu'était le clan, comment il vivait, pensait, rêvait. Et comment les deux grandes romancières que sont Charlotte Brontë (Jane Eyre) et Emily Brontë (Les Hauts de Hurlevent) ont pu émerger. On entre dans ce recueil sur la pointe des pieds, comme si quelqu'un nous ouvrait une porte dérobée et nous faisait signe de nous approcher. Cette époque semble lointaine, où la vie de l'auteur, ses états d'âm... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (21) Voir plus Ajouter une critique
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Quel plaisir inouï de lire ces lettres ! L'ouvrage en est visiblement la première traduction en français...C'est un peu scandaleux d'avoir privé les amoureux français de cette exceptionnelle famille d'une telle intimité avec elle pendant 170 ans !!!
170 ans !!! Et pourtant Charlotte semble nous parler à l'oreille, tout près. Car c'est elle, l'interlocutrice. La plus sociable. La seule qui ait jugé bon d'entretenir quelques relations avec les êtres du monde extérieur. D'Emily et d'Anne, quasiment rien. Elles demeurent mystérieuses, et l'on se prend à traquer dans les missives de Charlottes des instantanés pris sur le vif : Emily et son chien, Emily cuisine et fait le ménage, Emily l'énerve avec son caractère impossible, Emily et Anne sourient, avachies dans des fauteuils, à la lecture de certaines critiques loufoques tirées des journaux que Charlotte leur lit, à la veillée, au sujet de leurs livres ...Branwell écrit quelques lettres, à des poètes, des éditeurs, puis des amis, principalement pour leur demander de l'argent, quand il a sombré dans un alcoolisme destructeur.
L'atmosphère au presbytère de Haworth ressort, faite de pluie, de froid, de vicaires, de volonté de partir et de revenir. On suit à travers Charlotte ce que l'on connaît déjà, le voyage en Belgique, la dépression, le terrifiant hiver 1848-1849, qui voit successivement disparaître Branwell, puis Emily dans de terribles souffrances. En mai 1849, c'est le tour d'Anne. Charlotte décrit le silence à Haworth et son chagrin insondable. Puis sa survie, à travers l'écriture et l'ouverture sur le monde que lui offre sa célébrité immédiate. On suit aussi, avec plus de légèreté, son coeur de midinette qui cherche l'amour, et qui lutte entre le désir d'être libre et la peur d'une terrible solitude qui l'attendrait à la mort de son père.
J'ai, vous l'avez compris, extrêmement apprécié cette lecture, où l'on peut entendre si proche de nous l'esprit vivant et libre de Charlotte Bontë, sa voix inimitable et familière, dans le moindre petit billet. C'est cela, le génie. Merci, Charlotte !
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Avant de débuter cette critique, je me dois de faire un aveu : je ne peux prétendre à la neutralité sur ce livre, ma soeur en étant la traductrice. Mais l'objectif de cette lecture est de faire connaissance avec la famille Brontë, et pour cela il n'est pas besoin de neutralité.

Commençons par les personnages secondaires. Leur frère Branwell, aux dons bien vite gâchés par l'alcoolisme – figurent dans le recueil quelques-uns des billets qu'il envoyait à ses connaissances pour mendier un peu de gin. Leur père, austère vieux pasteur pourtant doté d'un étonnant humour à l'occasion, et qui aura le malheur de voir mourir tous ses enfants. Leur vieille et fidèle domestique, partie intégrante de la famille…

Des figures littéraires oubliées peuplent également ces pages. Constantin Héger, brillant professeur bruxellois et amour secret de Charlotte. Hariet Martineau, flamboyante et irascible féministe, qui fut l'ami de Charlotte malgré de vertigineuses différences d'opinion. William Thackeray, décrit comme « un titan intellectuel » par Charlotte ; Elizabeth Gaskell, qui écrivit sa première biographie…

La très grande majorité des lettres sont de Charlotte. Des trois, elle semble avoir été de loin la plus sociable, entretenant notamment une correspondance nourrie avec sa fidèle amie, Ellen Nussey. Anne semble avoir été particulièrement timide et effacée. Et la grande Emilie, l'auteure du foudroyant ‘ Hauts de Hurlevent'… Semble avoir eu un caractère totalement impossible ! Brillante, solitaire, farouche, intransigeante et inséparable de ses landes désertes bien aimées…

C'est donc elle qu'on découvre leurs vies à toutes – une vie dure. Un pasteur ne gagne guère, et avant leur succès littéraire la famille flirtait avec la misère. Si la nourriture ne manquait pas elle était pauvre et monotone ; le moindre bout de tissu était une dépense mûrement réfléchie. Par la suite, leur relative aisance leur permit quelques fantaisies, notamment quelques séjours sur la côte.

Leur soudaine célébrité semble beaucoup les perturber du reste – et dans un premier temps elles la vivent comme une contrainte. Elles maintiennent leur anonymat le plus longtemps possible, vivent comme des épreuves les voyages à Londres pour rencontrer les éditeurs. Percluses de migraines, peu habituées à la haute société, malades de timidité, c'est peu dire que les tentatives pour les introduire dans le monde tournent au fiasco !

Mais quand on vit à une époque qui ignore les antibiotiques, la tuberculose se fiche bien de tout le talent littéraire du monde…
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J'ai découvert un excellent podcast sur France Culture qui diffusait des extraits de la Correspondance de la famille Brontë, d'après le recueil de Constance Lacroix intitulé Lettres Choisies de la Famille Brontë, (1821-1855), publié en 2017 chez les Éditions Quai Voltaire :

Personnellement, des soeurs Brontë, j'ai lu plusieurs fois Jane Eyre de Charlotte et Les Hauts de Hurlevent d'Emily. Je ne savais pas qu'Anne avait écrit, entre autres, Agnès Grey…
J'ai beaucoup appris de cette écoute, tant sur la difficulté d'écrire et de percer en tant qu'auteure dans l'Angleterre du XIXème siècle, que sur une époque.

Dans ces lectures radiophoniques d'extraits choisis parmi les quelques 300 missives du livre, les lettres entre Charlotte et son amie Ellen Nussey ou encore ses éditeurs londoniens, prédominent ; Charlotte demeure le personnage principal de ces cinq épisodes et, d'ailleurs, la série prend fin avec son décès.
Charlotte est l'ainée : dans le premier épisode, en 1835, elle a 19 ans ; Branwell, 18 ans; Emily, 17 ans et Anne, 15 ans, et ils sont obligés de trouver du travail et de quitter la maison paternelle. Puis, dans la deuxième émission, à partir de 1839, tous, nostalgiques, sauf Anne reviennent à la maison, le presbytère de leur père, pasteur à Haworth.
Le troisième épisode commence en 1842 quand Charlotte et Émily vont travailler à Bruxelles comme enseignantes dans un pensionnat de jeunes filles. Elles espèrent s'y perfectionner suffisamment pour pouvoir fonder, à leur retour, leur propre école, projet qui n'aboutira pas. C'est là que Charlotte va tomber amoureuse, sans réciprocité, d'un professeur. Les deux soeurs reviennent à Haworth, Émily pour tenir la maison familiale et Charlotte par désespoir amoureux…
La quatrième émission est peut-être davantage axée sur les activités littéraires, quand les quatre soeurs publient secrètement leurs livres sous des pseudonymes masculins : Acton (pour Anne), Currer (pour Charlotte), Elly (pour Emily), à quoi s'ajoute le patronyme Bell (pour Brontë).
Enfin, dans la cinquième et dernière partie, nous revenons à la cellule familiale, de plus en plus réduite. Branwell, Emily puis Anne ont été emportés par la tuberculose à quelques mois d'intervalle. Charlotte et son père s'isolent alors dans un terrible chagrin dont seuls le travail et le mariage de Charlotte avec Arthur Bell Nicholls viendront à bout.

J'ai été frappée par la discrétion, l'humour et la grande humilité de Charlotte. Ainsi, par exemple, quand elle évoque son tempérament dépressif, son état profondément mélancolique, elle parle d'hypocondrie… Elle est aussi la plus volontaire et la plus opiniâtre des trois soeurs, celle qui prend leurs carrières littéraires en mains.

Nous plongeons dans l'intimité et le quotidien des Brontë, une famille sans doute un peu hors-norme, vivant à Haworth : un père pasteur, qui a élèvé seul ses enfants après le décès de sa femme, jamais remarié, et autour de qui la fratrie s'est toujours retrouvée. Les scènes de la vie de tous les jours alternent avec des réflexions lucides sur le monde littéraire ou la place des femmes dans la société. Durant sa courte existence, Charlotte s'est rarement éloignée de la cure de Haworth et a veillé tour à tour son frère et ses soeurs dans leurs derniers instants. Sa vie est teintée de devoir et de mélancolie, de concessions et de renoncements.
Les lettres de son frère Branwell ne plaident pas en sa faveur et mettent en avant ses excès, sa vanité, son égocentrisme, ses débuts prometteurs et sa déchéance finale… C'était vraiment le fardeau de la famille, assumé cependant.
Anne et Emily sont plus discrètes et plus conventionnelles. Emily ne recherche manifestement pas la moindre reconnaissance de son talent.
Les lettres du révérend Brontë mettent en avant une éducation à la fois sévère et protectrice, mais cependant bienveillante.

Bien souvent, les recueils de correspondance sont des mines d'or pour les chercheurs en littérature… Si, parfois, il arrive que certains ouvrages soient soporifiques ou pédants, d'autres ont le mérite de rendre vivant et intime le quotidien de celles et ceux qui se sont livrés dans leurs échanges épistolaires… C'est le cas ici avec une plongée captivante dans l'intimité et la créativité des soeurs Brontë : aucun ennui, beaucoup de naturel.
Je vous recommande aussi ce feuilleton radiophonique, magistralement adapté sur une belle musique composée et interprétée par Floriane Bonanni.
Quant au livre de référence, je le place dans mes intentions de lectures.

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#lesglosesdelapiratedespal
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Traduites et annotées par Constance Lacroix

Pendant un mois, je me suis plongée dans la correspondance de la famille Brontë, traduite pour la première fois en français - l'occasion de refaire mentalement le voyage à Haworth d'il y a deux ans. Trois cents lettres, écrites entre 1821 et 1855, en grande majorité celles de Charlotte, qui dialogue avec son amie de toujours Ellen Nussey, ou son éditeur, entre autres. Mais aussi quelques unes d'Emily, de Anne et de Branwell ou de leur père, le révérend Patrick Brontë.

Ces lettres furent ma lecture de chevet, chaque soir. C'est avec plaisir et émotion que l'on se retrouve plongé dans l'intimité de cette famille devenue mythique. Des personnes réelles devenues des personnages. Parce que finalement, ce recueil épistolaire se lit comme un roman polyphonique, sous l'ascendant de Charlotte qui était sans doute la plus sociable de la famille et qui a survécu à son frère et ses soeurs.
On est frappé par l'isolement de cette famille qui semble vivre en huis clos, recluse, et dont les lettres sont, semble-t-il, pour Charlotte, outre un moyen de dialoguer, aussi une manière de s'évader. Si elle ne reproche pas ouvertement à son amie Ellen de ne pas être venue la visiter, sa déception est à peine voilée : "Nous vous avons longuement et ardemment attendue, ce mardi où vous nous aviez promis une visite - je me suis usé la vue à vous guetter par la fenêtre, armée de mon lorgnon, et parfois même le nez chaussé de besicles."
Pourtant, si dans un premier temps, Emily et Charlotte sont parties jusqu'à Bruxelles pour se former, avec dans l'idée d'ouvrir à leur retour leur propre pensionnat pour jeunes filles à Haworth, leur dessein sera contrarié et elles renonceront définitivement.
C'est l'écriture qui prend le relais pour de bon, mais voilée de secret, avec une première publication conjointe des trois soeurs, en 1846, sous des pseudonymes masculins.
Et puis, c'est Jane Eyre, publié en 16 octobre 1847 sous le pseudonyme utilisé par Charlotte : Currer Bell. Un succès immédiat, un roman plébiscité par Thackeray. Currer Bell, un auteur mystère qui suscite la curiosité, les supputations les plus folles sur son identité, même si l'identité d'une femme ne fait pas de doute. "Si Thackeray s'enquiert à nouveau de l'identité de Currer Bell, dites-lui que c'est, et cela doit rester, un secret jalousement gardé pour la bonne et simple raison qu'elle ne mérite pas d'être révélée - fait qui n'aura pas échappé à sa perspicacité.", écrit Charlotte.
Charlotte cachera même à sa meilleure amie être l'auteur de Jane Eyre. C'est assez étonnant.

Ces lettres nous plongent, à leur manière, dans les salons littéraires anglais de l'époque. Ainsi apprenons-nous que Charlotte n'appréciait guère Jane Austen, qu'elle lui préfère la Française George Sand ! En revanche, elle est littérairement très proche d'Elizabeth Gaskell, avec qui elle entretient une correspondance : "J'ai lu En visite à Cranford avec un de ces plaisirs qui vous semblent toujours de trop courte durée. J'aurais voulu que le texte fut deux fois plus long."

Si Emily, Charlotte et Anne sont des génies littéraires qui se cachent, Branwell, lui, a tout de l'artiste imbu de lui-même, d'une manière assez délirante. J'avoue qu'il ne m'a guère été sympathique. Instable, fragile, il plonge dans l'alcool, l'opium et autres stupéfiants. Charlotte déplore à de nombreuses reprises son attitude et désespère dès 1845 : "Mes espoirs sont au plus bas en ce qui concerne Branwell. Je crains parfois qu'il ne parvienne jamais à rien de valable." Il rend la vie impossible à sa famille, extorque de l'argent à son père en menaçant de se suicider s'il ne lui donne pas satisfaction.

Pourtant, son décès brutal, en septembre 1848 laissera les Brontë dans une grande mélancolie. 1849, année terrible qui verra disparaître Emily deux mois après son frère. Puis ce sera Anne. La mort qui frappe comme une malédiction : "Les jours de cet hiver sont traînés, sombres et pesants, comme un convoi funéraires; depuis septembre, la maladie ne s'est pas éloignée un instant de la maison - c'est étrange - il n'en était pas ainsi jadis - et pourtant tout ceci, je le soupçonne, était en marche depuis des années(...)".
Des pages très émouvantes, notamment la lettre de Patrick Brontë : "J'ai connu, à la vérité, plus que mon lot d'afflictions dernièrement - mais telle était la volonté du Seigneur - et le devoir m'ordonne de me résigner. Mon unique Fils s'est éteint, suivi de près par une fille que j'aimais tendrement. Les larmes sont permises au milieu de tels maux, puisque le Christ lui-même pleura son ami défunt (...)". Ou celles de Charlotte, la seule survivante à ses cadets :
"Le 24 septembre, mon unique frère (...) mourut - d'une mort qui nous frappa bien brutalement. L'avant-veille, il s'était encore rendu au village. Ce fut un coup terrible. Il n'était pas même enseveli que je tombai malade. Je fus prise d'une fièvre nerveuse, qui me rongea sourdement, me laissant sans force. Je fus lente à me rétablir, et ce fut alors que ma Soeur Emily - que vous avez côtoyée jadis - contracta une inflammation pulmonaire - une pleurésie se déclara - nous vécûmes deux mois dans une torturante alternance d'espoir et de crainte : enfin le 19 décembre - elle mourut.
A peine la tombe se fut-elle refermée sur Emily qu'Anne, ma plus jeune soeur, la seule qui me restât, présenta à son tour des symptômes qui nous jetèrent dans les plus vives alarmes. (...) Ma pauvre soeur est partie en paix pour sa dernière demeure. Elle est morte ce lundi. (...) le spectacle des chambres vides, qui jadis abritaient les êtres les plus chers à mon coeur - et où désormais planera éternellement - je crois - l'ombre de leurs derniers instants."

Charlotte écrivait à Ellen en lui disant : "Je suis certainement vouée à finir vieille fille, Ellen - je ne peux espérer d'autres occasions. Qu'importe, je me suis résignée à ce destin dès l'âge de douze ans"; elle se mariera le 29 juin 1854 au vicaire de son père, Arthur Bell Nicholls, mais meurt en mars 1855, à l'âge de 39 ans, renonçant à tout traitement sur le mal qui la ronge. Une vraie femme libre.

Ainsi se referme la porte du presbytère de Haworth, où infusait à l'insu de tous, le génie littéraire de trois soeurs, marqué du sceau de la tragédie.

Ces Lettres choisies sont une invitation à (re)lire toute l'oeuvre des Brontë et à faire le voyage à Haworth, que je vous recommande.
Lien : http://milleetunelecturesdem..
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Si vous vous intéressez aux différents membres de la famille Brontë, je ne peux que vous recommandez ce recueil de lettres choisies qui se situe entre 1821 et 1855. Cela correspond à la période durant laquelle vécut Charlotte de ses cinq ans à sa mort.
Il est heureux que toutes ces lettres aient survécu aux Brontë car elles permettent vraiment de connaître la vie, les pensées et les ressentis de cette singulière famille. Nous y trouvons des missives des soeurs de Charlotte, Emily et Anne, mais aussi de leur frère Branwell et de leur père. Cependant, la plupart sont de Charlotte qui survivra de quelques années aux trois premiers.
Il s'agit là d'une réelle incursion au coeur d'une vie isolée à Haworth avec son rude climat, à l'image de l'histoire très émouvante et difficile que fut celle des Brontë. Ce qui rend cette lecture si intéressante, c'est que Charlotte raconte énormément tout en ignorant qu'un jour ses lettres seraient lues bien des années encore plus tard. Elle écrivait vraiment sans crainte d'être lu par aucun autre que le destinataire. Alors, elle est d'un naturel qui nous permet de cerner au plus juste sa personnalité... Et quelle personnalité !
Charlotte aspirait à tant de choses ! D'un caractère passionné, elle connaissait souvent la frustration qui mêlée à la culpabilité lui provoquait bien des tourments. Elle ne souffrait pas du célibat mais supportait très mal la solitude, surtout lorsqu'elle se retrouva seule avec son père ayant grand besoin d'elle. Elle avait la chance d'avoir durant toutes ces années une grande amie mais qui malheureusement vivait bien trop loin pour qu'elles puissent se voir souvent.
C'est une Charlotte très touchante et émouvante qui nous est permis de connaître grâce à ses correspondances. Dotée d'une forte personnalité, elle a tout de même pu voyager un peu, à Londres notamment où la recevaient ses éditeurs. Elle pu faire également quelques séjours chez Elisabeth Gaskell, l'autrice de Nord et Sud. Appréciant respectivement leur oeuvre, elles étaient devenues amies. Elle séjournait régulièrement aussi chez Ellen qui passait parfois également quelque temps à Haworth ou elles partaient quelques semaines l'été en bord de mer.
Ces lettres sont une vraie mine d'or pour les admirateurs de la famille Brontë !
Un coup de coeur pour moi !
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critiques presse (3)
Elle
05 août 2021
Dans de nombreuses lettres, Charlotte Brontë n’hésitait pas à critiquer ses contemporains. Mais à son amie Ellen Nussey, elle confiait d’abord ses doutes, ses appréhensions, la peine immense provoquée par les décès d’Emily, Anne et Branwell, ses frères et soeurs adorés. Une correspondance inédite et bouleversante !
Lire la critique sur le site : Elle
LeMonde
15 juin 2017
Les lettres constituent une plongée dans une vie d’austérité, de privations, de solitude, parfois d’exaltation, et donnent aussi de vivants portraits des écrivains de l’époque.
Lire la critique sur le site : LeMonde
Telerama
26 avril 2017
Les trois soeurs prodiges ont aussi nourri une riche correspondance, finement traduite dans ce recueil. Un écho troublant de leur courte vie.
Lire la critique sur le site : Telerama
Citations et extraits (27) Voir plus Ajouter une citation
Extrait de la Lettre 58 - Charlotte à Ellen Nussey - 23 janvier 1844.

Je ne sais si vous éprouvez la même chose que moi, Ellen - mais j'ai, par instants, l'impression qu'à l'exception de quelques amitiés et attachements, mes idées et mes sentiments de jadis se sont profondément altérés - Il y avait en moi une sorte d'enthousiasme, qui n'est plus aujourd'hui qu'une force assagie et éteinte - je me suis défaite de certaines illusions - je n'aspire plus qu'à une vie de labeur et d'efforts - je voudrais avoir un but à poursuivre. Haworth me parait un tel désert, si calme, silencieux, enseveli loin des yeux du monde - je ne me considère plus comme jeune, j'aurai bientôt vingt-huit ans - il me semble que je devrais être à l'oeuvre, aux prises avec les dures réalités d'ici-bas, comme tout un chacun. Mais pour l'heure, le devoir veut que je fasse taire mon désir et je vais m'y employer de mon mieux.
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On nous parle sans cesse des dangers auxquels s'exposent les protestants lorsqu'ils vont séjourner en pays catholiques, où ils pourraient être tentés d'abjurer. Pour ma part, je conseillerais à tout protestant qui se sentirait le moindre penchant pour une aussi belle absurdité que de se convertir, d'enjamber la Manche pour venir voir un peu ce qu'il en est sur le continent, d'assister assidûment à tous les offices pendant quelques temps, d'étudier attentivement toutes les simagrées du rituel, ainsi que la physionomie stupide et mercenaire du clergé – et si au terme de cet examen, il discerne encore dans le papisme autre chose qu'un piètre composé de balivernes et d'enfantillages, eh bien, qu'il se fasse papiste à son tour et que l'on n'en parle plus !
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Lettre 72-Charlotte Brontë à Margaret Wooler
Haworth, le30 janvier 1846

Vous me demandez si la gent masculine ne me paraît pas bien étrange. J'avoue à la vérité, je l'ai pensé maintes fois - mais je trouve tout aussi singulière la méthode d'éducation qu'on lui applique : elle prémunit singulièrement mal contre les tentations. On élève les filles avec un luxe de précautions qui conviendrait à des êtres débiles et, disons-le ineptes, tandis qu'on lâche les jeunes hommes la bride sur le cou à travers le vaste monde, comme s'il n'existait pas de créatures plus sages et moins susceptibles d'égarements.
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Je ne demanderai donc pas pourquoi Emily nous fut ravie, dans toute la plénitude de notre amour, pourquoi elle nous fut arrachée à la fleur de l'âge, encore riche de toutes les promesses de son génie, pourquoi son existence gît aujourd'hui comme le champ de blé encore vert et déjà foulé – comme un arbre dont la racine fut tranchée, alors qu'il était tout chargé de fruits. Je ne dirai que ceci :"Doux est le repos qui vient après le labeur, le calme qui succède à la tempête" et répèterai inlassablement que c'est là ce qu'Emily connaît désormais.
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Extrait de la Lettre 34 - Charlotte à Ellen Nussey - 20 novembre 1840.

Une jeune personne ne devrait jamais s'éprendre avant que la demande n'ait été faite et dûment acceptée - que la cérémonie nuptiale n'ait été célébrée et que le premier semestre de vie conjugale ne se soit écoulé - c'est alors seulement qu'une femme peut se mettre à aimer, mais avec la plus grande circonspection - le plus grand détachement - la plus grande modération - la plus grande rationalité. Si elle se prend d'un amour assez vif pour qu'un mot dur ou un regard froid de son époux puisse l'atteindre jusqu'au coeur - ce n'est qu'une sotte. Si elle s'éprend au point que le vouloir de son mari lui devient une loi - et qu'elle contracte l'habitude d'épier ses moindres désirs sur son visage, pour mieux les prévenir - ce sera bientôt une sotte délaissée.
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