AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
3,51

sur 357 notes

Critiques filtrées sur 4 étoiles  
Première rencontre avec cet auteur.
Au début, j'ai été très séduite par son humour caustique, ses petites phrases en accroche-coeur. J'aime le papier qui gratte de temps en temps, les mots qui grincent, la satire sociéto-politico-humano-psycho- comique ! Mais à la longue, j'ai été déçue, un peu lassée par cette référence à Michel Houellebecq, que je n'ai pas lu ni envie de lire.

Dommage ! alors si vous avez un meilleur titre de cet auteur, je tenterai bien l'aventure à nouveau malgré tout, car franchement, j'ai trouvé quelques pilules bien enrobées, au principe actif efficace, mais à la durée de vie limitée. La posologie initiale semblait me convenir, mais le traitement fut de courte durée. La déprime est revenue !

Le titre me rappelle « Bonheur à gogo » de Jean-Louis Fournier ; les deux évitent les prescriptions de lecture feel-good, sans doute pour aller mieux !

Commenter  J’apprécie          9622
Ma deuxième lecture du talentueux J.M. Erre est à l'aune de la vie de Michel H., son personnage de dépressif au bref long-cours: Courte et jubilatoire.
Voilà un court roman, taillé pour le théâtre et digne d'un grand-guignol moderne rapide et enlevé.
À partir du carton de livres laissés par Bérénice, et d'une randonnée dans les couloirs de Google, Michel H. va retrouver, c'est sûr, le moyen infaillible de faire revenir ladite Bérénice et la conserver à jamais.
Entre Mr Patusse, le voisin-règlement-de-copropriété et Piotr , l'autre voisin sous pétard; le récit de Michel H. galope vers une chute inattendue... à effet, pour reprendre une terminologie théâtrale.
On n'oublie pas, au passage, d'égratigner l'aura de certain autre Michel H. célèbre et réel.
Mais, tout jubilatoire qu'il soit, le bonheur est au fond du couloir à gauche, m'a moins emporté que prenez soin du chien. La faute, peut-être, à un léger surplus d'accumulation de démonstrations.
... Ce qui ne saura empêcher Horusfonck, de continuer de lire J.M. Erre.
Non-mais!




Commenter  J’apprécie          531

- Alors docteur, vous avez pu établir un diagnostic ?
C'est la dixième psychiatre que je vois cette semaine ( "Ne cherchez pas, le trou de la sécu c'est moi." ) et elle me paraît très compétente.
- Plusieurs diagnostiques en réalité. Vous êtes bipolaire, schizophrène, paranoïaque, dépressif, vous souffrez d'un grand manque de confiance en vous. Votre sensibilité est exacerbée, mais au moins vous assumez parfaitement votre côté féminin.
- J'en ai assez entendu ! répondis-je en me relevant, offusqué, reprenant mon sac à main. Particulièrement énervé, j'émaille mes collants qui se sont accrochés à une aspérité de la chaise.
- Attendez un petit instant encore s'il vous plaît. Je vais vous faire une ordonnance.
Ca me rappelle un titre de Barbara Abel, le bonheur sur ordonnance.
Elle me tend le document pour la pharmacie. Anxiolytiques, régulateurs d'humeur, somnifères, anti-dépresseurs, et une dizaine d'autres dont j'ignore la fonction.
- En fonction de la façon dont vous réagissez, on augmentera les doses la prochaine fois si c'est nécessaire. Et pour finir je vous encourage fortement à lire ce court roman de JM Erre, le bonheur est au fond du couloir à gauche. Votre vie va s'en trouver transformée, me dit-elle en me tendant le livre en question.
Ah, si pour être heureux il suffisait de lire quelques conseils, ça se saurait.

18H30. Je me rends à la pharmacie directement, à deux rues de chez moi.
Je rentre avec deux sachets de pilules pleins à ras-bord et je me fais interpeller par deux policiers.
- Monsieur, pourrions nous voir votre attestation ?
Et merde. le couvre-feu. J'ai les neurones en vrac. J'ai pas pris mes cachets encore en même temps.
- Je reviens de la pharmacie, vous voyez bien !
- Ecoutez, je ne veux pas le savoir. Vous n'avez pas respecté les consignes sanitaires et mis en danger la vie d'autrui. Donc amende de 135 €, c'est non négociable.
- Mais
- Encore un mot de votre part et je vous emmène au poste pour racolage.

Délesté de mon argent, je rentre enfin chez moi.
Dans ma boîte aux lettres un courrier de mes seuls amis, les seuls qui prennent encore souvent le temps de m'écrire pour prendre de mes nouvelles.
Les finances publiques.
Pas de mise en demeure cette fois-ci, juste ma taxe d'habitation.
Qui a doublé.
- L'argent ne fait pas le bonheur, me répétais-je à voix haute en me cognant la tête contre les murs.

J'arrive au troisième étage, où mon appartement se situe à gauche. Bon, on ne peut pas vraiment parler de couloir, c'est davantage un palier sur lequel est déposé le parapluie ouvert de ma voisine, ce qui me laisse environ dix centimètres pour passer, mais le titre du roman confié par ma psy me revient. le bonheur est au fond de ton palier à gauche. Enfin le bout du tunnel ? La solution à tous mes malaises se situerait-elle chez moi, le dernier endroit qui me serait venu à l'esprit ?
L'espoir renaît de ses cendres et je pénètre chez moi, prêt à chercher le prochain indice dans ma quête d'une joie retrouvée. Mais avant je me débarrasse de mes talons aiguilles et je prends mes cachets.
La perspective du bonheur fait naître de sacrées crises d'angoisse.

Le lendemain matin, je poursuis ma quête. J'analyse chaque pièce avec un regard nouveau. Je décide très rapidement que faire la vaisselle, nettoyer ma salle de bain ou faire du rangement ne me rendra pas plus heureux.
Quand je vois l'ampleur de la tâche je suis vite résigné. C'est trop d'émotions. Je prends un comprimé de benzodiazépine.
"J'ai été un enfant triste et un adolescent cafardeux avant de devenir un adulte neurasthénique."
Je continue à chercher le bonheur. Peut-être dans un tiroir ? Sous une latte de parquet ? Dans la poche d'un vieux manteau ? En vain. Comme si c'était quelque chose d'abstrait, d'inaccessible.
Je n'ai pourtant pas rêvé, je suis à la porte de gauche au fond du palier. le titre du roman est assez parlant.
Et si ... le prochain indice se trouvait justement dans l'un des livres de ma bibliothèque ?
Inconvénient : J'en ai pas loin de six mille. L'ampleur de la tâche me donne mal au ventre et des nausées.
Je regarde un à un les titres. "Un soir de cauchemar" de Dean Koontz, "De cauchemar et de feu" de Nicolas Lebel, "La poursuite du bonheur" de Douglas Kennedy, "Cauchemar" de Paul Cleave, "Les escales du cauchemar" de Graham Masterton, "Monsieur Cauchemar" de Pierre Siniac, "Cauchemar à louer" de Serge Brussolo ...
Un indice se cache forcément dans l'un de ces livres. Mais arrivé à "La horde du cauchemar" de Lawrence Watt-Evans puis à l'ultime "Cauchemar, cauchemars" de Jean-Pierre Andrevon, je m'avoue vaincu.
Je prends une bière et je regarde un match de foot pour retrouver mon essence virile mais il n'y a rien à faire, je m'ennuie.
Je prends une pilule rose et j'entame le livre de JM Erre.

* * *

Lire le bonheur est au fond du couloir à gauche ne vous rendra pas heureux.
Mais qu'est ce que ça fait du bien de sourire voire même de s'esclaffer à voix haute toutes les deux pages.
Rire contribue à des moments de joie propices au bonheur bien plus que de faire la gueule à longueur de journée.

J'ai bien évidemment exagéré mes péripéties dans la première partie, mais je fais partie de ces très nombreux français qui ont souffert d'une dépression, qui consultent un psychiatre pour mieux comprendre l'origine de ses crises d'angoisse. J'apprends à mieux me connaître, je ressens des évidences sur lesquelles je n'avais jusqu'alors jamais mis de mots. Mais même si un jour lointain mes malaises seront apaisés le bonheur est une notion qui demeure très floue, un mirage sans forme prédéfinie.
Et toujours avec humour, l'auteur appuie là où ça fait mal. En nous faisant réaliser que nous avons tout pour être heureux sans jamais pouvoir nous en satisfaire.
Les Français appartiennent à la trente-deuxième nation la plus heureuse selon un récent sondage, derrière certains bien plus pauvres ou à la criminalité bien plus élevée.
"Plus les gens vivent dans le confort, plus ils sont dépressifs. Plus ils vivent longtemps, en bonne santé et en mangeant à leur faim, plus ils voient la vie en noir."
Et n'y a-t-il pas une part de vérité lorsque l'anti-héros, Michel H, essaie de retrouver sa joie de vivre en appliquant le dicton "Le malheur des uns fait le bonheur des autres" et en regardant les drames aux informations ?
Oui, son nom est juste "H" mais on peut penser sans risque de se tromper que s'il a les mêmes initiales que son humoriste préféré ça n'a rien d'une coïncidence. J'ai nommé Michel Houellebecq.
"Plus je vois combien les gens subissent des atrocités, plus je culpabilise d'être malheureux, moi à qui il n'est jamais rien arrivé de grave."

Dans ce court roman qui pourrait presque être une pièce de théâtre tant les personnages sont peu nombreux, l'action se déroulant sur une seule journée majoritairement dans l'appartement du personnage principal, Michel H n'est pas simplement le stéréotype du type malheureux, d'autant que la femme de sa vie vient de le quitter le matin même.
"Quand l'amour s'en va , on ne réfléchit pas, on agit. Pas une seconde d'hésitation : je prends un Lexomil."
Il n'y a pas de mots pour le décrire. Il a une culture phénoménale et paradoxalement est complètement stupide. Il est poli, parfaitement conscient de son état, contre lequel il va décider de lutter par tous les moyens, des plus logiques aux plus incongrus. Ce ne sont pas des retournements de situation qui ont lieu dans ce livre mais des retournements de points de vue qui nous prennent tellement par surprise qu'en général ils sont accompagnés d'une sincère barre de rire.
Le contraste qui rend ce livre complètement dingue part d'un concept tout simple : Quelles solutions s'offrent au champion du monde de la dépression pour devenir heureux en quelques heures.
"J'ai cinq heures et une minute pour être heureux. C'est jouable."
S'il y parvient, son grand amour Bérénice qui reviendra à 19h le soir même ( prédiction infaillible faîte par l'un des plus grands marabouts sur internet ) le regardera d'un nouvel oeil et leur histoire pourra se poursuivre.

Si vous me détestez et que vous ne savez pas quoi m'offrir pour mon anniversaire, vous pouvez miser sur un livre de Laurent Gounelle ou Raphaëlle Giordino.
Celle-ci en prend d'ailleurs pour son grade : "Ta seconde vie commence le jour où tu comprends que tu n'en n'as qu'une" devient "Le bonheur, c'est quand tu crois que ta deuxième vie est finie alors qu'elle n'a pas commencé."
Le feel-good passe encore mais s'il y a une touche de développement personnel ça va me donner la nausée.
Mais quelques pages seront consacrées à la recherche du bien être par l'alimentation, le sport, l'hygiène de vie, le détachement des biens matériels. Est ce que ce sera suffisant ?
D'autres paragraphes auront pour objet le bonheur apporté par les publicités.
"Vous achetez un camembert et hop, vous avez plein de chouettes amis qui rigolent dans un pré en le partageant avec vous."
Sans compter les élections électorales ( "Quand on veut on peut" a dit Emmanuel dans son discours du 26/04/2017 à Arras ), les brochures achetées sur internet, la foi, la philosophie et bien d'autres méthodes dans cette journée qui file à cent à l'heure.
A la conquête de l'ultime félicité.

Je lis peu de romans humoristiques. David Safier, Anonyme et son Bourbon Kid, Romain Puèrtolas, Franz Bartelt et son inégalable côté pince sans rire en sont les rares exemples.
Ca faisait longtemps que je voulais découvrir JM Erre, et je n'ai vraiment aucun regret.
Déjà il est rare de lire un tel déluge de conneries, d'évènements insensés et hilarants qui s'enchaînent les uns aux autres comme des gags parfois téléphonés mais souvent inattendus.
Ensuite c'est un roman qui n'est pas avare de culture ou d'informations. Certaines farces ne fonctionneront que si l'on dispose des références correspondantes, j'ai donc du en rater deux ou trois mais ça ne m'a pas empêché pas de suivre cette tortueuse histoire sans queue ni tête.

Mais le plus beau c'est que derrière toute cette farce il y a une véritable réflexion. Ca n'est pas un livre juste pour se détendre et se marrer un bon coup.
Déjà de nombreuses anecdotes et statistiques permettent de briller en société. Saviez-vous qu'en France les suicides ratés s'élevaient à plus de 95 % ? Qu'Hégégias de Cyrène était un philosophe grec qui estimait le bonheur impossible et encourageait ses disciples à se donner la mort sans jamais montrer l'exemple ? Que Cyrène était le nom de mon premier chien ? ( Ca n'est pas dans le livre mais l'occasion était trop belle ! )
L'humour parfois grinçant et politiquement peu correct peut faire rire jaune quand on se reconnaît de façon caricaturale dans certains évènements, certaines réflexions.
Pourquoi est-ce aussi compliqué d'être heureux ? Qu'est-ce que les gens sont prêts à nous vendre pour nous faire croire à l'accessibilité du bonheur ? A quel point est on manipulé pour nous faire courir après une simple utopie ?
On ressort de la lecture avec le sourire aux lèvres mais aussi un petit côté coupable et amer, l'esprit plein de pensées contradictoires.

Et si personne ne lisait ma critique parce qu'elle est bien trop longue ?
Et si j'avais laissé des fautes d'orthographe ?
Et si des gens se procuraient le bonheur est au fond du couloir à gauche parce qu'ils ont lu le bien que j'en pensais, détestaient, et me demandaient de les rembourser ?

Tout ça m'angoisse.
Je prends un xanax et un stilnox et je m'endors pour me vider la tête.
Commenter  J’apprécie          5112
Le héros, Michel H. (il a fait des recherches sur les noms de famille commençant pas H. car le point est très important !) est plongé dans une dépression sans fond, la Mélancolie, depuis de longues années et vit dans son appartement dans des conditions pour le moins bizarres.

Son grand amour, Bérénice, l'a quitté, en fait ils étaient couple depuis trois semaines… et il aimerait la reconquérir et pour cela se précipite sur Internet où l'on trouve forcément une solution à tous les problèmes… Il va partir dans tous les sens, un marabout qui lui promet le retour de la belle dans quelques heures, moyennant une cinquantaine d'euros qu'il débourse allègrement (il a trois crédits à la consommation sur le dos alors un peu plus un peu moins…

Il est âgé de vingt-cinq ans, sous antidépresseurs et anxiolytiques depuis l'enfance pratiquement et connaît toute la pharmacopée, et donc l'automédication…

Évidemment, Michel H. est un fervent admirateur de Michel Houellebecq qui est, dit-il, son comique préféré et rêve de devenir écrivain comme lui. Et on va avoir souvent des allusions à la prose ou la dépression de l'auteur de « Sérotonine » et un autre homme est en compétition pour la première place : Emmanuel Macron et ses dents du bonheur (vous avez saisi la fine allusion !), porteur d'espoirs, le remède ultime dit-il. Ceci dit si Bérénice ne revient pas il reste la possibilité du suicide dont il va chercher le mode d'emploi sur… Internet. Mais, quid de l'efficacité : aucune personne qui a réussi son suicide n'est là pour témoigner.

Autre solution : lire tous les livres sur le bonheur que lui a laissé volontairement Bérénice, et ensuite c'est l'agitation maniaque avec l'esprit qui part dans tous les sens…

Quand il veut réfléchir ou décompresser au choix il reste fixé devant BFMTV, même si c'est le moment des pubs.

J'avoue que j'ai bien rigolé et c'était le but recherché après quelques lectures plutôt rudes, certaines solutions étant abracadabrantesques…

Déjà, on commence fort avec en exergue une citation de Michel Houellebecq : « N'ayez pas peur du bonheur, il n'existe pas » …

J'ai bien aimé la comparaison entre la naissance et l'expérience de mort imminente ou encore lorsqu'il essaie de se convertir au rangement pour « épurer les miasmes » en explorant toutes les méthodes possibles alors qu'il n'y arrive pas passant de la suppression du gluten, à la pollution et à la surconsommation …. Cela donne des moments savoureux.

J'ai passé un bon moment avec ce roman, véritable antidote à la morosité ambiante, et un nombre de pages qui permet de ne pas tomber dans l'exaspération devant le comportement et le raisonnement du héros. Si tous les livres de J. M. Erre sont aussi drôles que celui-ci je veux bien retenter l'expérience car c'était ma première incursion dans son univers.

Un grand merci à NetGalley et aux éditions Buchet Chastel, que j'apprécie beaucoup, pour m'avoir permis de découvrir ce roman et son auteur.
Lien : https://leslivresdeve.wordpr..
Commenter  J’apprécie          502
La vie ne vaut d'être vécue que du bon côté

J.M. Erre nous revient avec un roman chargé d'humour qui raconte la tentative de reconquête d'un homme éconduit. Michel parviendra-t-il à faire revenir Bérénice? Sa liste de recettes mérite le détour!

On dira que Michel n'a pas eu de chance. Mais il est vrai qu'il n'a pas demandé à naître. Pendant 25 ans, jusqu'à ce moment où Bérénice décide de le quitter, il aura été «un enfant triste, un adolescent cafardeux avant de devenir un adulte neurasthénique». Il faut dire que la marche de l'Histoire ne l'a pas gâté. Il est né le jour du déclenchement du génocide rwandais et a été baptisé la veille du massacre de Srebrenica. Et ce n'est pas son déménagement rue de la Gaîté qui a arrangé les choses. Il a la mélancolie solidement ancrée en lui. Sa fréquentation assidue des psys ne va pas non plus lui être d'un très grand secours. Pour ces professionnels, il est un «obsessionnel compulsif bipolaire gravement dépressif, franchement hypocondriaque, volontiers paranoïaque et fortement inhibé à cause d'un rapport pathologique à la mère.»
La solution serait donc le suicide. Mais après consultation des statistiques en la matière et le visionnage d'un discours d'Emmanuel Macron, il doit bien se rendre à l'évidence: le suicide, c'est dangereux! L'objectif de reconquérir le coeur de Bérénice semble davantage à sa portée, d'autant que Google n'est pas avare en solutions, de la méthode du psy canadien à celle du marabout burkinabé. Sauf que ces dernières brillent par leur inefficacité. Heureusement, il reste les blogs, eux aussi très suivis et pas avares en bons conseils. Pourquoi ne pas suivre celui de Martine de Gaillac et «irradier de bonheur pour rendre les autres heureux»? Mais là encore, c'est plus vite dit que fait.
Restent les livres. Ceux que Bérénice lui a laissé, ces ouvrages consacrés au bonheur et aux moyens de l'atteindre, de le conserver, voire de l'accroître. Oui, le bonheur est au fond du couloir à gauche!
J.M. Erre, avec son humour pince-sans-rire, fait une fois de plus la démonstration que la vie ne vaut d'être vécue que si on la prend du bon côté (encore faut-il savoir où est le bon côté). En s'amusant avec les recettes toutes faites et les manuels de développement personnel qui ne développent fort souvent que le tiroir-caisse de leurs auteurs, il fait oeuvre salutaire. Et nous en fait voir de toutes les couleurs: sous couvert de fantaisie bien noire, il nous offre un moment de vie en rose. de quoi effacer quelques bleus à l'âme...



Lien : https://collectiondelivres.w..
Commenter  J’apprécie          501
Si vous avez envie de vous payer une bonne tranche de rigolade, il vaut mieux éviter d'inviter Michel H. car il risquerait de vous mener au naufrage et de vous fâcher avec tous vos amis.
Pessimiste convaincu, Michel H se soigne, outre les anxiolytiques et anti-dépresseurs, il lit les textes de son maître à penser Michel Houellebecq et écoute les discours du président Macron dont le poster est au-dessus de son lit.
Lorsque Bérénice le quitte, il se sent au bout de sa vie et se donne 12 heures pour trouver la recette du bonheur et la récupérer.
J.M. Erre nous brosse le portrait d'un homme au bout du rouleau.
Comme à son habitude l'auteur manie l'humour noir et c'est réussi.
Il doit être particulièrement difficile de faire rire en littérature, si j'en crois le peu d'écrivains qui s'y risquent.
J.M. Erre semble avoir trouver les ingrédients, car roman après roman, il est drôle, pertinent sans jamais tomber dans la lourdeur.
J'aime son écriture.
Même si ce roman est loin d'être un feel-good, il m'a amusée, j'ai passé un excellent moment.
Je ne sais pas si « le bonheur est au fond du couloir à gauche », mais le plaisir est à coup sûr dans ce livre.

Merci à NetGalley et aux Editions Buchet-Chastel pour leur confiance.
#Lebonheurestaufondducouloiràgauche #NetGalleyFrance


Commenter  J’apprécie          390
J'ai cru comprendre que ce livre n'était peut-être pas le meilleur de l'auteur. Tant mieux aurais-je envie de dire car déjà j'ai bien aimé celui-ci ! J'ai ri, c'est caustique, pas trop long (de toute façon plus long ç'aurait pu devenir irritant !).
Je pense aller me pencher vers d'autres livres de cet auteur. de temps à autre, ce genre de livre, drôle mais acide, j'aime bien !
Donc une parenthèse qui m'a bien plu, pas le livre de l'année mais ma foi une bonne lecture.
Commenter  J’apprécie          336
Dans une critique d'un précédent roman de J.M. Erre, je définissais le mode d'écriture de cet auteur : «il prend un genre littéraire et un thème, imagine une histoire déjantée qu'il traite de manière magistrale avec un humour noir et féroce et dans un excellent français (c'est un prof de français) ». Dans ce roman, il y ajoute la règle des trois (unité de temps, de lieu et d'action) chère au théâtre du 17e siècle…

Plus précisément :
- genre littéraire : développement personnel
- thème : mal-être de Michel H.
- unité de temps : le jour de la rupture du couple Michel H./Bérénice
- unité de lieu : l'immeuble où habite Michel H.
- unité d'action : efforts de Michel H. pour retrouver Bérénice

J'ai retrouvé avec plaisir les situations ubuesques imaginées par J.M. Erre pour son ‘'héros'' qui se définit lui-même comme ‘'bipolaire assisté'', ‘'dépressif, irresponsable, attardé, infantile'' (n'en jetez plus !).
Mais, seul bémol : excédée par tout le battage médiatique et le business autour du développement personnel, je suis devenue allergique à ce thème, ce qui a nui à mon intérêt pour ce roman ; le talent de l'auteur n'est pas en cause.
Néanmoins, m'ont bien amusée le passage à la moulinette Erre : des recettes de développement personnel et de leurs auteurs, des discours et meetings électoraux d'Emmanuel, notre ‘'jeune Président aux dents du bonheur'' (utilisés par Michel H. pour galvaniser son courage défaillant), des recherches sur Google (« si on ne peut plus compter sur Google, que nous reste-t-il comme assise en ce bas monde ? »), de BFMTV (ses pubs omniprésentes et « son bataillon d'experts en tous genres »), etc… etc… J'en passe et des meilleures. Il charge allégrement la barque, J.M. Erre. Il a d'ailleurs trouvé un fil rouge hilarant pour l'histoire : M. Patusse, voisin ronchon de Michel H., qui vient périodiquement sonner à sa porte pour lui rappeler tel ou tel article du règlement de copropriété.

And last, but not the least, j'ai fait connaissance avec Hégésias de Cyrène ; je me coucherai moins bête ce soir grâce à vous, Monsieur Erre !


PS : Merci aux éditions Buchet-Chastel pour l'envoi de ce roman dans le cadre de la rencontre virtuelle Babelio avec l'auteur.
Commenter  J’apprécie          273
Vous avez un blues terrible parce que votre amour de Bérénice vous a largué en vous traitant de taré après une vie commune de 3 semaines. Pour vous remonter le moral, on vous recommande d'abord une pause salutaire qui peut durer plusieurs mois mais vous êtes trop pressé, vous allez donc tenter différentes thérapies, à savoir :
1 – Les meetings électoraux sur BFMTV, particulièrement efficaces les années d'élections présidentielles, ça peut vous regonfler à bloc car les candidats décrivent une société idéale, mais le problème c'est la pub, bien que quelquefois, lorsque vous vous faites un bon café en capsule dont je tairai le nom, une superbe créature va se pointer sur le champ.
2 – Sinon, il y a les innombrables consultations de psychologues, psychiatres et charlatans et les médicaments qui vont avec, antidépresseurs, anxiolytiques et bien entendu, les somnifères.
3 – Mais comme votre charlatan en téléconsultation vous garantit que ladite Bérénice va revenir sous 24 heures, il vous reste peu de temps pour changer de vie.
4 – Google va vous permettre de changer en un temps express mais aussi les ouvrages de développement personnel appelés par l'auteur « arnacothérapie ».
5 – Vous allez faire le vide dans votre appartement selon la méthode de Marie Kondo que j'ai facilement reconnue. Et hop à la poubelle le seau à serpillère qui ne vous procure aucune joie intérieure, idem avec la ventouse pour déboucher l'évier, par contre, vous gardez l'appareil à raclette.
6 – Ensuite, vous faites le vide dans vos placards alimentaires car vos recherches Google vous ont montré les dangers du sucre, du sel, des plats cuisinés, les produits trop gras, il ne vous reste qu'un paquet de lentilles et dans le doute, vous le jetez aussi. N'oubliez pas que le Nutella est responsable de la déforestation en Indonésie et de la disparition des orangs-outans. Ce qui vous fait culpabiliser mais heureusement les petites pilules viennent à votre rescousse.
7 – Vous décidez de vous mettre au sport mais comment choisir ? Dilemme, et l'heure tourne, Béré ne va pas tarder à sonner. Ah, ça y est, non, c'est le voisin qui se plaint de tous vos sacs poubelle sur le trottoir (voir 5 et 6).
8 – Vous lisez le philosophes mais ils se contredisent, vous êtes perdu. Vite, un comprimé.
Arghhh, Bérénice ne va plus tarder d'après le Marabout du Burkina-Faso. L'angoisse est à son comble…

Pourtant, c'était bien indiqué dans le titre, il est où le bonheur, il est où ? Au fond du couloir à gauche.
Une lecture jubilatoire avec des métaphores superbes. Je vais mettre quelques citations dans la foulée. Une critique acerbe de toutes les recettes du bonheur. Comme le dit J.M. Erre : « Il faut penser par soi-même au lieu de se référer à des maîtres à penser, disait un maître à penser auquel je me réfère souvent ».

Challenge multi-défis 2022.
Challenge ABC 2021-2022.
Challenge Riquiqui 2022.
Commenter  J’apprécie          2510
« le bonheur est au fond du couloir à gauche » est un livre désopilant, à l'humour grinçant dans le style « le Père Noël est une ordure ».

Le narrateur, un homme raté et pathétique, revendiquant son mode de vie d'assisté et d'alcoolique, vient de se faire plaquer (encore une fois) mais se persuade que sa bien-aimée reviendra d'ici le soir, s'il peut lui prouver qu'il est devenu heureux. Il s'ensuit « une plongée en apnée dans les abysses de la littérature feel-good », comme annoncé en quatrième de couverture. En fait cette plongée n'apparait qu'au dernier quart du roman, avec la satyre du « le Rangement, c'est maintenant » (« à chaque nouvel objet éliminé, tes poumons psychiques s'ouvrent un peu plus à l'oxygène du bonheur ») et d'autres livres comme « S'ouvrir à la joie d'être au monde pour pas cher » ; « Vivre une dépression heureuse » ; « le bonheur par le régime tout artichaut » … Cette satyre est particulièrement savoureuse, et se termine dans l'absurde et l'humour noir.

Le début du livre, qui est très amusant aussi, si on aime ce style d'humour, m'a fait penser à un « one-man-show » : une suite de courts paragraphes dans lesquels le narrateur nous explique sa compréhension du monde (complètement loufoque et à côté de la plaque), ses soucis avec M et Mme Patusse, ses voisins, son admiration du président Macron, et son ennemi du jour (SOS Amitiés qui veut l'empêcher de se suicider). le ton est à la dérision :

« Il faut penser par soi-même au lieu de se référer à des maîtres à penser », disait un maître à penser auquel je me réfère souvent. »…

« J'envie les gens qui ont des opinions claires et définitives sur tous les sujets. Ceux pour qui le réel est simple, divisé entre le bien et le mal. Ceux qui sont assurés de détenir la vérité. Ceux qui vous regardent de haut et qui vous rient au nez quand vous ne partagez pas leurs vues.
Ça doit être tellement reposant d'être prétentieux, arrogant et obtus. »…

« C'est la pub. Patientons. le gel douche Fleur des îles respecte votre peau, hydrate votre épiderme et, d'après les mimiques de la jeune femme qui se déhanche sous la douche, facilite l'orgasme. le dernier coupé sport de chez Audi vous procure l'évasion, vous offre la liberté et, d'après les grimaces du barbu musculeux qui ricane sur son siège, facilite l'orgasme. Les protections urinaires Senior Ô Sec garantissent votre bien-être en toutes circonstances et assurent votre confort en toute discrétion. En revanche, pour l'orgasme, c'est pas garanti. »

« Pour me donner du courage, je visionne un extrait du discours d'Arras du 26 avril 2017 (un de mes préférés). le futur président y explique très bien que « quand on veut, on peut ». Il a raison, je veux, je peux. Jeveujepeujeveujepeujeveujepeu : je répète la formule magique une bonne trentaine de fois à toute vitesse en regardant Emmanuel dans les yeux, et je me sens regonflé à bloc. Merci, Président. »
Commenter  J’apprécie          202




Lecteurs (669) Voir plus



Quiz Voir plus

Et si on prenait un bol d'Erre ?

En 2006, J.M Erre publie son premier roman, Prenez soin du...

chat
chien
canari
koala

8 questions
30 lecteurs ont répondu
Thème : J. M. ErreCréer un quiz sur ce livre

{* *}