Autrefois, le monde était peuplé d'Hommes mais aussi de nains, d'elfes, et autres créatures fantastiques. Unis contre un seigneur démoniaque, les Hommes, les nains et les elfes connaissent une période de paix. Mais cette paix précaire se voit menacée lorsqu'un roi nain est assassiné par un elfe. Une petite troupe constituée de représentants des différents peuples part à la recherche du coupable pour découvrir la vérité et éviter la guerre.
Avec un tel argument on pourrait craindre de se retrouver face à un récit mille fois lu. D'autant plus que
Fetjaine inscrit son roman dans une veine de fantasy arthurienne maintes fois visitée et se nourrit de diverses influences, de
Tolkien aux légendes celtiques en passant par Howard et j'en passe, ayant été, elles aussi l'objet de multiples lectures et relectures. Mais
Fetjaine, que je découvre ici, se révèle un auteur de grand talent. Sur un thème très classique dans le genre, il livre un très beau roman qui parvient à surprendre.
En lisant «
le crépuscule des elfes» j'ai pas mal pensé au film «Excalibur» de
John Boorman. On retrouve dans le roman de
Fetjaine ce thème de la disparition d'un monde, illustré par l'abandon de la magie au profit d'une nouvelle croyance. Comme dans le film de Boorman, dans le roman de
Fetjaine, on assiste à la montée en puissance de la religion chrétienne parmi la population. Même si cela n'apparait qu'en filigrane, en arrière-plan, cela imprègne tout le récit, lui donne un ton mélancolique là aussi assez proche du film. On sent bien, tout au long du roman, que la disparition de ce monde magique est inéluctable. La quête de la petite troupe a un côté assez désespéré. Et pourtant, jusqu'au bout on veut y croire. Même si on pressent que rien ne pourra venir changer la marche du destin, et qu'on pressent donc comment cette histoire va finir, on est accroché du début à la fin.
Le côté addictif du roman tient en 1er lieu à des héros très attachants. L'auteur donne vie à des personnages qui s'ils sont archétypaux n'en sont pas moins très bien campés. de toute façon, j'ai parlé d'archétypes et pas de stéréotypes. Des personnages classiques du genre donc mais si bien dépeints, physiquement, moralement et leurs émotions et sentiments si bien rendus, en un mot des personnages si vivants qu'ils embarquent le lecteur dans leurs pas.
Un autre point fort du «crépuscule des elfes» est son intrigue. L'histoire racontée par
Fetjaine est tout simplement passionnante et parfaitement menée. le dosage entre les différents ingrédients est idéal. Si le ton du roman est mélancolique, il n'est pas pour autant déprimant. L'aventure rythmée, pleine de péripéties, riches en combats, offre au lecteur un grand plaisir de lecture. L'histoire d'amour, loin de toute mièvrerie, s'avère belle et poignante et sonne juste.
Enfin, ce récit riche et peuplé de beaux personnages est servi par une belle écriture. Fluide, vive et poétique, la plume de
Fetjaine permet aux quelques 350 pages de son roman de glisser toutes seules. «
Le crépuscule des elfes» ne se lit pas, il se dévore.
Voilà donc une très belle lecture, divertissante et émouvante. Je ne laisserai pas passer trop de temps avant de m'attaquer au 2ème volet de cette trilogie.