Fille d'un fermier aisé, Emma Rouault épouse Charles Bovary, un médecin de campagne veuf. Tout pourrait
lui sourire en apparence, seulement voilà : notre jeune héroïne s'ennuie mortellement et ne trouve pas sa place dans un monde qui
lui semble médiocre, et totalement en décalage avec ce à quoi elle aspire. Son idéal, Emma Bovary le touche du doigt lors d'une invitation à un bal au château de Vaubyessard. Tout n'est alors que luxe et relations mondaines. Ce souvenir, notre héroïne le gardera toute sa vie. Il
lui rappellera pourtant sans cesse ce sentiment de vide, et la médiocrité de son existence.
J'ai ouvert
Madame Bovary (1857) une première fois à l'âge de seize ans (j'avais noté soigneusement mon année de lecture sur la page de garde). Je dois vous avouer une chose : je n'avais strictement rien compris au roman, passant totalement à côté du portrait psychologique d'Emma et des enjeux de cette oeuvre pour l'époque. J'ai attendu la trentaine pour
lui laisser une seconde chance, et je ne le regrette pas (même si je suis à nouveau totalement passée à côté d'un éventuel coup de coeur).
Madame Bovary me semble être une lecture exigeante. Pas pour la plume de
Flaubert qui coule sur le papier comme de l'eau, et qui reste agréable à découvrir / lire. Plutôt pour les portraits des personnages, assez complexes. J'ai enfin réussi à comprendre Emma Bovary dans ses déceptions, dans sa recherche de refuge (en multipliant les achats ou encore en entretenant des liaisons) pour se sentir vivante, et pour survivre face à son morne quotidien qui l'étouffe. Pari réussi ! Quand j'étais adolescente, je la trouvais fade, toujours à se plaindre, mauvaise mère (mais avec le recul surtout malheureuse et donc peu disponible pour son enfant), exaspérante au plus haut point.
Si j'ai réussi à la comprendre, je ne ressens toujours pas d'empathie à son égard,
lui préférant de loin Charles Bovary. Sous les traits du mari,
Flaubert dessine ici un personnage très tranquille, éternellement passif et dépendant des humeurs de son épouse. Souvent tourné en ridicule, il aime pourtant son Emma de tout son coeur, et se retrouvera victime collatérale des décisions de sa femme. C'est finalement surtout pour
lui que j'ai ressenti de la peine.
Avec cette seconde lecture, j'ai également enfin compris pourquoi ce roman avait fait grand bruit à l'époque (allant jusqu'au déroulé d'un procès). Il faut dire que
Flaubert n'y va pas avec le dos de la cuillère. Critique de la religion (dans ce roman du XIXe siècle, un rendez-vous galant est organisé dans une église) ; critique de l'institution du mariage (qui n'amène selon l'auteur que des désagréments et frustrations, qui ne peut être synonyme d'épanouissement) ; critique de la vie conjugale ; coup de poing donné à ce désir d'ascension sociale à tout prix (et pour Emma, la chute sera terrible. J'ai pensé à cette fable
De La Fontaine : La grenouille qui veut se faire aussi grosse que le boeuf). En bref,
Madame Bovary, c'est donc effectivement le portrait d'une héroïne moderne et sans doute inoubliable, mais pas que.
Pourquoi suis-je passée à côté du coup de coeur ? Sans doute à cause de quelques longueurs, et de la fin du roman qui reste très sombre, peut-être trop à mon goût (mais j'ai également eu ce ressenti avec
Une vie,
De Maupassant, où Jeanne est également une héroïne de roman malheureuse). Reste que je suis ravie d'avoir enfin pu rencontrer et comprendre en partie ce roman et ses personnages. Une autre oeuvre de
Flaubert m'attend sagement dans la bibliothèque :
L'éducation sentimentale. J'espère très bientôt me lancer dans cette nouvelle lecture.
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