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3,61

sur 2303 notes

Critiques filtrées sur 4 étoiles  
Trois contes, trois époques, trois contextes, mais cependant une même merveille d'écriture !
Humour ravageur, second degré omniprésent, précision "chirurgicale"quant aux choix des mots et des tournures langagières , légèreté du style.....un vrai régal!!
Je ne compte nullement " pitcher" ( j'aime employer ce terme au demeurant parfaitement ridicule!!) ,je veux dire déflorer les sujets de ces trois contes ( petite préférence pour le premier: "Un coeur simple), déjà décortiqués par une foultitude d'exégètes, plus ou moins recommandables!

Allez y , vous n'en reviendrez pas!
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Quel est donc ce coeur simple, doux, vaillant et généreux?
C'est celui de Félicité servante à Pont-l'Evèque chez Madame Aubain, veuve hautaine et bourgeoise. Une Félicité que tout le monde félicite pour ses qualités. Aimante avec les enfants, Paul et Virginie, honnête,économe,dévouée,travailleuse, bref une perle.
C'est que tout n'a pas été toujours facile.
Maltraitée dans son enfance, trompée par Théodore un jeune fermier intéressé, elle s'épanouit auprès de cette famille dont elle considère les petits comme les siens.Elle s'occuppe de Virginie souffrante et à son catéchisme. Au départ de cette dernière en pension, elle s'attache à son neveu Victor.Et celui ci noyé, ce sera Loulou le perroquet qui disparaîtra aussi. Et puis ce sera le tour de Madame Aubain. Et puis,et puis,et puis...les morts tournent à l'obsession et au délire mystique: un Dieu Loulou qui même empaillé la prendra sous son aile.
Mais bienheureux les coeurs simples car..... le paradis les attend!
Un livre émouvant, car Félicité n'est qu'émotions et belles émotions.
Des portraits psychologiques forts et une peinture aigue de la société du XIX° siècle. Cézanne a, dit on, comparé sa Vieille au chapelet avec la Félicité de Flaubert.
Petit rappel sur Gustave Flaubert: né en 1821, il est connu pour Madame de Bovary (1856) soumis à la critique de l'époque, Salammbô (1862), L'éducation sentimentale(1869) et bien d'autres romans qui lui vaudront la reconnaissance du public et la fréquentation des frères Goncourt,de Sainte Beuve,Théophile Gautier et surtout George Sand qui l'incitera à écrire Un coeur simple.
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Je n'avais jamais lu de roman de Gustave Flaubert. Un coeur simple est très court (je reconnais que pour le challenge riquiquis c'est un atout!) mais son récit est riche. L'héroïne, Félicité, est une femme de son époque, servante dévouée, pieuse sans instruction, n'existant que pour les autres. Elle fait preuve d'une grande loyauté, elle est courageuse, travaille dur. Je me souviens de la scène dans le pré que les enfants doivent traverser, et que les vaches menacent.
Flaubert décrit la vie de Félicité avec une grande humanité, il s'intéresse à ses pensées, ses émotions, aux épreuves qu'elle traverse. Un coeur simple est le roman d'une femme pas uniquement celui de son rôle dans la société.
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Relire ces « Trois contes » de Flaubert vient de me reposer un peu de la lecture encore inachevée du livre de Patrick Grainville « Falaise des fous ». Cet assaut écumant de mots et de descriptions, vagues après vagues, vous sape. Aussi, avant de m'écrouler, il était temps d'une pause.

Au foisonnement dément des mots d'un Grainville, Flaubert a préféré la simplicité et l'efficacité d'un esprit clair et organisé. Phrases courtes, qualificatifs précis et sûrs fluidifient le discours, emportent le lecteur. En sens inverse de leur présentation, ces contes font la démonstration des facultés créatives de l'auteur. S'appuyant sur une histoire tellement connue, celle de la décollation de St Jean Baptiste, un peu moins avec la légende de St Julien et oeuvre de composition totale avec « Un coeur simple ».
Exercice de style assumé, réussi avec maîtrise, bien sûr.


Allusions cyniques aussi à la fatuité religieuse de vouloir dominer le monde et ses incompréhensibles cruautés. La Félicité d'un coeur simple meurt seule et usée d'avoir servi autrui, Julien le sanguinaire sera en proie à la malédiction avant sa rédemption et le Baptiste paiera de sa vie l'avénement programmé du Christ.
Trois destins roulant entre les mains d'un Dieu aussi incompréhensible que cruel. Trois coeurs purs soumis dès avant leur naissance à la cruauté du démiurge, fort habilement relayée par leurs semblables.


Flaubert a certes cette dimension de très grand conteur mais aussi celle de fin moraliste dont le regard avisé sur nos destinés nous fait encore frémir.
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J'adore Flaubert. Cette nouvelle m'a beaucoup plu. Elle est simple comme son titre et dans la lignée des nouvelles de Flaubert, elle témoigne de cette période du 19ème siècle. Ce livre m'a ete offert par une collègue lors de la visite de l'expo de Jeff koons à Beaubourg. Un petit clin d'oeil avec ce joli coeur que j'avais vu aussi à Versailles.
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Un tour de force stylistique, évoquant les possibilités et les limites de trois vies, chacune vécue dans un moment distinct et significatif de transition historique, et racontant l'histoire de chaque vie dans le langage, les formes artistiques et les perspectives qu'offre chaque instant
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Le voyage offert par ces "Trois Contes" de Monsieur Flaubert est un voyage étrange... C'est un monde à la fois très loin et très proche de l'univers flaubertien.
C'est un voyage dans le temps avec les premiers âges de la Palestine et de la Bible, l'imagerie médiévale normande et la vie dans cette même Normandie au XIX°siècle.
C'est un pèlerinage auprès des inspirations de leur auteur: "Un Coeur Simple" et son cadre, la vie étriquée et pâlichonne de Félicité ne sont pas sans évoquer "Madame Bovary"; "La Légende de Saint Julien l'Hospitalier" n'est pas si éloigné de "La Tentation de Saint Antoine". Enfin "Hérodias" retrouve "Salammbo", sa sensualité, sa cruauté...
Ce sont aussi des parangons de l'écriture de Flaubert et de sa virtuosité: perfection formelle, pureté et musique de la langue, puissance de suggestion, symétries dans la construction des textes...
C'est -et c'est là le plus inhabituel pour un auteur qui aimait à pourfendre la morale bourgeoise et l'hypocrisie des grenouilles de bénitier-, un voyage troublant au coeur de la foi... de la sainteté et sans ironie, avec si peu de jugement: Félicité croit avec la force de sa candeur, Saint Julien est digne de la légende dorée et Hérodias va chercher ses racines dans la Bible...
Il y a donc bien un thème commun qui semble unir ces trois contes au premier abord très loin les uns des autres... Il y a bien une unité, aussi étrange puisse t-elle paraître.
Le recueil est donc riche, beau et se savoure.
Le problème, c'est que qui dit "recueil" et "conte" dit aussi comparaisons et personnellement, je n'aime pas les trois récits de la même manière. "Un Coeur Simple" me transperce par sa grâce légère, sa simplicité apparente et j'ai toujours une peine immense pour Félicité qui s'attache si fort à son perroquet. C'est sûrement parce qu'elle n'a personne à aimer, et c'est triste. J'aime les montagnes russes que produit "La Légende de Saint Julien l'Hospitalier" qui débute comme une chanson de geste délicieusement surannée (Angélique de l'ami Zola aurait adoré!) dans lequel on croit pouvoir se pelotonner comme dans un vrai conte, qui terrifie et révolte quand Julien se met à massacrer les animaux et quand le jeune homme finit par tuer ses parents. J'aime même le malaise qui s'empare de moi lorsque il sert contre lui le lépreux que j'ai toujours trouvé inquiétant et le malaise plus grand encore quand l'histoire s'achève.
En revanche; et alors que sur le papier, c'est le conte que je pensais préféré; j'ai plus de mal avec "Hérodias". Trop bavard, trop froid malgré sa débauche de parfum, de sensualité... J'en suis sortie vaguement déçue... Il faudra que je le relise un jour, seul. Qui sait?
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Un coeur simple, premier Flaubert de ma vie , m'a vraiment fait penser à un Maupassant (que j'aime beaucoup) et là je me suis dit "cool, un auteur que je vais dévorer autant que Guy"... Et puis j'ai lu plusieurs critiques de gens plus cultivés que moi (au moins d'un point de vue littéraire) et ils m'ont gentiment signalé que c'est le seul récit de Flaubert qui a ce style. Bon, tout est à refaire!
En attendant, le récit susnommé m'a beaucoup plu dans sa forme. C'est le résumé d'une vie dans ce qu'elle peut avoir de triste, de drôle parfois et surtout d'absurde. Des réactions qui peuvent avoir l'air disproportionnées d'un point de vue extérieur et qui pourtant peuvent prendre tout leur sens quand elles sont vécues de l'intérieur.
Une nouvelle sympathique mais qui apparemment reste un peu à la porte de la biblio de Gustave, vivement la prochaine lecture.
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J'ai plutôt bien aimé partager le quotidien et les états d'âme de Félicité, employée de maison un peu simple mais au grand coeur (le titre du roman est vraiment bien trouvé...). C'est très bien écrit. Normal me direz- vous, c'est du Flaubert. Il y a de nombreux détails, tant sur les sentiments des personnages, que les descriptions des lieux ou des actions. C'est une courte nouvelle sans grande action mais c'est cependant séduisant
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N'ayant jamais lu Gustave Flaubert, on peut dire que j'attaque sa bibliographie par son bout final. En effet, ses « Trois contes » sont son dernier livre achevé et se compose de trois nouvelles écrit à la fin de sa vie, période de remise en question de l'auteur qui peinait à se remettre à écrire. Ces trois nouvelles sont placées sous le regard de Dieu et de la religion chrétienne ; point commun de ce triptyque plutôt court. Mais quantité n'est pas synonyme de qualité et Flaubert nous livre ici des textes de bonne facture.


En dehors d'un « Hérodias » qui m'a légèrement ennuyé, ces contes sont portés par une plume des plus poétiques de laquelle s'échappe un peu de mélancolie, de solitude et de tristesse. Mais il y a aussi de la poésie chez Flaubert et le lecteur en ressentira ce qu'il faut d'émotions. Ne serait-ce que l'histoire de Félicité dans « Un coeur simple » dont la solitude s'accentue au fil des décès. Solitude aussi pour Saint Julien dont, à la manière des mythes grecs, se voit alourdir parle poids du Destin.
S'il y a bien quelques thématiques communes entre les trois nouvelles, ces dernières sont assez différentes pour trouver chacune leur lecteur.
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