"
Dans ma peau" est un récit autobiographique de l'écrivain français
Guillaume de Fonclare, publié cette année.
Guillaume de Fonclare est depuis quelques années le directeur de l'Historial de la Grande Guerre à Péronne mais, ainsi que nous le découvrons dans ce témoignage, il est aussi un homme atteint d'une maladie auto-immune d'origine et d'identité inconnues qui ne cesse de gagner du terrain.
L'auteur met ainsi en parallèle, sans toutefois verser dans la comparaison, sa douleur à la souffrance de ces milliers de soldats morts sur le champ de bataille mais surtout à celle de ces vétérans porteurs de séquelles invisibles...
Ce récit se présente tel un cheminement intérieur, nourri à la fois des connaissances historiques et du ressenti de l'auteur quant aux souffrances engendrées par la Grande Guerre et de ses réflexions sur cette maladie auto-immune inconnue des médecins.
Une "torture égocentrique", une "intime cruauté dont je suis à la fois l'initiateur et l'objet".
Guillaume de Fonclare possède les mots justes pour expliquer l'inexplicable et décrire cette catégorie de maladie qui implique pour le malade de voir son système immunitaire se retourner contre lui et mettre un terme à cette communion entre corps et esprit, contraints à se livrer une bataille quotidienne.
Sans jamais adopter le ton de la plainte et par le biais d'un vocabulaire largement emprunté au registre militaire, l'auteur nous explique son parcours du combattant : la perte progressive d'autonomie, le lourd passage à la Sécu et au statut d'invalide, le corps devenu vieux avant l'âge, la fatigue croissante, les angoisses face aux lendemains incertains, le spectre de la mort et l'effort de vivre malgré tout.
Dans cet Historial dédié avant tout à l'homme,
Guillaume de Fonclare a su trouver un refuge qui lui a permis d'accepter sa douleur au nom d'une dignité qu'il tient à conserver.
En ce lieu qui a vu périr 2 hommes au mètre carré (soit plus d'un million de personnes selon estimation), l'auteur mesure sa chance de pouvoir vivre en liberté et parler de ce que ces soldats rescapés, ces hommes d'un autre temps, ne se seraient jamais autorisés à évoquer, les cauchemars et douleurs invisibles laissées par la guerre.
Si l'auteur aborde énormément la mort, il salue également la prévenance des vivants, de ses proches en leur délivrant un message d'amour que l'on sent à la fois sincère et investi d'une certaine pudeur.
J'y ai ressenti l'amour d'un père, d'un mari mais j'y ai vu aussi une démarche d'historien, soucieux de laisser une trace après sa mort.
Bien que ces deux aspects soient intimement liés, je dois bien avouer avoir été beaucoup plus sensible aux considérations de l'auteur quant à son expérience de la maladie qu'aux diverses allusions à la Grande Guerre qui accompagnent son récit.
Et ce n'est pourtant pas faute de dresser des ponts entre les deux sujets. Peut-être n'ai-je pas une connaissance suffisante de l'Histoire que pour pouvoir mesurer et apprécier ce témoignage historique à sa juste valeur.
J'ai donc avant tout été bouleversée par l'histoire d'un homme capable d'évoquer la noirceur de la maladie en tant que prélude à la mort tout en investissant son récit d'un hymne à la vie, ou du moins à la survie...
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