Dans Les mots et les choses, Michel Foucault nous expliquait le changement de l'épistémè classique à l'épistémè moderne, mais donner la cause profonde de ce changement. Dans ces cours donnés au Collège de France entre le 11 janvier et le 5 avril 1978, il nous dit que c'est l'augmentation de la densité de population, entre autres dans les villes, qui en est la cause. Cette augmentation incite les pouvoirs à modifier la circulation (des personnes, des marchandises, des microbes) à partir non pas de lois autoritaires, mais de l'observation et de l'analyse des mouvements de ces populations. D'où la naissance des sciences humaines comme l'étude de la figure de la population : il s'agit de décrire la population, l'humanité, comme un seul homme.
Mais l'augmentation de la population a également un impact sur le pouvoir. Celui-ci passe d'une souveraineté coercitive à l'intérieur d'un territoire, vers une modalité nouvelle, le "gouvernement", lui-même hérité en partie de la modalité pastorale apportée par le christianisme (et avant lui l'hébraïsme).
Ainsi, lentement, naît l'Etat moderne par la mise en place de modes de gouvernement des populations plus ouverts que l'ancienne souveraineté, du fait de l'augmentation de la densité de la population. Foucault nomme "biopouvoir" les mécanismes qui font entrer dans les stratégies politiques les éléments caractéristiques des comportement de l'espèce humaine;
Commentaire personnel : on est tenté de se dire que l'urbanisme s'étant accru depuis la date des cours (1978) et que le "gouvernement" n'a cessé de s'intéresser à la circulation (une des conditions pour les candidats à l'Ue), on pourrait extrapoler ces conclusions par une nécessaire modification de la notion de "gouvernement" à l'époque actuelle, voire de l'Etat. Ce qui participerait à expliquer les tensions actuelles sur ces notions.
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la répression des vols, qu’est-ce qu’elle coûte ? Est-ce qu’il est plus
coûteux d’avoir une répression sévère et rigoureuse, une répression lâche, une répression de type exemplaire ou discontinue, une répression continue au contraire ?
Quel est donc le coût comparé du vol et de sa répression ? Qu’est-ce qui vaut mieux : relâcher un peu le vol ou un peu la répression?
L'homme, ce n'est, après tout, entre d'autre, tel qu'il a été pensé, défini à partir des sciences dits humaines du XIXème siècle et tel qu'il a été réfléchi dans l'humanisme du XIXème, cet homme ce n'est rien d'autre, finalement, qu'une figure de la population. Ou disons encore, s'il est vrai que, tant que le problème du pouvoir se fondait dans la théorie de la souveraineté, en face de la souveraineté ne pouvait pas exister l'homme, mais seulement la notion juridique de sujet de droit. A partir du moment, au contraire, où comme vis-à-vis non pas de la souveraineté, mais du gouvernement, de l'art de gouverner, on a eu la population, je crois que l'on peut dire que l'homme a été à la population ce que le sujet de droit avait été au souverain.
[Le biopouvoir] à savoir l'ensemble des mécanismes par lesquels ce qui, dans l'espèce humaine, constitue ses traits biologiques fondamentaux va pouvoir entrer à l'intérieur d'une politique, d'une stratégie politique, d'une stratégie générale de pouvoir, autrement dit comment la société, les sociétés occidentales modernes, à partir du 18ème siècle, ont repris en compte le fait biologique fondamental que l'être humain constitue une espèce humaine.
De toutes les civilisations, celle de l'Occident chrétien a sans doute été, à la fois, la plus créative, la plus conquérante, la plus arrogante et sans doute une des plus sanglantes. C'est en tout cas un de celles qui [ont] certainement déployé les plus grandes violences.
Les dispositifs de sécurité travaillent, fabriquent, organisent, aménagent un "milieu" avant même que la notion ait été formée et donnée.
Michel Foucault affirmait que « dans son versant critique, la philosophie est ce qui remet en question tous les phénomènes de domination ».
Cette analyse des rapports de pouvoir demeure au coeur de tout un pan de la tradition philosophique et s'incarne dans un questionnement qui passe par le rapport au terrain. Comprendre les effets de domination – et tenter de les contrer – c'est aller là où ils s'exercent, c'est-à-dire là où ceux et celles qui les subissent peuvent en devenir, par leur expérience même, des expert·e·s.
En franchissant le seuil d'une prison ou d'un camp de réfugié·e·s, en enquêtant sur les expérimentations autogestionnaires et écologiques au travail, chacun·e des philosophes invité·e·s façonne un discours critique qui engage un autre rapport au réel et à la philosophie. La réflexion critique se forge ainsi par les entretiens comme par le travail sur les sources et les archives, rendant présente autrement la puissance d'un terrain passé.
Retrouvez sur notre webmagazine Balises, les articles en lien avec la rencontre : "Philosophie de terrain et sciences sociales : rapprochement, hybridation ou dissolution de la philosophie ?" et "L"entretien en philosophie de terrain"
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