AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
EAN : 978B0014W50Y4
Gallimard (30/11/-1)
3.62/5   4 notes
Résumé :
Hern Félix Enderlin, quarante et un ans, docteur ès lettres à Zurich, va tenter une diabolique expérience qui n'est autre que la transgression de la réalité. Vivre sa vie d'homme mûr, cultivé et libre, inclus dans une société précise, à la veille de partir pour Harvard où lui est proposée une chaire de professeur, mais aussi assumer de l'autre côté celui qu'il n'est pas, celui qu'il aurait pu être, qu'il sera cependant à condition de délivrer cet autre lui-même des ... >Voir plus
Acheter ce livre sur
Fnac
Amazon
Decitre
Cultura
Rakuten
Que lire après Le désert des miroirsVoir plus
Critiques, Analyses et Avis (1) Ajouter une critique
La vie est tapissée de miroirs. Au centre se tiennent les humains. Ils ne remarquent rien, ou font semblant. Telle est la vie que l'on se raconte et qu'on se laisse raconter par ceux qui nous observent mais qui n'en savent pas plus. La preuve ? un homme peut se faire passer pour un aveugle pendant des années sans que ni sa femme, ni ses enfants, ni ses amis ne remarquent la supercherie, malgré toute la mauvaise volonté du comédien à jouer ce rôle.


Et d'ailleurs, pourquoi cet homme en particulier a-t-il voulu se faire passer pour un aveugle ? Il se dirigeait à son rendez-vous galant lorsque cette idée lui traversa l'esprit. Par la force des choses, le flirt s'intensifia, et l'erreur s'approfondit. Il fallut continuer de jouer à l'aveugle.


D'ailleurs, pourquoi n'être qu'un personnage et pas tous les autres ? Lila la femme s'adapte très bien, elle-même figure adaptable qui se plie aux besoins mouvants de l'écrivain. Choisir est une mutilation. le roman devient laboratoire d'expérimentation à visée existentielle.


Si les premières dizaines de pages sont hermétiques et peu agréables à lire, on finit par se plier aux règles du jeu et par apprécier l'acuité aigue de Max Frisch dans sa vision des relations sociales, et de l'enfermement mutuel de chacun dans la coquille désertée de son être.
Commenter  J’apprécie          101

Citations et extraits (13) Voir plus Ajouter une citation
Ce qui asservit les hommes : leur mépris de la femme, qu’ils ne s’avouent pas à eux-mêmes ; de là pour eux l’obligation de glorifier et de s’aveugler ; quand la réalité les éclaire, ils courent à la suivante, comme si la suivante n’était pas une femme aussi et ils ne peuvent se passer de leur rêve… Ce qu’on méprise : leur passivité, leur coquetterie même là où il s’agit de tout autre chose, la permanence de leur attitude de femme-à-homme, toutes leurs autres préoccupations se révèlent prétextes ou camouflages ou intermèdes, leur soif inétanchable d’amour, leur habitude de se faire servir (allumettes) et d’avoir toujours le droit d’être déçues, en général leur penchant aux reproches (le reproche doit d’ailleurs être deviné), leur pouvoir de silence, elles veulent et peuvent rester opaques à elles-mêmes, leur capacité à tout supporter, leur truc d’être la victime, en outre leur effrayante facilité à être consolées à tout moment, leur aptitude au flirt en plein bonheur, toujours prêtes dans leur ruse à laisser à l’homme la responsabilité de ce qui arrive, et quand l’homme, pour pouvoir agir, voudrait savoir où il en est, de leur art de laisser les portes ouvertes, elles lui abandonnent la décision et du même coup la responsabilité dès le départ, leur fragilité en général, leur besoin de protection et de sécurité, et avec cela leur versatilité fantastique, bref, leur charme… L’homme accentue d’autant plus son attitude chevaleresque qu’il a plus de mépris à dissimuler…
Commenter  J’apprécie          20
La différence naturelle entre l’homme et la femme, qu’aucune égalité de droits n’effacera, consiste en ce que c’est toujours l’homme qui agit dans l’étreinte. Il reste lui-même et la femme le sait ; elle le connaît. Elle ne veut pas savoir ce qu’elle peut deviner. A l’inverse, l’homme ignore totalement comment est la femme dans son étreinte avec un autre : il ne peut absolument pas le deviner. La femme est monstrueuse par sa faculté d’adaptation presque sans limites et, quand elle revient de chez un autre, elle n’est pas la même : quand cela dure un peu, tout en est pénétré, ses préoccupations intellectuelles, ses façons de voir, ses jugements.
Commenter  J’apprécie          30
[…] la jalousie, une véritable douleur de voir qu’un être qui nous remplit reste en même temps en dehors. Un cauchemar en plein jour. La jalousie a moins à faire qu’il ne semble avec l’amour des sexes ; c’est le gouffre entre le monde et l’illusion, la jalousie au sens le plus restreint n’est qu’une note en bas de page, un choc : le monde coïncide avec mon partenaire, pas avec moi, l’amour ne m’a uni qu’à mon illusion.
Commenter  J’apprécie          50
Gantenbein l’aveugle se rappelle divers rouges. Un rouge saumon lui irait bien, explique-t-il, même un rouge tuile un peu sec, peut-être aussi un rouge foncé comme celui des roses qui se flétrissent, un rouge braise ou approchant. Il aime le rouge. Il se rappelle un seul rouge qui ne lui irait pas : plat, frelaté, chimique, un rouge limonade. Un silence. Il se rappelle : rouge est le sang, rouge la couleur des signaux d’alarme, par exemple le drapeau pour les explosions, rouge la bouche des poissons, la lune et le soleil au levant et au couchant, rouge le feu, le fer dans le feu, parfois rouge la terre et la lumière derrière les paupières closes, rouges les lèvres, rouge un foulard dans les paysages brun et gri et verts de Corot, rouge les blessures, le pavot, la honte et la colère, beaucoup de choses sont rouges, la peluche au théâtre, les églantiers, le pape, les capes lors des courses de taureaux, le diable, dit-on, est rouge et le rouge vit du vert, oui le rouge est la couleur entre toutes les couleurs – pour Gantenbein.
Commenter  J’apprécie          10
Vous habitez donc là. Appartement ou maison, arrangé comme ceci ou comme cela, vraisemblablement antico-moderne, avec la lampe habituelle de confection japonaise, en tout cas il y a une salle de bains commune, la vue quotidienne d’ustensiles pour les soins différents de deux corps, un de femme, un d’homme. Il vous arrive d’y être pris de nostalgie. Aucun d’entre vous n’a personne de plus proche, non, pas même en souvenir ; pas même en espérance. Peut-on être plus unis que vous l’êtes ? On ne peut pas. Mais parfois, vous avez donc une nostalgie. De quoi ? Vous en avez le frisson. Quel frisson ? Vous voilà vivant, plein d’amour, les années infinies et éphémères, un vrai couple, tendre, sans le montrer aux invités, car vous l’êtes vraiment, un vrai couple aux corps morts d’amour qui ne se recherchent plus que rarement. Après un voyage peut-être, une séparation de la durée d’un congrès, il arrive qu’en plein jour, peu après l’arrivée, avant de défaire les valises et de raconter le minimum, vous avez une étreinte. Qu’ont à y voir les autres ? Cela rafraîchit, mais ne mérite pas un aveu. Vous avez de nouveau, comme autrefois, une journée où les heures ne comptent pas, en robe de chambre et avec les disques. Puis de nouveau la douce disparition de toute curiosité de part et d’autre, inexprimée, à peine indiquée, camouflée seulement derrière les exigences de la journée.
Commenter  J’apprécie          00

Video de Max Frisch (2) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Max Frisch
Une présentation du Journal berlinois (1973-1974) de Max Frisch par sa traductrice, Camille Luscher. Disponible dans toutes les bonnes librairies dès le 6 octobre 2016. http://editionszoe.ch/livre/journal-berlinois-1973-1974
autres livres classés : enfermementVoir plus
Les plus populaires : Littérature étrangère Voir plus
Acheter ce livre sur
Fnac
Amazon
Decitre
Cultura
Rakuten


Lecteurs (8) Voir plus



Quiz Voir plus

La Boîte à Merveilles

Quel est le vrai nom de l'auteur ?

Ahmad Safrioui
Sidi Mohamed
Mouhsine Raissouni
Ahmed Sefrioui

30 questions
531 lecteurs ont répondu
Créer un quiz sur ce livre

{* *}