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EAN : 9782070713882
590 pages
Gallimard (28/02/1989)
4.09/5   17 notes
Résumé :
Le lecteur qui aura effectué un premier survol de la littérature japonaise contemporaine trouvera dans cette seconde anthologie trente autres nouvelles pour compléter ce paysage des lettres japonaises.
En dehors de Sôseki Natsume, Katai Tayama, Ango Sakaguchi ou Kôbô Abe, déjà bien connus du public français, la plupart des auteurs présentés ici sont à découvrir.
Du naturalisme, qui marque les textes du début du siècle, au lyrisme abstrait dont sont emp... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (4) Ajouter une critique
Cette anthologie en deux tomes, chacun contenant une trentaine de nouvelles, présente une grande variété d'auteurs et de styles. le choix des oeuvres a été réalisé par une équipe de critiques et d'auteurs japonais de l'époque (fin des années 80). Si on y retrouve certains noms bien connus (Mishima, Tanizaki, Kawabata, Ôe, Sôseki…), la plupart des auteurs nous sont inconnus, car c'est la première fois qu'ils sont traduits, et à ma connaissance, les choses n'ont pas beaucoup avancé pour eux depuis les années 1990 !
Toutefois, cela s'explique aisément. L'éditeur nous assure sur la quatrième que les soixante nouvelles sélectionnées « embrassent la production littéraire japonaise depuis le début du siècle jusqu'à l'après-guerre » . Ce n'est pas tout à fait exact. La majorité de nouvelles se concentrent entre deux époques : la fin du 19e siècle (premier tome) et la période entre la fin de la guerre et les années 70. Elles nous décrivent logiquement un Japon, et une vie quotidienne, très différents de celui que nous connaissons : le pays est pauvre, la faim est une préoccupation quotidienne, les maladies nombreuses et l'activité économique chaotique. La délinquance n'est pas rare, et pour s'évader de ce quotidien plutôt glauque, de nombreux auteurs donnent à leurs récits une connotation onirique. Certains, marxistes convaincus, à défaut d'être convainquant, nous décrivent avec talent la vie quotidienne des masses laborieuses où les familles font savoir aux anciens qu'ils n'ont que trop vécu, et se les refilent en espérant les voir expirer au plus vite ! (« l'âge des méchancetés », Fumio Niwa, vol. II). Autour de la guerre, des récits prenant prétexte de la mort d'un animal sont aussi très éloignés de notre sensibilité actuelle.

Les nouvelles de cette anthologie sont de « vrais » nouvelles, le plus souvent de quelques dizaines de pages et non, comme le voudrait la mode actuelle, de quelques pages, voire une seule ! On y trouve un sens partagé de la description : paysages, situations, pensées, voyages, au détriment peut-être de l'action ou de la chute, qui n'est pas ici le but recherché (bien que ce soit le cas dans d'autres nouvelles japonaises de la même époque que j'ai lues par ailleurs).

Si les deux volumes sont interessants, les « pointures » sont surtout regroupées dans le premier). On rencontre ainsi dans ce dernier « l'incident de Sakaï », de Ogai Mori, qui relate un accrochage entre des marins français et la population du port de Sakai en 1868, provoquant un seppuku général devant des officiels français terrifiés par ces suicides rituels. On y rencontrera aussi la célèbre nouvelle « Le pied de Fumiko », de Tanizaki ; le très amusant journal d'un officiel japonais visitant le Paris de 1872 ( par Mitsuo Nakamura) et un très interessant texte de Mishima, « du fond des solitudes ».

Il arrive aussi que l'on rencontre une nouvelle qui décrive en détail un aspect typique de la vie japonaise, ce qui n'est pas toujours passionnant : ainsi, alors qu'une nouvelle explore (laborieusement) en profondeur l'univers du théâtre Kabuki (« on ne vit qu'une fois », Kiku Amino, vol. II) ; une autre (« note sur ceux qui prirent la mer à la recherche de la terre pure » - Yasushi Inoue, vol.I) parvient à traiter sur un mode humoristique les errements des supérieurs d'un temple contraint d'embarquer, la vieillesse venue, pour un voyage sans retour.

Evidemment, chaque lecteur trouvera dans ce foisonnement matière à admirer, rêver ou même s'ennuyer, mais l'ensemble mérite largement d'être lu. Parmi les nouvelles présentées, au delà de celles, magnifiques, de Mishima, Kawabata et Tanizaki, je retiendrai les noms de Aya Koda (le kimono noir, vol. II) et Yoshiki Hamaya (la lettre dans un baril de ciment, vol II).

Cette anthologie ayant tout de même trente ans, depuis une nouvelle génération d'auteurs, véritablement contemporains et sans doute davantage traduits, occupent le devant de la scène (et les emplois du temps des traducteurs, qui sont moins nombreux que les soldats !). Chaque nouvelle est suivie d'une courte notice présentant l'auteur, ses oeuvres principales et celles disponibles en français. C'est l'occasion, au hasard de ces notices bibliographique, de voir combien d'oeuvres japonaises reconnues n'ont jamais été traduites.

Les traducteurs, au travail si difficile ici (ils ont été épaulés par une équipe japonaise de spécialiste de littérature française), sont nombreux. Parmi ceux qui ce sont occupés de plusieurs nouvelles, citons Marc Mécréant, Jean Jacques Tschudin, Anne Sakai et Jean Cholley. Tous ont réalisé un excellent travail, sur des textes difficiles, confinant parfois au surréalisme, et donc particulièrement difficiles à transcrire (mention spéciale à Anne Sakai pour « ces journées telles qu'en rêve » de Toshio Shimao, qui n'a pas dû être simple à transcrire !)

Ajoutons pour terminer que ces deux épais volumes de 600 pages respirent la qualité et, malgré une couverture dont la qualité se dégrade visiblement entre le volume I et II (on passe, d'une solide couverture plastifiée en 1986 à un carton brut trois ans plus tard - il n'y a pas de petites économies), qu'ils supporteront de nombreuses lectures, relectures et consultations pour une plongée en eaux profondes dans les origines du japon moderne.
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Surtout lu parce que s'y trouve la nouvelle de Kenzaburo Oé, "Tribu bêlante" évoquée par Milan Kundera dans Les testaments trahis. Rien que pour ce récit, le livre vaut la peine d'être acheté.
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L'intérêt majeur de ce livre consiste à faire découvrir divers auteurs de la première moitié du 20ème siecle par une trentaine de nouvelles. Le Japon dans son histoire a connu des périodes de repli insulaire, de fermeture au reste du monde. D'où une sphère de mystères et un art de vivre spécifique qui restent encore vrai à présent. L'objectif décrit dans la préface est précisément de nous faire découvrir cette culture et art de vivre. Or j'ai le sentiment que si on cachait le fait qu'il s'agit d'une compilation de quantité d'auteurs, on pourrait penser que ces trente nouvelles sont du même auteur tant la production est homogène, à une exception pour la dernière nouvelle : Tribu bêlante. De plus au regard des divers auteurs, on peut penser que cette anthologie donne une idée de l'ensemble de la production littéraire japonaise de cette période. Je n'aime pas faire de généralisation, mais puisque ce livre regroupe quantité d'auteurs, il est légitime de chercher des traits communs ou au contraire de percevoir la diversité. Or comme indiqué précédemment, il m'apparaît une homogénéité, un style descriptif commun à toutes ces nouvelles. L'histoire me semble être un second plan qui laisse la primauté aux descriptions. Qui a pu éprouver une infime parcelle de suspense ? Peut-on dire que la nouvelle se termine par une véritable fin ? Non, les auteurs auraient pu poursuivre dans la même veine sans difficulté. Si on s'interroge quel était l'objectif, quel enseignement, quelle révélation outre une intime émotion largement décrite ? Sans faire de provocation, on pourrait très bien changer de sujet au fond en conservant toutes les descriptions. C'est là un genre littéraire très spécifique japonais. Sauf à détonner, cette homogénéité provoque une relative lassitude, la soif de surprises étant insuffisamment étanchée.
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Trente nouvelles, des plus connues aux jamais lues, venant du Japon de Meiji.
On y croise des intérieurs, on erre dans les rues avec des presque inconnues. On se rend à l'Occident ; on se heurte à l'Occident.
Textes historiques en un sens : témoignages d'un Japon qui se cherche, en perte d'un sens ancien, sans nouvel équilibre pourtant.
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Citations et extraits (6) Voir plus Ajouter une citation
Tiré de "Jésus dans les décombres"
Sur le duvet de sa peau resplendissante sous le hâle, une peau éclatante de jeunesse, s'exhalaient les couleurs d'un sang généreux ; son corps débordant d'énergie, bandé en arrière comme un arc, faisait miroiter ses seins, comme deux poignards, à travers la blanche combinaison ; elle avait sans façon retroussé sa courte jupe, tout aussi blanche, et se tenait ainsi assise, sa jupe découverte effrontément posée sur le genou : par cette attitude, on sentait bien qu'elle provoquait son propre désir, mais en même temps il apparaissait qu'aucune autre posture n'eût pu être plus normale pour ce corps ; avec un naturel presque odieux, elle éclaboussait le monde de son insolente vitalité.
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Tiré de "A mi-chemin de la vie de Shinsuke Daidôji"
Des livres à la réalité : c'était dans son cas une vérité constante. Au cours de la moitié de sa vie, il s'était épris d'un certain nombre de femmes. Mais aucune ne lui avait appris la beauté de la femme ; du moins rien de plus que celle dont l'avaient instruit les livres. La transparence des oreilles, l'ombre des cils sur la joue, c'était dans Gautier, Balzac, Tolstoï qu'il les avait connues ; c'était grâce à ces livres que les femmes lui avaient donné - et lui donne encore - la beauté. Peut-être n'aurait-il sans cela vu en elles que des femelles.
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Tiré de "Fleurs d'été" de Tamiki Hara, une description d'un temoin de l'explosion atomique d'Hiroshima.
Quelques secondes plus tard, je ne sais plus exactement, il y eut un grand coup au-dessus de moi et un voile noir tomba devant mes yeux..../.... Et il est étrange aussi de voir les maisons détruites sans aucun de ces trous que font habituellement les bombes. C'était un peu après la fin de l'alerte aérienne. Il y avait eu un brusque éclair accompagné d'un léger bruit comme un chuintement d'une ampoule de flash et en un instant tout s'était retrouvé sens dessus dessous. "On aurait dit de la sorcellerie", ajouta ma soeur en tremblant..../.... Dès le lendemain matin commença pour nous une vie de misère. Ceux qui étaient blessés ne guérissaient pas ; ceux qui ne l'étaient pas s'affaiblissaient de jour en jour par manque de nourriture. Les bras brûlés de la bonne suppuraient horriblement, les mouches s'y agglutinaient et bientôt les vers se mirent à y pulluler. On avait beau désinfecter et désinfecter, les vers réapparaissaient sans cesse. Au bout d'un mois, elle mourut.
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Tiré de "A mi-chemin de la vie de Shinsuke Daidôji"
Non, l'amitié lui faisait peur, voilà plutôt. En contrepartie, ses amis devaient posséder un cerveau. Un cerveau, oui... et solidement constitué. Ceux qui possédaient cette sorte de cerveau, il les avait aimés, plus que tous les jolis garçons du monde ; et aussi haïs, plus que tous les honnêtes garçons de la terre. C'était ainsi : son amitié était une passion où toujours, dans l'amour, couvait un soupçon de haine.
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La receveuse avait sur sa nuque puissante, délicatement féminin, un petit bouton rose comme un sexe de lapin.
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Vidéo de Éditions Gallimard
La philosophe Claire Marin est la marraine de la 8e édition des Nuits de la lecture sur le thème du corps. Pour cette occasion, elle nous lit un extrait de son choix sur le pouvoir de l'écriture. Pauline Delabroy-Allard "Qui sait" aux Editions Gallimard (2022).
Claire Marin développe une pensée du sensible et interroge la notion d'identité à travers les épreuves existentielles que nous traversons au cours d'une vie : naissance et deuil, maladie et accident, rencontre et séparation amoureuse, rupture et découverte… qu'elle analyse comme les moments-clés de transformation de soi. Elle est notamment l'auteure de « Hors de moi » (Allia, 2018), « Rupture(s) » (L'Observatoire, 2019), « Mon corps est-il bien à moi ? » (Gallimard Jeunesse, 2020) ou encore « Être à sa place » (L'Observatoire, 2022).
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