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4,27

sur 12230 notes
Gary raconte une histoire d'amour formidable entre un adolescent et une vielle femme. Ce couple improbable survit dans un immeuble de Belleville, dans les années 70. L'un apporte jeunesse et vigueur, l'autre amour et sécurité. Leurs vies se complètent. Dans leur entourage évoluent un travesti sénégalais, un cracheur de feux/éboueur et son équipe, un vieux médecin attentif, un vendeur de tapis persan perdu dans ses pensées, un parapluie fétiche et le portrait d'Hitler.
La magie de ce roman réside pour beaucoup dans la narration inventive, drôle, émouvante de cet enfant presque jeune homme. Il comprend ce qu'il peut de sa vie et de celle de Madame Rosa, sa presque mère. Il sait surtout qu'il ne peut vivre sans amour.
Brillant.
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Je commence toujours avec un peu d'appréhension un livre remportant tous les suffrages...Alors ce livre est-il aussi bien qu'on le dit? Et bien OUI. Un livre sur la différence, drôle et touchant à la fois avec un momo qui mélange tout, l'histoire, les mots, les religions...et qui se sent bien avec les personnes comme lui qui ne sont pas sur les rails de la normalité. J'ai vraiment ri à la deuxième partie du roman avec sa fin tragi-comique virant au burlesque. Bravo à Romain Gary pour le tour de force de se mettre aussi bien dans la peau d'un enfant et de nous retranscrire sa (belle) vision de la vie.
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C'est un roman d'amour porté par des mots d'enfant. C'est un roman d'humour qui colporte une histoire triste. C'est Splendide.
La supercherie du pseudonyme a valu à Romain Gary un second prix Goncourt, ce que le règlement de la prestigieuse récompense n'autorise pas. Fallait-il qu'il se sache convaincu de la prouesse littéraire pour oser un tel pied de nez à la profession. Ô combien a-t-il eu raison !
Sans cet artifice, il aurait alors fallu inventer un autre prix. Un super prix, comme on dit de nos jours quand on est parvenu aux confins des possibilités de son pauvre vocabulaire. Un super oscar, pour ne pas laisser pareil ouvrage s'enfouir dans le grand fourre-tout des oeuvres non primées.
C'est une performance que celle de tenir des propos d'enfant, de traduire une conception mentale naissante, l'ouverture au monde des adultes, sans trahir sa maturité, sa propre expérience de la vie.
La première moitié de cet ouvrage est un peu longue. La seconde nous la fait percevoir comme une nécessité pour bien amener et transmettre la teneur philosophique de cette oeuvre. le bonheur, la religion, les différences, la vie et sa fin inéluctable, la quête de ses racines. Autant de thèmes qui se télescopent dans l'esprit de Momo. Fils de pute (sic), de père inconnu, il se raccroche à sa bouée, Madame Rosa. Il s'interroge sur la vie. Pourquoi ci ? Pourquoi ça ? Et déjà des certitudes sur la cruauté de l'existence.
Les différences. Des inventions d'adultes qui ont conduit madame Rosa dans les camps de déportation et qui font que Momo se refuse à sa condition d'enfant abandonné, de confession musulmane. Il a pourtant remarqué que quelques preuves d'amour, de la part de qui on ne les attendait pas, peuvent gommer beaucoup de différences justement. Mais voilà Madame Rosa ne va pas bien. Momo a bien perçu que son avenir affectif en dépend. Il sent bien que cet esquif qui le maintient à flot est en train de prendre l'eau.
Les confidences de Momo abordent des sujets graves avec une légèreté qui ne nuit pas au message, bien au contraire. L'humour naïf est le plus beau vecteur de vérité pour qui sait l'engendrer. Romain Gary nous en fait une démonstration éclatante dans cet ouvrage. Car l'humour est bien le ton général d'un bout à l'autre de ce récit. L'échange entre madame Rosa et Kadir Youssef venu récupérer son fils est une des plus belles pépites de cet exercice ô combien périlleux. Un chef d'oeuvre du genre.
C'est un livre que j'ai avalé dans un TGV qui avalait quant à lui les kilomètres vers Paris. Mes voisins de voiture ont vite compris que peine perdue était de me faire partager leur conversation. Cette merveille m'a souvent imprimé un sourire sur les lèvres et toujours inspiré de vraies émotions. J'espère trouver encore beaucoup de livres comme celui-là pour me voler le paysage vers …
Peu importe d'ailleurs.
Ce sera vers de belles lectures.
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On a envie de citer chaque paragraphe de cet incroyable chef-d'oeuvre; j'y renonce pour ne pas y ajouter d'inévitables doublons de citations dans Babelio (295 à ce jour).
"La vie devant soi" est une sublime révolte contre "les lois de la nature" (qui nous veulent mortels), de la culture (qui nous incitent au mépris de l'autre et de la différence) et de l'écriture (qui façonnent notre idée du beau style).
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Pour des raisons totalement obscures, je m'imaginais Romain Gary écrivant à la manière de Proust. Je le voyais comme un grand auteur classique au style bien tordu et aux idées nébuleuses. Pas très engageant donc. le fait d'en avoir entendu parler encore et encore en cours, le fait de le voir partout en librairie pour la commémoration du centenaire de sa naissance ont eu raison de moi. J'ai fait fi de mes préjugés pendant quelques secondes au détour d'un rayon de librairie et j'ai commencé à parcourir les premières pages de la vie devant soi. Encore une fois, j'avais des a priori sortis d'on ne sait où concernant ce roman. Je pensais qu'il s'agissait d'une autobiographie à la 3ème personne à la manière d'A la recherche du temps perdu. En gros, j'avais tout faux. En gros, j'ai failli passer à côté d'un des meilleurs auteurs qu'il m'ait jamais été donné de lire!

Il n'a pas fallu plus du premier paragraphe de la vie devant soi pour me convaincre d'aller plus loin. Momo (Mohammed, c'est trop long) est un petit garçon de 10 ans vivant dans un quartier misérable de Paris, élevé par la vieille madame Rosa en mauvaise santé qui récupère les enfants de putes en attendant qu'elles puissent trouver une autre solution. Mais contrairement à ses petits camarades, Momo n'a pas de mère qui va revenir le chercher. Tout simplement parce qu'il n'a pas de parents du tout. Il se fait donc "adopter" par Madame Rosa, une juive avec de vrais faux papiers. Pendant 273 pages, il nous raconte son enfance: ses bêtises et sa relation avec la vieille dame.

Ce roman aborde en profondeur à travers les yeux d'un enfant non éduqué par les règles édictées par le gouvernement des thèmes aussi variés que la religion, les sans-papiers, la quête d'identité, la maternité, la prostitution, la misère, l'amitié, la vieillesse, le sens de la vie, l'abandon, etc. C'est à la fois une plongée romanesque dans une autre catégorie sociale un autre monde et une mine inépuisable d'informations sur ce milieu. Beaucoup de lecteurs ont qualifié l'intrigue de "basique", je ne suis pas d'accord. Je situerais ce roman entre le roman d'apprentissage et l'essai, mélange quand même pas facile à obtenir surtout pour un résultat de cette qualité.

D'autant plus que l'histoire nous est racontée par la bouche de Momo. le style très oral n'a pas dû être une mince affaire à travailler. Il est parfois difficile de le suivre étant donné que le petit gars utilise des expressions bien à lui, qu'il a entendu dans la bouche d'adultes et qu'il répète avec un sens différent (mention spéciale aux putes qui "se défendent"). Cette façon très particulière de raconter donne toute sa force au roman. Elle lui fait raconter une histoire qui passe pour vraie, authentique au point d'en en oublier son caractère fictionnel. Sans les expressions de Momo, La vie devant soi n'aurait rien été d'autre qu'une énième histoire de misère humaine. Ici, c'est la vision naïve mais pas pour autant innocent qui s'exprime. C'est impressionnant!

Ce roman est plein d'anecdotes autour de sa publication:

>Romain Gary a publié ce roman sous le pseudonyme d'Emile Ajar. Il ne dévoila sa véritable identité qu'à sa mort. A cette période de sa vie, il était un auteur assez controversé dans la presse. Il aspirait ainsi à retrouver une certaine liberté d'écriture. Un critique du magazine Lire n'hésita pas dans un article à vilipender l'oeuvre de Gary, avant de conclure « Ajar, c'est quand même un autre talent. » Comme on dit maintenant : MDR !

> Ce roman reçut le prix Goncourt en 1975. Ce prix ne peut normalement être décerné qu'une unique fois par auteur. Or Gary l'avait déjà reçu en 1956 pour Les racines du ciel. S'il voulut dans un premier temps le refuser, il lui fut tout de même remis puisque le prix récompense davantage l'oeuvre que son auteur. Et c'était tellement mérité !

En conclusion, j'ajoute Romain Gary à ma liste d'auteurs dont je veux lire toute la bibliographie (même si c'est impossible vu le nombre de livres qu'il a écrit tous pseudos confondus). J'ai adoré, cette lecture a été la plus belle découverte de cette année !
Lien : http://mariae-bibliothecula...
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Le talent de Romain Gary, c'est, entre autres, d'avoir eu la capacité de modifier son style d'écriture pour rédiger "La vie devant soi" sous le pseudonyme d'Emile Ajar. Au-delà du style, le thème reprend pourtant des sujets chers à Romain Gary tels que le déclin dû à l'âge, l'approche inexorable de la fin, l'enfance et l'adolescence, il leur donne une sonorité toute spéciale dans ce roman simple et beau. La volonté de Madame Rosa de maintenir Momo hors du risque de l'assistance publique et celle de Momo de l'accompagner du mieux qu'il peut jusqu'au bout sont exemplaires. Histoire d'un enfant arabe et d'une vieille femme juive dont l'humanité ne se préoccupe nullement d'un quelconque clivage racial. Roman plein d'amour et d'émotions.
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Un formidable livre sur la tolérance ! Ce serait dommage de le réduire à l'amitié entre une femme juive et un enfant musulman car tout y passe : les arabes, les juifs, les noirs, les trans, les putes, les pauvres, l'alzheimer, la fin de vie... Autant de personnages merveilleux d'humanité et de sincérité.
J'ai trouvé particulièrement intelligent de faire raconter l'histoire par cet enfant des rues, ce n'est pas un livre écrit mais "parlé". Les mots jaillissent, bruts de décoffrage, comme ils sont pensés. En conséquence, un langage cru, direct, sans concession, bourré d'humour. Beaucoup de tendresse aussi, de la poésie parfois et de la satire. Bref, un excellent roman tant sur le fond que sur la forme.
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Quelques jours après avoir terminé La vie devant soi, il me reste le souvenir d'une lecture faite le sourire aux lèvres et de la découverte d'un texte plein de fraîcheur et de tendresse.

Au moment où les pages s'enchaînaient, cependant, je me demandais quand même ce qui avait pu justifier pour son auteur le prix Goncourt et, pour ce roman, le passage au statut de classique... J'avais l'impression d'un texte légèrement niais...

Et puis, quelques jours après avoir tourné la dernière page, je me rends compte qu'il ne s'agira pas pour moi d'une lecture parmi tant d'autres mais d'un texte qui m'a touchée plus que je ne l'aurais crû car il dégage, subtilement, avec une finesse masquée par l'humour et l'ironie, une profonde humanité!

L'amitié entre Mohamed, cet enfant abandonné qui raconte son histoire ici, et la vieille madame Rosa restera pour moi un magnifique réquisitoire contre le racisme et les injustices, doublé d'une très touchante histoire d'amour entre générations...

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La plume de Romain Gary est très intéressante et assez différente dans ce roman-ci. En effet, l'auteur laisse la parole à Momo, petit garçon de dix ans, vif mais en ayant déjà trop vu pour son âge. Ce petit garçon parle sans tabou, n'hésitant pas à mettre des mots sur les maux, pas toujours utilisés avec exactitude mais ce qui rend Momo plus attachant encore. Il nous dit les choses telles qu'il les voit, avec ses yeux d'enfants et sans les préjugés que nous pouvons avoir en grandissant. Il nous dévoile la vérité pure et simple, sans arrières pensées. Certains de ses propos prêtent à sourire, mais ne sont pas sans fondement finalement.

Ce roman est un bel hymne à l'amour, l'amour entre une vieille dame et un enfant, mais aussi un hymne à la bienveillance, à la solidarité et à la tolérance. Ici peu importe leur religion ou leur nationalité, les gens se côtoient et s'entraident, se respectent mutuellement.

Ce roman est donc très intéressant, tant par son fond que par sa forme.
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Prix Goncourt en 1975

Momo est un petit garçon arabe élevé par Mme Rosa une « vieille » femme d'origine juive qui a ouvert un foyer (un « clandé ») pour enfants de "putes" dans le quartier de Belleville au sixième étage d'un immeuble sans ascenseur où vivent en harmonie des personnes toutes d'origine différente. Elle même ancienne prostituée, elle y recueille tous les enfants, dont les parents ne veulent pas accepter de placement, contre un paiement souvent irrégulier voire inexistant.

Le lecteur ne saura rien de l'époque où se passe l'histoire mais il pourra la situer aisément après la deuxième guerre mondiale puisque Mme Rosa a été arrêtée lors de la rafle du Vel'hiv et envoyée en camp de concentration à Auschwitz ce que l'on apprendra au fur et à mesure de l'histoire.

Lorsque débute l'histoire, elle est très malade et le petit garçon a peur de se retrouver seul sans personne à aimer car il ne sait rien de ses parents. Il va nous faire vivre dans ce quartier coloré, découvrir un milieu quasi inconnu de nous tous, communiquer avec des personnages tous aussi attachants et « riches » (à l'intérieur) les uns que les autres qui vont l'aider à se construire… Il va nous émouvoir avec ses mots à lui (un langage de banlieue) en nous parlant de son amour inconditionnel pour Mme Rosa, sa mère de substitution, qu'il va aimer jusqu'au bout, malgré la maladie, la solitude, et le manque d'argent.

Il fera tout pour l'aider à réaliser son rêve…ne pas aller mourir à l'hôpital.

Un roman de société très émouvant qui se lit d'une traite. Il aborde dans un style enfantin (c'est Momo qui parle) et en nous décrivant la vie quotidienne de gens simples des thèmes TRES importants comme la tolérance, les liens du sang et tous les liens d'amour ou d'amitié entre les hommes...

Bien que très réaliste, et que certains passages soient très crus mais toujours vus du point de vue de Momo, ce roman que beaucoup de professeur de français font d'ailleurs découvrir à leurs élèves, est un vrai chef d'oeuvre et peut être lu par les ados dès la classe de 3°.
Lien : http://www.bulledemanou.com/..
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