commentaire XXI
je ne sais pas ce que je fais
hors de ta douceur/si ce n’est
apprendre à revenir vers elle
pour n’être rien que toi/être toi
pour revenir de ce dehors de toi
avec les sucs du monde/et partir vers
ces sucs de toi/ce vol
de toi à toi où chaque
parole est un éclat de toi/
c’est-à-dire une ombre de toi
on m’y fortifie de douceurs
arrachées à toi/furie feu
où tu brûles comme toi/c’est-à-dire
aile que tu bats pour le mieux/douceur
toi qui me penses contre la mort/porte
par où j’entre comme vers toi
commentaire XXXV
feuille au soleil que tu es/
je nais de toi/par toi je marche/
pousse comme feuille du monde
tout humide de la nuit que
tu laisses derrière/soleil
qui t’en vas de l’autre côté
du ciel que tu entraînes comme
planète aveugle autour de toi/
douceur ouverte comme toi/
soleil mien/de soleil aveugle/
comme chaleur tienne/monde où
tu éteins ma soif par la soif
commentaire IX
allons-nous faire un?/m’es-tu?/te
suis-je dans cette nuit célébrée comme feu qui tourne?/
flétries tombent-elles les distances/craquent-elles
comme feuilles écrasées par l’automne?/distances
de toi à moi/de toi à toi comme des eaux
secrètes où je flotte/rameau
à la dérive de toi?/mer qui fouille mon front/
mon palais/mon oubli/mes petits os/houle qui chante
au milieu de toi?/fleur qui regarde?/route
où est passée la peine à pied?/ou comme un enfant dans mes bras
endormi?/vie nouvelle dans tes bras/
parfumés comme toi?
Citation XXXVII
fête de toi / plaisir de ce jouir
d'allégresse / où la peine est de se taire /
bonne folie que de te crier dans
les rues du monde / de te révéler /
manifester / donner / être ta preuve /
te conduire / t'exister / belle chance
qui m'est venue de toi / délice / cour
où parler de toi / paroles reçues /
hautes comme la vie que toi tu donnes /
contentement que tu descends de toi /
comme couvrir les douleurs de ce doux
regard de toi contre la pure mort
"on a pris un homme et on a dit
qu'il soit chassé de toi mais sans mourir / on a
levé le coeur de cet homme on l'a jeté
contre le monde ou la douleur
et là il a brûlé un moment
s'est éteint n'a pas ressuscité comme un petit chien /
il n'a pas remué la queue après
son combat contre la nuit / ni n'a levé le visage /
ni dit adieu / ni été vert /
ni rien écrit dans l'air /
ni n'a éclaté comme un arbre /
ni n'a été changé en ambre / non /
ni n'a fait un peu d'ombre / n'a eu sur lui d'herbe /
ni un os à jouer de la flûte / et
la seule musique qu'il a faite
c'est sa tristesse crépitante /
tristesse grande comme un animal /
comme ton absence / comme un ciel
où les oiseaux passaient
tremblants sous le soleil" (pp. 47-48)