Rose, la propriétaire du restaurant « la Petite Provence » à Marseille, a cent cinq ans et toujours bon pied bon oeil. le jour où elle reçoit la lettre de Renate Fröll, elle plonge dans son passé et dans la rédaction de « Mes cent ans et plus ». Son histoire personnelle se mêle intimement avec l'autre, celle qui a un grand H.
Rose nous emmène de Trébizonde à Marseille, de Sainte Tulle à Paris et de New York à Pékin, sans oublier Berlin et Berchtesgaden.
Au fil des pages défilent le génocide arménien, les première et seconde guerres mondiales, la rafle du Vel d'Hiv, la montée du maoïsme... Pourtant, ces événements sont vus de loin. Rose ne s'y intéresse pas particulièrement. Elle croise
Sartre et
Simone de Beauvoir, Félix Kersten (je vous conseille de lire «
Les Mains du miracle » de
Joseph Kessel si vous ne le connaissez pas), Hitler et, bien évidemment, Himmler.
Dès le début, bien qu'elle ait assisté au massacre de tous les siens, Rose a décidé que la vie valait la peine d'être vécue et, malgré les épisodes tragiques qui jalonnent son existence, trouve toujours de bons moments qui la sauvent. Mais il ne faut pas croire que la cuisinière a le coeur sur la main. On dit que la vengeance est un plat qui se mange froid. Elle illustre cet adage en se débarrassant de ceux qui ont causé du tort, à elle ou à ceux qu'elle aime.
Les rebondissements ne manquent pas, les aventures sont nombreuses, les surprises se succèdent.
Mais Rose ne m'a pas paru attachante et je l'ai même trouvée antipathique plus d'une fois.
Tout au long du récit, une salamandre douée de parole et nommée Théo accompagne l'héroïne. Comme le Jiminy Criquet de Pinocchio, elle joue le rôle de conscience. Mais sa propriétaire ne l'écoute que quand ça l'arrange !
Dès les premières pages, la centenaire suivie par un petit malfrat le met en joue avec un Glock 17. Une allusion à «
La Fée Carabine » de
Daniel Pennac ?
Quand Rose est exploitée par Justin et Anaïs, ne me dites pas que ce n'est pas une adaptation de Cosette et les Thénardier !
Et bien sûr, ce siècle d'événements historiques traversé par notre héroïne n'est pas sans rappeler «
Le Vieux qui ne voulait pas fêter son anniversaire » de
Jonas Jonasson, que, pour ma part, j'ai trouvé bien plus drôle.
Pourquoi l'auteur a-t-il donné ce titre à son ouvrage ? Himmler n'apparaît qu'à la moitié du roman et n'y occupe guère que six ou sept chapitres sur cinquante.
Franz-Olivier Giesbert aurait dû se rallier à l'avis de son personnage. Mais peut-être le titre choisi par Rose était-il moins vendeur ?
Le livre compte un prologue et un épilogue, ses chapitres sont titrés et numérotés. L'histoire se déroule chronologiquement depuis l'enfance de Rose, née à Kovala, « capitale de la poire et pot de chambre du monde » au moment présent où, malgré son âge, Rose s'occupe toujours de son restaurant. Mais, régulièrement, le récit de ses souvenirs s'interrompt et nous plonge dans une quête qu'elle vient d'entreprendre, aidée par son voisin, Samir la souris, un génie de l'informatique et par son vieil ami, Jackie Valmore, un ancien caïd de la pègre.
Pour clore le tout, quelques recettes des plats fétiches de notre cuisinière et une « petite bibliothèque du siècle » organisée par thèmes.
En conclusion, je dirais que certains aspects m'ont beaucoup plu et d'autres m'ont rebutée. Mais ce fut tout de même une lecture agréable que je ne regrette pas d'avoir faite.