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sur 1030 notes
"Il ramasse ses braies ; le velours est encore gonflé d'eau. Il tord sa chemise, puis il se la noue sur le ventre, puis il met ses souliers. Elle le regarde faire. Elle sait ce qui va arriver : c'est tout simple. «Viens, dit Panturle, on va à la maison.» Et elle a marché derrière lui dans le sentier."

Accroché aux flancs d'un plateau venteux, le hameau d'Aubignane se meurt. Avec le départ du vieux Gaubert, descendu dans la vallée pour y affronter la mort, n'y demeurent plus, enracinés dans une terre sèche et désolée, que la vieille Mamèche, une antique souche noircie par le malheur et Panturle un tendre surgeon vigoureux. Que faire de tant de sève ? s'insurge Panturle perdu dans cette thébaïde délabrée. Une femme peut-être... Mamèche promet de lui en ramener une.

Taraudé par son désir, Panturle (à l'oreille de qui "Pan hurle") est écartelé entre la chair et le couteau, entre Éros et Thanatos : ce bouillonnement sexuel qui le subjugue et le déchire ne peut ni ne doit se sublimer dans le sang (fascinante scène de l'éventration d'un renard). Dans le chapitre qui clôt la première partie du roman qui en compte deux, Panturle rencontre enfin la femme qu'il appelait de ses voeux, la douce Arsule (la femelle de l'ours ?).

Giono échauffe alors son récit, la sensualité y éclate en éjaculats de métaphores. On assiste au grand rut d'une nature turgide alors qu'une orgie d'images érotiques fuse, jaillit, explose sous la plume charnelle de l'écrivain. Arsule "entend le coeur et le craquement sourd de ce panier de côtes qui porte le coeur comme un beau fruit sur des feuillages" et, après l'assouvissement des corps, décide de suivre son promis.

Avec modestie et sobriété, Giono nous conte une histoire simple, universelle et mythologique : celle d'un paradis retrouvé, celle aussi d'un brave génie tellurique qui avec sa compagne de hasard, ressuscitent un village. Festonnée de sublimes copulations d'images -inédites et stupéfiantes-, l'histoire coule paisible comme un ruisseau de montagne, accélère soudain en cascades de sensations avant de retrouver un cours adouci.

Après le thrène désespéré de Colline, la tendre églogue d'Un de Baumugne, Giono referme sa géniale trilogie panique avec ce précieux épithalame élégiaque. Regain est un chef d'oeuvre propre à illuminer notre monde en fin de parcours, une leçon d'innocence, un récit originel gorgé d'optimisme. Simple et beau.

"Il prend une poignée de cette terre grasse, pleine d'air et qui porte la graine. C'est une terre de beaucoup de bonne volonté."
Lien : http://lavieerrante.over-blo..
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Giono Jean
Regain
C'est à Aubignane, en Provence, un hameau perdu et désert, ils ne sont plus que trois, Gaubert, le forgeron, mais qui va retrouvé son fils, la vieille Mamèche et Panturle ; lorsque Mameche apprend le départ de Gaubert, c'est sa désolation, elle qui a déjà perdu son mari et son enfant. Alors elle voudrait que Panturle trouve femme. Mais elle disparait
Arsule est une fille de joie, elle en a assez et rencontre le rémouleur Gedemus, ils partent ensemble et dans la cabane où ils logent, ils ont peur, ils voient des ombres, ne serait-ce pas Mamèche ? inquiet il partent et vont vers Aubignane
Il n'y a que Panturle qui tombe amoureux d'Arsule, il la voudrait comme femme. Un soir il tombe à l'eau et à son réveil il trouve Arsule, il n'en peu plus et ils deviennent amant, elle quitte donc Gedemus.
Du coup Panturle revit, il monte un soc, achète du blé et un cheval, il faut faire revivre ce hameau, ils s'enrichissent grâce à la vente de ce blé à la foire.
Un jour un couple vient s'installer au village, ils ne sont plus seul et Arsule attend un enfant, la vie va reprendre dans ce hameau.
Come d'habitude Giono par moment se perd dans des description interminables sur la nature, certes c'est superbement écrit, mais un peu lassant quand même
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Un des plus grands textes que j'ai lu sur la nature, le rapport charnel à la terre. Cette remontée de sève s'empare du personnage et de nous en même temps, et le texte nous emmène avec lui sur cette terre aussi rude et dure à vivre qu'elle devient généreuse et pleine de promesses. C est superbe.
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« Regain » détonne un peu dans mes lectures, essentiellement composées de romans policiers, de westerns ou de BD. Mais j'ai pris beaucoup de plaisir à le lire… ou plutôt à le relire puisqu'il semblerait, au vu de mon nom et de ma classe griffonnés en première page, que je l'ai déjà lu il y a de très nombreuses années de cela (il ne fait décidément pas bon vieillir, la mémoire fout le camp...).

« Regain », c'est une histoire d'une grande simplicité, un hameau de Haute-Provence qui se meurt, et qui va doucement renaitre. Ce sont de magnifiques personnages (Panturle et Arsule, bien sûr, mais pas seulement…), de chaleureuses relations humaines, de la solidarité malgré l'isolement. C'est une nature, des paysages, du vent aussi. C'est une langue riche, colorée, chantante, pleine d'odeurs et de sons. de sensations également. Et de la nostalgie, témoignage d'un monde différent. Meilleur peut-être, je ne sais pas…à chacun d'en juger.
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Nous suivons dans ce dernier volet de la trilogie de Pan qui se situe toujours dans la région de Manosque, quatre personnages.

Le gars Panturle et une veuve piémontaise, la Mamèche qui essaient de préserver la vie d'Aubignage, un hameau perdu de montagne que ses habitants ont abandonné petit à petit faute de pouvoir vivre de leur récolte et que le vieux forgeron quitte aussi. La Mamèche propose de se mettre à la recherche d'une femme pour Panturle pour faire renaitre le village, elle disparaitra tandis que Gedemus et Arsule, un couple d'itinérant essaie de s'installer dans la région.

Panturle réussira finalement à obtenir une belle récolte de blé sur le plateau aidé par les anciens d'Aubignage, s'unira avec Arsule et lui donnera un enfant. le personnage principal incarne Pan et la fertilité et son foyer conjugal attire une autre famille qui s'installe dans le voisinage pour faire vivre la terre d'Aubignage.

Le personnage principal aura suivi sa conviction, ordonné la nature pour en profiter pleinement en occupant la place qui lui incombe et atteindra la plénitude.

La construction est plus originale que les deux précédents en ce qu'on suit l'histoire divisée en deux parties, racontée par des narrateurs, la description des actions des personnages qui s'entrecroisent et le monologue intérieur de Panturle.

C'est cet opus avec Colline qui fait le plus référence au panthéisme. Comme souvent chez Giono, les phrases sont construites avec des mots simples mais vous imprègnent de leur sens douloureux ou émouvant en donnant vie souvent aux éléments naturels.
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Regain est un des tomes de la trilogie de pan.
C'est beau, bien écrit, solaire… Ca se lit aisément, on rentre bien dans le récit. Ici le dieu Pan, le Dieu Champêtre, est un Dieu bienveillant, contrairement à Colline où c'était un Dieu qui déchaînait les éléments contre les hommes.
Après si cette critique doit être une critique subjective où on donne son avis comme on veut, je n'ai pas du tout aimé ce livre. D'abord le style de Giono, qui au début, notamment dans Colline, me paraissait superbe, m'a finalement ennuyée (je rappelle que c'est subjectif comme critique !) Mais décidément trop de description de l'air, des éléments, chargés d'odeurs, le sang qui sent l'aubépine, l'air qui sent les pois et le vin, les cuisses des femmes comme de l'eau… Ca donne un peu la nausée à la fin surtout que c'est sans arrêt.
Ensuite l'histoire : Panturle est le seul habitant d'un village de Provence qui se meurt. Les deux autres habitants partent successivement, la solitude lui pèse évidemment. Vient une femme, de façon presque surnaturelle, à moitié nue dans un champ, qui se tient les « mamelles » sorties du corset entre les mains, et qui ne demande pas mieux que de rester avec lui, et de lui faire un descendant.

Pas sûr que Bourdieu ( le bal des célibataires, crise de la société paysanne en Béarn), aurait vu la fin comme ça, mais Giono n'est pas tenu au réalisme me direz-vous. Enfin voilà, je n'ai pas énormément accroché, je reconnais que je n'ai certainement pas su apprécier l'oeuvre à sa juste valeur mais la femme est trop traitée comme un brave animal rempli d'instincts pour que ça puisse me plaire (surtout que je l'ai lu juste après Un de Baumugnes, où ce trait est encore plus marqué).
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Il n'est pas nécessaire de raconter des choses extraordinaires pour avoir un roman extraordinaire. Et Regain, c'est typiquement la preuve du talent incontestable de Jean Giono car avec une histoire, j'ose le dire, « banale » il parvient à dresser une oeuvre qui transcende son sujet, l'élève au niveau du mythe ou de la légende. Tout simplement de la grande littérature.

Avec une économie de mots et d'effets, Jean Giono tisse une histoire où l'évidence côtoie le génial. Regain est une histoire de terroir d'une incroyable modernité. La passion de la terre s ressent dans chaque ligne. Chaque personnage est touchant dans sa simplicité, empli d'une humanité rare. J'admire la bienveillance qui transpire de ce récit et la subtilité avec laquelle Jean Giono développe son histoire.

Mais Regain, c'est aussi une structure de narration intéressante où Jean Giono prend quelques libertés avec la linéarité et stimule la lecture. C'est un récit touchant à plus d'un titre et j'ai une mention spéciale pour le personnage de la mère, la Mamèche dont l'intervention touche au sublime.

La suite sur le blog…
Lien : http://livrepoche.fr/regain-..
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Jean Giono, grand écrivain français, nous offre dans cette trilogie de Pan, une plongée dans le monde provençal paysan par ses trois romans :
Colline paru en 1929
Un de Baumugnes paru en 1929
Regain paru en 1930

Regain, c'est le village d'Aubignane et la désertification, les paysans partis à la ville avec l'espoir d'une vie meilleure. c'est aussi le combat de la survie pour ceux restés au village : la chasse, la cueillette et la culture des terres arides pour survivre.

Il suffit d'une femme pour tout faire renaître...

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Giono, que je découvre ici, nous raconte l'histoire de Panturle, dernier habitant d'un hameau tombant en ruine, planté dans la terre crevassée de la provence qui s'étend dans l'arrière pays, étendues mornes et rudes au pied de la montagne de Lure. Panturle est a l'image de cette terre en automne : rude, crevassé, sauvage. La terre, elle, est parcourue par un vent qui déssèche le sol, froid et vif, ondulant la lande basse, poussant les nuages gris qui s'accrochent à la terre. Panturle le chasseur y écorche le renard, plonge ses mains dans les entrailles encore chaude de la bête, prépare son repas, solitaire à présent : Le forgeron du hameau est partis rejoindre le fils ailleurs. Il restait bien la Mamèche, mais elle a disparue un soir. Et sa disparition a amené la femme. La femme a précipité Panturle vers la vie, le sens de la terre fertile, Le blé dorée chassant la lande sauvage.

Une belle histoire écrite par une main qu'on devine proche de la terre et de l'homme, loin d'une nostalgie rurale ou d'un idéalisme pastorale, surement irréaliste mais potentiellement véritable.
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Paru en 1930 : la désertification d'un village de Provence. On démarre avec 3 habitants, puis 2, puis 1.
On entend l'accent du sud, on a les odeurs, les paysages. Les métaphores sont un régal.
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