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sur 1030 notes
Aubignane, Haute-Provence (vraisemblablement quelque part dans la Montagne de Lure), au début du XXème siècle. Un village (presque) totalement abandonné et en ruines.
Il se meurt, faute d'habitants.

Ils ne sont désormais plus que trois, bientôt plus que deux:

_la "Mamêche", vieille espagnole qui a perdu jadis son mari à Aubignane. Il y vint en tant que puisatier du temps de la splendeur du village, le temps d'y creuser un puits et d'y mourir, enterré vivant sous les éboulis alors que jaillit l'eau;
_Panturle, la quarantaine, dans la force de l'age, qui prendrait bien femme pour enfin construire sa vie. Mais qui viendrait ici pour y fonder famille ? La "Mamêche" est si vieille. La vallée, promesse de vie, est pour lui un autre monde si loin dans le temps et dans l'ailleurs. Panturle ne veut pas quitter l'en-haut, quitte à y vivre seul et en sauvage. "
_Gaubert, le vieux forgeron que son fils, de la ville, vient bientôt chercher pour qu'il termine ses vieux jours auprès des siens; pour tout bagage il n'a qu'une enclume que la faiblesse de ses bras ne peut désormais plus soulever.

"L'enclume était partie. Elle était partie sur la carriole du Joseph, entre les jambes de Gaubert. Il n'entendrait plus : pan pan ; pan pan ; ce qui était le bruit encore un peu vivant du village."

Et puis il y a Gédémus, le rémouleur itinérant. Il tire seul la meule à aiguiser les couteaux montée sur la frêle charrette. Il va par monts et par vaux, de village en village, sous les gifles du mistral, le poids du soleil, le froid des hivers. Un âne et son attirail d'attelage c'est cher. Une femme serait de meilleur profit, d'autant plus si elle fait la popote et accepte qu'on la rejoigne dans sa couche. Veule et lâche, sournois et malin, Gédémus n'en sera pas moins, presque contre son gré, un instrument de la renaissance d'Aubignane, un relais d'informations entre la montagne et la vallée.

La route de Gedemus croise en ville celle d'Irène, jeune chanteuse de théâtre ambulant, abandonnée par son "directeur artistique". le rémouleur la sauve d'un viol collectif. Irène, devenue Arsule, tire désormais la "bricole" (les rênes de la charrette). le destin va les pousser vers Aubignane au bout d'un itinéraire abandonné de la mémoire des hommes.

Les principaux personnages sont désormais en place. A chacun son rôle. Ils sont les ingrédients nécessaires et suffisants à la renaissance du village. Giono assemble un huis clos en plein air, au sortir de l'hiver, à la rencontre des premières promesses du printemps. Les intentions des uns s'accordant à celles des autres, le temps du regain peut venir. le titre du roman retranscrit bien les intentions de l'auteur: le regain, cette nouvelle herbe, tendre et verte, qui repousse dans les endroits fauchés, fragile et à la merci du moindre petit vent contraire.

Les maîtres-mots de la situation sont espoir, volonté, travail, amour et élimination douce des indésirables.

Le temps des objets suivra: un vieux soc de charrue sorti des décombres, un cheval prêté, un sac de semence d'un vieux blé d'antan, des boites d'allumettes comme jours au coeur des nuits, la première récolte, le premier pain, le premier marché tout en bas dans la vallée...etc

Des choses et des bonheurs simples pour des hommes et des femmes vrais, enracinés dans le premier des bienfaits de ce monde: la terre pour peu qu'on la cultive et l'aime sous le soleil, le froid et la pluie. L'abandonner c'est la trahir. L'aider chaque printemps à renaître c'est la respecter et lui permettre de perdurer pour que vivent les hommes.

Et quand, du fond de la vallée, reviendront d'autres hommes, peut-être sera t'il temps de refermer le livre, d'essuyer une larme et de dire: "C'est bien..!" ?

Comment ne pas aimer la prose de Giono ? Elle est si magique. Il naît sans cesse sous la plume de l'auteur des brassées incessantes de métaphores hallucinées et inspirées qui laissent pantois devant tant d'évidence et de génie appliqués à l'art d'écrire. S'il ne me fallait en citer qu'une, ce serait celle-ci:

"Le vent éparpille de la rosée comme un poulain qui se vautre. Il fait jaillir des vols de moineaux qui nagent un moment entre les vagues du ciel, ivres, étourdis de cris, puis s'abattent comme des poignées de pierres ".

Comment ne pas apprécier le fond du roman: ce désespoir simple porté par Giono de voir une terre abandonnée mourir sans personne pour la brasser et en vivre.

L'audiobook: je m'y suis longtemps résorbé.
Une étonnante et irrationnelle sensation de trahison m'empêchait d'en écouter.
L'oreille remplaçant l'oeil, j'avais remord à abandonner, ne serait-ce qu'un temps, les vieux outils de toujours nécessaires et suffisants à la lecture:
_ces 26 braves lettres de l'alphabet brassées, malaxées et éternellement réagencées pour que naissent tous les écrits possibles;
_l'encre noire sur la page blanche... indélébiles témoignages d'une imprimerie qui n'est qu'invention alors que la parole, de la bouche à l'oreille, est l'outil premier du conteur.
Ainsi, me suis-je dis, pourquoi ne pas tenter l'expérience du "livre lu"..?

Dont acte.

L'expérience fut largement positive. L'irruption de la voix du conteur et l'absence de mots sous les yeux ne nuisent pas à la perception de "Regain" en tant que chef-d'oeuvre indémodable. Les mots, les phases, les intentions écrites de Giono passent, intactes, du livre à la bouche du conteur, de ce dernier aux tympans de celui qui écoute.

Comment ne pas se laisser embarquer par la belle voix modulable et puissante du récitant, Pierre-François Garel ?
Elle reprend à son compte la volonté prégnante de Giono de musicaliser son texte, de lui faire rendre son, de le laisser sonner à l'oreille. L'auteur, de toute évidence, souhaitait transformer ses phrases en mélodies. Les mots alignés comme des notes sur une partition. Importants, ils sont marqués, martelés, scandés, deviennent points de repères, portent l'émotion précise, nécessaire et suffisante à l'esprit de l'instant. Ainsi, tour à tour surgissent la gaîté, la peine, l'amour, la colère, la tristesse... etc. Toute la palette sonore des émotions humaines est passée en revue.
C'est un art celui de savoir lire.
Pierre-François Garel glisse lentement sur les temps faibles, assure les liants entre deux zones fortes.
Il ressort de cette alternance un relief contrasté d'intonations à intensités variables, temps rapides et temps lents bien en place. le récit se transforme en mélodie. La voix porte les mots sur une partition. Ils deviennent notes, croches, noires, blanches ou rondes. Un background sonore naît, aisément décryptable, compréhensible, les intentions restent perceptibles. Pas de bruitages, pas de musiques de génériques: la voix se suffit si bien à elle-même

Dans la foulée j'ai revu, par curiosité et nostalgie, l'adaptation cinématographique que Marcel Pagnol fit de "Regain" en 1937 avec Fernandel et Orane Demazis dans les rôles principaux. On y sent l'empreinte type de Pagnol sur le 24 images/seconde de l'époque, via certaines scènes surajoutées dans lesquelles les dialogues sont fidèles à ce que le public attendait du papa d'une flopée de films méridionaux. On y sent plus le Pagnol truculent que le Giono de "Regain". le film perd aussi la sensualité magique de certaines scènes du roman, décrites à mots poétiques évocateurs dans le roman: le mistral se glissant sous la robe d'Arsule tirant la meule, le jeu amoureux des doigts s'entremêlant près de la cascade au bas d'Aubignane.

" le vent entre dans son corsage comme chez lui. Il lui coule entre les seins, il lui descend sur le ventre comme une main ; il lui coule entre les cuisses ; il lui baigne toutes les cuisses, il la rafraîchit comme un bain. Elle a les reins et les hanches mouillées de vent."
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En Provence, le village d'Aubignane se meurt. Ils ne sont plus que trois à y vivre : le vieux Gaubert, Panturle et La Mamèche. Après le départ de Gaubert et la disparition de la Mamèche, partie chercher une femme pour Panturle, celui-ci reste seul. Jusqu'à l'arrivée de Gédémus, l'aiguiseur, et d'Arsule.
Ce roman chante la Provence à travers la langue, les paysages, les parfums.
J'ai eu un peu de mal à entrer dans cette histoire et je n'ai commencé à m'y plonger qu'à l'arrivée d'Arsule.
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Ce récit lyrique, appartenant à la trilogie de Pan, est construit en deux grandes parties : une protase évoluant vers la solitude extrême du héros suivie d'une apodose qui mène vers le retour à un ordre cyclique, le retour à la vie. A travers ce récit où cohabitent le réalisme et la poésie, l'auteur rend hommage à la Nature, en chantant sa beauté et sa puissance. La Nature, à l'image de la déesse Démeter (la porteuse de moissons) peut être à la fois nourricière et bienveillante pour l'Homme mais aussi dangereuse, capricieuse, sans pitié. Très vite, le romancier nous fait comprendre que l'humain n'est qu'un invité sur Terre, le monde étant né bien avant lui. Ainsi, sont immensité inquiète : « Sur le plateau, on n'y va pas souvent et jamais volontiers. C'est une étendue toute plate à perte de vue ». Et ce plateau est « libre » et comme un animal fait entendre le « ronron sauvage des genévriers ». Ainsi la nature personnifiée est souvent comparée à un animal, un être à part entière : « ça a changé depuis la tombée du jour :  une force souple et parfumée court dans la nuit. On dirait une jeune bête bien reposée. C'est tiède comme la vie sous le poil des bêtes, ça sent amer. Il renifle. Un peu comme l'aubépine. Ça vient du sud par bonds et on entend toute la terre qui en parle. le vent du printemps ! ». Si la nature est la véritable héroïne du récit, les personnages humains, aiment cette terre farouche, ils la respectent et savent la dompter, ils ont compris depuis toujours qu'ils devaient s'entraider pour survivre et ne pas régresser. A cet égard, quand Panturle se retrouve seul, il finit par ne plus vivre que de la chasse, se surprenant à aimer le contact du sang (épisode du renard écorché) oubliant que l'homme est aussi cultivateur et créateur (la fabrique du pain est importante dans la deuxième partie du récit). Afin que le village ne meurt pas, la Mamèche, avant-dernière habitante du village décide de trouver une femme pour Panturle en sacrifiant sa vie à la Terre ; c'est à elle qu'elle parle avant de partir : « Il faut que ça vienne de toi ». Et ainsi, Arsule arrive et la vie va reprendre, la joie va renaître, illustrant parfaitement le titre du roman  Regain , l'énergie vitale qui jaillit, celle des cycles de la vie, de la Nature : Panturle va se remettre à la culture de son champ, celle du potager, la fabrique du pain et la vente de ses produits.
A travers un langage courant proche de l'oralité, Giono nous fait vivre le quotidien rustique des paysans de villages très isolés à travers le présent de leurs pensées, de leurs échanges ou de leur solitude. L'auteur rend hommage à leur perspicacité, leur courage, leur bon sens et l'amour qu'il ont pour la Terre mais aussi leur respect mutuel. Ce livre est considéré comme un récit avant-gardiste dans sa vision écologiste.
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Panturle, un solitaire, vivant des produits de la chasse et de la cueillette, isolé dans un pays en friche abandonné de tous, prend femme. Transformé, le solitaire et sa femme remettent en culture le pays et produisent le plus beau blé de la région. Ce livre est un hymne magnifique à la nature, à la vie et à l'antique vie paysanne. Quatre-vingts ans après l'écriture du livre, nous sommes ici à des années-lumières de la paysannerie d'aujourd'hui. Et que cela fait du bien !
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Regain, c'est une histoire en trois actes : l'automne des départs ; l'hiver de la solitude et le printemps de la vie ressuscitée…à deux.
Le décor est un village abandonnée de Haute-Provence, car trop à l'écart du monde, là où règne la Nature : « Des corbeaux s'appellent ; on les cherche, on ne les voit pas. On dirait que c'est la grande faïence bleue du ciel qui craque. Dans les haies sans feuilles, il y a les fruits de l'églantier que la gelée des nuits a touchés et qui sont mous et doux. »
C'est simple, c'est évident, comme la vie qui ne demande pas de superflu ; juste les nécessités heureuses de l'existence : se nourrir, s'abriter, s'habiller, s'aimer aussi, dans le silence.
C'est aussi le passage de témoin : Gaubert et la Mamèche s'en sont allés, abandonnant Panturle à son existence frustre d'ermite, qu'il en deviendrait presque animal. Mais la Providence veille qui lui envoie Arsule, petite femme pleine de tout et bientôt d'une promesse de vie en elle. Car la Nature, ici toute-puissante, déteste le vide, c'est bien connu…
Et c'est soudain bon de vivre à Aubignane, où la terre donne ses fruits à qui les mérite, loin du monde où « ça fait, dans la chaleur, du bruit et des cris à vous rendre sourd comme si on avait de l'eau dans les oreilles ». Pourtant, en matière de bruit à Aubignane, il y a le vent, qui tient un langage tantôt apaisé, tantôt colérique. Mais le vent, on le connaît et on le comprend.
Tout cela est raconté avec une langue simple et évidente : ni celle gavée d'horreurs et désabusée du Grand Troupeau, ni celle, plus stendhalienne, du Hussard sur le toit. Ici, Giono parle de sa terre avec une économie de mots, comme si c'était elle qui commandait à sa main pour se dire. Il en est de même de ses personnages, hors de ce temps qui, déjà à l'époque, infligeait sa bruyante et mortelle dissonance – le roman est paru en 1930.
Voici donc un récit où il ne se passe rien que le cycle de la vie, sauf quelques soubresauts, et qui est une incitation à se trouver un petit coin de Paradis, loin des marées humaines confinées çà et là...


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Regain c'est l'herbe qui repousse après la première fauchaison. C'est ce qui revient.
A Aubignane, un village perché et perdu en Provence, il ne reste que 3 habitants. le récit débute sur le départ de l'un d'eux. L'ancien forgeron Gaubert. Ainsi, il ne reste plus que la Mamèche, une femme que la vie a brisé de trop de deuils et Panturle qui, trop seul depuis longtemps, est devenu un véritable un homme des bois, vivant de viandes chassées et du lait de sa chèvre Caroline qui elle aussi se tarit comme tout dans ce hameau en ruines.
Comme toujours, chez Giono, la nature est omniprésente, elle n'est pas une simple toile de fond au récit, c'est un partenaire à part entière. Menaçante, rassurante, offrant un abri, de la nourriture ou sa colère elle est un personnage actif et puissant.
Quand la Mamèche demande à Panturle s'il prendra la femme qu'elle lui trouvera, il dit : Oui ! car dans sa profonde solitude, l'envie d'une femme le tarabuste. La Mamèche, elle va disparaître un beau matin et un jour par le chemin de pierre va arriver Arsule tirant la bricole (charrette) du rémouleur. Comme dans les épopées antiques, la flèche d'Eros va transpercer le coeur de Panturle. J'arrête là le résumé du récit car on penserait à une niaiserie amoureuse là ou Giono nous offre toute la puissance des tourments humains. Il ne s'agit pas simplement d'une rencontre mais d'une rédemption, du salut de l'homme et de la renaissance. Giono nous donne à voir un couple comme au temps premiers, l'amour y est simple sans mariage, sans retenu, la nature est son lit, les sentiments ne se maquillent pas. le bonheur quand il arrive est si naturel qu'il fait presque mal tant il est éblouissant après une longue obscurité. Regain c'est le cycle la vie quand elle est dépouillée des artifices de la société. Magnifique comme toute la trilogie de Pan.
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Regain c'est la victoire, enfin, de Pan, le dieu nature et avec lui : la vie magnifiée. C'est la renaissance de l'homme de vérité ; c'est l'homme retrouvé. C'est un chant pour un cosmos harmonieux, un ordre accompli.
Regain, terme de cette nouvelle trinité provençale, se conclut par l'être en devenir, la vie possible, l'équilibre du monde. Si le titre de Giono est l'anagramme de graine, ce n'est pas un hasard. Cette graine que Giono plante, ici, c'est celle d'une humanité souhaitable, la seule qui puisse se survivre, de génération en génération, par l'amour entre êtres vrais, authentiques, ennaturés, reconnaissants, connaissant l'importance d'être de ce monde, d'être avec lui, de faire partie de ses cycles, respectueux de son équilibre, célébrant sa beauté, communiant avec ses forces, soignant ses fragilités, louant sa nature profonde, notre mère, en un Hymne tel Pergame :

« J'invoque Pan le très puissant, dieu des bergers, l'universel,
qui est ciel, mer, terre souveraine et feu immortel ;
car ce sont les membres de Pan. Viens, Bienheureux, toi le bondissant,
ô voltigeant compagnon des Saisons ! Bacchant aux membres de bouc,
ami du divin délire, toi qui hantes les étoiles,
et fais vibrer l'harmonie du cosmos dans ton chant joyeux. »
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Lire Giono et ne plus jamais écrire de critiques… le saisissement est tel, le bonheur littéraire si complet que ce serait un coup à se taire pour un bon bout de temps.

« le vent entre dans son corsage comme chez lui. Il lui coule entre les seins, il lui descend sur le ventre comme une main; il lui baigne toutes les cuisses, il la rafraîchit comme un bain. Elle a les reins et les hanches mouillés de vent. » (79)

J'ai vécu ce livre dans ma chair, regardant l'horizon sans fin du plateau où « on jette les pierres en l'air, rien que pour les voir monter » (81). J'ai reconnu ce vent fripon dont Anne Sylvestre avait déjà très bien parlé dans sa chanson « La femme du vent » et qui est ici campé avec une sensualité vibrante. J'ai retrouvé les chants navajo sur la beauté. Je peux penser à ce pays comme j'évoquerai des gens que je connais, me demandant, incidemment, au cours de la journée, ce qu'ils deviennent… tiens, il faudrait peut-être reprendre contact avec eux…

« le vrai, c'est qu'ils ont soif d'être seuls dans leur silence. Ils ont l'habitude des grands champs vides qui vivent lentement à côté d'eux. »(198)

La littérature, la réalité, l'imaginaire, la vie de la conscience, la construction de soi qui est faite d'histoires, laissons-nous glisser entre leurs frontières floues…
Lien : http://versautrechose.fr/blo..
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L'histoire d'un petit village de Haute Provence qui arrive au terme de son dépeuplement, à la croisée des chemins entre sa mort ou sa renaissance. Ce roman est une ode à l'harmonie avec la terre, avec la nature et sa nature. Un livre touchant, nostalgique d'un temps révolu, où l'on avait le temps, peu besoin d'argent, la vie avait un sens simple, évident. En lisant le dossier, on perçoit encore mieux la puissance et le génie de l'auteur. À lire !
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Jean Giono (1895 - 1970) écrivain et scénariste français, d'une famille d'origine piémontaise, a écrit un grand nombre de ses ouvrages dans le cadre du monde paysan provençal et plus particulièrement autour de sa ville natale de Manosque. Son roman, Regain, paru en 1930 est le dernier d'une trilogie intitulée Pan, dont les deux autres volets sont Colline et Un de Baumugnes.
Il ne reste plus que trois habitants à Aubignane : Panturle, Gaubert le vieux forgeron et la Mamèche, une vieille Piémontaise qui y a vu mourir son mari et son enfant. le forgeron quitte le hameau lui aussi, pour terminer sa vie près de son fils à la ville, quant à la Mamèche elle disparaît après une discussion avec Panturle, un homme encore dans la force de l'âge qui lui avoue que la solitude commence à lui peser et qu'une femme à ses côtés lui redonnerait espoir.
Panturle se retrouve définitivement seul, dernier habitant de ce lieu abandonné de tous, vivotant de sa chasse. Jusqu'à l'arrivée inopinée d'un rémouleur égaré, Urbain Gédémus, et d'une jeune femme qui l'accompagne, Arsule, tirant sa carriole et lui tenant compagnie. Entre Panturle et Arsule l'attrait physique est immédiat et ils se mettent en ménage à l'insu de Gédémus qui reprend la route, croyant Arsule partie.
La présence d'une jeune femme à ses côtés rend Panturle plus exigeant sur ses conditions de vie. La femme embellit le maison et lui se lance dans les travaux agricoles, allant jusqu'à semer du blé au prix d'efforts physiques énormes. Les mois passent, les récoltes donnent leurs fruits, le couple vit mieux. le bouche à oreille répand la nouvelle, la terre d'Aubignane est bonne pour la culture, quand le livre se clôt, Arsule est enceinte et une jeune famille vient s'installer dans une maison du village. Panturle a des voisins et Aubignane va renaître.
Sans être un chef-d'oeuvre, ce court roman de Giono est un très joli livre aux accents de poésie bucolique qui nous renvoie aux temps anciens où la terre était le bien le plus précieux pour les hommes. Alors que le village d'Aubagne semblait condamné à l'abandon et à la mort certaine, le courage et la volonté d'un homme, Panturle, associé à la rouerie ultime d'une vieille femme mourante, la Mamèche, permettront de redonner la vie à ce coin de terre perdue. Car la Mamèche qui avait disparu, n'était pas si loin, elle se profilait dans la lande pour effrayer et détourner de leur route le rémouleur et sa compagne, afin de les rabattre vers Aubagne et Panturle. La Mamèche interférant sur le cours du destin, pour que l'homme et la femme se rencontrent sur cette terre, paradis en devenir, qui fera du chasseur un agriculteur. Une de ces bonnes vieilles ruses comme on en trouve dans les mythologies grecques et romaines.
Un beau roman, plein d'une naïve innocence, écrit avec des mots et des tournures du vieux temps qui nous font revivre une époque faite de simplicité et de rudesse mais aussi de vérités basiques, donc essentielles.
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