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Marie Olivier (Traducteur)
EAN : 9782072944031
144 pages
Gallimard (03/03/2022)
3.91/5   22 notes
Résumé :

Louise Glück, se tenant à l’écart du courant américain de la poésie confessionnelle, compose des recueils polyphoniques où le je n’est jamais réductible à une seule identité, mais où chacune des voix participe à un vaste ensemble poétique. Dans Meadowlands s’entrecroisent ainsi celles des protagonistes de L’Odyssée, dans une réécriture du mythe qui laisse la part belle aux personnages secondaires — Télémaque, Circé, Pénélope —, et celles d’un homme et d’une ... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (6) Voir plus Ajouter une critique
Troisième lecture de Louise Glück à mon actif, après le complexe Iris Sauvage, et le plus émouvant Nuit de foi et de vertu.
Cette fois-ci, Louise Glück dissèque le couple, passant de celui, mythique, d'Ulysse et Pénélope à celui plus trivial d'un couple vieillissant au bord de l'implosion. Par la voix des autres, Télémaque le fils, Circé l'amante, la relation entre Ulysse le voyageur infidèle et Pénélope l'épouse patiente et fière est interrogée, analysée, sublimée ou encore critiquée et banalisée avec un certain humour sous-jacent parfois. J'ai aimé cette manière de revisiter ce récit à travers le double prisme du regard extérieur et de la poésie.
En parallèle, un couple se lance des piques d'exaspération autour de sujets aussi banals que l'entretien du jardin, l'achat de meubles ou l'organisation d'une fête.
Dit comme ça, ça n'incite peut-être pas à la lecture et pourtant, l'entrelacement de l'histoire de ces deux couples crée une nouvelle dimension autour nos histoires personnelles, si peu importantes au regard des autres mais faisant part d'une mythologie personnelle pour les protagonistes.
Une nouvelle belle découverte de Louise Glück toujours grâce aux traductions de Gallimard qui les présente en version bilingue; le Prix Nobel a eu ça de bon, nous faire connaître cette poétesse.
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D'un côté l'Odyssée, avec en exergue Télémaque, Pénélope et Circé, dans l'attente du retour du "héros" ou regrettant son départ ; de l'autre, un couple sur le déclin ; entre les deux, des paraboles sur la nature, les animaux... qui semblent paradoxalement lier l'épopée, à l'aspect banal d'un quotidien peu conté, et la vie quotidienne, à l'aspect plus poétique, et peut-être plus épique, qu'il n'y paraît.

Une poésie qui m'a touchée, que j'ai trouvé très délicate à certains moments, peut-être même plus en version originale, et tellement prosaïque, parfois comique, à d'autres, renforçant le paradoxe thématique voulu par Louise Glück par la rencontre entre mythe et réalité.

Une poésie que j'ai appréciée, et qui me donne envie de découvrir davantage la Nobel 2020 : ce sera, je pense, avec L'Iris sauvage.
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Louise Glück, comme dans L'iris sauvage, écrit sur le couple. Si dans le premier elle utilisait la métaphore du jardin, ici elle en appelle à Homère et à son couple mythique : Pénélope et Ulysse.
Tous deux interviennent à plusieurs reprises, ainsi que leur fils Télémaque, pour explorer les liens qui font un couple ; et la façon dont le lien se défait.
Car ce recueil parle de désamour, d'éloignement, de rupture. Beaucoup de ces poèmes sont des dialogues entre l'homme et la femme qui ne se comprennent plus, qui s'agacent l'un de l'autre, qui ont pourtant de beaux souvenirs en commun et une certaine nostalgie de l'amour.
Louise Glück dépeint ce thème avec des mots simples, des mots du quotidien, qui parviennent pourtant à nous briser le coeur.
"Tu sais pourquoi ils sont heureux ? Ils prennent
les enfants avec eux. Et tu sais pourquoi ils peuvent aller
se promener avec les enfants ? Parce qu'ils
ONT des enfants."
C'est très beau.
Édition bilingue, traduction de Marie Olivier.
Challenge Nobel
Challenge Poévie
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Je n'aurais jamais cru il y a encore peu de temps que non seulement j'allais revenir une deuxième fois vers un recueil de poésie, mais qu'en plus cette redécouverte m'aurait donné le sentiment de retrouver une vieille copine à la voix percutante et à l'oeil malicieux.
C'est cela que je trouve merveilleux avec Louise Gluck : la profondeur de sa vision qui va fouiller la complexité des choses, alliée à une manière de la dire de manière incroyablement simple (même voire surtout en anglais), et qui plus est humble.
Ici, elle parle de couples, celui que forment des amants désunis, celui que portent des parents séparés, avant, pendant et après la crise, et cela n exploitant une audacieuse faille spatio-temporelle en les reliant par des paraboles entre un homme et une femme d'aujourd'hui reliés en écho à rien moins que Pénélope, la femme d'Ulysse, Circé son amante et Télémaque son fils. Aussi improbable que cela puisse paraître, cela fonctionne merveilleusement bien.
Une telle épure de mots pour exprimer des choses si essentielles, c'est un vrai bonheur.
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Ce recueil contient 46 poèmes, dont certains sont tellement narratifs qu'ils se rapprochent parfois d'un texte en prose, assez explicatif voire même à la limite du dialogue.

Louise Glück alterne des poèmes mythologiques avec Pénélope, Ithaque, Télémaque et Circé (aucun poème ne s'intitule Ulysse, qui est le sujet principal, l'absent autour de qui toutes les pensées convergent), des paraboles, et des poèmes sur la vie actuelle.

Les poèmes contemporains, sur la vie quotidienne, les frictions de couple, les discussions sont très concrets, voire autobiographiques. Louise Glück cite par exemple différents noms, comme celui de son second mari (John) ou de son fils (Noah). On a l'impression d'entrer par la petite porte dans l'intimité d'un couple ou d'une famille.

Si le mélange des genres m'a un peu déstabilisée au départ, j'ai trouvé qu'au fil des pages, les textes sur le couple mythologique et intemporel (avec l'attente et l'entêtement de la femme, le fantasme du fils, le chagrin de l'amante) permettait de mettre en lumière avec pertinence celui du couple moderne.

Une nouvelle fois, je suis touchée par la simplicité de Louise Glück, par ses références récurrentes à la nature, aux animaux, aux plantes, mais aussi par ce côté mélancolique, intime et mystérieux (qui l'est encore plus dans d'autres recueils, plus implicites).




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critiques presse (2)
Elle
17 octobre 2023
Avec son thème universel, Louise Glück permet à tous les lecteurs et lectrices de se retrouver dans ses textes et d’éprouver une forme d’empathie pour ses personnages.
Lire la critique sur le site : Elle
LeMonde
17 avril 2022
Dans Meadowlands, le mythe permet de mettre à distance, avec une ironie percutante, les thèmes chers à Louise Glück – l’incommunicabilité, les nœuds inextricables qui compliquent les liens familiaux ou amoureux – et que le choix de l’ellipse ou le goût du secret ne permettent pas de dévoiler directement.
Lire la critique sur le site : LeMonde
Citations et extraits (11) Voir plus Ajouter une citation
NUIT SANS LUNE

Une dame pleure à une fenêtre sombre.
Doit-on dire pourquoi ? Ne peut-on pas simplement dire
qu’il s’agit d’un problème personnel ? C’est le début de l’été ;
à côté les Lights répètent de la musique klezmer.
C’est une bonne nuit : la clarinette joue juste.
 
Et cette dame — elle attendra pour toujours ;
ce n’est pas la peine de regarder plus longtemps.
Après un moment, le lampadaire s’éteint.
 
Mais attendre pour toujours
est-il toujours la réponse ? Rien
n’est toujours la réponse ; la réponse
dépend de l’histoire.
 
Quelle erreur de vouloir
la clarté plus que tout. Qu’est-ce
qu’une nuit seulement, tout spécialement
une comme celle-ci, maintenant si près de s’achever ?
De l’autre côté, il pourrait y avoir n’importe quoi,
toute la joie du monde, les étoiles pâlissantes,
le lampadaire se transformant en arrêt de bus.
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LE POUVOIR DE CIRCÉ

Je n’ai jamais transformé qui que ce soit en cochon
Certaines personnes sont des cochons ; je leur donne juste
l’apparence de cochons.

Je suis lasse de ton monde
qui laisse l’extérieur déguiser l’intérieur.

Tes hommes n’étaient pas de mauvais hommes ;
la vie indisciplinée
leur a fait ça. Comme cochons,

avec mes soins et
ceux de mes servantes, ils
se sont tout de suite adoucis.

Puis j’ai renversé le sort,
pour te montrer ma bonté
ainsi que ma puissance. j’ai vu

que nous pouvions être heureux ici,
comme des hommes et des femmes peuvent l’être
lorsque leurs besoins sont simples. Dans le même souffle,

j’ai prévu ton départ,
tes hommes avec mon aide bravant
la mer battante et hurlante. Tu crois

que quelques larmes vont me contrarier ? Mon ami,
chaque sorcière est
pragmatique au fond ; personne
ne voit l’essence s’il ne peut
affronter les limites. Si je voulais seulement te tenir

je te tiendrais prisonnier.
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SOIRÉE CALME

Tu prends ma main ; puis nous sommes seuls
dans la forêt pleine de dangers. Presque immédiatement
 
on se retrouve dans une maison ; Noah a
grandi et a quitté la maison ; la clématite, après dix ans
soudainement fleurit blanc.
 
Plus que n’importe quoi au monde
j’aime ces soirées où nous sommes ensemble,
les soirées calmes en été, le ciel encore clair à cette heure.
 
Ainsi, Pénélope prit la main d’Ulysse,
pas pour le retenir mais pour imprimer
cette paix dans sa mémoire :
 
dès lors, le silence à travers lequel tu te meus
est ma voix qui te poursuit.
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CHANT DE PÉNÉLOPE
Petite âme, petite perpétuellement nue,
fait à présent comme je te le demande, monte
les branches en étages de l’épicéa ;
attends au sommet, attentive, telle
une sentinelle ou un vigile. Il sera bientôt de retour à la maison :
il t’incombe d’être
généreuse. Tu n’as pas été tout à fait
parfaite toi non plus ; avec ton corps encombrant
tu as fait des choses dont tu ne devrais pas
débattre dans des poèmes. Par conséquent,
appelle-le au loin, par-delà l’étendue de la mer, par-delà sa clarté
avec ton chant lugubre, avec ton avide
chant contre nature – passionné,
comme Maria Callas. Qui
ne voudrait pas de toi ? Quel appétit d’ogre
ne parviendrais-tu à satisfaire ? Bientôt
il reviendra de là où il va toujours,
bronzé de son séjour, à vouloir
son poulet grillé. Ah, tu dois l’accueillir,
tu dois secouer les branches de l’arbre
pour capter son attention,
mais prudemment, prudemment, il ne faudrait pas
que son beau visage soit criblé
par la chute de trop nombreuses épines.
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PARABOLE DU ROI
En regardant devant lui, le grand roi
ne voyait pas le destin mais simplement
l’aube étinceler sur
l’île inconnue : en tant que roi
il pensait à l’impératif – mieux vaut
continuer à aller de l’avant
par-delà les eaux radieuses. De toute façon,
qu’est-ce que le destin sinon une stratégie pour ignorer
l’histoire, avec ses dilemmes
moraux, une façon de considérer
le présent, quand les décisions
sont prises, comme le lien
nécessaire entre le passé (des images du roi
alors jeune prince) et l’avenir glorieux (des images
de jeunes filles esclaves). Quoi qu’il
y eût devant lui, pourquoi cela devait-il être
si aveuglant ? Qui aurait pu croire
que ce n’était pas le soleil ordinaire
mais des flammes s’élevant sur un monde
sur le point de disparaître ?
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Videos de Louise Glück (6) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Louise Glück
Disparue le 13 octobre 2023, encore trop peu connue en France malgré un prix Nobel de littérature en 2020, Louise Glück poursuivait son chemin solitaire en poésie, n'appartenant à aucune école et aucune mode. Tout en retenue, son style est néanmoins de plus en plus narratif. En témoignent ces quinze recettes qui, tantôt sur le mode de la fable, tantôt sur le mode de la bribe autobiographique, racontent la fin d'une vie et les souvenirs qui remontent d'un passeport oublié à un bonsaï qu'on taille.
L'avis des critiques :
Pour Anne Dujin, rédactrice en chef de la revue Esprit, la voix de Louise Glück ne se laisse pas cataloguer, à la fois très retenue et très lyrique, intimiste et réflexive. Par ailleurs, Anne Dujin évoque la présence d'un “je” poétique dispersé, avec des passages entiers qui semblent biographiques, mais dans lesquels le doute s'instille.
le documentariste et auteur Romain de Becdelièvre a beaucoup apprécié l'aspect collectif de cette poésie qui se fait et s'écoute à plusieurs, là où selon lui la poésie est souvent de l'ordre de la solitude et du solipsisme. En outre, il s'est dit touché par “l'hommage rendu à des ancêtres fantasmatiques et imaginaires” dans ce recueil.
#poesie #louisegluck #littérature __________________ Livres, films, jeux vidéo, spectacles : nos critiques passent au crible les dernières sorties culturelles par ici https://youtube.com/playlist?list=PLKpTasoeXDrosjQHaDUfeIvpobt1n0rGe&si=ReFxnhThn6_inAcG une émission à podcaster aussi par ici https://www.radiofrance.fr/franceculture/podcasts/les-midis-de-culture
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