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Marie Olivier (Traducteur)
EAN : 9782072944086
96 pages
Gallimard (09/11/2023)
3.75/5   10 notes
Résumé :
« Et le monde passe,
tous les mondes, chacun plus beau que le précédent. »

Avec Recueil collectif de recettes d’hiver, publié aux États-Unis en 2021, Louise Glück poursuit son œuvre poétique en laissant une place de plus en plus grande à la narration. Dans ces poèmes qui prennent parfois des allures de fables, l’individualité des voix qui s’expriment s’estompe au profit d’une présence au monde plus collective.
À mesure que des réalités ... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (3) Ajouter une critique
Le 13 octobre 2023, est décédée à 80 ans Louise Glück, poétesse très connue en Amérique et prix nobel de littérature en 2020, et je n'avais jamais entendu parlé d'elle jusqu'à récemment.

Voilà que j'ai pu m'approcher de ses textes.

J'ai découvert aujourd'hui cette poétesse, à travers son dernier recueil, une infime partie de son oeuvre qui est composée de 12 recueils de poésie et d'essais sur la poésie.

Ses 15 poèmes-recettes dans son Recueil collectif des recettes d'hiver abordent le deuil, la perte, l'intime, les saisons froides, les ancêtres, les souvenirs, le temps, la solitude.

Certains poèmes ressemblent à de petites nouvelles comme : le déni de la mort ou une Histoire sans fin.

Son écriture est lyrique, certains de ses mots, de ses pensées m'ont bouleversée.

Il y a ce passage qui survient à la fin de son poème POÈME : 

“ Comme vous allez vite nous crient-ils,

mais non, le vent nous rend sourds,

c'est lui que nous entendons -


Et puis, nous tombons tout simplement - 


Et le monde passe,

tous les mondes, chacuns plus beaux que le précédent ; 


Je touche ta joue pour te protéger - "


Dans LE DÉNI DE LA MORT, cette phrase : 

“Tout est changement, dit-il, et tout est relié. Également tout revient, mais ce qui ne revient pas, n'est pas ce qui est parti -”

Dans ce poème, qui ressemble à un conte, il y a les paroles du concierge, de sa montre, de son tic- tac, qui est une allusion au temps qui passe, de son annulation en vérité nous dit-elle, cette grosse montre, qui ne dit pas si nous sommes lundi ou mardi.

Encore des dialogues, Louise Glück redoute-t-elle la solitude ?

RECUEIL COLLECTIF DE RECETTE d'HIVER, (le poème) Louise Glück évoque des aînés qui allaient dans les bois récolter la mousse, pour en faire des sandwichs d'hiver revigorant, puis des bonsaïs en train d'être taillés, le travail qui était dur, il ne s'agissait pas seulement de prendre soin des petits arbres privés de leur milieu d'origine et qui ont besoin des mains des hommes à présent pour s'en sortir, mais aussi de prendre soin de soi-même.

Sa poésie m'a charmée, m'a emmenée ailleurs, elle est unique, troublante et je ne vais pas en rester là, il est temps pour moi de découvrir davantage ses poèmes, le prochain recueil que je voudrais lire est L'IRIS SAUVAGE.

Je vous laisse avec ce texte :


UNE PHRASE 

Tout est fini, dis-je. 

Qu'est-ce qui te fait dire ça, demanda ma soeur. 

Parce que, expliquai-je, si ça n'est pas fini, ça le sera bientôt,

ce qui revient à la même chose. Et si c'est le cas,

il n'y a aucun intérêt à commencer 

ne serait-ce qu'une phrase. 

Mais ce n'est pas pareil, dit ma soeur, finir bientôt. 

Il reste une question. 

C'est une question stupide, répondis-je.

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Cette philosophie poétique n'est pas ma tasse de thé. Bien qu'écrite avec simplicité, elle me parait obscure parce que très abstraite, même lorsqu'elle s'appuie sur des souvenirs concrets. J'y ressens une mise à distance de l'émotion qui m'oblige à chercher à comprendre de quoi elle parle au lieu de simplement ressentir et écouter la résonance des mots en moi. Mais c'est une question de goût et quelques passages m'ont interpellée.
"Tout est changement, dit-il, et tout est relié.
Également, tout revient, mais ce qui revient n'est pas
ce qui est parti - "
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Il faut découvrir Louise Glück, pour son style mélancolique, simple et tout en concision. Ce recueil est le dernier avant son décès (octobre 2023).

On a le sentiment qu'elle sent venir la fin, elle est omniprésente, dans la réalité comme dans les rêves. Elle insiste sur des détails, des objets, elle raconte parfois une histoire, avec des personnages identifiés, ce qui n'est pas toujours le cas dans les deux autres recueils que j'ai lus (que j'avoue avoir préférés) ou en tout cas, il m'a semblé que c'était moins immédiatement perceptible.

Ce recueil est tout petit, une quinzaine de textes. Il se dévore et m'a donné envie de plonger encore et encore dans d'autres recueils, de m'imprégner encore de cette autrice, qui m'a charmée d'abord avec L'iris Sauvage, puis avec Nuit de foi et de vertu.

Poétesse à découvrir absolument, même si on croit ne pas aimer la poésie, car l'absence de rimes ou le choix de textes en prose permet d'approcher une vision moderne et percutante de ce qu'est un poème intime, proche du quotidien, et pourtant, parfois si déroutant.






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critiques presse (2)
Actualitte
13 décembre 2023
Malgré la brume et les nuages gris de l'hiver, le langage est précis et les mots touchent leurs cibles sans détour, comme des rayons qui percent le froid pour atteindre la peau des objets, et la nôtre aussi.
Lire la critique sur le site : Actualitte
LeMonde
21 novembre 2023
Dans ce livre, la voix simple et mystérieuse de Louise Glück est immédiatement reconnaissable. Du Poème initial au Chant final, ce livre se compose de quinze poèmes dont les plus longs renouent – par la fable, le conte ou une « histoire sans fin » – avec la tentation de la narration.
Lire la critique sur le site : LeMonde
Citations et extraits (12) Voir plus Ajouter une citation
  
  
  
  
  
Mon professeur tenait un pinceau
mais bon, moi aussi je tenais un pinceau –
nous observions ensemble la toile
dont surgissait des quatre coins
une obscurité turbulente; au centre
il y avait un portrait de chien bien visible.
Le chien avait quelque chose d’exagéré;
je pouvais le voir à présent. Je n’ai
jamais été très bonne avec les choses vivantes.
Avec la lumière et l’obscurité, je me débrouille plutôt bien.
J’étais très jeune. Il s’était passé beaucoup de choses
mais rien ne s’était passé
de façon répétée, ce qui fait une différence.
Mon professeur, qui n’avait dit mot, commença maintenant à se tourner
vers les autres étudiants. Aussi navrée pour moi que je fusse,
je le fus encore plus pour mon professeur, qui portait toujours les mêmes vêtements,
et n’avait pas de vie, ou pas que l’on sache,
seulement un sens aigu de la vie sur la toile.
De ma main libre, je touchai son épaule.
Mais monsieur, demandai-je, vous n’avez pas de commentaire à faire sur l’œuvre devant nous ?
Je suis aveugle depuis de nombreuses années, dit-il,
mais quand je pouvais voir, mon regard était clairvoyant et perspicace,
ce que l’on peut, je crois, aisément constater dans mon propre travail.
C’est pour cela que je vous donne des exercices, dit-il,
et pourquoi je remets en question chacun d’entre vous si scrupuleusement.
Quant à la situation difficile qui m’occupe : lorsque j’estime, du désespoir et de la colère
d’un étudiant, qu’il est devenu un artiste,
alors je prends la parole. Dites-moi, ajouta-t-il,
que pensez-vous de votre propre travail ?
Pas assez de nuit, répondis-je. Dans la nuit je peux voir mon âme.
C’est aussi ce que je vois, dit-il.


/traduit de l’anglais (États-Unis) par Marie Olivier
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Une phrase

Tout est fini, dis-je.
Qu'est-ce qui te fait dire ça, demande ma soeur.
Parce que, expliquai-je, si ça ne s'est pas terminé, ça le sera bientôt,
ce qui revient à la même chose. Et si c'est le cas, il n'y a aucun intérêt à commencer
ne serait-ce qu'une phrase.
Mais ce n'est pas pareil, dit ma soeur, terminer bientôt.
Il reste une question.
C'est une question stupide, répondis-je.
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Lorsque les cartes postales cessèrent, je relus les anciennes.
Je me voyais sous le balcon, debout sous cette pluie
de baisers enveloppés de papier argenté,
stupéfait que tu puisses m'abandonner,
t'implorant, sans doute, quoique pas avec des mots -

Le concierge, je m'en aperçus, se tenait à côté de moi.
Ne soyez pas triste, dit-il. Vous avez commencé votre propre voyage,
non pas dans le monde, à l'instar de votre ami, mais en vous-même et vos souvenirs.
À mesure qu'ils se dissipent, peut-être atteindrez-vous
ce néant enviable vers lequel
toutes les choses s'écoulent, comme le vase vide dans le Daodejing -

Tout est changement, dit-il, et tout est relié.
Également, tout revient, mais ce qui revient n'est pas ce qui est parti —

Nous te regardions partir. Descendre les marches en pierre et entrer dans la petite ville. Je sentais
que quelque chose de vrai avait été dit
et quoique j'eusse préféré l'avoir dit moi-même
au moins, j'étais content de l'avoir entendu.
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(...)
Comme vous allez vite nous crient-ils,
mais non, le vent nous rend sourds,
c'est lui que nous entendons -

Et puis, nous tombons tout simplement -

Et le monde passe, tous les mondes, chacun plus beau que le précédent;
je touche ta joue pour te protéger -

Extrait du poème : POEM
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UNE PHRASE
Tout est fini, dis-je.
Qu'est-ce qui te fait dire ça, demanda ma sœur.
Parce que, expliquai-je, si ça n'est pas fini, ça le sera bientôt,
ce qui revient à la même chose. Et si c'est le cas,
il n'y a aucun intérêt à commencer
ne serait-ce qu'une phrase.
Mais cen'est pas pareil, dit ma seur, finir bientôt.
Il reste une question.
C'est une question stupide, répondis-je.
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Videos de Louise Glück (6) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Louise Glück
Disparue le 13 octobre 2023, encore trop peu connue en France malgré un prix Nobel de littérature en 2020, Louise Glück poursuivait son chemin solitaire en poésie, n'appartenant à aucune école et aucune mode. Tout en retenue, son style est néanmoins de plus en plus narratif. En témoignent ces quinze recettes qui, tantôt sur le mode de la fable, tantôt sur le mode de la bribe autobiographique, racontent la fin d'une vie et les souvenirs qui remontent d'un passeport oublié à un bonsaï qu'on taille.
L'avis des critiques :
Pour Anne Dujin, rédactrice en chef de la revue Esprit, la voix de Louise Glück ne se laisse pas cataloguer, à la fois très retenue et très lyrique, intimiste et réflexive. Par ailleurs, Anne Dujin évoque la présence d'un “je” poétique dispersé, avec des passages entiers qui semblent biographiques, mais dans lesquels le doute s'instille.
le documentariste et auteur Romain de Becdelièvre a beaucoup apprécié l'aspect collectif de cette poésie qui se fait et s'écoute à plusieurs, là où selon lui la poésie est souvent de l'ordre de la solitude et du solipsisme. En outre, il s'est dit touché par “l'hommage rendu à des ancêtres fantasmatiques et imaginaires” dans ce recueil.
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