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Quelque chose de frais — presque printanier — dans le récit des désillusions successives du jeune Wilhelm Meister, ce fils de bourgeois si idéaliste et inexpérimenté... Quelque chose d'intemporel aussi, dans ce gros roman dit "de formation" que Johann Wolfgang GOETHE (1748-1832) publia à Berlin en deux étapes : 1795 (pour les livres I à VI) puis 1796 (pour les livres VII et VII)...

Et comme tout ceci nous "parle" profond, aujourd'hui !

Comme l'on repense bien vite — avec émotion — à la précarité (pas tous les jours "charmante") de chacune des petites troupes itinérantes traversant trois grands films "classiques" des années cinquante d'Ingmar BERGMAN (1918-2007) - qui furent autant de fascinants "road movies" N & B pour saltimbanques en roulottes :

- "La Nuit des forains" ("Gycklarnas afton") en 1953 [temporalité : XXème siècle]
- "Le Septième Sceau" ("Det Sjunde inseglet") en 1957 [temporalité : Moyen Âge]
- "Le Visage" ("Ansiktet") en 1958 [temporalité : XIXème siècle]

L'idéalisme d'un amoureux de la scène théâtrale (jouant avec ses épées de bois, ses capes et ses ouvertures de rideau depuis l'enfance où il découvrit "le théâtre de marionnettes" et ses magies... ) : naïveté et rêves de grandeur d'un Wilhelm amoureux, tout à tour, de l'actrice Marianne, des feux de la rampe et du théâtre de Shakespeare...

Wilhelm s'attendrissant sur ses souvenirs d'enfance (le lieutenant marionnettiste dans la maison des parents) ; Wilhelm (fils de commerçant) se disputant rituellement avec son ami Werner (fils de commerçant et lui-même futur commerçant) à l'esprit toujours si "pratique"...

Wilhelm dès la fin du livre I (fin du chapitre XVII) découvrira l'infidélité de "sa" belle Marianne... qui suivra le compagnon "le plus protecteur" qui, bien sûr, ne saurait être Wilhelm ! Pour dédouaner un peu la "belle aux deux amants" (juste une stratégie de survie conseillée par sa vieille costumière Barbara), jugeons que Marianne suivrait sans doute "n'importe qui d'un peu sécurisant et avantageux", puisque cette vie de comédien itinérant s'avère - au quotidien - une misère... ce que Bergman montra fort bien dans les 3 chefs d'oeuvre cités.

D'un bout à l'oeuvre de ce roman (qui est un VRAI roman d'allure réaliste), on partagera les sentiments de Wilhelm, la fonte progressive de ses rêves, la montée inéluctable de ses désillusions (qui seront loin d'en faire un aigri) - et l'on a la première trace de cette "ironie bienveillante" (quant à la trajectoire tout à fait imprévisible de son jeune "héros" apprenant de ses échecs) qui caractérisera les vicissitudes prévisibles des chers personnages sans attaches de Robert WALSER (pour "Les enfants Tanner" et "Le Commis" - autant de "romans de formation" tardifs parus en 1907 et 1908). Pour eux, "L'avenir est au hasard.", comme le chantait Jacques BREL...

Car en somme, Wilhelm durant ses "années d'apprentissage", au long de ses mille déconvenues, apprendra ce que nous allons tous apprendre... ou avons déjà tous appris : il apprend simplement à vivre. "Vivre !", oui... Un apprentissage qui, bien sûr, ne s'arrête qu'au terme de notre existence : "Per aspera ad astra."

Wilhelm-le-Naïf, Marianne l'actrice vénale aux deux amours, la vieille intrigante Barbara, le père marchand, Werner l'ami indéfectible, l'acteur Mélina (devenant "directeur de troupe") et "Mme Mélina" sa fiancée enceinte, l'adolescente Mignon, le vieux harpiste, l'aguicheuse actrice Philine passant d'un amant l'autre, Jarno l'officier moqueur qui révère le théâtre de Shakespeare et initiera Wilhelm à ses mystères, le Comte arrogant et superstitieux, le Baron dramaturge amateur, la Comtesse amoureuse, la jeune Baronnesse délurée, le Prince inaccessible : quelle galerie de personnages balzaciens !

On s'aperçoit bien vite que les acteurs sans le sou (pléonasme, au XVIIIème siècle) finissent tous par manger dans la main de la Noblesse, leur étant entièrement redevables et tributaires, soumis à Son Bon Plaisir et s'obligeant à obéir à leurs Bons Maîtres tels des singes savants...

Les huit livres du "Wilhelm Meister : Les Années d'apprentissage" de 1795 & 1796 sont ici contenus dans une édition de poche de 703 pages : non incluant la préface passionnante (24 pages) à propos du "Bildungsroman" et de Shakespeare" de Bernard LORTHOLARY qui, en 1999, révisa la traduction de Blaise BRIOD datant de 1954.

Rappelons que B. Lortholary avait traduit en 1986, de l'allemand en français - avec tout autant de brio - "Der Gehülfe" ("Le Commis" ou "L'homme à tout faire") de Robert WALSER [1908].

On trouvera aussi en fin d'ouvrage, le dossier biographique, de nombreuses notes et une table analytique du roman (soit-au total, une cinquantaine de pages de plus) ; bref, un bel investissement pour vous que ce "folio Classique" !

On découvre l'extrême précision, la noblesse et le charme discret de la langue proprement intemporelle de Goethe, auquel on devait dès 1774 le succès de scandale de la météorique et "anonyme" première version de "Les souffrances du jeune Werther", considérée alors comme une incitation au suicide...

La rédaction de ce qui s'intitulait antérieurement "La vocation théâtrale de Wilhelm Meister" débuta dès 1777 : soit près de vingt ans pour parvenir à cette quintessence dont le retentissement se confirmera, modes littéraires après modes littéraires.

Soit un énorme "succès de public" (dirait Julien GRACQ) qui ne sera guère éclipsé par "Les affinités électives", paru en 1809, ou par une suite "philosophique" des "Années d'apprentissage [...]" intitulée "Les Années de voyage de Wilhelm Meister" parue en 1821 puis 1829, soit à l'hiver de la longue existence de l'auteur - deux ouvrages restant de bien moindre impact esthétique que celui-ci.

Livre de la maturité de l'artiste Goethe.

Signalons aux curieux une suite "moderne" du "Wilhelm Meisters Lehrjahre" goethéen où l'apprenti comédien-metteur en scène de théâtre est transformé en apprenti-écrivain un rien perdu et restant plein de doutes : ce à quoi son long voyage ferroviaire puis automobile dans l'Allemagne du "miracle économique" ne changera strictement rien...

Il s'agit du scénario de Peter HANDKE intitulé "Falsche Bewegung" ("Faux Mouvement", 1974) mis en scène avec talent par l'un des fondateurs du Nouveau Cinéma allemand, Wim WENDERS dès 1975 - scénario et film inoubliables auxquels nous consacrâmes un long article fort enthousiaste ici... :-)

Lisons donc tous le "Wilhelm Meister" de J. W.GOETHE... et, espérons-le, avec la même ferveur que nos amis précurseurs, responsables des 5 articles critiques précédents sur "Babelio" — dans le même engouement printanier qui valut pas moins de... 91 [!!!] critiques babéliennes aux "Souffrances du jeune Werther" de l'alors très jeune Goethe !
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Les Années d'apprentissage de Wilhelm Meister est une oeuvre imposante de Goethe, publiée en 1795 et 1796. Comme son titre l'indique, c'est un roman d'apprentissage, et même le prototype de ce genre romanesque qui connut un grand succès suite à cette publication, tout particulièrement en Allemagne. Il s'agit du remaniement et du développement d'une oeuvre antérieure de Goethe, intitulée La vocation théâtrale de Wilhelm Meister et restée inédite jusqu'à sa redécouverte en 1909. Il existe également une suite à cet ouvrage, publiée en 1821 et en 1829 sous le titre Les Années de voyage de Wilhelm Meister.
L'histoire raconte les années de formation de Wilhelm, jeune homme issu d'une famille bourgeoise et qui, au désespoir de son père, souhaite se consacrer au théâtre plutôt que de prendre sa succession. le jeune homme profite d'un soi-disant voyage d'affaires pour s'éloigner du foyer parental et poursuivre son rêve. Il erre un peu partout, fait de nouvelles connaissances et, confiant en son talent, réorganise sa vie pour ne suivre que ce qu'il croit être sa vocation. Ses aventures le font évoluer entre trois mondes distincts : celui de sa famille et de son ami Werner, qui représente la sphère bourgeoise et commerçante ; celui des artistes et des comédiens, qui est aussi le monde de l'amour et de la fête et qu'incarne l'espiègle Philine ; et enfin la prestigieuse société aristocratique, que Wilhelm découvre à l'occasion d'un séjour de sa troupe dans le château d'un comte et d'une comtesse.
Le moins que l'on puisse dire est que la vie de Wilhelm est loin d'être un long fleuve tranquille : elle oscille constamment entre hauts et bas. Jamais longtemps au même endroit, rencontrant de nouvelles personnes au gré de ses pérégrinations, épris de plusieurs femmes à la fois, il erre, sans jamais se fixer, avec la troupe de comédiens qui s'est peu à peu constituée autour de lui. Wilhelm fait ainsi la connaissance de nombreuses personnes dont certaines vont jouer un rôle important dans sa vie. La rencontre du monde de la noblesse en particulier va orienter celle-ci dans une nouvelle direction. L'un de ses membres lui fait découvrir l'oeuvre de Shakespeare qui tiendra un rôle essentiel dans son apprentissage.
Tout la première partie du roman, disons jusqu'au livre V, est particulièrement intéressante à suivre. Les événements se succèdent sans que jamais le rythme ne retombe ; ils sont entrecoupés de réflexions intéressantes sur le théâtre, sur la vocation artistique, sur les rapports entre les différentes classes. La peinture des caractères et la description des émotions ressenties par Wilhelm sont également très réussies. Dans La vocation théâtrale de Wilhelm Meister, le roman s'arrêtait là, à la fin du cinquième livre. En le remaniant, Goethe a eu l'idée d'ajouter encore trois livres, au risque de compliquer la composition de l'ensemble. Roman dans le roman, le livre VI constitue une pause dans le déroulement de l'histoire. Intitulé « Confession d'une belle âme », c'est une sorte de récit autobiographique évoquant la vie pieuse d'une femme qui renonce délibérément à son plus grand amour. Certes, cette confession n'est pas inutile : elle permet de faire le lien avec des personnages qu'on avait fait qu'entrevoir, en introduit d'autres, et l'action peut ainsi rebondir, mais c'est au prix d'une rupture de l'équilibre intérieur du roman. On comprend peu à peu que de nombreuses personnes rencontrées en cours de route par Wilhelm se connaissaient depuis longtemps. Les événements inexpliqués du livre peuvent alors enfin être éclaircis, le suspense a été préservé jusqu'au bout !
Par-delà les nombreux va-et-vient du récit, ce qui en constitue la trame n'est rien moins que l'histoire de l'éducation complète d'un jeune homme. La question à laquelle Goethe se proposait de répondre dans ce roman était celle-ci : quelle est la meilleure façon de conduire sa vie ? Comme il l'expliqua lui-même quelques années après, « les débuts de Wilhelm Meister (…) procédaient de l'obscur pressentiment de cette grande vérité : que l'être humain voudrait souvent tenter ce pour quoi les dons lui sont refusés par la nature, voudrait entreprendre et pratiquer ce dont il ne pourra jamais acquérir le savoir-faire ; un sentiment intérieur l'avertit de s'abstenir, mais il ne parvient pas à voir clair en lui-même et il est poussé sur une fausse voie vers un faux but, sans savoir comment les choses se passent. À cela l'on peut rattacher tout ce qu'on a appelé dilettantisme, erreur tendancieuse, etc. Si de temps à autre ses yeux se dessillent à demi, cela provoque un sentiment qui confine au désespoir, et néanmoins il se laissera de nouveau, à l'occasion, emporter par la vague en n'y résistant qu'à moitié. Bien des gens gâchent de la sorte la plus belle partie de leur vie et sombrent enfin dans une étrange morosité. Et pourtant il peut se faire que toutes ces fausses démarches mènent à un bien inestimable : c'est un pressentiment qui, dans Wilhelm Meister, s'épanouit de plus en plus, se clarifie et se confirme, pour enfin s'exprimer même en termes limpides... »
La réponse apportée par Goethe à la question qu'il pose se situe dans l'idéal éducatif des francs-maçons adeptes des Lumières. le noble Lothario incarne ainsi le type du réformateur libéral exprimant des idées proches de celles des Encyclopédistes ou des indépendantistes américains. Si Wilhelm échappe finalement à la morosité, c'est donc essentiellement parce qu'une société secrète, façon loge maçonnique, intervient à son insu toutes les fois qu'il risque de s'engager dans une mauvaise direction. le fait que son apprentissage se fasse en quelque sorte sans lui peut certes nous laisser perplexe, mais Goethe veut nous montrer qu'une solution de compromis entre aspiration personnelle et principe de réalité est souvent nécessaire, au besoin grâce à l'aide d'autrui. Sa pensée correspond à l'adage philosophique « Stirb une Werd » (Meurs et deviens). En l'absence de talent artistique exceptionnel, il faut accepter de revenir sur les sentiers battus. Quand la vie ne peut pas se réaliser dans l'art, il reste encore possible d'essayer de faire de sa vie un art…
Avec ce livre, Goethe proposait à ses contemporains un ensemble de réflexions sur l'art, la morale et la société de la fin du XVIIIe siècle. Si le lieu de l'action n'est presque jamais mentionné, de même, la plupart des noms de personnes comme Mignon, Philine, Serlo, Melina ou Jarno semblent tellement fictifs qu'ils confèrent une sorte de caractère intemporel au récit. le livre est donc un vaste roman d'idées, sur des thèmes a priori aussi différents que l'art et le développement personnel, qui déborde largement de son cadre géographique et temporel. Certes, une large place est accordée aux débats sur le théâtre du XVIIIe siècle, mais le livre entier est plein de conversations intéressantes et de profondeurs, de pensées intelligentes qui, sans doute, devaient refléter les propres problèmes de Goethe. La vocation artistique, le besoin de se réaliser, le caractère sinueux que la vie prend parfois : Wilhelm Meister a beaucoup de points communs avec son créateur !
Goethe décrit les événements de manière réaliste et poétique à la fois, avec une légère distance ironique. Ses observations sur les relations sociales, les développements individuels, les côtés sombres de l'humanité, les éléments heureux et les aspects les plus stupides de l'existence sont d'une grande profondeur. On a toujours envie de s'exclamer « oui, c'est comme ça » ou « comme c'est merveilleusement observé ». On finit par emporter avec soi de jolies phrases, pour espérer un jour peut-être les mettre en pratique dans notre propre vie, comme « La lumière de la raison, chacun de nous peut l'atteindre un jour, mais la plénitude du coeur, personne ne peut nous la donner », ou « On devrait, ajoutait-il, entendre chaque jour un petit lied, lire un beau poème, voir un tableau de valeur et, si c'est possible, dire quelques paroles raisonnables ». Et pourquoi pas dire un jour : « et si je t'aime, est-ce que ça te regarde ? »
Les Années d'apprentissage de Wilhelm Meister est, dans l'ensemble, un très bon livre, qui mérite vraiment d'être lu. Un livre très intéressant, avec beaucoup de contenu sur toutes sortes de sujets divers, ce qui constitue pour moi l'essence même de la littérature. Un passage obligé pour les admirateurs de Goethe en tout cas, car j'imagine que vous y apprendrez plus de choses sur Goethe lui-même que vous ne le pensez.
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Roman d'apprentissage écrit par Goethe en 1795-1796, qui s'inspire de et s'appuie sur le célèbre Hamlet de William Shakespeare (pièce lue et analysée par le héros). Si vous ne devez lire qu'un ouvrage de Goethe, c'est celui-là qu'il faut lire pour moi, même s'il est un peu long. Quelques passages magnifiques (Mignonslied, poème merveilleux qui décrit notamment l'Italie avec beaucoup de poésie).
Wilhelm Meister, jeune marchand, pense que sa vocation est de devenir acteur de théâtre. Il se fait engager dans une troupe itinérante et découvre le monde, l'amour, d'autres pays et d'autres cultures. Nous découvrons avec lui les hommes du 18è siècle, les pensées, les sociétés secrètes (Franc-maçonnerie) . Et je me pose la même question que le personnage (et donc que Goethe probablement, excusez du peu!!!): la littérature et le théâtre peuvent-ils changer la société?
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Ce livre nous raconte l'évolution du jeune Wilhelm Meister, qui entre dans le monde avec ses illusions et attentes et qui doit affronter les dures réalités de la vie. Venant d'un milieu bourgeois, il est amoureux d'une jeune actrice, Marianne, et refuse la vocation tracée pour lui par son père : les affaires. Il veut devenir créateur de théâtre. le frère de Marianne essaie de l'en dissuader..Deux conceptions de l'individu qui s'opposent ici : la vision matérialiste du monde bourgeois et la vision idéaliste de Wilhelm… Bien des péripéties vont survenir ensuite : découvrant l'infidélité de Marianne, Wilhelm va s'adonner aux affaires avant de retrouver sa vocation pour le théâtre plus tard..
Un livre très novateur pour l'époque : Goethe développe le prototype du roman de formation (Bildungsroman). Ici ce ne sont pas les aventures en soi qui comptent mais la manière dont l'individu les intègre dans sa personnalité.
Un livre étonnamment moderne qui pose la question des valeurs de l'orientation et de l'insertion des adolescents dans le monde, et la question éternelle du sens qu'ils cherchent à donner à leur vie.

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Après avoir été bouleversée par Les souffrances du jeune Werther il y a quelques temps j'ai voulu poursuivre avec Goethe et découvrir son célèbre roman d'apprentissage, monument, s'il est besoin de rappeler, de la littérature allemande.

Que dire, que penser de cette oeuvre ?
J'y ai retrouvé la merveilleuse plume de Goethe ça c'est un fait ; une narration extrêmement fluide tout en étant lyrique et poétique, légère. J'y ai retrouvé, comme avec Werther, un personnage principal très attachant, sensible, troublé, cherchant son chemin dans la vie.
Néanmoins, ce à quoi je ne m'attendais pas, et qui m'a un peu titillé je dois l'avouer, c'est l'omniprésence du théâtre. Je savais que l'histoire tournait autour de ça étant la vocation de Wilhelm et qu'il rejoindrait une troupe, mais je ne pensais pas que les trois quart du roman seraient aussi ancrés dans le monde théâtral sous toutes ses coutures. La troupe va jouer théâtre, parler théâtre, respirer théâtre, manger théâtre, et je dois avouer que c'était peut-être un peu trop par moment. Un autre élément auquel je ne m'attendais pas c'est l'abondance de personnages. Wilhelm voyage, et ce faisant il va rencontrer énormément de monde, toute sorte de personnes pour lesquelles Goethe fera des digressions afin de nous présenter leurs histoires, sans que l'on sache si cela aura une importance futur ou non. Ayant à présent terminé le roman je constate qu'effectivement ces histoires sont presque toutes reliées entre elles et éclairent beaucoup la fin de l'histoire, mais même s'ils deviendront important par la suite, j'ai trouvé qu'il y avait un peu trop de personnages et ça peut perdre le lecteur à certains moments (parfois j'avais du mal à ma rappeler où Wilhelm avait rencontré tel ou telle personne).
Tout ceci étant dit, la vivacité de la plume de Goethe et mon attachement à Wilhelm m'ont fait rester, malgré les quelques longueurs qu'il y a pu avoir, durant ces 800 pages que j'ai adoré lire.

On va donc rester avec Wilhelm longtemps, quelques années, on va le suivre avec la troupe de théâtre, on va le suivre dans ses pérégrinations, ses errances, ses questionnements, ses exaltations, et surtout ses amours (car il va en aimer des femmes !). Mais le fil conducteur du roman c'est lui, bien évidement, et pour moi il en est la valeur principale. Cet homme touchant, sensible, parfois perdu, souvent tourmenté.
Le point de départ de l'histoire c'est lorsqu'il surprend sa fiancée qui le trompe, il décide alors de quitter la ville, de partir sur la route en continuant de travailler pour l'entreprise de son père, mais lorsqu'il croisera le chemin d'une troupe de théâtre il abandonne tout et part avec eux réaliser sa vocation. Ce sera le début, comme je l'ai dit, d'un nombre incalculable de rencontres qui vont presque toutes complètement changer sa vie. Si bien que même la fin du roman est presque un plot-twist tant on s'attend pas à toutes ces révélations !

Bref, ce monument de Goethe, dans ses 800 pages, renferme presque tout ; de l'amour, de l'amitié, de l'art, beaucoup de théâtre, des secrets, des rebondissements, des longueurs, de la poésie, des dialogues, des vies, des rencontres, des réflexions... Un vrai roman d'apprentissage. Un vrai roman du romantisme.
Comme j'y suis allé lentement — le style et l'histoire s'y prêtant —, ma lecture a duré un certain temps, et donc finalement Wilhelm m'aura accompagné autant que je l'ai accompagné..., avec les hauts et les bas, et ce fut un étrange mais joli voyage.
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En 1795-1797, Goethe publie les Années d'apprentissage de Wilhelm Meister que certains considèrent comme le plus grand roman de langue allemande.
Il est le modèle d'un nouveau genre, le Bildungsroman, le roman d'une éducation par la vie, l'aventure et l'expérience, ou comment un adolescent devient un homme fait.

Les Années d'apprentissage de Wilhelm Meister ouvrent de larges horizons sur les conceptions de Goethe en matière de religion, d'art, de morale, et
marque l'évolution de la pensée de Goethe vers un idéal social influencé par les idées de J.-J. Rousseau, et de Pestalozzi.
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L'ouvrage est remarquable tant par la qualité de l'écriture que par le cheminement initiatique du jeune Wilhelm Meister qui va peu à peu perdre ses illusions d'enfants pour s'accomplir finalement en tant qu'homme sensible et responsable.
Cette fiction romanesque, histoire d'une vocation théâtrale, d'une aventure amoureuse et de la genèse d'un caractère, permets à Goethe de développer sa réflexion sur l'art et la philosophie de l'existence.
Ce livre est rapidement devenu en Allemagne et ailleurs une référence en tant que précurseur des romans d'apprentissage et modèle de l'écriture romantique.

"Les Années d'apprentissage de Wilhelm Meister" contient en outre un document d'une cinquantaine de page "Confession d'une belle âme" qui est un chef d'oeuvre dans le chef d'oeuvre. C'est un récit d'une grande sensibilité et d'une grande profondeur, que l'on soit croyant ou non.

Ecrit dans une langue délicieusement ancienne où la laideur et la méchanceté sont totalement absent, cet ouvrage m'a apporté un réel plaisir de lecture.
Hymne à la gaité et à l'amour romantique, il suffit de se laisser envouter par la poésie de l'auteur pour se retrouver dans un 19ème siècle idéal.
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Je sais que c'est une grande oeuvre, un grand auteur, un texte marquant pour la littérature germanique et plus encore européenne, un roman fondateur d'un genre. Je sais tout cela, oui, mais honnêtement, j'ai trouvé ma lecture trop longue.
D'abord, que c'est larmoyant... J'apprécie le romantisme français, mais on n'y trouve pas tous ces torrents de larmes à chaque page, des discours sans fin et répétés sur la vertu, l'amour filial et maternel, le poids éternel de la faute... le personnage principal qui se plaint tout le temps, n'arrive pas à savoir quelle femme aimer et se fait manipuler par tout le monde, est assez insupportable par sa naïveté - voire sa niaiserie, même si, chose plus intéressante, il n'est pas qu'un amoureux platonique, il est aussi animé par son désir physique - mais cet aspect est peu mis en avant.
Ensuite, quelle vision des femmes qui me hérisse en tant que lectrice contemporaine - même si je suis consciente que les idées exposées sont relativement modernes. La femme idéale est une bonne ménagère, tranquille gestionnaire de ses biens et de sa famille. Certaines peuvent accéder à l'éducation, mais à l'éducation pratique, elles ne peuvent pas comprendre l'art. Les femmes qui désirent et qui séduisent sont assimilées à des prostituées légères.
Je suis donc très critique avec ce qui est considérée comme une oeuvre fondatrice du "génie allemand", mais je ne l'ai pas appréciée. En revanche, j'ai bien aimé les passages sur le théâtre, les théories sur l'art dramatique - notamment les analyses de Shakespeare, surtout d'Hamlet et la description picaresque du mode de vie des comédiens.
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Les Années d'apprentissage de Wilhelm Meister est considérée comme l'oeuvre la plus emblématique du bildungsroman, ou roman de formation, genre romanesque qui fit florès outre-Rhin, comme l'explique et l'argumente Bernard Lortholary dans sa remarquable préface aux éditions Folio classique.

Le héros éponyme dont les penchants et la sensibilité l'inclinent à la vocation artistique, aspirant aux sommets de l'art dramatique et poétique, se lance dans une vie de bohème, incompatible avec l'avenir bourgeois de commerçant prospère que lui réserve sa famille. Les aléas d'une vie de comédien et de metteur en scène dans une troupe ambulante se superposent aux mécomptes que réservent les jeux de l'amour pour notre jeune homme ardent et inexpérimenté. Il appert même, qu'à son corps défendant, Wilhelm Meister est le jouet des menées ésotériques d'une confrérie impliquant des personnes de haut rang.

Cette oeuvre maîtresse de Goethe rend un hommage signalé au génie dramatique insurpassable de William Shakespeare. le premier tiers du roman constitue un authentique plaisir de lecture dans son caractère primesautier, l'auteur faisant volontiers de l'esprit, par le truchement d'une ironie fort réjouissante. En comparaison, la suite contraste par une certaine lourdeur, tant dans la narration, que dans l'exposition de personnalités assez éthérées, et par l'invraisemblance des révélations qui relèvent de rebondissements théâtraux, ne déparant guère, il est vrai, avec les aspirations artistiques du héros.
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Un pavé dans la mare?

Arrivé au bout de cette lecture fastidieuse, il m'est difficile d'en faire un bilan-résumé.
L'histoire de Willhem Meister est celle d'un roman d'apprentissage, de formation d'exploration. Choisissant de suivre la voie du théâtre, il s'éloigne de celle qu'il lui était tracée pour s'engager dans de nombreuses pérégrinations et de très nombreuses rencontres. Marianne, Norbert, Philine, Melina, Mignon, Werner, Jarno, l'abbé, Thérèse, Aurélie, Félix, Sperata, Natalie, Laertes et j'en passe bien d'autres.

Livre de référence de la littérature allemande et instigateur du roman d'apprentissage, c'est possible. Mais il me fut terriblement difficile de suivre l'histoire de Wilhelm, et ce, d'autant plus que le narrateur change à plusieurs reprises. S'ajoutent à ceci de nombreuses considérations sur le théâtre, et notamment Hamlet et Shakespeare. Goethe m'a perdu en cours de route à plusieurs reprises.

Les dernières parties du roman comptent en outre plusieurs rebondissements vaudevillesques, qui est le fils de? mais en fait c'est la mère de.... et elle, est-elle morte? Des personnages oubliés (de moi) réapparaissant et le dénouement tombe à l'eau pour celui qui n'a pas fait une lecture suffisamment attentive.

Ce livre étant un tel classique de la littérature allemande et du romantisme européen, je m'attendais à une lecture plus aérée, plus enlevée, plus enthousiasmante.

D'ici quelques années, je m'y replongerai assurément. Il n'est pas possible que je sois passé complètement à côté.


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