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EAN : 9782918490128
166 pages
Wildproject Editions (08/09/2011)
4.06/5   18 notes
Résumé :
Gary Snyder (prix Pulitzer 1975) est un poète emblématique de la beat generation. Bouddhiste zen ayant vécu plus de dix ans au Japon, fondateur d’une communauté rurale toujours active dans la Sierra Nevada et militant de l’écologie radicale, Gary Snyder a placé la nature au centre de sa vie et de son œuvre. Il incarne la transition historique entre la contre-culture et la pensée écologiste.

Cette série d’entretiens autobiographiques, menée par son ami... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (3) Ajouter une critique
Penser la nature.
Les précieuses éditions Wildproject diffusent depuis 2009 la pensée écologiste hors des carcans technocratiques ou scientifiques avec l'espoir, comme Gaïa, de percoler en profondeur dans les strates des intelligences humaines. Dans leur collection « Tête nue », elles rééditent en 2022 les entretiens entre Gary Snyder et Jim Harrison préalablement parus en 2011. Par ces discussions en rhizome, c'est-à-dire souterrainement nourrissantes, le lecteur fait connaissance avec deux auteurs américains majeurs, tous les deux habités par le sentiment de nature. Alors qu'Harrison se met en retrait, pose les questions, relance parfois le sujet, c'est Snyder qui développe des idées totalement intriquées à son mode de vie. Intelligence animale, méditation (laisser l'environnement agir sur soi), poésie (être attentif à l'aspect divin de l'ordinaire), parcours de vie, nature du langage (« l'animalité se reflète dans la langue »), anthropologie (avec la critique de la prépondérance occidentale), biorégionalisme (défini par des communautés biologiques) sont quelques uns des thèmes abordés dans une conversation à bâtons rompus très accessible en surface, plus complexe dans l'assimilation des concepts. Dix-huit poèmes de Gary Snyder s'ensuivent. Une postface d'Antoine Wyss revient sur la poésie de Snyder ancrée dans la nature qu'il met en regard avec celle de Mallarmé toujours à la recherche quasi obsessionnelle du verbe idéal. La préface de Brice Matthieussent, grand traducteur de la littérature anglo-saxonne et notamment de Jim Harrison, insiste intelligemment sur la prise en compte politique du non humain. Un cahier photographique en noir et blanc encadre et enrichit les textes. Gary Snyder, bonze souriant, lutin vif, irradie tandis que Jim Harrison, vieil ours édenté, fait danser les ombres.
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Entretien entre deux figures emblématiques de la littérature « Beat » états-unienne. Jim HARRISON pose les questions ou donne le tempo tandis que Gary SNYDER répond, développe et anecdotise. SNYDER témoigne de son expérience de vie. Attiré très tôt par la culture zen et le bouddhisme, il a vécu une dizaine d'années au Japon, d'où il en a retiré une culture de vie très personnelle et spirituelle.


Mais dans cet ouvrage c'est surtout de nature dont il sera question. Les deux auteurs sont proches d'elle, lui ont dédiés de nombreuses pages, de nombreux chapitres. Leur philosophie naturaliste peut se voir comme complémentaire, c'est en tout cas la sensation dans ces échanges d'une grande beauté. « Je marchais un jour dans les montagnes de la Sierra Nevada, parmi les talus d'éboulis, en regardant mes pieds. Et j'ai alors remarqué que chaque caillou était différent. Il n'y avait pas deux pierres identiques. Il n'y a donc peut-être pas d'identité dans l'univers, pas deux choses exactement semblables ». C'est SNYDER qui parle.

Cet entretien peut être lu comme une biographie rapide de Gary SNYDER, il donne quelques détails sur certaines expériences de sa vie, certaines conclusions que le poète a pu en tirer. Quant à HARRISON, il est l'intervieweur donc il prend peu la parole, souvent pour acquiescer aux dires de son interlocuteur, ou pour bien sûr, sortir une plaisanterie dont il a le secret. Les deux poètes sont de la même génération (SNYDER, né en 1930, HARRISON en 1937) et les souvenirs de l'un peuvent raviver une flamme chez l'autre. SNYDER tient en revanche le gouvernail dès qu'il s'immisce dans la culture orientale et asiatique.

Les animaux : SNYDER les respecte, peut-être même les révère-t-il. « Nous sommes encore dans une phase où l'on apprend à connaître les animaux, à interagir avec eux. Les inclure dans notre dialogue est déjà une grande nouveauté ». le progrès : « L'Amérique est maintenant à soixante-quinze pour cent urbaine. Quand je suis né, c'était l'inverse : elle était à soixante-quinze pour cent rurale. Pour un gars de la campagne comme moi, le problème est que le niveau d'attention dont j'ai besoin en ville m'épuise très vite ». Cependant, ne vous attendez pas à obtenir de criantes révélations sur la vie de Jim HARRISON puisque le bouquin est tout de même consacré avant tout à SNYDER.

À l'issue de cet entretien sont proposés 18 poèmes de SNYDER en version bilingue avant une longue postface d'Antoine WYSS. Au début et à la fin de l'ouvrage, des photographies de la collection personnelle de Gary SNYDER mais pas que. Même si leur impression ne ressort pas forcément par manque de qualité, elles sont là pour témoigner elles aussi.

Enfin, ce joli livre est accompagné… d'un DVD, « La pratique sauvage » ! Il est en quelque sorte la version filmée de ce face à face de deux géants (mais pas tout à fait non plus, je vous laisse la surprise), mais aussi des lectures des poèmes de Gary SNYDER par lui-même, ainsi que des prises de paysages somptueux. de nombreuses interviews viennent étoffer le DVD. le tout est sorti en 2011 dans la collection Tête nue de Wildproject éditions.

https://deslivresrances.blogspot.fr/

Lien : https://deslivresrances.blog..
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Un superbe aperçu de la conversation sur le site des éditions Wildproject, au sommaire du onzième numéro de leur revue, consacré à "L'Orient de l'écologie" :
Lien : http://www.wildproject.fr/re..
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critiques presse (2)
Actualitte
02 mars 2017
Fruit de rencontres nourries, substrat poétique et excellente introduction à l’œuvre de Gary Snyder, ces entretiens inédits nous offrent aussi de découvrir un autre Jim Harrison.
Lire la critique sur le site : Actualitte
LeMonde
25 novembre 2011
Etre poète, pour Snyder, ce n'est pas regarder le monde d'un point de vue contemplatif ou méditatif, mais essayer (et l'expérience poétique rejoint ici le zen) de se déployer tout entier dans le grand tout, sans souci de hiérarchie. Ne pas raconter l'histoire d'un arbre, mais écrire un poème pour s'entretenir avec lui. Jim Harrison a cette très belle formule qui pose le risque et la beauté d'une telle aventure : "Un poème est l'exemple d'une sorte de chaos pondéré. "
Lire la critique sur le site : LeMonde
Citations et extraits (12) Voir plus Ajouter une citation
AS FOR POETS

As for poets
The Earth Poets
Who write small poems,
Need help from no man.

The Air Poets
Play out the swifest gales
And sometimes loll in the eddies.
Poem after poem,
Curling back on the same thrust.

At fifty below
Fuel oil won't flow
And propane stays in the tank.
Fire Poets
Burn at absolute zero
Fossil love pumped back up.

The first
Water Poet
Stayed down six years.
He was covered with seaweed.
The life in his poem
Left millions of tiny
Different tracks
Criss-crossing through the mud.

With the Sun and Moon
In his belly,
The Space Poet
Sleeps.
No end to the sky -
But his poems,
Like wild geese,
Fly off the edge.

A Mind Poet
Stays in the house.
The house is empty
And it has no walls.
The poem
is seen from all sides,
Everywhere,
At once.

QUANT AUX POETES

Quant aux poètes,
Les Poètes de la Terre
Qui écrivent de petites poèmes,
Ils n'ont besoin de personne.

Les Poètes de l'Air
Déclenchent les plus fortes bourrasques
Et parfois se prélassent dans les tourbillons.
Poème après poème,
Ils se replient sur la même lancée.

A cinquante sous zéro
Le pétrole brut gèle
Et le propane reste dans le réservoir.
Les Poètes du Feu
Brûlent au zéro absolu
Résurgences d'amour fossile.

Le premier Poète de l'Eau
Passa six ans au fond.
Il était couvert d'algues.
La vie dans son poème
Laissa des millions de
Minuscules traces différentes
Enchevêtrées dans la boue.

Portant le Soleil et la Lune
Dans son ventre,
Le Poète de l'Espace
Dort.
Le ciel est sans limite -
Mais ses poèmes,
Comme les oies sauvages,
S'envolent au-delà.

Un Poète de l'Esprit
Reste à la maison.
La maison est vide
Et n'a pas de murs.
Le poème est vu de tous côtés,
Partout,
En même temps.
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Je suis poète. Mes maîtres sont d'autres poètes, des Indiens d'Amérique, et quelques prêtres bouddhistes du Japon. Je représente ici ma propre circonscription électorale, le monde sauvage. Je veux être le porte-parole d'un royaume qui d'habitude n'a de délégué ni dans les salons intellectuels ni dans les assemblées gouvernementales.
(...) Hélas, il n'y a pas de sénateur pour 'tout ça'. Et je pense à de nouvelles définitions de l'humanisme et de la démocratie qui incluraient le non-humain, accorderaient des représentants à 'tout ça'. Voilà, selon moi, ce que nous voulons dire quand nous parlons de conscience écologique.

Gary Snyder, in Amérique : Île tortue
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Gary Snyder : (...) Dōgen disait : "Est-ce que tu vas essayer de t'améliorer toi-même ou est-ce que tu vas laisser l'Univers t'améliorer ?

Jim Harrison : Oui, parce que d'une certaine façon, c'est sans effort que tu ouvres ton coeur à ce territoire. Quand on est arrivés au bout de la montée, hier, c'était irrésistible. Tu vois ce que je veux dire ? Impossible d'empêcher l'ouverture de la cage thoracique. C'était là, dans le paysage.
On ne pouvait pas être là aujourd'hui sans penser à ce que Dōgen dit des montagnes et des rivières, et j'ai songé à cette idée qu'étudier le moi c'est oublier le moi, et qu'oublier le moi, c'est ne faire plus qu'un avec les dix mille choses – ces dix mille choses ne font plus qu'un avec toi.
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Gary Snyder : "Les gens pensent souvent que l'art est la production humaine la plus hautement cultivée, disciplinée, organisée; or, s'il exige une longue préparation, l'art n'advient que si on laisse le sauvage y entrer.
Je me souviens de ce que Robert Duncan disait : "Pour que ce soit de la poésie, il faut à la fois de la musique et de la magie." Et la magie donne accès au sauvage. Il faut éteindre l'esprit calculateur!"
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Il avait conduit une bonne partie de la nuit
.Depuis San Joaquin tout en bas
Par Mariposa, gravissant
Les dangereuses routes de montagne,
Pour arriver à huit heures du matin
Avec son gros chargement de foin
derrière la grange

À l'aide d'un treuil, de cordes et de crochets,
On a entreposé proprement les bottes de foin
Jusqu'aux chevrons en cèdre plein d'échardes
Là-haut dans l'obscurité, petits ronds de luzerne
Tourbillonnant dans les trous de lumière entre les bardeaux,
Poussière de foin qui gratte dans la
chemise pleine de sueur et dans les chaussures.

Au déjeuner sous le Chêne Noir
Au milieu du corral brûlant,
- La vieille jument renifle les seaux de nourriture,
Crépitement des sauterelles dans les herbes -
Il dit : "J'ai soixante-huit ans.
La première fois que j'ai rentré le foin, j'avais dix-sept ans.
Je me disais, ce jour là,
Que pour rien au monde je ferais ça toute ma vie.
Et ben, c'est pourtant ce que j'ai fait."

Gary Snyder : Du foin pour les chevaux.
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Videos de Jim Harrison (27) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Jim Harrison
Vie de Guastavino et Guastavino, d'Andrés Barba Traduit de l'espagnol par François Gaudry
Devant la douleur des autres de Susan Sontag Traduit de l'anglais (États-Unis) par Fabienne Durand-Bogaert
le Style Camp de Susan Sontag Traduit de l'anglais (États-Unis) par Guy Durand
le Passé, d'Alan Pauls Traduit de l'espagnol (Argentine) par André Gabastou.
Mumbo Jumbo, d'Ishmael Reed Traduit de l'anglais (États-Unis) par Gérard H. Durand Nouvelle préface inédite de l'auteur
Dalva de Jim Harrison Traduit de l'anglais (États-Unis) par Brice Matthieussent
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