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EAN : 9782868692139
221 pages
Actes Sud (10/08/1993)
4/5   3 notes
Résumé :
Ce qui surprend dès la première page" , écrit François Billetdoux dans sa postface au roman posthume de Michèle Hénin , "ce sont les blancs dans le corps du texte (...) on sait aussitôt qu'elle a du mal à respirer" . Et c'est , en effet , dans un rythme bientôt envoûtant que Malfilâtre , l'héroine de ce récit , raconte une enfance où les nostalgies , les émotions neuves et la mort composent une trame sur laquelle on la voit tisser son pauvre fil de vie . Pourquoi un... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (1) Ajouter une critique
Et Tradéridéra ... et Tra la la ....
papa mort pour de bon,
maman enlevée, maman où ?
quelque part à l'hôpital ...

Et Moi ? Malifâtre
Attila est là !
Ah ! la charogne elle m'a eu
je l'aurais bien renvoyer chez les Huns, mais toute en os,
avec une poigne de fer, direction le Dispensaire .

Pavillon de contagion pour les tubardes !

Ainsi qu'une chanson enfantine, avec des blancs, comme pour reprendre son souffle, un long et triste refrain de misère.
C'est vif, enlevé, ça pourrait presque être joyeux tellement elle chante, elle chante, elle court, elle court la maladie d'amour à la mort ....

- Personne à qui faire coucou, à force on yoyotte, on copine avec les choses, on devient tendre avec elles, on les caresse, on les plaint quand elles tombent on les taquine aussi pour voir on leur parle pour leur faire croire qu'elles sont vivantes mais surtout pour y croire ... - (p.70)

Petite fille en culotte bateau , ficelée comme un sac, d'une fraîcheur désarmante, qui se balance en chansons et tente d'attraper un bout de ciel bleu ; elle la petite fille en tablier rouge !

Quelle écriture d'une beauté saisissante, sobre et lumineuse !

Elle lâche du lest et fait revivre ses souvenirs d'enfance qui viennent voler dans votre tête d'adulte ; tout comme ce ballon bleu qu'elle a , un jour , lâché du haut du Belvédère aux Buttes Chaumont avec son papa.

Et ça fait battre le coeur
Et ça vous retourne
L' enfance est là, presque à toucher du doigt.

C'est un souffle ce récit,
Un souffle de fraîcheur, de rébellion, de douleur et d'espérance.

=================================================
Et en postface de François Billetdoux (décembre 1987)


[....] Je suis rien, a t'elle renié son prénom d'état civil, sous le signe du muguet,
et a choisi de devenir Michèle ? Restait HENIN, son nom de famille,
qu'elle a repris pour le manuscrit de son livre plutôt que celui de son mari.
Etait ce pour ne lui rien prendre ou parce que lui voulait l'aider à porter enfin
son nom ?
(son mari Georges Lafaye )
Dans le langage des oiseaux, on se dit qu'il a manqué un N à son nom pour qu'elle puisse porter son âme en cornette, un nimbe en forme de hennin. Mais il lui a manqué davantage dans l'imperfection du présent.
Nous ne pouvons pas oublier qu'en décembre, un dimanche soir de l'année 1986,
montée haut debout sur un tabouret pour tendre un fil au plafond de son balcon, en prévision d'un volubilis, cette personne en noir et blanc est tombée du cinquième étage sur un trottoir à Paris.


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Citations et extraits (6) Voir plus Ajouter une citation
Pélissier, quand je sens sa grosse poitrine penchée sur moi, je peux pas m'empêcher de penser à celle de Martinet ça lui a poussé tout d'un coup avant, elle était aussi plate que moi, Martinet poum ! un matin, quel cauchemar, elle s'est retrouvée avec cette catastrophe entre les bras ah, moi je me laisserai pas faire ! ça, non alors ! j'en veux pas, plutôt périr quand on est vieille, à seize ans, vingt ans, bon, d'accord, mais pas à douze ans ! non, non et non, c'est pas juste ! pareil pour Paquot, elle en a reçu elle aussi un paquet énorme, du jour au lendemain, énorme toute maigrichonne elle était, Paquot on peut dire qu'on s'attendait pas à la voir devenir comme ça on la reconnaissait plus quand elles est partie pour le sana de Briançon, elle pouvait plus entrer dans ses habits de sortante impossible de boutonner son tricot ni son manteau ça débordait de tous les côtés ils ont de la veine les garçons ....
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... plus que jamais je voulais faire plaisir à papa pour le consoler d'être mort mais, dans le cru de l'hiver, sans feu, à la bougie, c'était pas rigolo heureusement que j'avais eu l'idée de la minuterie ça c'était pas bête, j'aurais dû y penser plus tôt faisait drôlement frigo sur le palier, encore plus qu'à la maison, mais au moins j'y voyais clair dix tricots l'un sur l'autre pour plier les bras macache la couverture à repasser sur les épaules, le fameux béret enfoncé jusqu'aux trous de nez, assise sur une marche, le bouton de la minuterie à portée de ma main droite, ma bouteille d'encre juste en dessous, ma règle à mes pieds devant moi mon cartable servait de pupitre il avait bien, le pupitre, un peu tendance à basculer sur le pointu de mes genoux affaire d'entraînement le plus embêtant, c'est qu'un escalier c'est fait pour monter, pour descendre et les locataires s'en privaient pas à l'heure des devoirs ils rentraient de leur travail ou des commissions ...
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"Grimbert et Malfilâtre, aux douches !" j'arrivais pas à m'en remettre à grands coups de sifflet, la Pince nous a fait mettre en rang dans le préau pour nous conduire aux bains-douches municipaux
on était dix-huit cracras de toutes les classes elle nous a comptées au moins vingt fois et puis on l'a suivie dans la rue tout juste si elle nous faisait pas marcher au pas
tout la défrisait elle savait pas quoi inventer pour nous faire des misères sur les murs des maisons, haut comme trois étages, le bébé Cadum nous regardait défileer il était là, à tous les carrefours j'avais jamais remarqué combien il était crispant et moche, affreux, tout gris, tout plissé comme un vieux grand-père j'étais dans une de ces rages !
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il avait bien raison, Riquet, de ne pas vouloir ouvrir aux assistantes sociales mais elle était rentrée quand même sans clés, ça alors ! Sésame ouvre-toi ! et voilà que ça s'ouvre! "Pose ton cartable, je t'emmène au dispensaire;" la félone ! et moi, dégonflée, je l'avais suivie sans rien dire on pourrait croire qu'on va crier, se révolter, s'échapper, hurler, foncer, brandir Durandal le belle et blanche, pourchasser la barbare, la tailler, la piquer, lui faire des brides et des boutonnières partout, des empiècements, un faux ourlet et aussi un vrai, de préférence au point d'épine, lui fendre le chignon, la margoulette, l'échine du haut en bas et là, sur le palier, lui bouter toute la noirceur de l'âme hors de la carcasse on n'ose pas, c'est pas beau, on devrait avoir honte de penser à des choses pareilles pas de remords à avoir, on a suivi la dame bien gentiment et on se retrouve là en cage, sans savoir pourquoi pourquoi mais pourquoi ? la-branche-a-cassé-l'oiseau-a-tombé en cage .....
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... mais voilà, que maman s'était mise à ouvrir la porte à n'importe qui et les sous s'envolaient les aveugles, les orphelins, les romanichelles ça filait c'était comme pour le lait, elle comptait pas, elle y allait de bon coeur en rentrant de l'école un soir, j'ai trouvé la boîte à sous presque vide même en faisant très très attention, j'arrivais pas à tenir pendant tout mon trimestre avec la pension tout entière, alors, là, on allait manger avec les chevaux de bois, danser la capucine devant le buffet y'a-pas-de-pain-chez-nous-y'en-a-chez-la-voisine-mais-ce-n'est-pas-pour-nous pour nous, les p'tits cailloux quoi faire sinon fermer la porte à double tour quoi faire ?
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