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EAN : 9782742731787
353 pages
Actes Sud (01/03/2001)
3.85/5   78 notes
Résumé :
En 1988, Nancy Huston tient le journal de bord de sa grossesse ; elle y consigne les métamorphoses que subit son corps, et se livre, parallèlement, en un jeu subtil d'échos, à une réflexion sur l'art, cet "autre type de création". Le conflit immémorial qui oppose l'art à la vie, l'esprit au corps, est-il insurmontable ? La création est-elle vraimentle domaine réservé de l'homme, la femme devant se contenter de la procréation ? Partant du constat que l'émancipation f... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (7) Voir plus Ajouter une critique
Première lecture...mars 1990 !
Cet ouvrage grandement personnel a été publié à l'origine, en 1990, par les éditions du Seuil !

Rangeant, classant, relisant des notes de lectures anciennes...j' ajoute ces ressentis lointains. ..

L'auteure tient son journal à l'occasion de l'attente de son deuxième enfant, après une période éprouvante de dépression. Elle se met à analyser les rapports des femmes avec la création ; cette séparation entre le corps et l'esprit ; l'auteure nous présente des couples où l'un ou l'autre ou les deux sont écrivains.
Le couple Fitzgerald, dans lequel la femme sert de muse, tout en étant mise en pâture dans l'oeuvre de son mari.Des rapports bouleversants, complexes où Scott Fitzgerald lui refuse toutefois d'écrire et de publier, elle-même...!
À l'opposé, au sein du couple Browning, chacun respecte et encourage l'autre dans ses écrits.

En décryptant ces rapports de couples célèbres face à la " création" de chacun, on imagine sans peine que Nancy Huston réfléchit dans un même temps à sa propre situation de romancière et d'auteure, avec les ambivalences , les questionnements ,les doutes , la détermination et les exigences qu'induit tout processus de " Création" !


En relisant ces quelques notes, j'éprouve une envie de relire ce roman aux thématiques, m'intéressant toujours très vivement !
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Ecrivaine et enceinte, Huston se penche sur la question des couples d'artistes (écrivains, peintre, poètes...). Elle-même concernée par la question (au moment de l'écriture du moins), son couple semble être en équilibre entre les rôles et les taches de chacun. Aucun n'empêche l'autre d'écrire.
Ce n'est pas le cas des couples qu'elle a étudié, loin de là. D'autant qu'entre en jeu la maternité, son refus ou non, puisque cette capacité procréatrice induit un déséquilibre entre l'homme et la femme.
Mais ce déséquilibre est en défaveur de la femme : parce qu'elle donne la vie, elle n'est que corps, ne peut pas être du côté de l'esprit. Sauf à renoncer à la maternité. Comme Beauvoir, qui a tenté de devenir le double de Sartre (Huston est assez remonté contre Beauvoir, qu'elle voit comme une misogyne), ou encore Virginia Woolfe (que son mari a fait renoncé à la maternité). Ou à sombrer dans la folie comme les Fitzgerald ou Sylvia Plath et Ted Hugues : toutes les deux écrivains, mais l'une empêchée d'écrire sur sa propre vie et ses expériences psychiatriques parce que cela sert de matériau aux écrits du Grand Homme, l'autre sous la coupe et les ordres de son mari qui l'hypnotise quand elle accouche ou pour la faire écrire (comme lui veut qu'elle le fasse).
Cette asymétrie (Beauvoir ne put jamais être le double de Sartre) vient aussi de ce que la société de l'époque était jusqu'aux années 1960 : la place d'une femme est dans l'espace domestique, quelque soit son talent, ce que tout le monde lui rappelle tout le temps. Ajoutons encore des rapports conflictuels avec au moins un parent et un parent absent et la folie est assez prévisible. Mona Chollet s'appuyait sur l'essai La Femme Mystifiée de Betty Fredan pour expliquer le nombre de dépression de femmes au foyer américaine, Huston l'évoque en passant : ces femmes artistes furent des femmes mystifiées, réduites à leur seule fonction de reproduction. L'essai de Huston retrace l'itinéraire de ces femmes, aussi talentueuses que leur mari mais nées femmes au l'aune de sa propre vie et de sa grossesse. Un journal de création et d'écriture passionnant, prenant.
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Dans ce livre autobiographique, Nancy Huston tient un journal intime où se mêlent toutes ses réflexions sur les modifications de son corps durant sa grossesse, sur son expérience de la maladie mais aussi, et en lien, sur le rapport entre la création « animale » (la grossesse, l'accouchement) et la création artistique et plus spécialement littéraire. Elle raconte, du coup, beaucoup d'histoires sur la vie de certains couples d'hommes et de femmes de Lettres, sur comment ils vivaient le rapport entre la littérature et la vie, l'amour charnel, émotionnel et l'amour de l'esprit, l'amour d'écrire, de produire de l'art. Elle raconte notamment l'histoire d'amour entre Sand et Musset et c'est tout simplement passionnant. Leur vie était un roman, leurs romans étaient leur vie ; ils voulaient souffrir pour vivre intensément, pour nourrir leur art et leur mythe. Elle aborde aussi d'autres histoires, plus noires et en profite pour faire le point sur la vision que les milieux littéraires ont de la femme écrivain. Nancy Huston cite beaucoup Simone de Beauvoir à laquelle elle s'oppose très souvent. Dans son essai, elle entend apporter une vision positive et apaisée du statut de la femme dans les créations. Pour elle, on peut être à la fois femme "naturelle" et femme de Lettres.
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Dans ce livre, Nancy Huston met en parralèle son journal de travail littéraire et celui de sa grossesse. Elle convoque aussi de nombreux couples d'artistes et d'écrivains, pour analyser leur relation (intime et dans le travail) et tenter de défnir les rapports qu'entretiennent les femmes écrivaines avec la création, la féminité, la maternité et le couple. Très intéressant !
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Par où commencer, par quel bout prendre ce livre merveilleux ?
Un journal intime, un essai sur le rapport des femmes à la création autant artistique que biologique, sur l'opposition homme-esprit / femme-corps...

C'est un texte riche et magnifique qui inspire autant qu'il émeut.
C'est un livre qui donne envie de s'y replonger de nouveau comme d'en lire d'autres (ceux de l'autrice, comme ceux des nombreuses artistes évoquées).
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Citations et extraits (13) Voir plus Ajouter une citation
elle n'aura pas le droit, l'autorisation, l'autorité de rejeter les hommes réels pour épouser son art, pour la bonne raison qu'elle peut produire de la vraie vie. Que - contrairement à l'homme qui est "sans enfants" - elle connaît la lourde et plate, la banale et sanglante vérité de la création : elle accouche. Elle fait du vrai vivant. comment parvenir dès lors à se leurrer, au point de croire que le faux est vrai, que l'inanimé est animé, que l'esprit produit le corps ?
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Inventer et ficeler des histoires, vivre et imaginer des aventures ; assumer et courir des risques ; bafouer et tourner en dérision les moralités orthodoxes : toutes ces spécialités traditionnellement masculines deviennent accessibles aux femmes, à mesure qu’elles insistent pour regarder en face la vie et la mort ; à mesure, aussi, que les pères apprennent à “materner” et que les mères n’ont plus à incarner, seules, l’éthique pour leurs enfants.
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selon les vieilles règles du jeu de la séduction, l'ambition artistique est un atout pour un homme et un handicap pour une femme ; l'amour rend l'homme plus éloquent et fait perdre à la femme tous ses moyens ; la réussite intellectuelle rend un homme plus "viril" et une femme moins "féminine"...
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Eh oui ! les femmes tremblent.
Peut-être parce qu'elles n'ont pas de muse ? ou parce que, ayant si longtemps occupé sa place, elles la savent illusoire et ne parviennent pas à avoir en elle une "foi inébranlable" ?
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...j'étais contenue par la chambre comme l'embryon était contenu par moi, j'étais sa chambre à lui, je me suis demandé si, quand je prenais une douche, il entendait le jet d'eau sur mon ventre de la même manière que j'entendais la pluie sur le toit...
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Vidéo de Nancy Huston
Elle s'appelle Francia après s'être appelée Ruben, là-bas, dans son pays, en Colombie. Devenue femme, Francia est prostituée au bois de Boulogne. Dans son nouveau roman tout en justesse et en sensibilité, à travers ce personnage, Nancy Huston nous raconte le quotidien de la prostitution, entre larmes et espoirs.
Retrouvez l'émission intégrale sur WebTvCulture
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