Un livre fleuve, interminable, ancien (1929) où l'on est plongé dans différents univers, solitudes norvégiennes, cités diverses, conflits personnels, utopies.
C'est extrêmement long et par moments indigeste. On en vient quand même à bout.
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_ Meurtrier, dit Perrudja, comme si ses pensées faisaient des cercles au-delà des étoiles, j'ai appris a régir mon cerveau, Hijalmar. Comment l'homme peut-il vivre, si le souvenir fait de son malheur un présent impérissable ? Nous dormons. Et chaque soir est un autre soir. Et ce soir vient après vingt-quatre heures. Les uns oublient au bout d’une année, les autres au bout d’un mois, les troisièmes au bout de sept jours, les élus au bout de vingt-quatre heures. Et ce qui demeure sur le crible de la mémoire, c’est le mensonge fardé. La putain complaisante. La partialité de notre caractère. » Et les cercles partaient de lui comme des bulles. Et il ne savait plus rien d’eux.
Une petite lampe brillait sur la table. Vespérale. Et elle laissait apparaître un pêle-mêle sans ordre, peu appétissant : des mets, des instruments, quelques livres, des lanières de cuir de brides, une brosse, une bouteille pleine de liquide huileux. Le cône lumineux de la lampe tombait bas et laissait voir nettement la poitrine et les mollets de l'homme. Des bras qui pendaient mollement. La tête était dans l'ombre. Comme si elle avait glissé, avait été transportée dans un autre endroit. Le corps du jeune homme s'affaissa soudain dans le vide, sans appui, retenu seulement par le dossier de la chaise. Sa poitrine recommença à éclore, poussée par une respiration immense. Il soupira fort. Les yeux se couvrirent de voiles. Toute image de l'étant s'effaça.
Perrudja prenait son repas du soir. Bouchée après bouchée. Circonspect, avec un geste presque replet. Avec sa main, il poussait dans la bouche. Ses dents broyaient le gros pain. Le bruit régulier de la pâte cuite cassante ne lui laissait aucune satisfaction. Il mangeait. Peut-être que cela ne serait pas arrivé si une force charnelle, à laquelle il ne comprenait rien, ne lui avait pas dicté que besoin il y avait. Précisément, la pulsion de conservation, cette affirmation tonitruante de vie faite de sang et d'entrailles, qu'il avait érigée en silence vide. Au moins ; lorsque la possibilité s'offrait de pouvoir faire irruption dans ` les régions de ses rêves, de son cœur. On aurait pu constater que Perrudja n'avait jamais ressenti la faim consciemment.
Ses repas étaient réglés d'après une loi temporelle inconsciente qu'il aurait déclarée absurde si elle s'était imposée.
Cela était imminent ; d'autres aventures insoupçonnées étaient imminentes). Ses repas étaient réglés d'après une loi temporelle inconsciente qu'il aurait déclarée absurde si elle s'était imposée. Ne pas chercher d'état de grâce pour gaspiller une pensée à ce sujet ; approfondir cela, c'est trop peu, c'est un rien.
Avec Rainer J. Hanshe, Mary Shaw, Kari Hukkila, Carole Viers-Andronico, Pierre Senges, Martin Rueff & Claude Mouchard
À l'occasion du dixième anniversaire de la maison d'édition new-yorkaise Contra Mundum Press, la revue Po&sie accueille Rainer Hanshe, directeur de Contra Mundum, Mary Shaw, Kari Hukkila, Carole Viers-Andronico & Pierre Senges. Rainer Hanshe et son équipe publient la revue Hyperion : on the Future of Aesthetics et, avec une imagination et une précision éditoriales exceptionnelles, des volumes écrits en anglais ou traduits en anglais (souvent en édition bilingue) de diverses langues, dont le français.
Parmi les auteurs publiés : Ghérasim Luca, Miklos Szentkuthy, Fernando Pessoa, L. A. Blanqui, Robert Kelly, Pier Paolo Pasolini, Federico Fellini, Robert Musil, Lorand Gaspar, Jean-Jacques Rousseau, Ahmad Shamlu, Jean-Luc Godard, Otto Dix, Pierre Senges, Charles Baudelaire, Joseph Kessel, Adonis et Pierre Joris, Le Marquis de Sade, Paul Celan, Marguerite Duras, Hans Henny Jahnn.
Sera en particulier abordée – par lectures et interrogations – l'oeuvre extraordinaire (et multilingue) de l'italien (poète, artiste visuel, critique, traducteur, « bibliste ») Emilio Villa (1914 – 2003).
À lire – La revue Hyperion : on the Future of Aesthetics, Contra Mundum Press.
La revue Po&sie, éditions Belin.
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